relation personnelle. En 1661, Louis XIV a remplacé son conseil (ses oncles, cousins, frères, etc.)
par ces grands commis, il va remplacer au pouvoir les liens du sang par ces liens de compétence
directs. La naissance ne justifie désormais plus le pouvoir, c'est le savoir faire qui va déterminer les
dirigeants. Colbert et Fouquet (même si celui-ci a largement tapé dans les caisses royales, cf. Vaux-
le-Vicomte) n'avait aucun lien familial avec le roi. L'État est donc constitué donc par des personnes,
par les fonctionnaires, ces personnes qui constituent l'administration choisies pour leurs
compétences (attention, mention spéciale pour séduire un jury de concours).
Foucault avait une vision nettement moins valorisante de l'État. Il a fait sa thèse sur
l'invention de l'hôpital général par Louis XIV. Il va montrer qu'en même temps que Louis XIV
structure l'État, il met en place des structure de contrôle, comme l'hôpital général. Il raisonne l'État,
le départicularise (remplace la relation personnelle entretenue dans un système vassalique), pour
faire tomber la présomption d'arbitraire dans les décisions de l'État. Dans le cadre d'un État, une
relation personnelle n'est pas saine (ex. un président de jury de concours démissionne quand un de
ses enfants passe le concours, du moins la plupart du temps). On gagne en efficacité, la
communauté nationale a l'impression d'être traitée en égalité. Dans le cas de l'hôpital général, c'était
une institution chargée de récupérer les fous, les dégénérés, les parias, qui traînaient dans les rues.
Mais c'est aussi une institution de contrôle, car les causes d'internement n'étaient pas nécessairement
d'ordre médical (comprendre : raisons politiques). Un peu comme l'éducation nationale, c'est une
institution extraordinaire, qui offre une éducation à tout le monde. En contrepartie, ça permet de
contrôler étroitement ce que les Français apprennent et de forger des générations de citoyens sur des
connaissances formatées par l'État. Il existe toujours cette dualité dans l'État, en même temps qu'il
fournit un service, il contrôle, surveille, met au pas l'individu. C'est une forme de violence
considérable, qui côtoie le visage rassurant de l'État. Au nom du caractère qui serait naturellement
liberticide de l'État, ce dernier a été critiqué.
§2/ La violence légitime
Pour certains mouvements de pensée, cette position de l'État est odieuse. D'où critiques,
voire âpre lutte avec certains mouvements comme l'anarchie. L'anarchie est justement la négation
de L'État (NB : Besançnot n'est pas anarchiste, au contraire, il tente à être étatiste à outrance). Or la
lutte contre l'État conduit inévitablement au terrorisme (lutte armée à vocation politique usant de
moyens violant pour marquer la population), car l'État a le monopole de la violence légitime. Le but
du terrorisme est de rendre l'État insupportable, de montrer qu'il est incapable de protéger la
population, de le forcer à l'excès sécuritaire.
Ce que l'État a de terrible, c'est son caractère violent, contraignant. Marx déjà dans Le 18
Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte a écrit que si Napoléon III a réussi parce qu'il bénéficiait
d'une armée plus puissante que l'armée des soldats, c'est l'armée des bureaucrates (aka des
fonctionnaires), à l'époque entre 400K et 500K (aujourd'hui environs 5 millions en France). Marx
les qualifie d'armée, car le contrôle de l'État passe par eux, et c'est un contrôle qui ne se laisse pas
voir. Avec la police et l'armée, la contrainte est visible (uniformes, etc.). Avec les bureaucrates, le
contrôle n'est pas moins précis, mais invisible. Par exemple avec les enseignants, les facteurs, etc.
les représentants de l'État sont partout sur le territoire.
L'origine de l'État sont les écrits de Hobbes. Philippe d'Espagne met sur pieds l'invincible
armada pour envahir le Royaume Uni, au début du XIXe siècle. La mère de Hobbes en a accouché
de peur. D'où la réputation de Hobbes d'être peureux. Il a écrit le Léviathan, qui décrit notamment la
peur de la mort violente dans l'État de nature. C'est la loi du plus fort, c'est une instabilité
permanente, une peur permanente. Cet état n'est plus supportable pour les Hommes. Ceux-ci se
mettent donc d'accord pour ne plus recourir à la violence, mais pour que ça soit possible, ils