Année scolaire 2012-13 SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Chapitre 6 Contrôle social et déviance II. Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ? Introduction A. Qu’est-ce que la déviance ? A1.Définir la déviance A2. L’anomie à l’origine de la déviance ? B. La déviance est-elle le produit d’interactions sociales ? B1. L’étiquetage de la déviance B2. De l’étiquetage à la stigmatisation des individus Objectifs Savoirs Savoir-faire - Comprendre comment on devient déviant - Identifier les liens existant entre normes et déviance - Comprendre pourquoi les comportements déviants peuvent-ils s’expliquer par des situations - Savoir exploiter les informations contenues dans un document d’anomie ? - Définir l’anomie Notions à acquérir : Déviance primaire/déviance secondaire, anomie Pré-requis : Normes, valeurs, socialisation (primaire/secondaire) Que dit le programme ? « On définira la déviance comme une transgression des normes et on montrera qu'elle peut revêtir des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux. On analysera la déviance comme le produit d'une suite d'interactions sociales qui aboutissent à « étiqueter » certains comportements comme déviants et, en tant que tels, à les sanctionner. On montrera que les comportements déviants peuvent aussi s'expliquer par des situations d'anomie. » 1 Année scolaire 2012-13 Chapitre 6 Contrôle social et déviance II. Dossier documentaire : Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ? Sensibilisation/Introduction Document 1 Lors d'une manifestation contre le mariage gay le 31 octobre à Marseille, deux femmes s'embrassent face aux membres de l'association Alliance VITA Source : AFP les deux plans présents sur la photo. a)b) Présenter Quel comportement peut-il est considéré comme déviant sur cette photo ? Selon quelle norme ? Si le contrôle social a pour but de faire respecter les normes en vigueur dans un groupe ou dans une société, il est difficile d’imaginer une société où chacun respecterait à tout moment les normes en vigueur. De plus, les normes sociales et juridiques évoluent dans le temps et varient selon les sociétés, la déviance ne peut exister qu’à un moment donné, dans une société ou un groupe donnés, d’où son caractère subjectif dans la plupart des situations. A. Qu’est-ce que la déviance ? A1. Définir la déviance 2 Document 2. Multiplicité des normes, diversité des déviances a) Qu’est-ce que la déviance ? transgression d’une norme sociale ou juridique b) Comment distinguer déviance et délinquance ? délinquance : forme de déviance, correspond à la transgression d’une norme juridique c) A partir des exemples de la 2ème colonne, montrer que la déviance varie selon les groupes sociaux. Vivre dans une caravane : normal pour gens du voyage ; ne pas avoir de portable : question de générations d) Quel exemple d’actualité peut-il illustrer la phrase soulignée ? Trouver au moins un autre exemple. Mariage homosexuel e) Quel exemple peut-on trouver illustrant des comportements autrefois « normaux » aujourd’hui devenus déviants ? fumer La déviance est le fait d’adopter un comportement jugé non conforme à la norme sociale sanctionnée par la société. Les normes sont relatives, c’est-à-dire que les normes vont dépendre de la société et de l’époque. Les normes étant variables dans le temps et dans l’espace, un comportement considéré comme déviant à un moment donné peut ne plus l’être quelques dizaines d’années plus tard. Tout comme les normes, la déviance est donc relative. Avec le changement des valeurs et des normes, la déviance se transforme et certaines pratiques autrefois réprimées sont aujourd’hui mieux acceptées (l’homosexualité par exemple). A2. L’anomie à l’origine de la déviance ? Pour le sociologue E. Durkheim, la déviance serait donc la résultante d’un manque d’intégration de l’individu dans la société. Durkheim nomme cette situation l’anomie, c’est-à-dire l’affaiblissement de l’influence des normes et des valeurs sur le comportement des individus qui est à l’origine des comportements déviants. Document 3. Manuel page 267, doc. 10 l’absence de réglementation des besoins des individus peut-elle aboutir à une situation favorisant les Pourquoi comportements déviants ? L’anomie est un terme d’origine grecque, composé de a privatif et de nomos (norme). C’est un état d’une société dans laquelle il y a carence ou déficience de règles sociales communément acceptées, de sorte que les individus ne savent plus comment orienter leur conduite. (Durkheim) B. La déviance est-elle le produit d’interactions sociales ? B1. L’étiquetage de la déviance Document 4 Howard Becker analyse la déviance comme la résultante d’interactions entre un individu, d’une part, et ses proches ainsi que les institutions chargées de faire respecter l’ordre social, d’autre part. Un individu qui commet un acte déviant (ex : un vol) sera 3 étiqueté comme délinquant par ceux de ses proches qui ont une connaissance de son acte et par la justice s’il se fait prendre. La conséquence de cet étiquetage est que le déviant va s’identifier à l’image que lui renvoie la société [...]. Un déviant n’est donc pas celui qui transgresse une norme (nous le faisons tous) mais « celui auquel cette étiquette sera appliquée avec succès ». Source : M. Montoussé, G. Renouard, 100 Fiches pour comprendre la sociologie, Bréal, 1997 a) Quels agents interviennent lors des interactions ? La déviance est le produit d’une interaction entre les entrepreneurs de morale (ceux qui invoquent la norme) : les proches et les institutions et les individus visés par la norme b) Expliquer le passage souligné. La transgression d’une norme n’est synonyme de déviance que lorsque le groupe réagit. L’étiquetage (assignation de l’identité) est le point de départ d’un processus au terme duquel l’étiqueté va être amené à accepter puis à revendiquer son identité déviante. Ce processus est assimilé par Becker à une « carrière déviante » : le déviant adopte progressivement les normes du groupe auquel le rattache l’étiquette qu’on lui a imposée et se détache par conséquent du reste de la société : c’est le passage d’une identité imposée à une identité revendiquée. On distingue la déviance primaire qui est la transgression d’une norme et la déviance secondaire qui désigne la reconnaissance de cette transgression par la société. Howard Saul Becker (né en 1928) : sociologue américain, héritier de l’Ecole de Chicago, il s’inscrit dans le courant de l’interactionnisme symbolique. Œuvres majeures : Outsiders. Études de sociologie de la déviance, 1963 / Les Mondes de l'art, 1982 / Qu’est-ce qu’une drogue?, 2001 / Les ficelles du métier, 2003 / Comment parler de la société ?, 2009. B2. De l’étiquetage à la stigmatisation des individus Selon Becker, un comportement étiqueté comme déviant peut entraîner une mise à l’écart de l’individu. Document 5 Document 6. Manuel page 262, doc. 12 4 a) b) c) d) Citer des exemples permettant d’étiqueter des individus comme déviants. Quelles sanctions sociales pour ces exemples ? Pourquoi peut-on parler de stigmatisation dans ces cas ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Evaluation formative Compléter le schéma ci-dessous avec les termes suivants : étiquetage, déviance secondaire, intériorisation, déviance primaire Un premier acte déviant est commis ………………………………… . ………………………. ………………………. ………………………. 5 Synthèse : Compléter le texte à l'aide des notions suivantes: professionnelles / interactions sociales / normes juridiques / déviance (2) / entrepreneurs de morale / délinquance / psychologiques / déviant / anomie (2) / sociétés / stigmatisation / déviance primaire / groupes sociaux / économique / déviance secondaire / époque / étiqueté / domestique / socialisation secondaire / instances de socialisation. Si la ……………………… est définie comme la transgression des normes, les comportements qualifiés de déviants varient néanmoins selon l’…………………, les ………………………. et les différents…………………………………... Ainsi, l’avortement ou l’homosexualité auparavant condamnés ont peu à peu été reconnus en France comme…………………………………………, respectivement en 1975 et en 1999. Il n’en demeure pas moins que pour certains groupes sociaux ou d’autres sociétés, ces comportements restent considérés comme déviants. La ……………………………………. est à distinguer de la déviance : il s’agit d’une forme de déviance et correspond à la transgression d’une norme juridique. Pour H.S Becker, la déviance existe parce qu’un comportement déviant est ………………….comme tel par d’autres individus ou groupes. « Je m'intéresserai moins aux caractéristiques personnelles et sociales des déviants qu'au processus au terme duquel ils sont considérés comme étrangers au groupe, ainsi qu'à leurs réactions à ce jugement ». Pour lui, ce sont donc des ………………………………………………….. , autrement dit des acteur sociaux qui se mobilisent afin de faire reconnaître un comportement comme déviant ; cet étiquetage du déviant pouvant aller jusqu’à la ……………………………, c’est-à-dire la mise à l’écart de l’individu. Ainsi, à cause de certaines caractéristiques, physiques, ethniques, etc. la stigmatisation peut avoir des conséquences …………………………………..ou …………………………… graves (dépression, discrimination à l’embauche, etc.). Pour H.S Becker, la déviance s’explique alors avant tout par un ensemble d’……………………………………………. Un individu peut commencer une « carrière » de déviant et poursuivre jusqu’à redéfinir une …………………………. ……………………………dans un groupe déviant. Pour lui, être étiqueté comme …………………… renforce la déviance. On peut ainsi distinguer la …………………………………. qui est le fait de transgresser une norme et la ……………………………………………… qui est une suite d’interactions sociales aboutissant à étiqueter le comportement comme déviant. Pour E. Durkheim, la déviance s’explique principalement par l’………………………, définie comme une absence ou un affaiblissement des normes collectives qui désoriente l’individu. Son analyse du suicide reste encore pertinente aujourd’hui, puisqu’il expliquait ce dernier par une anomie « ………………………….» (misère sociale ou à l’inverse prospérité) ou une anomie « ……………………………. » (veuvage, divorce, etc.). Pour F. Dubet, certains actes actuels de violence urbaine parfois délinquants s’expliqueraient aussi par des situations d’anomie, d’affaiblissement du contrôle social dans diverses …………………………………………………...(famille, école, etc.). Enfin, pour R.K Merton, l’…………………… résulte de la discordance entre les buts culturels proposés par une société à ses membres et les moyens légitimes dont disposent ces derniers pour y parvenir. La …………….. apparaît alors comme un moyen de résoudre cette contradiction par différentes formes (innovation, ritualisme, évasion, rébellion) 6