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Approche
cognitive des
processus
mnésiques
Licence de psychologie, année 2004-2005, avec Mme Bonnefond.
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Introduction :
1. Qu’est ce que la mémoire ?
Elle constitue pour chacun d’entre nous une donnée immédiate de l’activité de notre
esprit, elle permet de retenir les relations entre les différentes propriétés des objets, retenir
certains épisodes de notre vie, reconnaître les visages familiers, les lieux connus.
C’est grâce à elle qu’on aura des expériences subjectives, des capacités de
communication, mode d’individualité, des capacités sociales.
La mémoire est illustrée par une image spatiale de la bibliothèque où les souvenirs
seraient rangés, classés comme les livres. La mémoire est considérée comme un système
unitaire mais les choses sont plus complexes : il y a plusieurs systèmes qui vont couvrir des
durées de stockage allant de quelques millisecondes à quelques minutes jusqu’à la durée
complète de la vie.
La mémoire présente plusieurs systèmes séparés mais interactifs, elle n’est pas
monolithique.
Tous ces systèmes permettent l’acquisition et la rétention des connaissances ainsi que
la récupération de ces connaissances.
2. Rappel historique
L’étude scientifique de la mémoire date de 1885 avec Ebbinghaus, et la méthode
d’économie au réapprentissage (cf. Td).
Ebbinghaus va appliquer les méthodes expérimentales à la mémoire et va travailler
essentiellement sur lui et dans des conditions très strictes et extrêmement contrôlé.
C’est aussi à cette période qu’apparaissent les 1ers traités mnémotechniques.
Au environ de 1920 avec Watson c’est l’apparition de la psychologie scientifique et la
naissance du béhaviorisme.
Le concept de mémoire est considéré comme trop mentaliste, il y a eu une réelle
confusion entre mémoire et apprentissage.
Au environ de 1960 c’est l’émergence des sciences cognitives, l’intérêt pour la
mémoire augmente à nouveau : la distinction à la mode est MCT, MLT.
Au milieu des années 70, il y a l’idée d’un système multiple au sein même de la MLT.
A la même époque les études faites en neuropsychologie et les études sur les patients
non sains vont alimenter les connaissances dans les domaines de la mémoire.
1985-1990 : les questions relatives à la nature, au nombre de systèmes mnésiques
deviennent plus intense.
Elles occupent une place centrale en psychologie cognitive, neuropsychologie et
neurobiologie. On a totalement abandonné l’idée d’un stock unique, le débat actuel porte
vraiment sur le nombre et la nature des systèmes mnésiques.
3. Qu’est ce qu’un système de mémoire ?
Un système de mémoire n’est ni des formes, ni des types de mémoires, pas non plus
un processus mnésiques, une tâche mnésique, ni même une expression de la mémoire.
Les formes et types de mémoire sont inclus dans les systèmes de mémoire mais
attention l’inverse n’est pas forcément vraie.
Ex : mémoire visuelle, sensorielle, auditive, procédurale, sémantique…
C’est uniquement descriptif, on les utilise uniquement pour décrire des phénomènes
empiriques et les organiser.
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Un processus mnésique est une opération précise menée dans le but de parvenir à une
performance mnésique.
Ex : autorépétition, catégorisation, encodage, stratégies.
Chaque système mnésique peut utiliser un ou plusieurs processus mnésiques mais à chaque
processus mnésiques on n’associe pas un seul et unique système de mémoire.
Les tâches mnésiques comprennent le rappel, la reconnaissance.
Une tâche mnésique est un processus, une opération qui permet de récupérer une information
qui a été préalablement encodée et stockée.
Les expressions de la mémoire, on y retrouve les notions de mémoire explicite et de
mémoire implicite.
La mémoire explicite renvoie à la récupération consciente et intentionnelle, la mémoire
implicite renvoie à l’utilisation non consciente et non intentionnel d’informations acquisses.
Un système de mémoire se définit en terme de mécanismes cérébraux, de types
d’informations traitées et de règles opératoires, Tulbing 1972.
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La mémoire sensorielle
1. La mémoire visuelle
1.1 La mémoire iconique
Les 1ères études sur la mémoire visuelle se sont plus concentrées sur la quanti
d’information qu’on était capable de mémoriser en un regard.
Ces études ont été facilitées avec l’invention d’un certain nombre d’outils dont le
tachistoscope, qui permet la présentation d’informations visuelles dans des conditions
parfaitement contrôlées.
1960 : Sperling présente à l’aide d’un tachistoscope pendant une durée courte
(inférieur à 50 ms) un pattern de 3 lignes de 4 lettres.
Ex :
On présente ensuite un fond blanc.
Il y a deux conditions expérimentales :
report complet : rappeler le plus grand nombre possible de lettres,
report partiel : on associe à chaque ligne un son plus ou moins grave (L1 : son aigu,
L2 : grave, L3 : très grave). Cette association est mémorisée avant l’expérience.
Résultats
Condition 1 : 4-5 lettres restituées => 33-42% des lettres,
Condition 2 : 3 lettres sur 4 => 75% des lettres.
Concrètement le sujet a une trace visuelle du pattern pendant un temps très court. Le
temps qu’on restitue quelques lettres, la trace du pattern disparaît.
Cette étude permet de mettre à jour la mémoire iconique. Cette mémoire est la toute
1ère étape de la mémoire visuelle.
Au bout de 250-300ms, le sujet n’a plus de trace visuelle, la vie de cette mémoire est
très courte.
C’est une mémoire qui est affectée par des variations de brillance, ou de luminosité,
car si on donne à voir un flash lumineux après le pattern, le sujet n’en a plus aucune trace.
1.2 La mémoire visuelle à court terme
1969 : Posner présente 2 lettres de l’alphabet soit identique soit différente, soit
minuscule soit majuscule.
Ex : AA, Aa, AB, Ab …
L’intervalle de présentation entre les deux lettres est soit nulle (simultanée) soit allant
jusqu’à 2 secondes.
On demande au sujet si les deux lettes présentées ont le même nom ou pas.
Résultats
présentation simultanée : réponse inférieure à 80 ms lorsque les lettres sont
visuellement identique et de même nom par rapport à la condition ou les lettres sont
visuellement différentes et de même nom.
A T H O
M U Z I
T I T V
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Présentation différée : plus le délai de présentation augmente plus l’avantage induit
par la similitude physique diminue voir disparaît.
l’effet de la différence de forme visuelle est importante quand l’intervalle est nulle ou
très faible et plus on augmente l’intervalle moins cette différence de forme intervient.
Cette étude montre bien qu’il y a une trace visuelle qui a une durée de vie plus longue
que dans le cadre de l’expérience de Sperling (quelques secondes).
On a le temps d’encoder verbalement la lettre.
1.3 La mémoire visuelle à long terme
1965 : Nickerson présente 600 images à ses sujets, représentants des scènes et
phénomènes variés.
Il mesure la capacité de rétention à des intervalles de temps variés allant de une journée à une
année.
Il demandera une tâche de reconnaissance ; il mélangera les 600 images à 600 autres
images et le sujet doit dire si il les reconnaît.
Résultats :
Après une journée : 92% de reconnaissance, après une année : 63% de reconnaissance. (Au
dessus de 50% donc ce n’est pas du au hasard.)
2. Mémoire visuelle et imagerie mentale
Tout le monde a tendance à croire que la mémoire visuelle se superpose à l’imagerie
mentale.
On peut cependant sûrement faire des distinctions au sein de ces deux phénomènes et
donc cela suppose que ceux sont deux phénomènes différents.
2.1 Genèse des images mentales
Il existe des modèles théoriques qui décrivent la genèse des images mentales, ils font
intervenir des phénomènes complexes.
Deux auteurs, Kosslyn et Cornoldi, se sont beaucoup intéressés à ce phénomène (94-
95).
D’après ces auteurs, la genèse d’une image mentale n’est pas une simple activation
d’une représentation qui serait déjà formaté, stocké en MLT. Ils suggèrent que lorsqu’on
constitue une image complexe, on va d’abord sélectionner, confectionner un pattern global
qui déterminera le contour général de cette image. Puis on va intégrer de façons séquentielles
des unités perceptives de plus petits niveaux, également stockés en MLT. On a une forme
globale qui s’enrichie d’unités perceptives de plus petits niveaux pour arriver à une image
mentale plus fine, plus précise, plus enrichie.
Ces patterns globaux sont solidement stockés en MLT, on ne stocke pas d’images
mentales extrêmement détaillées, on les construit.
Pourquoi ?
principe d’économie,
la récupération est plus difficile pour une image mentale détaillée et l’oubli est plus
important.
Elle est activée trop peu souvent pour être stable en MLT.
2.2 Trace visuelle
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