différentiables. Au début du XXème siècle, les concepts fondamentaux sont clairement dégagés, le
calcul infinitésimal à plusieurs variables peut alors se développer sur des bases solides : équations
aux dérivées partielles, calcul différentiel extérieur et intégration sur les variétés, surfaces minima,
topologie différentielle, théorie des singularités de Morse, Whitney et Thom (1925-1958).
On se limite ici aux espaces vectoriels normés de dimension finie, et même aux espaces Rn. Toutes
les normes y sont équivalentes, et définissent une seule topologie, la topologie usuelle. L’extension
aux espaces de Banach quelconques ne pose guère de problème : voir Cartan.
______________
A. Dérivabilité
1. Limites et continuité.
Les espaces E = Rn et F = Rp sont rapportés à leurs bases canoniques. Soit U une partie de E. Se
donner une fonction vectorielle f de U dans F équivaut à se donner p fonctions numériques sur U.
f : x = (x1, …, xn) y = (y1, …, yp) = f(x1, …, xn) = (f1(x1, …, xn) , … , fp(x1, …, xn)) .
Selon les conventions de l’algèbre linéaire, il vaudrait mieux noter les vecteurs en colonne.
Rappelons que si a = (a1, …, an) est un point de E adhérent à U, f admet une limite b en a ssi :
( > 0) ( > 0) (xU) ||x a|| ||f(x) b|| ,
pour l’une quelconque des normes de E et F, ou encore si, pour toute suite xk = (x1k, …, xnk) de
points de U tendant vers a = (a1, …, an), la suite f(x1k, …, xnk) tend vers b = (b1, …, bn).
Il revient au même de dire que chacune des fonctions f1, …, fn a une limite en a.
Si a est un point de U, f est continue en a ssi f(x) tend vers f(a) quand x tend vers a.
Les exemples suivants montrent qu’il faut soigneusement distinguer continuité globale et
continuité séparée.
Exemples :
1) La fonction de Peano (1884) : f(x, y) =
sur R2{(0, 0)}, f(0, 0) = 0.
f est bornée sur R2 car |f(x, y)| 1, et continue R2{(0, 0)} comme composée de fonctions continues.
Comme f(x, 0) = f(0, y) = 0 pour tous x et y, f est séparément continue en x et en y, en (0, 0). Mais
elle n’est pas continue en ce point car f(1/n , 1/n) = 1.
Plus généralement, pour tout vecteur e = (a, b) (0, 0), f(a, b) =
quand 0.
Une autre façon de présenter cela est de passer en polaires : f(r.cos , r.sin ) = sin(2) sin(2)
quand r 0+. f est constante sur chaque droite issue de O.
Ses valeurs d’adhérence en (0, 0) sont tous les réels [1, +1].
Géométriquement, la surface d’équation z = f(x, y) est une réunion de droites horizontales pivotant
autour du segment vertical {(0, 0, z) ; 1 z +1}. C’est une surface réglée, appelée conoïde de
Plücker, que l’on peut représenter avec Maple.
2) Soit f(x, y) = 1 si (y 1)2 + x2 1 ou (y + 1)2 + x2 1 ou y = 0, f(x, y) = 0 sinon.
En quels points f est-elle continue ? discontinue ? f est-elle continue en O ? Montrer cependant que,
pour tout vecteur e = (a, b) (0, 0), f(a, b) est continue en 0.
Exercice 1 : Soient I et J deux intervalles de R, f : I R et g : J R, F(x, y) = f(x) + g(y).
A quelle condition F est-elle continue en (a, b)IJ ?
Exercice 2 : Soit (A, B) une partition de R2, f la fonction indicatrice de A. En quels points f de R2
est-elle continue ?