Manuel de formation
Professeurs de français
Projet Ministère de l’Education, de la Recherche, de la Jeunesse et du Sport
SIVECO
Juin 2011
La formation continue des enseignants à l`utilisation des
instruments informatiques modernes dans
l`enseignement efficace du français et l`évaluation au
niveau européen des compétences linguistiques
Equipe de concepteurs
ANGHEL Clementina
ANGHEL Manuela -Delia
DOBRE Claudia-Maria
GROZA Doina
MATHE Maurice
POPESCU Cecilia
ZOICAS Mihaela Liliana
Coordonnateur de l'équipe
MATHE Maurice
Module 2: Actualisation des approches en Didactique du FLE
Ce module, consacré à la Didactique du FLE, est structuré en deux parties:
la première partie porte principalement sur l'actualisation des approches en Didactique du
FLE avec un accent particulier sur la nouvelle perspective actionnelle
la seconde partie concerne l'intégration des nouvelles technologies de l'information et de
la communication dans l'enseignement et l'apprentissage du FLE comme autant de
moyens facilitateurs pour mettre en œuvre la recommandation du CECRL: « Démarche
actionnelle: donner du sens à l’apprentissage » transposée dans la pédagogie du projet,
de la réalisation d'un produit final qui justifie les activités langagières et les compétences
mises en œuvre.
Évolution historique et grands principes des méthodologies
d'enseignement et d'apprentissage du français langue étrangère
Avant d'apporter quelques précisions terminologiques et de brosser brièvement le tableau des
différentes méthodologies qui se sont succédé depuis le XIXème siècle et jusqu’à présent, il nous
paraît opportun, en vue d'une appropriation critique des meilleurs acquis de chacune des
méthodologies envisagées, de citer Christian Puren, professeur émérite de l'Université de Saint-
Etienne, auteur de plusieurs ouvrages, dont l' Histoire des méthodologies de l'enseignement des
langues, et plus d'une centaine d'articles sur des thèmes très variés de la didactique des langues-
cultures :
« L’enjeu actuel dans nos classes n’est pas de privilégier systématiquement telle ou telle
approche supposée optimale (en particulier pour la raison fort discutable qu’elle est la dernière…),
ni même de construire un modèle idéal de réglage entre ces différentes approches, mais de leur
appliquer en permanence, comme aux contenus, les trois opérations de sélection, de séquenciation
et de distribution. […]
Les séquences à construire en classe de langue seront donc désormais fortement différenciées et
diversifiées, puisqu’elles devront constamment être le plus en adéquation possible avec les élèves,
les objectifs, les dispositifs et situations d'enseignement /apprentissage. »
Conférence du 2 novembre 2004 : L'évolution historique des approches en didactiques des
langues-cultures, ou comment faire l'unité des « unités didactiques »
Précisions terminologiques
Didactique des langues
Pour Pierre Martinez, professeur en Sciences du langage et didactique des langues à
l'Université Paris VIII, la didactique n'est ni une technologie, ni une science, c'est une " praxéologie
" : une recherche sur les moyens et les fins, les principes d'actions, les cisions. L'auteur de La
didactique des langues étrangères, définit la didactique comme « l'ensemble des méthodes,
hypothèses et principes, qui permettent à l'enseignant d'optimiser les processus
d'apprentissage de la langue étrangère ».
Jean-Marc Defays, spécialiste de la didactique des langues, professeur à l'Université de Liège,
propose dans Le français langue étrangère et seconde. Enseignement et apprentissage, Mardaga,
2003, p.14 « une nomenclature certes rudimentaire mais qui a l'avantage d'être claire et pratique » :
didactique (sens étroit) : théories scientifiques qui inspirent les méthodes
DIDACTIQUE
(sens large) méthodologie : étude des méthodes dans leur conception
= didactologie
pédagogie : analyse des méthodes dans leur application en classe
Méthode
Pour Christian Puren la méthode est « un ensemble de procédés et de techniques de classe
visant à susciter chez les élèves un comportement et une activité déterminés (méthode active,
méthode directe, méthode orale etc.). »
Quant à Jean-Pierre Cuq, professeur des universités à l'Université de Nice, qui a dirigé
l'ouvrage collectif Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Asdifle, Clé
international, 2003, il propose pour le mot " méthode " trois sens différents :
«- celui de matériel didactique (manuel + éléments complémentaires éventuels tels que livre
du maître, cahier d'exercices, enregistrements sonores, cassettes vidéo, etc.: on parle ainsi de la
" méthode " De vive voix ou Archipel);
- celui de méthodologie (on parle ainsi de la " méthode directe " du début du siècle);
- et enfin celui qu'il possède dans l'expression " méthodes actives ".
Pris dans ce dernier sens, une " méthode " correspond en didactique des langues à l'ensemble
des procédés de mise en œuvre d'un principe méthodologique unique. La " méthode active "
désigne ainsi tout ce qui permet de susciter et maintenir l'activité de l'apprenant, jugée nécessaire à
l'apprentissage (choisir des documents intéressants, varier les supports et les activités, maintenir une
forte "présence physique" en classe, faire s'écouter et s'interroger entre eux les apprenants, etc.) […]
En didactique scolaire, la plupart des formateurs conseillent actuellement aux enseignants débutants
de ne pas faire eux mêmes ce que les apprenants pourraient faire (priorité à la méthode active), de
ne pas utiliser ou faire utiliser la langue source si l'utilisation de la langue cible est possible (priorité
à la méthode directe), de présenter de préférence les nouvelles formes linguistiques à l'oral (priorité
à la méthode orale). La cohérence de chaque méthodologie constituée (traditionnelle, directe, audio-
orale, audiovisuelle, etc.) repose sur un " noyau dur " constitué d'un nombre limide méthodes
privilégiées et fortement articulées ou combinées entre elles. »
Méthodologie
Christian Puren définit la méthodologie comme) un ensemble cohérent de procédés, techniques
et méthodes qui s’est révélé capable, sur une certaine période historique et chez les concepteurs
différents de générer des cours relativement originaux par rapport aux cours antérieurs, et
équivalents entre eux quant aux pratiques d’enseignement /apprentissage induites. Il s’agit de
formations historiques relativement différentes les unes des autres. Prise en compte d’éléments
sujets à variations historiques déterminantes (objectifs, contenus, théories de référence).
Dans le Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde sont retenues deux
acceptions du mot " méthodologies " :
« Utilisé au singulier défini (" la méthodologie "), ce mot désigne, comme " la sociologie " ou "
la philosophie " un domaine de réflexion et de construction intellectuelles ainsi que tous les
discoures qui s'en réclament. Dans le cas qui nous intéresse, il correspond à toutes les manières
d'enseigner, d'apprendre et de mettre en relation ces deux processus qui constituent conjointement
l'objet de la didactique des langues. On dira ainsi que jusqu'à la fin des années 1960, ce que nous
appelons actuellement la "didactique des langues" se réduisait pour l'essentiel à la méthodologie.
Utilisé à l'indéfini ou au pluriel ("une méthodologie ", " les méthodologies ", " des
méthodologies "), ce mot désigne des constructions méthodologiques d'ensemble historiquement
datées qui se sont efforcées de donner des réponses cohérentes, permanentes et universelles à la
totalité des questions concernant les manières de faire dans les différents domaines de
l'enseignement/apprentissage des langues (compréhensions écrite et orale, expressions écrite et
orale, grammaire, lexique, phonétique, culture), et qui se sont révélées capables de mobiliser
pendant au moins plusieurs décennies de nombreux chercheurs, concepteurs de matériels
didactiques et enseignants s'intéressant à des publics et contextes variés, de sorte qu'elles se sont
complexifiées et fragilisées en tant que systèmes en même temps qu'elles se sont généralisées. »
Panorama des grands courants méthodologiques dans
l'enseignement du français langue étrangère
La méthodologie traditionnelle
Directement issue de l’enseignement des langues classiques, la méthodologie traditionnelle,
également appelée méthodologie classique ou méthodologie grammaire-traduction a été
largement adoptée dans le 18e et la première moitié du 19e siècle. Beaucoup de chercheurs
considèrent que son utilisation massive a donné lieu à de nombreuses évolutions qui ont abouti à
l'apparition des nouvelles méthodologies modernes.
Cette méthodologie se basait sur la lecture et la traduction de textes littéraires en langue
étrangère, ce qui plaçait donc l’oral au second plan. La langue étrangère était décortiquée et
présentée comme un ensemble de règles grammaticales et d’exceptions, qui pouvaient être
rapprochées de celles de la langue maternelle. L’importance était donnée à la forme littéraire sur le
sens des textes, même si celui-ci n’est pas totalement négligé. Par conséquent, cette méthodologie
affichait une préférence pour la langue soutenue des auteurs littéraires sur la langue orale de
tous les jours. La culture était perçue comme l’ensemble des œuvres littéraires et artistiques
réalisées dans le pays où l’on parle la langue étrangère.
Au 18e siècle, la méthodologie traditionnelle utilisait systématiquement le thème comme
exercice de traduction et la mémorisation de phrases comme technique d’apprentissage de la
langue. La grammaire était enseignée de manière déductive, c'est-à-dire, par la présentation de la
règle, puis on l’appliquait à des cas particuliers sous forme de phrases et d'exercices répétitifs.
Au 19e siècle, on a pu constater une évolution provoquée par l’introduction de la version-
grammaire dont les pratiques consistaient à découper en parties un texte de la langue étrangère et
le traduire mot à mot dans la langue maternelle. Cette traduction était le point de départ d’une
étude théorique de la grammaire, qui n’occupait plus une place de choix dans l’apprentissage.
Par conséquent, les points grammaticaux étaient abordés dans l'ordre de leur apparition dans
les textes de base.
Etant donné le faible niveau d’intégration didactique que présentait cette méthodologie, le
professeur n’avait pas besoin de manuel, il pouvait en effet choisir lui-même les textes sans tenir
vraiment compte de leurs difficultés grammaticales et lexicales. L’enseignant dominait entièrement
la classe et détenait le savoir et l’autorité, il choisissait les textes et préparait les exercices, posait les
questions et corrigeait les réponses. Ce pouvoir du savoir donna aux enseignants le titre de « Maître
» ou de « Maîtresse ».
La langue utilisée en classe était la langue maternelle et l’interaction se faisait toujours en
sens unique du professeur vers les élèves. L’erreur et l’hésitation étaient refues et passibles
de punition pour outrage à la langue.
Le vocabulaire était enseigné sous forme de listes de centaines de mots présentés hors
contexte et que l’apprenant devait connaître par cœur. En effet, le sens des mots était appris à
travers sa traduction en langue maternelle. La rigidité de ce système et ses résultats décevants
ont contribué à sa disparition et à l’avènement d’autres théories plus attrayantes pour les élèves.
Remise en question, la méthodologie traditionnelle coexistera vers la fin du 19e siècle avec une
nouvelle méthodologie.
connaissance grammaticale et littéraire de la langue
apprentissage déductif de règles grammaticales
listes de vocabulaire hors contexte
recours à la langue maternelle
exercices de mémorisation et restitution (récitation), d’applications des règles de
grammaire, et de traductions de phrases, puis de textes
pratique orale très limitée
outils privilégiés : manuels, recueils de textes, œuvres entières, dictionnaires
La méthode naturelle
Historiquement, elle se situe à la fin du 19e siècle et a coexisté avec la méthodologie
traditionnelle bien qu'elle suppose une conception de l'apprentissage radicalement opposée.
Ce sont les observations sur le processus d’apprentissage de la langue allemande de F. Gouin qui
en sont à l’origine. Il a en effet été le premier à s’interroger sur ce qu’est la langue et sur le
processus d’apprentissage d’une langue pour en tirer des conclusions pédagogiques. Il affirme que
la nécessité d’apprendre des langues viendrait du besoin de l’homme de communiquer avec d’autres
hommes et de franchir ainsi les barrières culturelles. C’est pourquoi il faut enseigner l’oral aussi
bien que l’écrit, même si l’oral doit toujours précéder l’écrit dans le processus d’enseignement-
apprentissage.
C’est à partir de la méthode de F. Gouin que les méthodes didactiques vont se baser sur des
théories de l’apprentissage (psychologiques, sociologiques, linguistiques, etc.) et vont prôner
l'importance de l'oral.
Selon F. Gouin, l’apprentissage d’une langue étrangère doit se faire à partir de la langue
usuelle, quotidienne, si l’on prétend que cet apprentissage ressemble le plus possible à celui de la
langue maternelle par l’enfant. D’après lui l’enfant n’apprendrait pas des mots sans rapport, mais
plutôt ajouterait les nouvelles connaissances à son acquis personnel. La langue étant essentiellement
orale, l’oreille serait l’organe réceptif du langage, c’est pourquoi l’enfant devrait être placé en
situation d'écoute prolongée en langue étrangère.
C’est pour cela que, F. Gouin peut être considéré comme le pionnier de l’immersion et le
premier à avoir prime le sens sur la forme et la proposition sur le mot.
En dépit des critiques qui ont été faites à la méthode naturelle de F. Gouin et de la difficulté de sa
mise en place dans le système scolaire, il est indéniable que cette méthode a provoqué une certaine
révolution en s’opposant radicalement à la méthodologie traditionnelle utilisée par ses
contemporains.
apprentissage à partir de la langue usuelle, quotidienne
l’oral doit toujours précéder l’écrit
le sens prime sur la forme, la proposition sur le mot
La méthodologie directe
On appelle méthodologie directe la méthode utilie vers la fin du 19e siècle et le début du 20e
siècle. Fruit de la cohabitation des méthodes précédemment citées, la méthodologie directe est
considérée historiquement comme la première méthodologie spécifique à l’enseignement des
langues vivantes étrangères.
Dès la fin du 19ème siècle la France désirait s’ouvrir sur l’étranger. La société ne voulait plus
d’une langue exclusivement littéraire, elle avait besoin d’un outil de communication qui puisse
favoriser le développement des échanges économiques, politiques, culturels et touristiques qui
s'accélérait à cette époque.
L’évolution des besoins d’apprentissage des langues vivantes étrangères a provoqué l’apparition
dun nouvel objectif appelé “pratique” qui visait une maîtrise effective de la langue comme
instrument de communication.
Les principes fondamentaux qui la définissent sont:
L’enseignement des mots étrangers sans passer par l’intermédiaire de leurs équivalents en
langue maternelle. Le professeur explique le vocabulaire à l’aide d’objets ou d’images,
mais ne traduit jamais. L’objectif est que l’apprenant pense en langue étrangère le plus tôt
possible.
L’utilisation de la langue orale sans passer par l’intermédiaire de sa forme écrite. On
accorde une importance particulière à la prononciation et on considère la langue écrite
comme une langue orale “scripturée”.
L’enseignement de la grammaire étrangère se fait d’une manière inductive (les règles ne
s’étudient pas d’une manière explicite). On privilégie les exercices de conversation et les
questions-réponses dirigées par l’enseignant.
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