LES DEFINITIONS DU TRAVAIL SOCIAL DANS LE MONDE ANGLO-SAXON Le case-Work : Travail auprès d’une personne ou d’une famille. C’est le départ de la profession de service social. Cette méthode d’intervention peut intégrer des « approches » faits d’emprunts privilégiés à des disciplines : thérapies, psycho, psychosocio, socio, juridique etc…ou encore des procédures de travail particulier comme la médiation, ou l’intervention de crise etc… Le travail de groupe : Travail sur se fonde sur la force d’aide mutuelle d’un groupe. Deux approches sont souvent présentes : une approche plus thérapeutique et une autre plus centrée sur un projet. Mais les deux approches se fécondent. On peut intégrer au travail social avec les groupes : Les groupes de thérapies radicales (l’expression sociale et militante de la souffrance de certains groupes sociaux), les intervention de réseaux et les groupes d’entraide (self help) L’action communautaire : Action d’une communauté qui n’a pas besoin de professionnels pour s’organiser. On est ici dans un mouvement social. Quelque fois il peut y avoir aide et complicité de professionnels mais pas de professionnels payés pour prendre le leadership de ces actions. L’organisation communautaire : Travail de professionnels auprès d’une population ne pouvant pas « se prendre en main », assumer sa vie collective. C’est une communauté « anomique » ou « violente ». Travail d’organisation de la communauté pour quelle développe les formes de vie collective et de leadership qui lui permettent de vivre et à ses membres de devenir citoyen. L’organisation communautaire s’est développée au XIXème siècle en Angleterre et aux USA (settlements houses) et qui a perduré jusqu’à aujourd’hui. Voir Donzelot, Faire Société, Seuil L’organisation communautaire c’est développer après la seconde guerre mondiale dans les zones de non développement et de pauvreté : - l’organisation communautaire consensuelle ( le processus d’intégration par projet partagé) Murray Ross - l’organisation communautaire conflictuelle Saul Alinsky - le développement communautaire o le modèle ONU o le modèle de conscientisation Paolo Freire Le travail social communautaire Travail de planification des services publics en lien avec les communautés (les services à la communauté) Les anglo-saxons intégraient comme méthodes d’intervention la recherche et l’administration social JMG novembre 2009 1 ESSAI DE DEFINITION DES MODES D’INTERVENTION SOCIALE EN FRANCE On peut sans doute proposer provisoirement une clarification minimale : - Intervention sociale d’aide à la personne : Il s’agit d’une intervention auprès d’une famille ou d’un individu. Cette intervention est toujours « sociale », elle vise l’adaptation réciproque de l’individu et de son milieu de vie. L’aide à la personne est la base « historique » du travail social/service social. Cette intervention est à distinguer cependant du seul traitement administratif d’un dossier ainsi qu’également du travail thérapeutique qui ne relève pas du champ social. Cette intervention a donné lieu à un rapport du Conseil Supérieur du Travail Social : L’intervention sociale d’aide à la personne, ENSP, 1998. Même si l’intervention se limite au travail avec une personne, l’intégration de la personne dans son système social (famille et environnement) constitue l’objet du travail pour l’intervenant social. Ce concept se substitue à celui de Case-Work utilisé jusque dans les années 1970 et abandonné en raison de la connotation trop pychologisante qu’il avait pris en France. - L’action collective ou Intervention Sociale d’Intérêt Collectif : Mot à usage difficile, largement utilisé aujourd’hui mais ne faisant pas partie du vocabulaire « historique » du travail social. Cristina de Robertis avait publié : L’intervention collective, et le Conseil Supérieur du Travail Social avait publié l’intervention sociale d’intérêt collectif . Le concept revient actuellement, un nouveau rapport du CSTS sur le sujet sera publié prochainement. On peut utiliser cependant le concept d’action collective comme un concept large regroupant : o L’intervention auprès d’un groupe de parole (fermé ou ouvert) o L’intervention auprès d’un groupe d’entraide aboutissant à un projet mené ensemble par des usagers Ces deux modes d’intervention recoupent le service social de groupe, le travail social avec les groupes (ou le travail social de groupe). « Le petit groupe est le champ par excellence de la médiation entre le fonctionnement individuel et sociétal » écrit Hélène Massa qui introduisit en France le travail social avec les groupes et publia plusieurs ouvrages sur cette méthode. o L’intervention auprès d’un réseau d’usagers Ce mode intervention non encore vraiment clarifié regroupe le travail avec une famille et son environnement plus large (la famille étendue, le voisinage et les autres acteurs). Cette approche est une variante de l’approche systémique. L’intervention de réseau regroupe aussi le travail sur les micro-projets. Le travailleur social favorise l’émergence d’un réseau qui est moins formel que la structure du groupe du travail social avec les groupes mais davantage lié à la vie quotidienne des personnes. Le réseau fonctionne sur la base du micro territoire (la cage d’escalier ou l’immeuble) ou sur celle d’une problématique comme l’aide aux devoirs, le soutien mutuel, l’échange de services. Les réseaux peuvent aboutir ou non à des formes plus instituées de fonctionnement (groupe ou association) mais ce n’est pas un objectif nécessaire. JMG novembre 2009 2 Toutes ces actions collectives ont pour but une forte implication des usagers dans la résolution des problèmes auxquels ils font face. L’objectif de ces actions est de favoriser le développement « d’une capacité d’agir et d’agir ensemble » qui vise l’épanouissement de la personne, le développement du lien social, la lutte contre l’anomie. Il y a une continuité entre l’aide à la personne et l’action collective telle que définie ici. La mobilisation des usagers dans ces formes d’action est précédée d’un travail individualisé avec les personnes concernées ou avec au moins quelques-unes d’entre elles. Le soutien individualisé peut se poursuivre parallèlement à l’action collective dans laquelle l’usager est engagé. - L’intervention de développement social local : Le DSL vise sur la base d’un territoire à fédérer la dynamique transversale des actions collectives dans le cadre d’un projet de territoire. Projet qui peut avoir été impulsé de façon descendante par une ou des institutions légitimes ou de façon ascendante par les usagers avec l’aide des travailleurs sociaux. Le DSL est toujours descendant et ascendant quelles que soient les modalités de démarrage de l’action. L’intervention de développement social local n’est pas une intervention d’une autre nature que les interventions précédentes. Il y a un continuum d’un mode d’intervention à l’autre. Il n’y a pas de DSL sans actions collectives comme il n’y a pas d’action collective sans aide à la personne. Le DSL n’est pas un complément possible de l’intervention sociale il en est la finalité. Le DSL vise le développement des personnes, des territoires et des organisations territorialisées. L’ « idéologie » du DSL est que l’épanouissement d’une personne, d’une famille ne peut se réaliser dans un isolat (néo-libéral et individualiste) mais dans l’émergence d’un social, d’un sociétal, d’un « vivre ensemble » à inventer ou à réinventer. - L’action sociale d’intérêt collectif : Ce concept nouveau vient compléter le vocabulaire classique du travail social, il vise les actions partenariales menées, à l’initiative des travailleurs sociaux ou des partenaires institutionnels, ayant pour objectif la promotion d’un dispositif, un meilleur accès aux droits ou dans une perspective de prévention l’évolution de comportements. Le fait que l’on mobilise les usagers dans ce travail de « marketing social », de formation ou de prévention, ne doit pas pousser les travailleurs sociaux à assimiler cette action à l’intervention collective définie ci-dessus. Cette action est exogène à la dynamique du milieu, la précédente est endogène. Le travail « en partenariat » se situe dans la même logique, il vise une meilleure structuration de l’offre de services mais n’est pas en soi une action de développement social local ni une « action collective » telle que définie ci-dessus. Ces concepts ne sont pas encore fixés. Il faudrait les compléter par ceux venant des autres secteurs de l’intervention sociale : éducation populaire/animation et éducation spécialisée sans oublier le secteur du maintien à domicile. JMG novembre 2009 3