Regards Croisés 2 - Travail, emploi, chômage 2.1/ Comment s

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Regards Croisés 2 - Travail, emploi, chômage
2.1/ Comment s'articulent marché du travail et gestion de l'emploi ?
Notions importantes
Taux de salaire réel : correspond au taux de salaire nominal divisé par le taux
d'inflation, c'est donc un taux de salaire déflaté, sans l'effet de l'inflation (mesure le
pouvoir d'achat des salariés
Salaire d'efficience : désigne le salaire nécessaire pour motiver un travailleur à fournir
sa productivité maximale
Salaire minimum : correspond à un niveau de salaire en deçà duquel un employeur ne
peut rémunérer un salarié (fixé par l'Etat)
Contrats de travail : convention fondée sur un lien de subordination entre employeur et
employé. Il stipule les droits et devoirs des deux parties (par exemple la durée du
contrat, la rémunération, les tâches)
Partenaires sociaux : désignent l'ensemble des syndicats patronaux et de salariés, ils
permettent le dialogue social
Conventions collectives : accords signés entre les partenaires sociaux d'une branche
d'activité et concernent principalement l'évolution des salaires et les conditions de
travail
Segmentation du marché du travail : hypothèse selon laquelle le marché du travail
serait segmenté en deux parties étanches et inégalitaires, le premier compartiment
favorise des emplois stables, le second des emplois précaires.
I) L'emploi : une relation marchande
A/ Le fonctionnement du marché du travail dans l'analyse néoclassique
Léon Walras (FR, 1834-1910)
Stanley Jevons (UK, 1835-1882)
Vilfredo Pareto (Italien, 1848-1923)
Ce sont les principaux économistes qui vont développer leurs idées néo-classiques
concernant le marché du travail.
>Travail et emploi
> L'offre de travail émane des ménages : les individus offrent leur capacité de production
contre rémunération. La demande de travail émane des entreprises qui proposent un
emploi
Attention ! La demande de travail des entreprises correspond à l'offre d'emploi ; l'offre
de travail correspond à la demande d'emploi.
>Les déterminants de l'offre et de la demande de travail
- l'offre de travail des travailleurs va résulter de la comparaison effectuée par le ménage
entre ce que lui rapporte une heure de travail supplémentaire et ce que lui coûte une
heure de travail. C'est donc le résultat d'un arbitrage entre le désir d'un gain monétaire
(pour pouvoir consommer) et temps de loisir (coût d'opportunité du loisir).
- la demande de travail de l'entreprise va résulter de la comparaison effectuée par
l'entreprise entre le le coût marginal et la productivité marginale du travail , c'est à dire
entre ce que ce lui coûte une heure de travail supplémentaire et ce que produit un
salarié pendant cette heure de travail supplémentaire). Ainsi, si la productivité marginale
du travail est supérieure au coût salarial unitaire, les profits augmentent.
La fonction d'offre de travail va être déterminé par le taux de salaire réél (voir def.). Plus
ce salaire est élevé, plus l'offre de travail est grande. C'est une fonction croissante.
Plus le taux de salaire réel est élevé, moins la demande de travail sera importante, c'est
donc une fonction décroissante du taux de salaire réel.
> Un marché comme les autres
Selon les néos-classiques, le marché du travail est un marché comme les autres : le
travail est donc une marchandise. Le mécanisme est donc auto-régulateur, avec une
allocation optimale des ressources, et va respecter le modèle de concurrence pure et
parfaite. (atomicité, libre entrée, transparence, homogénéité, mobilité)
Le salaire réel, qui est le prix du travail, se fixe à la rencontre entre l'offre et la demande
de travail et va naturellement équilibrer cette offre et cette demande de travail.
-Si l'offre de travail est supérieure à la demande de travail : apparition d'un chômage
frictionnel, le taux de salaire réel va baisser. Les entreprises embauchent davantage. On
retourne au plein emploi.
-Si la demande de travail est supérieure à l'offre de travail : on a besoin de travailleurs.
Le taux de salaire réel augmente, incitant des travailleurs à offrir leur travail et on
retourne à un équilibre de plein emploi.
>L'analyse du chômage
Selon les néos-classiques, il existe deux types de chômage :
Le chômage frictionnel : il est lié à l'ajustement entre l'offre et la demande de travail (de
court-terme)
Le chômage volontaire : lorsque le travailleur renonce à offrir sa force de travail au
salaire fixé par le marché.
Dans l'analyse néo-classique, le chômage classique s'explique par
- le comportement de certains ménages qui refusent de travailler pour un taux de salaire
d'équilibre trop bas pour eux. (chômage volontaire)
- la réglementation du travail qui entrave le libre fonctionnement du marché et
augmente le coût du travail.
Pour palier à ce chômage, il faudrait donc selon eux reduire le coût du travail (par
exemple réduire les prélevements obligatoires et les salaires, revoir à la baisse le RSA réduire le SMIC, libéraliser les conditions de travail dans l'entreprise...)
B/ Les limites de l'analyse néo-classique
Cependant, on peut remettre en cause ce modèle, la logique de concurrence pure et
parfaite n'étant pas respectée.
>Un marché du travail segmenté
Le marché du travail serait en effet séparé en deux parties :
-Un marché primaire : constitué d'emplois stables, qualifiés et bien rémunérés, avec des
avantages sociaux importants et des perspectives d'évolution intéressantes.
-Un marché secondaire : constitué d'emplois précaires, peu qualifiés et mal rémunérés,
avec de faibles avantages sociaux et peu de perspectives d'évolution. Sur ce marché, on
trouve davantage les femmes, les jeunes ainsi que les travailleurs étrangers.
Cela remet en cause l'idée selon laquelle les inégalités de salaires se justifient par
l'investissement des salariés et leurs dotations en capital humain.
Le marché du travail n'est donc pas homogène, certains sont favorisés par d'autres
critères que la productivité (liens faibles, richesse), et d'autres pénalisés par leurs
origines, leur milieux social...
Ce qui va aussi déterminer l'embauche est le pouvoir de négociation ou pas (pricemaker et price-taker), les ressources dont l'on va disposer.
Il y a en effet une différence entre les "insiders", bien installés sur le marché du travail,
qui connaissent les coûts du turn-over et cherchent donc à protéger leurs intérêts et les
"outsiders",exclus des négociations et qui doivent accepter des salaires bas.
>Salaire d'efficience
De même, selon les néo-keynésiens ( Stiglitz, Leibenstein..), les entreprises ont tout
intérêt à proposer des salaires élevés pour motiver les travailleurs. On ne va pas
chercher de la main-d'oeuvre à moindre coût comme le dit l'analyse néo-classique. Une
hausse des salaires aura des effets bénéfiques :
- attire les meilleurs travailleurs, les plus qualifiés
- permet d'éviter le turn-over (rotation de salariés), et donc les coûts de recrutement,
licienciement, formation
- productivité maximale du travailleur, signal de reconaissance pour le salarié (il n'est pas
une simple "marchandise")
- permet de contourner la sélection adverse (en cas d'information insuffisante, on choisit
le plus cher car on présume qu'il est de meilleure qualité)
- permet de lutter contre les asymétries d'information en place sur le marché du travail
On est dans une logique Fordiste (on choisit les plus efficaces, fidélise la main d'oeuvre,
donne des salaires élevés)
Ainsi, une partie du marché du travail semble être néo-classique (marché secondaire) et
l'autre pas du tout (primaire)
Synthèse
Dans le modèle néo-classique de base du marché du travail, l'équilibre résulte de la
confrontation d'une offre de travail des travailleurs et d'une demande de travail des
entreprises; l'offre est une fonction croissante du prix, la demande une fonction
décroissante du prix; le prix est le taux de salaire réel, c'est à dire le salaire nominal
divisé par le prix moyen des biens produits. Le coût du travail revient pour l'employeur à
mesurer la quantité de biens et de service qu'il devra produire et vendre pour pouvoir
payer le salaire.
A l'équilibre, l'offre et la demande de travail sont égales. Comme tout prix, le taux de
salaire réel est un véhicule d' ? (sur l'offre et la demande de travail) et un mécanisme d'?
La demande de travail est fixée par la comparaison (le calcul coût/avantage) effectuée
par l'entreprise entre ce que lui coûte une heure de travail supplémentaire et la
productivité marginale du travail (ce que produit un salarié pendant cette heure de
travail supplémentaire). Tant que le supplément de production apporté par le dernier
travailleur embauché est supérieur à ce qu'il coûte, l'entreprise demande du travail et
embauche.
L'offre de travail est fixée par la comparaison effectuée par le ménage entre ce que lui
rapporte une heure de travail supplémentaire et ce que lui coûte une heure de travail
(l'utilité marginale du travail, c'est à dire la pénibilité d'une heure de travail par rapport
à une heure de loisir). Le salaire affecte le choix individuel entre le travail et le loisir, car
une heure de loisir supplémentaire prive l'individu d'une quantité de biens et services
consommée d'autant plus importante que le taux de salaire est élevé
La présence d'un revenu de remplacement modifie les termes de l'arbitrage travail/loisir.
Ainsi le RSA Activité vise à constituer une incitation financière au retour à l'emploi
puisqu'il accroît la rénumération marginale du travail des personnes sans emploi et des
titulaires de bas salaires.
Dans l'analyse néo-classique, le chômage classique s'explique par le comportement de
certains ménages qui refusent de travailler pour le taux de salaire d'équilibre (chômage
volontaire), et par la réglementation du travail qui entrave le libre fonctionnement du
marché et augmente le coût du travail. Pour réduire le chômage, il faudrait donc réduire
ces obstacles au libre fonctionnement du marché.
Cependant la relation salariale présente des assymétries d'information, car les
employeurs n'observent n'observent pas directement l'effort fourni par les travailleurs. Ils
peuvent dès lors utiliser le salaire comme instrument de motivation, en fixant le niveau
de salaire au-dessus du niveau de l'équilibre concurrentiel de façon à inciter le travailleur
à accentuer son effort : c'est la logique du salaire d'efficience.
Par ailleurs, le modèle de base considère le travail comme un facteur de production
homogène. Or, l'hétérogénéité des niveaux de qualification, les spécificités des
professions, le genre, segmentent le marché du travail. Il existe un dualisme, avec d'un
côté des emplois stables et bien rémunérés (marché primaire) et de l'autre côté des
emplois instables (marché secondaire)
Il n'y a donc pas d'homogénéité du facteur travail. Les écarts de salaire ne reflètent donc
pas seulement des différentiels de qualification, mais aussi les ressources exploitables
dans la recherche d'emploi et la négociation salariale. Plus généralement, les
caractéristiques sociales individuelles (par exemple le genre, l'origine) influencent
fortement les carrières professionnelles.
II) La relation salariale est encadrée par des normes sociales collectives
A/ L'institutionnalisation de la relation salariales, entre conflits et coopération
Evolution du droit du travail
- Avant les révolutions industrielles, le droit du travail était inexistant : les travailleurs
étaient en position de faiblesse par rapport aux patrons et entreprises (pas de
syndicats,regroupements). La durée du travail était longue (jusqu'a 16h), les accidents de
travail nombreux et pas compensés, le salaire était faible, journalier, exploitation des
enfants...
- puis il y a eu une mise en place progressive d'un droit du travail avec
l'institutionnalisation : création du contrat de travail (stipule les règles et droits des
travailleurs et du patronat)
- création du salariat : un statut professionnel et social qui positionne l'individu dans la
société : l'industrialisation de nos sociétés modernes s'est accompagnée d'une
salarisation croissante de la population active, on parle d'une société salariale.
Mise en place de syndicats et conventions collectives
- Les partenaires sociaux désignent l'ensemble des syndicats patronaux et de salariés. Ils
permettent le dialogue social, encadré par l'Etat.
- Les conventions collectives sont des accords signés entre les partenaires sociaux d'une
branche d'activité et concernent principalement l'évolution des salaires et les conditions
de travail.
Elles fixent les conditions minimales de rémunérations et organisent les grilles de
qualification et de salaires. Elles sont généralement misent en place entre le patronat et
les syndicats.
Le rôle important de l'Etat
L'Etat est à l'origine de l'élaboration d'une partie du droit du travail et peut-être inclus
dans le dialogue social (on parle de dialogue social tripartite).
- En France, plus que dans d'autres pays, le rôle de l'Etat est très important, voir plus que
les syndicats (taux de syndicalisation faible en France, environ 7%). Il y a une formes de
paradoxe vu que 9 Francais sur 10 sont couvert par les conventions collectives.
- l'Etat va notamment fixer le taux de salaire minimum (SMIC en France, successeur du
SMIG en 1970), garantissant une certaine homogénéité sociale pour les bas salaires et
cherchant à réduire les inégalités salariales sur le marché du travail.
-il aussi va déterminer les modalités de sa revalorisation : le gouvernement peux choisir
d'y rajouter un "coup de pouce" ou pas.
- le SMIC concerne 13% des salariés, surtout dans le tertiaire. Il est aujourd'hui fixé à
1457euros.
B/ De l'instauration des normes d'emploi à leurs remise en cause
L'avènement de la société salariale
- La société salariale caractérise une société dans laquelle la population active est à
majorité salariée ( c'est, selon le sociologue Robert Castel, "une société dans laquelle
l'identité sociale se fonde sur le travail salarié plutôt que sur la propriété")
- elle va être constituée de l'ensemble des emplois typiques : emplois stables, à durée
indeterminée, sans limite de durée, et bénéficiant de la protection sociale.
- elle correspond au "compromis Fordiste", avec l'Organisation Scientifique du travail,
sountenu par l'Etat-Providence, permettant une baisse de la pauvreté et de la précarité,
une consommation de masse, l'accès à tous au logement...
L'effritement de la société salariale
- correspond à une remise en cause de la société salariale face aux emplois atypiques :
bas salaires, à temps partiel, ne permettant pas l'accès au crédit ou à la protection
sociale.
- remise en cause du Fordisme (la production de masse ne correspond plus aux
consommateurs qui veueltn de la différenciation, ex:Toyotisme)
- on a vu apparaitre à partir des années 70 la crise de l'Etat Providence, ainsi qu'ine
baisse de la productivité > marque le retour des politiques ultra-libérales, avec la
libéralisation des marchés, l'assouplissment du travail..
- les actionnaires reprennent le contrôle des entreprises, avec le capitalisme
actionnarial, où l'on recherche plus à faire augmenter la valeur de l'action que de
favoriser la croissance.
- de plus, recul du rôle de l'Etat (l'Etat n'est plus la solution, mais devient le problème),
l'Etat est le premier à avoir recours à l'emploi atypique.
- on attaque égalemment le SMIC, qui est accusé de nuire à la competitivité, et l'écart
entre la productivité et la rémunération est tellement important que les entreprises
préferent substituer le capital au travail.
Synthèse
La relation salariale est aussi le résultat d'un processus socio-historique : les clauses du
contrat de travail respectent le droit du travail ainsi que la définition des postes et de
grilles salariales par les conventions collectives. Au XXème siècle, les relations
professionnelles se sont institutionnalisées par la reconnaissance légale des partenaires
sociaux, c'est-à-dire des syndicats de salariés et d'employeurs.
L'Etat régule l'emploi en instaurant le cadre de négociations collectives , en consolidant le
salariat, devenu un statut associé à des droits et à une protection sociale, et en fixant
depuis 1958 en France un salaire minimum. L'évolution des rapports de force entre les
partenaires sociaux, l'essor et les transformations des syndicats affectent la relation
salariale et le rythme de croissance des salaires
L'Etat et les partenaires sociaux ont également construit des protections d'emploi. Le
marché du travail s'est structuré autour de la norme de l'emploi à durée indeterminée, à
temps plein, associé à des droits syndicaux, à la formation et à une protection sociale.
Les grilles de salaire sont stables en France, alors que dans d'autres pays développés,
notamment aux Etats-Unis ou en Allemagne, elles ont considérablement augmenté :
l'intervention de l'Etat par la fixation d'un salaire minimum légal et le degré de
centralisation des négociations collectives sont ici sans doutes décisives.
Par ailleurs, de nouvelles dispositions juridiques qui contournent au développement de
formes atypiques d'emplois - contrats à durée déterminée, intérim, temps partiel etc. remettent partiellement en cause la norme d'emploi du C.D.I (contrat à durée
indeterminée) à temps plein et participe à la précarisation du marché du travail. Le Smic,
accusé de nuire à l'emploi, est aujourd'hui également mis en cause.
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