la théorie néo-classique « standard » du choix économique : les comportements de l’offre
obéissent à une logique de maximisation d’utilité, c’est-à-dire que les agents maximisent leur
satisfaction en minimisant leurs coûts et modifient leur choix en fonction des signaux du
marché, mais aussi en réponse aux actions de l’État. Selon eux, « […] il existe une structure
d’imposition qui maximise les recettes de l’État. Cette structure fiscale dépend de l’offre et de
l’élasticité de la production par rapport aux facteurs de cette production. »
II La courbe de Laffer
La « courbe de Laffer » a été présentée en 1978 lors du congrès annuel de l’American
Statistical Association). L'objectif de cette courbe est de montrer l'existence d'un plafond de
recettes fiscales. Elle lie le taux d’imposition (tax rate), en abscisse, et les recettes fiscales
obtenues (tax revenues), en ordonnée. L'évolution des recettes fiscales est donc fonction du
taux marginal d'imposition.
Laffer illustre ici l'idée selon laquelle il existe un niveau maximal de taxation au delà duquel
le produit de l'impôt diminue. Lorsque le taux d’imposition est nul, son rendement est
évidemment nul. L’augmentation du taux marginal d'imposition engendre, dans un premier
temps, des recettes fiscales supplémentaires. Passé un point t* (point où les recettes fiscales
sont maximales), appelé le taux d’imposition optimal, l'augmentation du taux d'imposition
entraîne une baisse des recettes fiscales jusqu'au point où le taux d'imposition est égal à 100%,
mais lorsqu’il atteint 100 %, son la recette fiscale est nulle : l'impôt ne rapporte rien, car plus
personne n'a intérêt à produire (l'Etat "prend tout"). Le taux d’imposition optimal se révèle
compatible, à la fois avec l’investissement et avec les rentrées fiscales les plus fortes.
Face à une augmentation de la fiscalité, le travailleur ou l’épargnant réagit soit en
augmentant l’offre de travail ou d’épargne = effet-revenu de telle sorte que son revenu net ne
pâtisse pas de l’aggravation de la pression fiscale, soit en réduisant son offre de travail (au
profit du loisir) ou son offre d’épargne (au profit de la consommation) = effet de substitution.
Avant t*, lorsque le taux d’imposition s’élève, les recettes augmentent grâce à l’effet-
revenu mais de moins en moins vite. Au taux d’imposition t*, le produit de l’impôt (t* x la
base imposable) est maximal. Puis le supplément de recettes obtenu par la hausse du taux
d’imposition est alors négatif (les recettes fiscales diminuent), car un nombre croissant
d’agents ne produit plus de richesses supplémentaires, éliminant ainsi la source de l’impôt :
l’effet de substitution l’emporte largement sur l’effet-revenu.
Plus précisément, si l’on considère que les anticipations des agents sont « rationnelles »,
qu’ils prévoient les conséquences des mesures de politique économiques, toute hausse du taux
d’imposition au-delà de t* aura pour conséquence :
- d'une part, des effets désincitatifs sur le travail (les agents substituent au travail d’autres
activités : il se consacre aux loisirs ou à des activités moins taxées) et l'épargne (les
investisseurs renoncent à investir car les gains procurés sont en grande partie amputés par
l'impôt) ce qui entraîne une baisse du volume de production (=> ralentissement de la
croissance). Cette baisse du volume de production a pour effet de diminuer la base
d'imposition. A partir de t*, la hausse du taux d’imposition ne compense donc plus le
rétrécissement de la base d'imposition ;
- d'autre part, des comportements d'évasion et de fraude fiscales à l'origine de perte de
rentrées fiscales pour l'Etat. (Lorsque le contribuable joue sur les lacunes ou ambiguïtés de la
loi pour empêcher la réalisation de l'imposition il pratique l'évasion fiscale. Il y a fraude
lorsque l'action du contribuable implique une violation de la loi fiscale. Alors que la fraude
fiscale est fonction de la manière dont l'impôt est évalué et collecté ainsi que de l'étendue du