Corrigé du concours blanc Niveau : ECT 1 Epreuve : contraction de texte Rappel des exigences de l’épreuve et des critères d’évaluation : La contraction de texte est une épreuve majeure proposée par les écoles de commerce regroupées au sein de la BCE ( Banque Commune des Epreuves) et qui sont les plus nombreuses. Les écoles d’ECRICOME proposaient un exercice similaire, le résumé de texte, qui, selon la note officielle de cette année serait supprimé . Les deux exercices ne diffèrent en fait qu’au niveau de l’envergure du texte support : alors que l’épreuve de la contraction propose des textes très longs qui atteignent facilement six pages bien pleines, le texte à résumer est d’une dimension plus modeste , deux à deux pages et demi maximum. Malgré cette différence volumétrique qui a une incidence évidente sur le temps imparti à l’épreuverespectivement trois et deux heures- , les deux épreuves participent du même esprit d’analyse et de synthèse. Il s’agit en effet ,dans les deux cas , de comprendre un texte quelle qu’en soit la difficulté, déceler son plan et en restituer l’essentiel en un nombre limité de mots et dans une expression personnelle. C’est donc un double exercice ;de compréhension et d’analyse d’une part( un exercice de lecture donc) et un exercice de rédaction et de synthèse. S’il est vrai que la réussite de l’épreuve dépend de la nature du texte et du thème abordé( en ceci la contraction de texte participe aussi de la culture générale puisque la maitrise du texte exige une culture appréciable sur le thème abordé) , il n’en demeure pas moins que l’épreuve exige la maîtrise d’une technique que la multiplication des exercices ,tant individuel qu’encadrés par le professeur, est censée asseoir. Dégager l’enjeux du texte, repérer les articulations logiques, distinguer l’essentiel de l’accessoire, trouver des opérations résumantes, trouver le concept qu’il faut, l’équivalent lexical convenable , s’abstenir de certaines irrégularités, comme la reprise du vocabulaire du texte source, être fidèle à l’auteur et à son esprit argumentatif, respecter l’énonciation …..autant d’opérations intellectuelles qui ne peuvent être maîtrisées que par une pratique de lecture et d’écriture que des conseils et recommandations abstraites ne peuvent remplacer. Rappelons tout de même quelques critères d’évaluation/ - La fidélité au texte, tout contresens ou liberté par rapport aux idées de l’auteur sont sévèrement sanctionnés. Il est interdit d’ajouter des idées qui ne figurent pas dans le texte source. - Le caractère personnel de la reformulation. Il est interdit d’emprunter les mots et encore moins les phrases du texte .Seuls les mots clés peuvent être repris et toute reprise paresseuse du lexique, d’images ou même de la syntaxe du texte est réprimée ; en effet , on reformule des idées et non des phrases de l’auteur. - Le respect absolu du nombre des mots indiqué clairement par la consigne avec la marge tolérée. Tout écart est sanctionné par un barème assez rôdé . On sanctionne aussi bien les copies trop longues que celles trop brèves : -1 pour les trois premiers mots, puis -0.5 pour chaque mot de plus ou de moins et au-delà de 20 mots c’est Zéro. La consigne oblige les candidats non seulement à mentionner le nombre exact de mots utilisés mais aussi à mettre des barres obliques après chaque groupe de mots en nombre déterminé( 30 ou 50) pour faciliter le contrôle. Attention les correcteurs recomptent après vous et sanctionnent impitoyablement les déclarations mensongères. -La langue doit être irréprochable .Les erreurs de langue sont sanctionnées dès la deuxième faute relevée et une copie qui comptabilise cinq erreurs de langue ne peut pas prétendre à la moyenne quelle que soit la qualité du résumé. - L’énonciation doit être celle du texte. Ecrivez comme si vous étiez vous-même l’auteur, utilisez le même temps verbal, le même ton ,le même registre de langue. Toute expression d’introduction , propre au compte-rendu ou au commentaire, de type » ce texte traite de… », « L’auteur affirme que… » est strictement interdite. -Le plan du résumé . On ne résume pas un texte en en juxtaposant les idées mécaniquement, on doit avoir le souci de la composition qui confère plus de clarté et de force à l’argumentation. La mise en page du résumé doit visualiser les étapes du raisonnement qui est généralement bien construit. Chaque paragraphe doit correspondre à l’une de ces étapes. Pour en arriver là, il faut au préalable, lors de l’analyse du texte déceler les mouvements du texte, qui n’est pas forcément un paragraphe, et le résumer en un paragraphe autonome ; Il serait aussi absurde de proposer pour un texte qui compte quatorze paragraphes un résumé d’un seul paragraphe qu’un résumé qui en compte autant( 14§). Corrigé du texte proposé au concours blanc Des pré requis , qui ne sont pas toujours indispensables, seraient d’une aide précieuse pour mieux saisir les enjeux de l’extrait. André Comte-Sponville est un philosophe français contemporain connu pour sa défense d’une morale athée, hédoniste et épicurienne. La vie pour lui, comme pour tout épicurien, n’aurait de sens que dans la jouissance du moment :il faut compenser la brièveté de notre existence par une qualité de vie sans tomber dans la vulgarité bestiale. Entre penser sa vie pour la vivre ensuite et vivre sa vie pour la penser après, le philosophe refuse de choisir : la vie doit être vécue et pensée simultanément car entre le passé et le futur il y a un présent qui prime. On reconnait dans cette posture la devise épicurienne « carpe diem »( cueille ton instant) mais surtout le rejet de toute métaphysique du bonheur qui transcende le réel et la condition humaine, caractérisée par la finitude et l’éphémère. Le texte traite de la notion philosophique du »sens de la vie » qu’André Compte-Sponville n’est pas le premier à aborder, c’est un problème fondamental qui a meublé toute l’histoire de la philosophie et de la religion, contrairement à ce que laisse entendre l’écrivain , depuis l’Antiquité jusqu’au jour d’aujourd’hui . Le discours s’inscrit d’emblée dans une tradition philosophique et morale bien établie et assez connue pour les lecteurs des grands textes ce qui explique la boutade qui ouvre le texte « La question …résume le peu de philosophie… » Sans être franchement polémique, le texte se place d’entrée de jeu sous le signe de la réfutation : montrer l’inutilité de la question, en deux temps, pour nous dire enfin où réside la véritable vie. Le raisonnement en lui-même est très simple mais le texte , de par son style et sa tonalité pose certaines difficultés pour un débutant d’analyse de discours et contraction de texte .On serait même tenté de dire que la difficulté du texte réside dans sa simplicité pour ne pas dire son simplisme. En effet ,si les articulateurs majeurs sont clairs et facilitent le repérage de la progression de l’argumentation(« le premier », « le deuxième », » enfin », « Trois sens principaux donc », « cela complique »… « Mais il y a plus » , « c’est vrai aussi », …..) , l’auteur s’amuse , pour des raisons oratoires évidentes à faire du style, à se répéter ,à multiplier les exemples ….toutes les marques d’une oralité normale pour une conférence reprise pour faire l’objet d’une publication . S’il ya une qualité stylistique que ce texte n’a pas et qu’une bonne contraction de texte doit respecter, c’est la concision ! Cela explique pourquoi la longueur de l’extrait n’équivaut pas à une richesse des idées et surtout pourquoi il vous a été demandé une contraction de 300 mots seulement( avec 400 mots cela aurait été trop facile). Il en découle de ces remarques deux difficultés pratiques : avec sa redondance, l’auteur épuise les possibilités de reformulation autonome, puisqu’il est interdit de reprendre l’expression du texte ; de plus cette même redondance( répétition des mêmes idées) brouille la visibilité du texte qui ne dit sa thèse qu’à la dernière partie : il y a un sérieux risque pour un débutant de se noyer dans l’accessoire aux dépens de l’essentiel. Thèse : Au lieu de s’interroger inutilement sur un sens insaisissable de la vie rendant celle-ci absurde, l’attitude philosophique exige qu’on vive notre vie au présent dans une altérité qui la rend signifiante ; OU L’attitude philosophique ne consiste pas à chercher un sens de la vie toujours fuyant mais à vivre l’instant en allant vers l’autre qui lui donne un sens. Plan du texte : I La question du sens de la vie n’a pas de réponse voire absurde - sS’interroger sur le sens de la vie est peu philosophique(1èr §) - La polysémie du mot sens( organe sensoriel, signification, direction) fait de cette question trois interrogations et donc suppose trois réponses différentes, ce qui complique le problème au lieu de le résoudre .( 2ème ,3ème ,4ème ;;;;7ème §) - Même pris en un seul sens , le mot renvoie toujours à qqch qui lui est étranger , « le sens de la vie » serait qqch qui n’est pas la vie. (depui »Mais il y a plus » jusqu’à « le sens de la vie ne peut être qu’autre chose que la vie » fin page 4 II- Conséquences ontologiques de ce résultat ( depuis « cela ne laisse guère le choix » jusqu’à « si elle est tout » - Devant ce constat terrible, l’homme essaye de sauver sa vie de l’absurde soit par la religion qui promet une autre vie ,soit par un pis aller philosophique , qu’il soit absurde ou tragique ; ce qui ne signifie nullement la supériorité de la réponse religieuse , métaphysiquement supérieure. III- La manière de donner un sens à la vie est de vivre tout simplement ( le reste du texte) - On se trompe de marchandise en cherchant le sens de la vie : cette question nous détourne de l’essentiel( §17) - Exemples des enfants ; ce n’est pas parce qu’ils ont un sens que nous les aimons mais c’est l’inverse - Le bouquet de fleurs ne témoigne de notre amour que parce notre amour lui confère cette fonction - Tout ce qui a un sens dans notre vie l’acquiert par le sentiment que nous lui témoignons. - Le sens de la vie n’est pas une cause mais un effet. Nos actes donnent sens à ce qui n’en a pas par lui-même. - Ma vie ne prend de sens que quand elle sert l’autre ou autre chose. - Seul l’autre peut avoir du sens dans ma vie ; - La vie n’est absurde que pour ceux qui ne veulent pas vivre tout simplement , être heureux c’est vivre pour ne pas s’interroger sur le sens de la vie Proposition de résumé Le sens de la vie est un faux problème. D’abord la polysémie du mot « sens » complique la question : chercher le sens de la vie serait définir ce qu’on éprouve en vivant, la signification de ce que nous faisons et la direction où nous nous orientons. De plus, quel que soit la signification donnée au mot »sens », celui-ci reste toujours étranger à la notion définie ; le sens d’un mot n’est pas le mot ,les cinq sens ne peuvent être perçus en eux-mêmes et la direction n’a de sens que parce que la destination est loin du point de départ . Cela rend le sens de la vie fuyant et dynamique ; n’étant jamais au présent , il serait négation de la vie qui devient absurde. La religion y remédie en promettant une vie post-mortem, les athées recourent à la philosophie et l’éthique, avatars de la religion qui essayent de rendre la vie signifiante. En fait , c’est l’amour qui donne sens à notre vie . Le sens de la vie n’est pas une cause mais un effet de notre rapport aux choses qui la rendent signifiante . Il faudrait donc vivre sa vie au présent pour lui donner un sens au lieu de la rendre absurde par une recherche vaine de son sens.