REGARDS CROISES n°2 : TRAVAIL, EMPLOI, CHOMAGE
2.1 Comment s’articulent marché du travail et gestion de l’emploi ?
Définitions :
Taux de salaire réel : salaire nominal (salaire affiché sur le bulletin de paye) divisé
par l’indice des prix. C’est le pouvoir d’achat du salaire nominal.
Salaire d’efficience : idée selon laquelle un employeur peut avoir intérêt à payer de
hauts salaires afin d’encourager ses employés à être efficace.
Salaire minimum : Le salaire horaire en dessous duquel un salarié ne peut être
payé, il est fixé par la loi.
Contrat de travail : type de contrat par lequel une personne (employée) s'engage à
effectuer un travail pour un employeur moyennant une rémunération.
Conventions collectives : Accord signé par les syndicats de salarié et patronaux au
niveau de l’entreprise, de la branche ou au niveau national, qui définissent les
relations entre salariés et employeurs.
Partenaires sociaux : agents économiques qui participent à des négociations
d'ordre social. Ils sont constitués des représentants des principaux syndicats de
salariés et des principales organisations patronales.
Segmentation du marché du travail : Découpage du marché du travail en deux
catégories : le marché primaire (emplois stables et biens rémunérés) et le marché
secondaire (emplois précaires).
A. L’emploi : une relation marchande
Le fonctionnement du marché du travail dans l’analyse néoclassique
L’analyse néo-classique date de la fin du 19ème siècle, c’est une approche classique
formalisée plus scientifique. (Léon Walras, Stanley Jevons, Vilfredo Pareto)
Offre de travail : Les travailleurs offrent leurs forces de travail. Individus qui travaillent
et demandent du travail (toute la population active)
Demande de travail : Quantité de travail dont les entreprises ont besoin pour produire
des biens et services. Les entreprises offrent donc des emplois.
Taux de salaire réel : Salaire horaire auquel on enlève la variation des prix.
Marché du travail : Lieu réel ou abstrait où se confronte l’offre et la demande de
travail. Cela aboutit à des échanges (embauche avec fixation des salaires).
L’analyse néoclassique se base sur un raisonnement microéconomique. L’analyse
s’intéresse au comportement individuel des individus qui font un calcul
coût/avantage.
Les déterminants de l’offre de travail sont :
- l’arbitrage travail/loisirs
- le calcul coût/avantages
- le taux de salaire réel (définition page 1)
- la désutilité marginale (perte d’utilité = perte de loisirs)
Productivité marginale du travail : Quantité de production supplémentaire générée
par un emploi ou une heure supplémentaire
Les déterminants de la demande du travail sont :
-La productivité marginale du travail
-Le calcul coût/avantage
-L’arbitrage travail et capital
Si pour l’entreprise le travail supplémentaire lui rapporte plus qu’elle ne lui coûte, elle
a intérêt à embaucher et inversement.
Coût d’opportunité : mesure de la valeur de chacune des autres actions ou décisions
auxquelles on renonce (le taux de salaire représente le coût d’opportunité des loisirs.
1h de loisirs fait perdre au travailleur une quantité de biens et de services d’autant
plus important que le taux de salaire réel est élevé)
Graphique offre et demande de travail :
La demande est une fonction décroissante du taux de salaire réel car plus le taux de
salaire est élevé moins les entreprises vont embaucher.
L’offre du travail est une fonction croissante du taux de salaire réel car plus le taux de
salaire est élevé plus les travailleurs sont incités à travailler car le coût d’opportunité
est bénéfique pour eux.
Equilibre de plein-emploi : Situation où toutes les personnes qui sont disposées à
travailler pour le salaire d’équilibre ont un emploi. Mais il peut y avoir du chômage
volontaire (si on veut un salaire plus élevé).
Lorsque le taux de salaire réel est inférieur au taux de salaire d’équilibre, la demande
est supérieure à l’offre. Les entreprises vont devoir augmenter le salaire réel jusqu’à
un taux de salaire d’équilibre.
Il y a du chômage lorsqu’il y a plus d’offre que de demande. (Ex : Lorsque l’Etat
régule le marché : SMIC)
Pour les néo-classiques le marché du travail devrait se baser sur les 5 conditions de
la Concurrence Pure et Parfaite :
-Atomicité : Beaucoup d’entreprises et de travailleurs. Pas de syndicat
-Homogénéité : Caractéristiques des travailleurs identiques pour un emploi donné, la
comparaison se fait sur les prix.
-Transparence : Information accessible à tous.
-Fluidité : Pas d’obstacles réglementaires à l’entrée ou à la sortie sur le marché de
l’emploi.
-Mobilité : Travailleurs capables de changer de travail et lieu facilement.
Le chômage dans une perspective néo-classique
Si le marché du travail fonctionne librement il peut y avoir du chômage : un chômage
volontaire et un chômage frictionnel/temporaire malgré une situation de plein-emploi.
Le chômage permanent s’explique par :
-La réglementation : existence d’un salaire minimum
- Les rigidités institutionnelles qui faussent le libre jeu du marché
- Chômage frictionnel et volontaire
- SMIC trop élevé
Si le taux de salaire est flexible, l’ajustement se fera par les prix. Si le taux de salaire
n’est pas flexible, l’ajustement se fera par la quantité.
Si le salaire devient supérieur à la productivité marginale, les entreprises seront
conduites à substituer du travail au capital.
Pour réduire le chômage il faut supprimer les rigidités
Les obstacles au fonctionnement du marché sont :
-La réglementation : obstacle à l’emploi et le travail
-Le coût du travail : L’Etat peut augmenter le coût du travail (fixer salaire min, fausser
la préférence des agents économiques en mettant des revenus de remplacement)
Cela peut aboutir à un chômage permanent.
Le salaire est la rémunération de la productivité, la part des salaires augmente donc
le chômage augmente.
Il y a une forte rigidité à la baisse des salaires car le salaire est peu élastique aux
variations du chômage.
La baisse du chômage devrait rendre l’embauche rentable. Hors le taux de chômage
est important. Ce sont des limites de bases du marché du travail. Il ne fonctionne pas
totalement comme l’analyse néoclassique le prétend.
Les limites de l’analyse néoclassique
Il y a des limites sur la condition de transparence dans cette relation. Il y aussi des
asymétries d’information car on ne peut pas connaitre la productivité du travailleur
(situation d’aléa morale).
Pour révéler la productivité du travailleur, il faut savoir le coût. Les mécanismes ne
sont pas forcément efficaces. Le salarié va se concentrer sur l’objectif en délaissant
tout le reste. Le salaire va devenir une incitation plus qu’une rémunération.
Théorie du salaire d’efficience : Plus on est payé plus on est motivé, lorsque le
salaire augmente la productivité augmente aussi. Cela incite le travailleur a gardé
son emploi car il ne trouvera pas un emploi aussi bien rémunéré.
Les employés ont intérêt à verser un salaire supérieur au salaire d’équilibre pour
avoir plus de candidats et attirer les meilleurs. Ils évitent ainsi les coûts du nombre de
départs par rapport à leurs effectifs, les coûts de processus d’embauche (formation +
adaptation des salariés).
Ex : fordisme avec le salaire d’efficience 5$ par jour.
Segmentation du marché du travail
Marché primaire : Marché des emplois stables à haute rémunération constitué des
emplois en haut de l’échelle et des emplois de qualifications moyennes.
Dans le marché primaire, tout ce passe à l’intérieur de l’entreprise par l’intervention
des syndicats. Les salariés ont un véritable pouvoir de marché. Ce marché
correspond aux garanties et aux bonnes rémunérations. Les salaires sont négociés
et dépassent les prix salaire d’équilibre.
Marché secondaire : Marché des emplois instables, mal protégés et peu rémunérés.
Il n’y a pas d’intervention des syndicats et peu de promotions. Les salaires
dépendent de la concurrence.
Les salariés ne sont pas en position de force, ils sont preneurs de prix. Cela
correspond plus au service qui est une production avec peu de valeur ajoutée.
Les salaires dépendent de la nature de production et de la sensibilité au prix. L’écart
des salaires augmente selon les qualifications, les écarts hommes-femmes et les
écarts de rémunération.
Pour le marché secondaire les salariés n’ont pas de négociation il y a donc peu
d’écart.
Le facteur travail est hétérogène. L’écart de salaire ne reflète pas les écarts de
production mais le pouvoir du marché et la qualification que nécessitent les
employés.
Toutes ces segmentations s’ajustent différemment.
Le marché primaire n’est pas compatible au modèle néoclassique
Atomicité et marché du travail
Atomicité : Grand nombre d’acheteurs et demandeurs où les négociations se font
individuellement. Personne n’a de pouvoir sur le marché et personne ne peut
changer les prix.
Il n’y a pas d’atomicité sur le marché du à l’existence de syndicats des salariés et
patrons.
Ex : Entreprises américaines font appel à un système de close shop où les syndicats
imposent l’embauche de certains salariés.
La fixation des salaires entrainent une hausse des pouvoirs d’achat et une
négociation des salaires « price maker ».
Les 5 conditions de la concurrence pure et parfaite ne sont pas respectées.
Synthèse :
Dans le modèle néoclassique de base sur marché du travail, l’équilibre résulte de la
confrontation d’une offre de travail des salariés et d’une demande de travail des
entreprises ; l’offre est une fonction croissante du prix, la demande une fonction
décroissante du prix, le prix est le taux de salaire réel, c’est-à-dire le salaire nominal
divisé par le prix moyen des biens produits. Le coût du travail revient pour
l’employeur à mesurer la quantité de biens et services qu’il devra produire et vendre
pour pouvoir payer le salaire.
A l’équilibre, l’offre et la demande de travail sont égales. Comme tout prix, le taux de
salaire réel est un véhicule d’informations (sur l’offre et la demande de travail) et un
mécanisme d’incitation.
La demande de travail est fixée par la comparaison (le calcul coût/avantage)
effectuée par l’entreprise entre ce que lui coûte une heure de travail supplémentaire
et la productivité marginale du travail, (ce que produit un salarié pendant cette heure
de travail supplémentaire). Tant que le supplément de production apporté par le
dernier travailleur embauché est supérieur à ce qu’il coûte, l’entreprise demande du
travail et embauche. L’offre de travail est fixée par la comparaison effectuée par le
ménage entre ce que lui rapporte une heure de travail supplémentaire et ce que lui
coûte une heure de travail (la désutilité marginale du travail, c’est-à-dire la pénibilité
d’une heure de travail par rapport à une heure de loisir). Le salaire affecte l’arbitrage
individuel entre le travail et le loisir, car une heure de loisir supplémentaire prive
l’individu d’une quantité de biens et services consommée d’autant plus importante
que le taux de salaire réel est élevé.
La présence d’un revenu de remplacement modifie les termes de l’arbitrage
travail/loisir. Ainsi le RSA activité vise à constituer une incitation financière au retour
à l’emploi puisqu’il accroit la rémunération marginale du travail des personnes sans
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !