IV - LA PREVENTION NUTRITIONNELLE Les maladies des artères du cœur (les artères coronaires) représentent une cause importante de mortalité à travers le monde. Des relations très claires entre la survenue de maladies des artères du cœur et une alimentation trop riche en graisse et cholestérol ont été établies. Cette relation s’explique essentiellement par une élévation du taux de mauvais cholestérol dans le sang (le LDL-cholestérol) due à une alimentation trop riche en graisses saturées. Nous comprenons ainsi que le taux de cholestérol dans le sang soit au cœur de l’axe de prévention des maladies cardiovasculaires Cette prévention vise trois objectifs : 1 - Prévenir l'athérosclérose en diminuant le cholestérol LDL 0. - Diminuer les lipides alimentaires ou acides gras "saturés. 1. - Diminuer les acides gras dits "trans". Les acides gras insaturés peuvent avoir une configuration cis ou trans La configuration cis est la plus fréquente dans la nature. La molécule d'acide gras insaturé cis est repliée à chaque double liaison : les atomes de carbone qui précèdent et suivent immédiatement la double liaison sont situés à 0,301 nm l'un de l'autre. A l'opposé, la position trans correspond à une structure de chaîne dépliée, qui s'étend en longueur, comme celle des acides gras saturés : les atomes de carbone qui précèdent et suivent immédiatement la double liaison sont situés à 0,377 nm l'un de l'autre. A. G. saturés A. G. monoinsaturés Aliments A. G. poly-insaturés linoléique linoléniqu e Beurre 68 30 1,5 0,7 Suif de mouton 52 34 5 3 Saindoux 44 46 8,5 0,6 Graisse d'oie 26 55 9 2 ________________ ____ ________________ ____ ________ __ ________ __ Huile de coprah 91 7 2 < 0,1 Huile de palmiste 77 20 2 < 0,1 Huile de palme 21-51 39-59 10-19 0,3-0,9 Huile d'arachide 20-22 41-60 20 < 0,1 17 20 57 6 15 68 17 0,5 15 22 56 7 14 27 58 0,8 11 16 70 0,3 11 22 67 0,1 8 61 22 9 5 22 65 8 _______________ ____ Huile de germe de blé Huile d'olive Huile de soja Huile de germe de maïs Huile de pépin de raisin Huile de tournesol Huile de nouveau colza Huile de noix A. G. poly-insaturés Margarine standard 39-56 28-53 8-16 Margarine végétale 43-50 29-42 15-21 Margarine tartinable 26-35 28-41 21-27 15-19 42-45 35-42 Margarine au tournesol Figure II.Teneur des corps gras en acides gras saturés et insaturés (en%) 2.- Favoriser les acides gras Mono-insaturés. Favoriser les acides gras Mono-insaturés car ils diminuent le cholestérol total et le mauvais cholestérol LDL. L'huile d'olive riche en acide gras oléique mono-insaturé, est très présente dans le régime méditerranéen. Les études épidémiologiques ont démontré que ce type d'alimentation s'accompagne d'une diminution de la pathologie cardio-vasculaire. L'acide oléique C18 : 1 9 L'acide oléique possède 18C, une double liaison en oméga 9 ( 9) ce qui s'écrit C18 :1 9. 3.- Favoriser les acides gras polyinsaturés : Définition Les acides gras polyinsaturés (AGPI) sont des constituants naturels des graisses animales et végétales. Ils sont constitués d’une chaîne de carbone dont l’une des extrémités comprend un groupement méthyle et l’autre une fonction acide. Ces acides gras sont dits polyinsaturés car ils contiennent plusieurs doubles liaisons. Les acides gras polyinsaturés se distinguent en deux groupes : ceux de la série N-6 déjà vus ci-dessus (huile de tournesol) et ceux de la série N-3 (colza, huile de noix), riches en acide alphalinoléique qui diminuent l'agrégabilité des plaquettes et donc la thrombose (formation de caillots) lors de l'infarctus Deux acides gras polyinsaturés sont dits essentiels car l’organisme tant chez l’animal que chez l’humain, ne sait pas les synthétiser. Ils doivent donc être apportés par l’alimentation. Ce sont les acides linoléïque (AGPI oméga-6) et alpha-linolénique (AGPI oméga-3). 2 Dans l’organisme, ces acides gras peuvent être stockés, utilisés comme source d’énergie, ou être les précurseurs d’autres acides gras polyinsaturés à chaîne plus longue. Dans ce dernier cas, l’allongement de la chaîne et l’introduction de nouvelles insaturations se font par le biais d’enzymes, les élongases et les désaturases, communes aux deux familles d’acides gras polyinsaturés. Ces réactions sont lentes et limitées et l’activité de ces enzymes n’est pas toujours suffisante pour fournir la quantité d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne nécessaire à l’organisme. Les réactions enzymatiques conduisant à la formation des acides gras à longue chaîne ne permettent pas d’assurer les quantités nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Ces acides gras doivent donc être également apportés par l’alimentation pour éviter les risques de déficience. Il est donc souhaitable que l’alimentation fournisse en quantité adaptée, non seulement les acides gras essentiels mais aussi leurs dérivés à longue chaîne. 2. Sources Les acides gras polyinsaturés oméga-6 : présents dans les végétaux. Les huiles de soja, de maïs, de noix, de tournesol et d’olive sont riches en acide linoléïque. l’acide gamma-linolénique (GLA) : les graines de bourrache, d’onacre et de cassis. Les oméga-6 à longue chaîne tel que l’acide arachidonique : sont surtout présents dans les produits animaux. Les oméga-3 : Soit ; d’origine végétale (huile de colza, de soja et de noix), Soit ; d’origine animale (poissons et huile de poisson…). Les oméga-3 à longue chaîne : présents dans les poissons, et particulièrement dans les poissons gras (maquereau, hareng, saumon). On trouve très peu d’oméga-3 dans la viande Oméga-3 et prévention cardiovasculaire Ces propriétés expliquent pourquoi les sujets qui mangent beaucoup d’oméga-3 sont relativement protégés des maladies des artères du cœur et du risque de mort subite les acides gras de type oméga-3 ont montré leur effet bénéfique sur les maladies inflammatoires, or la genèse de l’athérosclérose est étroitement dépendante de l’inflammation dans le sang. Les omega-3 sont des constituants essentiels des membranes des cellules et ils influencent la fluidité des membranes. L’effet protecteur sur le système cardiovasculaire lié à la consommation de poisson est en rapport avec une inhibition de l’agrégation des plaquettes (ce qui favorise la fluidité du sang), une baisse de la viscosité sanguine, une diminution de l’inflammation, de la pression artérielle Quels sont les effets des Oméga-3 sur le cœur et les vaisseaux? EFFETS DES OMEGA-3 Evitent la survenue d’arythmies MECANISMES Influence des canaux ioniques membranaires Augmentation de la variabilité de la fréquence cardiaque Protection du muscle cardiaque Luttent contre la formation de l’athérome Augmentation du bon cholestérol Diminution des triglycérides Effet anti-inflammatoire Diminue le développement musculaire des artères Luttent contre la formation d’un caillot Diminution de l’agrégation des de sang plaquettes Diminution de la viscosité du sang Protègent les artères Améliore leur élasticité Diminuent la pression artérielle Protège les organes Les études épidémiologiques relatives à la consommation d’aliments contenant une concentration élevée d’oméga-3, comme le poisson, ont clairement démontré que ces aliments étaient responsables d’une baisse de la survenue de maladies des artères du cœur. Ainsi, il a pu être mis en évidence qu’une personne qui consomme en moyenne entre 30 et 35 grammes de poisson par jour à moitié moins de risque de développer une maladie cardiovasculaire comparativement à une personne qui mange rarement du poisson. Le régime riche en poisson est également très intéressant chez les personnes ayant déjà présenté un accident coronarien puisque les études montrent clairement une réduction de 20% des évènements cardiovasculaires et de l’ordre de 30% pour la mortalité cardiovasculaire au profit des personnes qui ont une alimentation riche en oméga-3. 3 - Favoriser les anti-oxydants Qu'est-ce que les antioxydants? Le mot « antioxydant » est un terme qui s'applique à toutes les substances comme les vitamines C, E et la bêtacarotène (vitamine A). On les appelle « antioxydants » car elles aident à prévenir l'oxydation des LDL (lipoprotéines à faible densité ou « mauvais cholestérol ») par un type de molécule d'oxygène connue sous le nom de radicaux libres. L'oxydation des LDL par les radicaux libres contribue au processus d’athérosclérose. Les données épidémiologiques sont aujourd'hui fortement en faveur d'un rôle bénéfique des vitamines E, C, du béta-carotène. Ainsi, l'étude Monika montre une corrélation très nette entre la mortalité coronarienne, et la faiblesse des concentrations plasmatiques en Vitamines E, A et C. Leur rôle passe par un effet anti-oxydant, en évitant au LDL d'être oxydé et de s'accumuler dans les parois vasculaires pour aboutir à l'athérosclérose. Action de la vitamine E l'étude française EVA a montré une relation significative inverse entre l'épaisseur de la paroi des artères carotides et la concentration de vitamine E dans les globules rouges. Action du Béta-carotène Les études portant sur les apports alimentaires ou les concentrations plasmatiques de béta-carotène concluent à une réduction significative de la pathologie coronarienne chez les personnes ayant les apports ou les concentrations les plus favorables.(Pour certains auteurs (Levy 1996), Hininger en 1997,). Action de la Vitamine C Pour Rifici en 1993 et Fuller en 1996, une supplémentation du régime alimentaire en vitamine C, chez des individus en bonne santé, augmente la résistance de leur LDL, lors d'une situation d'oxydation Action de l'acide folique ou vitamine B 9 Elle intervient sur le métabolisme de l'homocystéine dont le taux élevé est aujourd'hui considéré comme un nouveau facteur de risque. L'homocystéine est associée : - à l'athérosclérose par l'oxydation des LDL, - aux accidents vasculaires ischémiques du fait de l'augmentation de l'agrégabilité plaquettaire, - au déclin des fonctions cognitives et aux troubles de la mémoire chez les personnes âgées. Action des flavonoïdes phyto-oestrogènes resvératrol paraît intéressant. Il est produit par la vigne, en réponse à une agression par Botrytis cinerea, champignon responsable de la pourriture flavonoïdes, il diminue l'oxydation des lipides et réduit l'agrégabilité des plaquettes sanguines. Les aliments les plus riches en flavonoïdes sont : l'oignon, la pomme, le vin et le thé. Quant aux phytoestrogènes, ils sont présents dans le soja, le thé, les légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots), la bière. 3 - A côté de la nature des graisses ingérées interviennent d'autres facteurs comme le tabac Dont le mode d’action sur la fabrication de la plaque d’athérome peut être direct mais est aussi en relation avec le taux de mauvais cholestérol (le LDL) qui augmente chez les sujets fumeurs. Tabagisme actif et tabagisme passif Tabac et maladies cardiovasculaires Le tabagisme est un facteur de risque d’athérosclérose. Le tabac favorise en effet le développement de l’athérome. La fumée de tabac a un effet toxique sur les vaisseaux (en particulier les artères coronaires qui irriguent le coeur) et favorise le développement des plaques d’athérome qui vont obturer progressivement les artères. C’est ainsi que le tabac est impliqué dans environ 20% des accidents vasculaires cérébraux, 50 % des maladies coronaires et 90 % des artériopathies des membres inférieurs. ACTIVITE PHYSIQUE ET MALADIES CARDIOVASCULAIRES 3. Conclusion En matière de prévention, le caractère multifactoriel des maladies cardiovasculaires nécessite de considérer l’ensemble des facteurs de risques impliqués dans ces pathologies. Aujourd’hui, un certain nombre de traitements médicamenteux est disponible et permet de limiter l’évolution ou la survenue de maladies cardiovasculaires en agissant sur ces facteurs de risques (tension artérielle, cholestérol, triglycérides…). Mais l’âge des populations augmentant, l’efficacité à long terme de ces traitements est mal connue et le risque d’effets secondaires important. Un grand nombre de facteurs de risque impliqués dans les maladies cardiovasculaires a une origine alimentaire. Une alimentation équilibrée et adaptée pourrait permettre de retarder les premiers symptômes et donc l’âge de première prise des médicaments. Dans ce domaine, les oméga-3 à longue chaîne ont fait l’objet de nombreuses études cliniques et expérimentales. L’avancée des technologies, et en particulier la biologie moléculaire, a permis d’apporter des explications biochimiques et métaboliques, à des observations cliniques et épidémiologiques. Les plus marquantes sont celles concernant le rôle des oméga-3 à longue chaîne dans la régulation des triglycérides postprandiaux. D’autres mécanismes concernant l’action de ces acides gras sur la tension artérielle, les troubles du rythme cardiaque sont également étayés de façon exhaustive dans la littérature. Des apports alimentaires rétablissant l’équilibre oméga-3 / oméga-6 chez des personnes en bonne santé et une supplémentation à dose nutritionnelle en oméga-3 à longue chaîne, associée à des traitements adaptés, chez les sujets à risque, représentent un espoir légitime de prévention des maladies cardiovasculaires. Les oméga-3 à longue chaîne ont une influence bénéfique sur les facteurs de risque cardiovasculaire comme le taux de triglycérides, les arythmies, l’hypertension artérielle…