L’installation de la démocratie et de la République La République et la démocratie, en France, se construisent ensemble et par étapes, tout au long du XIX° ; la succession de régimes politiques marque pour chacun une étape dans la conquête des libertés, la mise en place définitive de la République n'intervenant que dans le dernier quart du siècle avec la Troisième République. Comment les valeurs démocratiques héritées de la Révolution française se s'installent progressivement tout au long du XIXe siècle ? République : Le terme de République vient de Res publica, qui veut dire « le bien public ou la chose publique ». Les affaires de la cité, l'organisation de la vie en société, doivent être du ressort de chaque citoyen. C'est l'affaire de tous. En France, La République a pour caractéristique de ne pas être un régime où le pouvoir est dévolu à un monarque héréditaire, le courant républicain nait en 1791 (où le roi est perçu comme obstacle à la révolution), la I er République est fondée le 22 septembre 1792, et dure jusqu'à l'Empire (1804). Démocratie : Démocratie vient du grec Démos (le peuple) et kratia (gouverner). La démocratie est donc un régime politique où le pouvoir est détenu par le peuple. Dans une démocratie représentative, le peuple élit des représentants qui gouvernent en son nom. C'est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La différence entre les cinq Républiques en France concerne les attributions et les modes de désignation du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Les deux termes sont très proches en France, pourtant toutes les Républiques ne sont pas des démocraties (République populaire de Chine) utilisant le suffrage universel direct. La succession des régimes politiques entre 1815 et 1870-1914. Chacun a leur manière marque une étape dans la conquête du suffrage universel (base de la démocratie) et des libertés fondamentales. Trois cultures politiques s’affrontent : -le traditionalisme : les « blancs » (refus de la révolution) -le libéralisme : les « bleus » (acceptation de la révolution mais la citoyenneté est réservée à ceux qui ont des biens et l’éducation) -la démocratie : les « rouges » (application intégrale du principe de souveraineté nationale et réformes sociales) On peut distinguer trois moments : -de 1815 à 1870 la France oscille entre ordre et mouvement entre révolution et tradition. Elle continue ses expériences politiques : 2 révolutions (1830/1848), un coup d’Etat (1851) encadrent cinq régimes différents : monarchie parlementaire, république réformatrice, république conservatrice, empire autoritaire, empire libéral. -de 1870 à 1879 après l’échec de la restauration monarchique la république s’installe -après 1879 la république s’enracine. Quelles sont les caractéristiques de la monarchie constitutionnelle (18151848) ? Elle est dite censitaire car le roi partage le pouvoir avec des députés élus (la monarchie est dite parlementaire) par les citoyens les plus riches qui paient le cens (l’impôt). On compte 110000 électeurs en 1815 et 240000 en 1848. 1815 – 1830 : La Restauration voit les deux frères de Louis XVI se succéder. La vie politique est animée par les partisans de l’AR (les ultras) qui s’opposent aux partisans des idées de 1789 (les libéraux). -Louis XVIII (1815-1824) octroie une charte constitutionnelle où il reconnait les conquêtes politiques et sociales de la révolution (égalité civile, liberté individuelle, liberté de la presse, liberté de culte, garantie de la propriété privée). Il a pour objectif de réconcilier les français mais n’accorde par le suffrage universel. Il reprend le drapeau blanc comme emblème national. -À sa mort (1824) son frère Charles X (1824-1830) lui succède ; partisan d'un retour à une monarchie absolue il souhaite revenir sur les acquis de la Révolution, limitant la liberté de la presse, instaurant la censure. Il se fait sacrer à Reims en 1825 restaurant la monarchie de droit divin et réaffirmant le rôle de la religion catholique comme religion d’Etat. Trois journées révolutionnaires, les trois glorieuses (27, 28, 29 juillet 1830) chassent Charles X. Les libéraux craignant qu’une république n’amène une révolution sociale offrent le pouvoir à Louis-Philippe duc d’Orléans. 1830-1848 : La Monarchie de Juillet Ces décisions provoquent la Révolution de juillet 1830 immortalisée par Delacroix dans La liberté guidant le peuple, ce sont les « Trois Glorieuses » ; Charles X doit fuir, il est remplacé par son cousin Louis-Philippe Ier, fils de Philippe d'Orléans, cousin de Louis XVI qui a voté sa décapitation en 1792. C'est un changement de dynastie, les Orléans succèdent aux Bourbons. Régime plus libéral. Le catholicisme n’est plus religion d’Etat. Le drapeau tricolore est rétablit, le droit de vote élargit à un plus grand nombre d'électeurs (240000), le monarque tente de concilier les principes de 1789 et une monarchie non divine mais populaire (il est « roi des français »). Autoritaire, il met fin très vite aux changements et favorise des gouvernements conservateurs. Il reste insensible aux aspirations des classes moyennes et aux demandes de réformes sociales des classes populaires. Il s'efforce de rassurer la bourgeoisie en matant les révoltes ouvrières, comme celle des canuts à Lyon (ouvriers tisserands de la soie) en 1831 et 1834, réprimées par la troupe. Renforcement du sentiment républicain, diffusion des premières idées socialistes. Après 1846 le mécontentement grandit, renforcé par la crise économique (hausse du prix du pain et chômage). La crise économique a raison du régime qui s'effondre en 1848 à la faveur de la révolution de 1848. Les 22,23 et 24 février 1848 une révolution chasse Louis Philippe du pouvoir. En quoi la révolution de 1848 est-elle un tournant dans l’histoire politique de la France ? En février 1848 avènement de la seconde république. Les républicains se divisent entre un courant révolutionnaire et socialiste et un courant libéral et modéré. -Le gvt provisoire prend des mesures essentielles : le suffrage universel masculin est proclamé=9 millions d’électeurs (tous les hommes de plus de 20 ans, scrutin secret, indemnité parlementaire). La liberté de réunion, de presse est rétablie L’esclavage est aboli sur proposition de Victor Schoelcher Les ateliers nationaux sont crées pour employer les chômeurs (fermés en juin car trop coûteux provoquant la révolte des ouvriers 23-26 juin). -avril 1848 les électeurs élisent une assemblée dominée par les modérés. Révolte des ouvriers est réprimée violemment et fait 5000 morts. Fin de la république sociale. 1848-1852 : La Seconde République sera conservatrice L'interdiction d'une réunion des républicains à Paris provoque une émeute urbaine avec fusillades et barricades, c'est la Révolution de 1848. La Seconde République est proclamée par l'Assemblée Nationale et le poète Lamartine( refusant le drapeau rouge socialiste pour conserver le drapeau tricolore de la Révolution) le 25 février 1848. Le gouvernement provisoire établit le suffrage universel masculin, abolit l'esclavage, supprime la peine de mort pour motif politique, limite la durée du travail, crée des ateliers nationaux pour employer les chômeurs dans les chantiers publics. On ajoute le mot « fraternité » à la devise républicaine ; la première consultation au suffrage universel masculin a lieu le 23 avril 1848. Toutefois la nouvelle Assemblée, aux mains des républicains modérés, ferme les ateliers municipaux, trop coûteux, ce qui provoque une émeute ouvrière l'unanimité des français vole en éclats : bourgeois, notables et masses rurales, effrayés, se réunissent dans un camp conservateur, le « Parti de l'ordre » tandis que les masses ouvrières se radicalisent à gauche. Le Parti de l'Ordre soutient la candidature à la présidence de Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, élu en décembre 1848. Il bénéficie de la popularité de son nom dans les campagnes, du désarroi de l’électorat urbain et de l’appui de nombreux notables. Il laisse se développer la politique réactionnaire des députés du parti de l’ordre. Ils limitent les libertés (presse, associations), renforcent le rôle de l’Eglise sur l’enseignement (loi Falloux du 15 mars 1850) et écartent du suffrage universel 3 millions de citoyens pauvres (loi du 30 mai 1850). LNB ne peut briguer un second mandat donc dissout l’Assemblée le 2 décembre 1851. L'Assemblée refuse de réformer la Constitution pour que le Président soit immédiatement rééligible après son mandat (4 ans) : LN Bonaparte organise un coup d'état le 2 décembre 1851 (47 après le sacre de son oncle). Il justifie ce coup d’Etat par la menace des monarchistes sur la République et sa volonté de restaurer le suffrage universel. La résistance au coup d’Etat rassemble des républicains et les milieux populaires. Les répressions militaire, policière, judiciaire anéantissent toute opposition. LNB ré-instaure l'Empire un an plus tard le 2 déc. 1852. Victor Hugo, opposant politique, doit quitter la France, il s'exile dans les îles de Jersey et Guernesey et écrit Les Châtiments où il reproche à LN Bonaparte ses idées conservatrices (« il sauve l’Église, la famille »), son goût pour les richesses (« il aime les palais, les chevaux, les valets »), et son goût pour le pouvoir. → la République était fragile, le coup d’État est avalisé par la majorité conservatrice ; démocratie et République ne sont pas encore un couple uni. 1852-1870 : Second Empire La démocratie est préservée formellement, le suffrage universel est maintenu mais avec un candidat unique et officiel qui seul peut faire campagne. Le régime est autoritaire, les libertés restreintes, le régime répressif, puis se libéralise à partir de 1860 d'un point de vue politique et social : – droit de grève accordé en 1864 – libertés de presse et de réunions en 1868 Hormis quelques célébrités (Louis Blanc, Victor Hugo) les républicains sont peu nombreux mais se font élire à la Chambre des Députés, acquérant une expérience politique. Le 4 septembre 1870, Napoléon III, en guerre contre la Prusse, est fait prisonnier à Sedan, avec la majorité de son armée. Un gouvernement provisoire prend en main le pays, la III° République est déclarée, et durera jusqu'en 1940. Louis Blanc, journaliste et historien français, qui fut ministre du gouvernement provisoire de 1848 et député sous la Deuxième République (1848). De tendance socialiste et républicaine, il propose la création des Ateliers sociaux afin de rendre effectif le droit au travail. Mais il est finalement contraint de s'exiler à Londres après les Journées de Juin 1848 car tenu pour responsable de l'émeute du 15 mai. Il y demeura jusqu'à la fin de la guerre franco-prussienne de 1870, entrant de nouveau à l'Assemblée nationale en 1871, où il siège une dizaine d'années à l'extrême gauche. -LNB essaie de concilier les aspirations démocratiques déçues des Français en rétablissant le suffrage universel (dirigé car opposition bâillonnée) et le désir d’ordre. Il inaugure le retour d’un pouvoir personnel autoritaire avec totalité des pouvoirs inscrits dans la constitution (cumul des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire). Les libertés publiques sont contrôlées ou supprimées. -après 1860 le régime se libéralise quand s’achève les grands succès économiques et diplomatiques de Napoléon III. Il essaie de se rallier les milieux ouvriers en accordant le droit de grève en 1864, tolère les syndicats et rétablit enpartie les libertés de presse et de réunion. -Deux oppositions se manifestent : *Adolphe Thiers mène les monarchistes *Léon Gambetta dote les républicains d’un programme (le discours de Belleville 1869). Il prévoit le droit syndical, de réunion, d’association, la séparation de L’Eglise et de l’Etat, l’instruction primaire gratuite, laïque et obligatoire, l’élection des fonctionnaires, la suppression de l’armée. -Les historiens reconnaissent le rôle du second Empire dans l’équipement économique de la France. Napoléon III estime que l’Etat doit jouer un rôle moteur dans le dév éco et social du pays en favorisant l’essor du capitalisme, en se préoccupant de l’amélioration des conditions de vie des couches sociales modestes. Le réseau ferré passe de 3600 à 16000 km. Les grandes banques apparaissent : le crédit lyonnais (1863), la société générale (1864) L’empereur change le visage de Paris avec des travaux dirigés par Haussmann : on perce de larges avenues, on crée des espaces verts, on dégage les vieux monuments, on en construit de nouveaux (gares, l’opéra). Napoléon III mène une politique extérieur active : Coopère avec la Grande Bretagne sur le plan éco et politique Poursuit la politique mondiale et achève les conquêtes de l’Algérie et Nouvelle calédonie S’engage en faveur des nationalités. Il aide à l’unité italienne et obtient en contrepartie Nice et la Savoie (1860). En 1870 il déclare la guerre à la Prusse ; Il est battu à Sedan. A Paris la République est proclamée le 4 septembre 1870. 1870, La troisième République Alors que la guerre contre la Prusse n'est pas terminée et se poursuit jusqu'en 28 janvier 1871, les élections au suffrage universel donnent la majorité aux conservateurs et monarchistes, confirmant que le sentiment républicain reste fragile. Adolphe Tiers, monarchiste libéral, est le chef de l'exécutif. Le gouvernement provisoire signe un armistice car Paris est assiégé et menacé de famine. La population parisienne refuse de se soumettre à l'armistice et au nouveau pouvoir, et élisent leur propre gouvernement : c'est la Commune de Paris, qui débute en mars 1871 quand Thiers veut s'emparer des canons de Paris pour manifester aux Prussiens que la guerre est finie. La Commune développe des idées socialistes et révolutionnaires, adoptant le drapeau rouge, souhaitant défendre la patrie en danger. C’est un soulèvement patriotique qui représente un idéal démocratique aux avancées sociales importantes (gratuité et laïcisation de l’Ecole, journée de travail limitée à 10 heures). C’est aussi un combat du peuple de Paris contre la France paysanne et bourgeoise. Elle est réprimée par Thiers lors de la « Semaine sanglante » (21-28 mai- 30000 exécutions) durant laquelle le gouvernement, réfugié à Versailles, envoie la troupe dans Paris assiégé où les communards résistent jusqu'au cimetière du PèreLachaise, où les derniers combattants sont exécutés devant le mur des Fédérés. Avec la signature du traité de paix (le 10 mai 1871) avec Bismarck, la France cède à l’Allemagne l'Alsace et la Lorraine. Comment s'installe la République avec une Assemblée majoritairement conservatrice et monarchiste ? Les 2/3 des députés sont royalistes et ont le soutien de l’Église catholique, une restauration de la monarchie semble possible, mais ils sont divisés : – les légitimistes (partisans de la branche des Bourbons) veulent placer sur le trône le Comte de Chambord, petit-fils de Charles X, celui-ci est très hostile à tout héritage de la RF (drapeau tricolore) ; les orléanistes sont favorables à un successeur de Louis-Philippe, plus libéral – devant l'impossible accord de nombreux députés se rallient à l'idée d'une République conservatrice En 1875 ils unissent leurs voix à celles des républicains modérés et votent la République, installant une démocratie parlementaire avec 2 chambres : le Sénat et l'Assemblée. Le chef de l’État est élu par les 2 chambres pour 7 ans, il est le Président de la République. ON vote les lois constitutionnelles qui organisent la IIIe république. Entre 1871 et 1879 l'électorat bascule en faveur des républicains, ils deviennent majoritaires aux deux chambres en 1879. Ce basculement s'explique : – par la modification des structures sociales : l'influence des « notables » sur l'électorat paysan semble s'effacer, car apparaissent de nouvelles couches sociales (pharmaciens, journalistes, professeurs...) ; de même l'instruction rurale est + importante depuis la loi Guizot (1833 : chaque commune doit avoir au moins une école élémentaire) – par la modification du discours politique républicain : en 1871 voter pour eux est synonyme de guerre (les conservateurs représentant l'ordre et la paix), or depuis leur discours est + rassurant pour les masses rurales (Ferry et Gambetta surnommés les « républicains opportunistes ») – par la politique des monarchistes au pouvoir : l'opinion est irritée par leur discours de censure et d'interdiction sous fond d'ordre moral (interdiction des cafés, censure de la presse, attribution d'un terrain sur la butte Montmartre pour la construction de la basilique du Sacré-coeur pour expier les pêchés de la France, responsables de la défaite de 1870 etc) 1879-1914, L'enracinement dune culture politique républicaine démocratique. Comment les Français sont-ils devenus républicains ? et La mise en place d'une politique destinée à favoriser l'émancipation individuelle sans effrayer bourgeois et paysans se traduit le vote de lois garantissant et élargissant les libertés publiques et privées : – 1881 : liberté de réunion et liberté de la presse. Essor de la presse, stimulée par des progrès techniques. La lecture du journal devient un phénomène de masse. Tous les citoyens sont en mesure de s’informer sur les problèmes politiques. – 1884 : les maires sont élus par les conseillés municipaux et non + par les préfets – 1884 : loi rétablissant le divorce (abolit en 1816) – 1884 : loi sur la liberté syndicale – 1881-1882-1886 : vote des lois Jules Ferry (ministre de l'instruction publique) rendant l'école gratuite(1881), obligatoire (1882) et laïque (1882-1886) ; afin d'affranchir les esprits d'une Église perçue comme rétrograde et dogmatique, en permettant le déploiement de l'esprit humain et en enracinant les futurs électeurs à l'esprit républicain (contrairement au clergé plus monarchiste) Le vote rural est acquis grâce à une politique qui leur est favorable (facilité d’accès à la propriété privée, préservation contre la concurrence étrangère). Ces lois entraînent la généralisation de la scolarisation et de l’alphabétisation. Chaque citoyen a la possibilité d’assurer sa promotion sociale par le travail et par l’Ecole -1901 : liberté d’associations qui autorise l’existence légale des partis politiques. L'attachement des Français à la République est suscité en lui associant des symboles et rites permettant de la populariser : – 1879 : le 14 juillet est déclaré fête nationale, en référence à la fête de la fédération de 1790, signe d'unité (alors que 1789 est signe de division) ; le bal est populaire, c'est le premier jour de vacances des scolaires – 1880 : la Marseillaise est l'hymne officiel -un programme de constructions de mairies et d’écoles est lancé. Elles comportent la devise de la République « liberté, égalité, fraternité » et le buste de Marianne symbolise la République. De plus, la République traverse des crises dont elle sort renforcée : – la crise boulangiste : le ministre de la guerre, le général Boulanger, est démis de ses fonctions car il incarne la volonté de revanche sur la Prusse ; il fédère autour de sa personne un courant anti-parlementaire accusant députés et sénateurs d'être corrompus ; il renonce à faire un coup d’État et s'exile – le terrorisme anarchiste : 1893 une bombe est lancée par Auguste Vaillant dans l'hémicycle de la Chambre des députés, en 1894 le Président Sadi Carnot est assassiné par l'anarchiste Caserio à Lyon ; ceux-ci, défendant l'idée de la « propagande par le fait » (leurs actions visent la bourgeoisie, qu'ils jugent responsable de la misère en cette période de crise économique, et surtout les premiers responsables à leurs yeux des inégalités sociales, c'est-à-dire les parlementaires, au lendemain du scandale de Panama de 1892 qui révèle la corruption du personnel politique) connaissent une influence dans le milieu ouvrier et syndical, que le terrorisme discrédite – la crise la plus longue et dangereuse (1894-1999) est l'affaire Dreyfus : jeune officier alsacien de confession juive, il est accusé à tort d'avoir livré des renseignements militaires à l'Allemagne ; si en 1898 le vrai coupable est trouvé celui-ci est acquitté l'armée ne souhaitant pas admettre son erreur. Zola écrit alors son célèbre « J'accuse ! » dans le journal l'Aurore, lettre ouverte au Président de la République, mettant en cause la hiérarchie militaire condamnant un innocent au nom de la raison d’État. L'affaire finit par diviser les « dreyfusards », partisans de la révision du procès rassemblant forces de gauche et défenseurs des droits de l'Homme, et les « anti-dreyfusars » refusant la révision du procès et la mise en question de l'autorité militaire. Rejugé coupable lors de son second procès, Dreyfus est réhabilité en 1906. La République sort renforcée de ces crises, l'emmenant vers une politique de laïcisation : – dès 1886 les maîtres laïcs remplacent les frères et soeurs religieux dans l'enseignement – en 1901 la loi permettant la liberté d'association soumet les congrégations religieuses à une demande d'autorisation pour exister – en 1905 la loi de séparation des Églises et de l’État, la République garantit le libre exercice du culte mais ne reconnaît ne salarie ni ne subventionne aucun elle met fin au Concordat signé par Napoléon qui faisait des prêtres → des fonctionnaires auxiliaires de l’État rémunéré par lui.