Poésie. Les Fleurs du Mal, la Mort. Ébauche de commentaire du poème « la mort des pauvres ». Introduction : Baudelaire, un poète du XIXème siècle est rendu célèbre pour son recueil de poèmes Les Fleurs du Mal. La mort des pauvres est un poème tiré du chapitre « La mort ». Dans ces quelques vers, Baudelaire fait appel à un sujet occupant toutes les convoitises : la mort, malgré le peu de connaissances que nous avons ; le poète tente malgré tout de lui attribuer un sens. Plan en trois parties. Première partie : une obsession de définir la mort ; deuxième partie : la mort définie comme vie dans deux mondes : sur Terre et céleste ; troisième partie : un poème révélateur de la peur de Baudelaire envers la mort. Pourquoi et comment Baudelaire attribue t-il une définition positive de la mort alors que cette notion abstraite est indéfinissable ? Développement : I. Une obsession de définir la mort. 1. L’expression « C’est » : plusieurs définitions successives et contraires aux pensées de chacun. Sur 14 vers, on trouve neuf reprises du groupe de mots « c’est ». Cette expression implique une définition. L’auteur veut ainsi définir la mort, malgré l’impossibilité, donc l’incapacité que chacun de nous a à attribuer un sens à ce terme, car personne ne sait ce qui l’attend : « C’est la clarté vibrante à notre horizon noir » v.6 « C’est le portique ouvert sur les Cieux inconnus » v.14 L’insistance de ce groupe de mots permet à l’auteur de comprendre ce qui qualifie la mort, il a besoin de la posséder ; lui conférant une obsession de certitude, la mort étant le domaine où l’on en a besoin le plus. 2. Plusieurs démarrages successifs de l’expression « C’est ». Huit démarrages de « C’est » sur 14 vers, donc le poète commence plus de la moitié de ces vers avec cette expression. Une fois de plus, une obsession est présente. II. La finalité de la mort : deux mondes. 1. Après le « C’est » : le but de la mort, sa finalité : - La mort est définie comme vie = forte opposition : « C’est la mort […] qui fait vivre » - La mort définie comme espoir, comme ivresse : « C’est le seul espoir […] nous enivre » - Forte opposition, Baudelaire utilise la définition de la vie pour l’attribuer à la mort : le champ lexical de la positivité est présent : « vivre » ; « espoir » ; « cœur » ; « clarté ». - La mort est définie comme « clarté », donc comme lumière, alors qu’elle est considérée comme ombre : une mort positive. - La vie définie comme « tempête, et la neige, et le givre », c’est-à-dire les étapes dont nous sommes confrontés en permanence : une vie négative. - « marcher » = voyage = métaphore de la vie. - Comparaison au vers 3 : « comme un élixir, nous monte et nous enivre » : la mort est considérée comme un alcool qui est apprécié. - La mort considérée comme « clarté vibrante » et la vie comme « horizon noir ». Valeur négative de la vie face à la valeur positive de la mort. Nous avons donc ici une opposition entre mort et vie, la mort étant le but de la vie, une attente. 2. La mort familière Ici le poète transforme l’axe temporel de la vie en autre chose : la mort est déjà là à la naissance : « inscrite sur le livre » ; elle est familière : il s’agit donc ici de s’approprier la mort non pas comme une ennemie mais comme quelque chose de familier. 3. Deux mondes : un monde réel et un monde céleste. 2.1 Un monde réel Le second quatrain en est le témoignage : « C’est l’auberge fameuse inscrite sur le livre / où l’on pourra manger, et dormir, et s’asseoir. » - L’auberge est la métaphore de la mort, mais elle est connoter de bonheur, de calme. - Le poète mélange l’énumération des trois verbes : manger, dormir, s’asseoir, alors que l’ordre logique serait s’asseoir, manger, et dormir ». Il place le verbe dormir au milieu et non à la fin car dormir peut-être considéré comme mort, et il place le verbe s’asseoir à la fin, synonyme de repos, de sérénité. II.2 Un monde céleste Le premier tercet en est la preuve : le champ lexical des Cieux est présent : « Ange », « rêves », « Dieux », « mystique », « Cieux ». - La mort est un Ange, un être mystique du paradis, qui donne le sommeil et qui nous fait rêver. - Les gens pauvres, qui généralement dorment la nuit dans les rues, peuvent dormir dans les lits -mystiques : « et qui refait le lit des gens pauvres et nues ». v.8. - Les gens pauvres ont un certain profit de mourir : « C’est le grenier mystique, la bourse du pauvre » : les pauvres pourront manger, et avoir enfin de l’argent. - Le mot « ouvert » au dernier vers nous montre que la mort est un passage non fermé, très accessible. La mort est donc la richesse des gens pauvres. III. Baudelaire, grâce à ce poème, atténue sa peur. - L’insistance anaphorique étudiée dans la première partie permet de la convaincre et témoigne de son angoisse envers la mort. L’auteur utilise « C’est », une figure maternelle (lorsque l’enfant nous pose une question, on répond par : c’est…) qui console l’enfant qui a peur. - Il y a une certaine maîtrise de la part du poète : il est à la fois la figure consolée et la figure consolée. - Pour faire la jonction entre ces deux mondes, on a le poème ! - Le poème est un sonnet : deux quatrains et deux tercets. Cette forme est totalement maîtrisée pour parler de quelque chose qui n’est pas métrisable, ici la mort. Les rimes en alexandrins sont présentes et forment un rythme qui « berce » le poète pour le consoler. - Deux éléments présents dans le poème : L’espace : « marcher » = voyage ; « auberge » = repos Le temps : « sa patrie antique » = rejoindre l’éternité. Conclusion : Grâce à un poème la mort des pauvres, Baudelaire a démontré que la mort est un lieu paisible et lumineux ; il s’est ainsi éloigné de la définition de la mort que chaque individu possède en lui grâce à un procédé de renversement de situation : la mort étant positive. Sa peur envers la mort est ainsi atténuer, et il se convainc de sa positivité pour faire taire son angoisse.