Sensibilisation des législateurs nationaux
II . Un cadre réglementaire favorable en France, mais peu
utilisé
Patrick Loquet, directeur de Réseau 21,
Au niveau français, le cadre réglementaire est clair depuis 2001 (article 14 du Code des Marchés
Publics : pour plus d’infos, voir sur le site de Réseau 21 : http://reseau21.univ-valenciennes.fr/), et a été
renforcé par la loi Borloo de 2005.
Lorsque des clauses d’insertion sont introduites, les résultats vont au-delà de ce qu’on pouvait espérer.
La question est aujourd’hui pourquoi toutes les collectivités n’introduisent pas ces clauses.
Comment ça marche ?
Pour simplifier, en prenant l’exemple d’un marché dans le bâtiment d’un million d’euros, la collectivité
estime que cela représente 500 000 euros de main d’œuvre. Une clause à 10% représente donc 50 000
euros, soit avec un coût horaire de 30 euros/h, 1 667 heures d’insertion. L’entreprise a alors plusieurs
possibilités :
- Sous-traiter à des entreprises d’insertion du bâtiment
- Se faire mettre à disposition des personnes en insertion (via les associations
intermédiaires, les groupements d’employeurs pour l’Insertion et la Qualification, les
entreprises de Travail Temporaires d’Insertion,..)
- Embaucher directement des personnes, avec des contrats de chantier
A quelles conditions ça marche ?
Aujourd’hui, les grandes régions ne pratiquent pas la « clause 14 ». C’est pourtant efficace, ça
fonctionne bien mais elle est encore trop peu utilisée. Il faut pour qu’elle soit mise en place une volonté
politique forte. Il est nécessaire que le maire, les élus et les techniciens le décident. Or, beaucoup de
gens pensent encore aujourd’hui que c’est illégal. Il faut également comprendre que cela prend du
temps et dégager au minimum un emploi pour s’en occuper car il faut contracter, solliciter les
entreprises, etc. c’est un gros travail. En France, il y a un dispositif prévu par la loi : le PLIE.
L’expérience montre la nécessité de mettre en place de l’ingénierie sociale, avec notamment une
personne, unique interlocutrice pour toutes les entreprises, qui assure l’interface entre les entreprises,
les structures d’insertion par l’activité économique et les collectivités (voir illustration plus loin avec le
témoignage d’Alice Dupret). C’est évidemment un enjeux important et en même temps fabuleux
puisqu’il faut que les collectivités se mettent d’accord. Mais le dispositif est créateur d’emploi. Il
remobilise d’autre part les fonctionnaires et les entreprises d’insertion.