Fiche SES 2.2 : La conflictualité sociale : pathologie, facteur de

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Fiche SES 2.2 : La conflictualité sociale : pathologie, facteur de
cohésion ou moteur du changement social ?
Selon Durkheim, un conflit est un disfonctionnement de la société. Au contraire, pour
Marx, c’est un moteur du changement social. N’existe-t-il pas d’autres facteurs ?
Comment évoluent-ils ?
A – Qu’est-ce qu’un conflit social ?
Conflit social : Antagonisme entre des groupes sociaux qui ont des intérêts divergents
(matériels, symboliques) et qui vont essayer de modifier les rapports de force en leur
faveur. Il faut d’abord qu’il y ai une conscience, puis une action collective. Ces conflits
peuvent être latent. Dans un conflit social, il y a des revendications, des causes ainsi
qu’un adversaire identifié.
Mouvement social : Il n’y a pas forcément d’adversaire identifié. Ce dernier essaye de
transformer l’ordre social.
Action collective : Action concertée avec un objectif commun.
Mais le conflit ne débouche pas nécessairement sur la mobilisation. Face à une injustice,
une norme sociale qui ne convient pas, il existe 3 possibilités : c’est la typologie
d’Albert O. Hirschman :
- Exit : On ne va pas participer car on n’a pas conscience que d’autres personnes
ont la même situation ou que le groupe n’a pas les moyens de se mobiliser ;
- Loyalty : L’individu va être loyal et va accepter son injustice. Il est suffisamment
bien intégré pour dire que la norme est légitime ;
- Voice : Prise de parole/revendication. L’individu va rentrer dans l’action
collective pour tenter de transformer la société.
L’action collective ne peut pas avoir lieu même si tout le monde y a intérêt : c’est le
paradoxe de l’action collective. Les individus rationnels vont faire un calcul coûtavantage et vont s’apercevoir que la mobilisation a un coût (perte de salaire,
ralentissement de la carrière, perte de temps), tandis que même si on n’y participe pas,
on en bénéficie. C’est le comportement de passager clandestin.
On va subir un contrôle social moins fort (individu plus anonyme), où le contrôle
informel des pairs est moins fort.
Ainsi des solutions sont préconisées par Olson pour que l’action se déroule :
- contrainte : On peut empêcher les autres salariés d’accéder à l’usine. On va ainsi
exercer une pression sur ceux qui ne participent pas pour les inciter à rejoindre
l’action ;
- l’incitation sélective : On réserve des bénéfices de l’action collective à ceux qui
l’amènent, ou par exemple une adhésion au syndicat facilitée.
Il y a cependant une limite à cette théorie. Il n’y a pas seulement le calcul coûtavantage dans la mobilisation. Il peut y avoir un altruisme (des militants blancs dans une
manifestation de personnes noires).
Synthèse :
Un conflit social correspond à la manifestation d’un antagonisme entre groupes sociaux
aux intérêts matériels ou symboliques divergents qui veulent modifier le rapport de
force en leur faveur. Il y a donc une dimension collective dans le conflit social.
Le conflit peut être latent ou ouvert. Un conflit latent est un conflit caché, qui ne
s’exprime pas. En effet, dans une situation de conflit, Albert O. Hirschman a montré que
les individus avaient le choix entre : le refus de participer, qu’il appelle la défection
(exit) ; l’acceptation des normes (loyalty) ; enfin une participation protestataire pour
changer le système (voice), débouchant sur l’action collective.
Cependant, Mancur Olson, va faire apparaître le paradoxe de l’action collective : elle peut
ne pas avoir lieu même si les individus ont clairement conscience de leurs intérêts et
sont mécontents de leur situation. En effet, dans une perspective individualiste, les
individus se livrent à un calcul rationnel coût-avantage de l’action collective.
Or, les acquis sociaux de l’action collective bénéficient à tous sans que l’on ait à en payer
le prix. Les individus vont donc adopter le comportement du « passager clandestin » en
attendant que les autres agissent à leur place. Cependant, Olson considère que des
moyens peuvent être utilisés pour déclencher l’action collective : la contrainte ou
l’incitation sélective, en réservant les bénéfices de l’action collective à ceux qui font
l’action.
B – Le conflit social est-il une pathologie sociale ?
La lutte des classes selon Durkheim :
La division du travail provoque la lutte des classes. Cette division excessive aboutit à une
spécialisation trop importante et moins de contacts entre les individus. Il y a ainsi un
éloignement physique des patrons et des ouvriers. Ils vont moins ressentir un sentiment
de complémentarité. Chez Durkheim, la division du travail trop poussée coupe les liens
sociaux. Les intérêts des individus vont diverger car ils ne sont plus en contact. Chaque
groupe se préoccupe de ses intérêts.
Le conflit résulte des formes pathologiques de la division du travail : c’est un signe du
dysfonctionnement de la société.
Cette idée a été reprise par l’école des fonctionnalités, notamment avec Talcott Parsons.
Il voit le corps social comme un corps humain, où chacun a une fonction (ils peuvent
dysfonctionner et y nuire). Selon eux, toute société est un système intégré
d’éléments/d’individus. Chacun de ces éléments a une fonction qui contribue à
maintenir le système. Ce dernier fonctionne sur l’adhésion de normes et de valeurs
fondamentales.
Quand il y a un conflit, soit :
- les hommes ne remplissent pas leurs fonctions ;
- l’organisation du travail est mal pensée (bureaucratie) ;
- la division du travail est trop poussée ;
- il y a un manque d’adhésion aux valeurs/normes communes.
Durkheim a eu plusieurs idées pour limiter les antagonismes des classes. L’Etat doit
produire :
-
la régulation : avec des normes et valeurs, on va faire la promotion de ses valeurs
communes et créer une cohésion sociale ;
l’intégration : on préconise de recréer des corporations (rapprocher les individus
pour les faire fortement intégrer).
Dans une certaine mesure, le conflit est le signe d’un dysfonctionnement social. Par
manque d’intégration et de régulation, c’est une pathologie sociale, car les normes ne
sont pas claires, inadaptées et trop souples. Si le lien social est défaillant, l’individu sera
mal intégré, insuffisamment régulé par les normes et se retrouvera régulièrement en
situation d’anomie dans la société.
Durkheim ne préconise pas la lutte des classes car elle n’a pas de sens.
Les conflits remettent ainsi en cause l’intégration sociale. La solidarité organique ne
produit pas une solidarité comme elle le devrait. Elle débouche sur des conflits, signes
de manque de cohésion sociale. On va donc nuire à la cohésion sociale.
L’anomie selon Durkheim et Merton est l’inadéquation entre le but et les moyens. Elle
peut à la fois toucher un groupe social mal intégré dans la société et toute une société
car la division du travail est anormale.
Il existe cependant une critique à Durkheim : il établit que le crime ou une déviance est
un fait social normal. Pourrait-on dire la même chose du conflit ?
Il existe différentes sortes de conflits. L’idée de Durkheim de dire que le conflit est le
signe d’une pathologie dans la société n’est pas nécessairement vraie. Il y a des
mécanismes qui se discutent sur la défense du sort des travailleurs dans le conflit du
travail. Il peut y avoir des formes anomiques, et donc un dysfonctionnement. Le conflit
est un fait social normal. Il y en a de plus ou moins intenses avec différentes formes.
Aujourd’hui, les conflits sont institutionnalisés.
Tous les conflits ne remettent pas en cause la cohésion sociale. Par exemple, avec mai
68, il y a plusieurs grilles de lecture.
L’origine est une révolte étudiante qui porte sur les valeurs (liberté
d’expression/sexuelle…).
La société donne la manifestation a des individus moins régulés. Il y a de conflits par
excès de normes (qui correspondent plus à certains individus).
C’est un signe de changement dans la société. Lorsque l’on ne trouve pas de solution, on
débouche sur un conflit.
Certains conflits peuvent être pathologiques. Ils sont une partie intégrante de la société.
Dans leurs formes et leurs durés, ces derniers peuvent être pathologiques. Mais
peuvent-ils être aussi un facteur d’intégration ?
Ainsi, pour Georg Simmel, le conflit social renforce la cohésion du groupe. Il permet de
désigner un ennemi, solidifie le groupe, et il est enfin l’occasion de se rassembler (action
collective). Il renforce le sentiment d’appartenance (renforce la cohésion sociale). Il va
ainsi renforcer la sociabilité et les liens sociaux. En s’opposant aux autres, on va être
identifié par les autres. Il y est aussi question d’une solidarité financière. On pourra aussi
rapprocher les groupes sociaux (syndicats et patrons) en créant une interaction entre
eux. Mais le groupe risque de dissoudre lorsqu’il aura vaincu ses adversaires, car il n’y
aura plus d’objets au conflit.
Pour Thomas Wieder, le conflit de 1936 est un facteur d’intégration pour la classe
ouvrière car il a permis un rassemblement. Ils n’étaient plus isolé dans leur lutte, mais
souder. Ils ont trouvé des représentants dans les syndicats. Ils ont eu une meilleure
intégration à la vie économique, avec une fonction importante dans l’ordre social. C’est à
ce moment qu’a émergé le syndicalisme de masse, qui a permis une augmentation de la
cohésion du groupe.
On peut ainsi parler d’une véritable institutionnalisation du conflit de classe ouvrière.
Les acteurs des conflits sont reconnus comme légitime par l’Etat.
Dans son ouvrage Classes et conflits de classe dans une société individuelle (1973), Ralf
Dahrendorf distingue une triple institutionnalisation :
- des acteurs : il y a une reconnaissance des syndicats et des partis politiques.
Aujourd’hui, il y a des acteurs associés dans la négociation, dans la gestion de
certains organismes (présence dans les entreprises obligatoire) ;
- des formes d’action : certaines sont légitimes comme la manifestation, grève,
pétition,… Ces actions sont prévue par la loi,… ;
- des objets : ce sur quoi porte le conflit. Sur les salaires (conventions collectives)
avec le SMIC et la durée du travail. Il y est aussi question des conflits individuels,
mais aussi de la protection sociale et du droit syndical. On essaye de faire évoluer
les choses.
Mendras a dit « L’ordre social est fondé sur des conflits résolus ». Selon lui, il n’est pas
pathologique, mais il fonde la société.
L’institutionnalisation régule les conflits : ils sont pacifiés. Malgré cette
institutionnalisation, il peut y avoir des formes violentes, notamment avec les émeutes
de banlieues.
Il existe 2 types de conflits :
- dans les règles : dans un cadre régulé et routinisé (partis politiques) ;
- sur les règles : remettent en cause ce cadre.
Synthèse :
Pour Emile Durkheim, le conflit social est une menace pour la cohésion sociale.
Normalement, la division du travail social devrait produire de la solidarité. Mais, un
excès de division du travail peut conduire, au contraire, à un défaut d’intégration et de
régulation. Cette analyse a été prolongée par les fonctionnalistes américains comme
Talcott Parsons. Ils ont une vision organique de la société constituée d’organes qui ont
chacun une fonction. En reprenant la distinction de Durkheim entre le « normal » et le
« pathologique », ils vont considérer que le conflit est une pathologie sociale, c’est-à-dire
une maladie qui peut remettre en cause le bon fonctionnement du corps social.
Cette analyse peut être critiquée sur plusieurs points. Si le conflit social intervient de
façon régulière, il devrait être classé comme un fait social « normal » et non comme une
pathologie. Si le conflit est normal, il peut en revanche prendre des formes plus ou moins
régulées. D’autre part, les conflits qui remettent en cause la société dans son fondement
sont peu nombreux. Enfin, le conflit social peut être intégrateur.
Cette approche du conflit est celle de Georg Simmel, et a été prolongé par des auteurs
comme Lewis Coser : le conflit renforce l’identité du groupe. En effet, l’opposition avec
un autre groupe social permet de mieux définir les traits caractéristiques du groupe et
de mieux en délimiter les frontières. Le conflit renforce la cohésion et les liens sociaux
au sein du groupe comme le montre la forte syndicalisation pendant le mouvement de
1936. Le sentiment d’appartenance des membres du groupe est renforcé.
Les conflits se sont pacifiés et institutionnalisés en obéissant à des règles qui en
organisent le fonctionnement. Les acteurs des conflits ont acquis une reconnaissance
officielle, et se sont associés à la gestion de la Sécurité Sociale. Un répertoire légitime
d’actions collectives s’est imposé. Enfin, l’objet des conflits s’est également
institutionnalisé (droit du travail). Le conflit produit donc des règles, et renforce donc
l’ordre social.
C – Quelle est la place du conflit dans le changement social ?
Marx pense que le conflit social est le moteur de l’histoire.
Changement social : Transformation durable de l’organisation sociale et/ou de la culture
d’une société. Exemple : la féminisation.
Conception Marxiste des classes : vision antagoniste, réaliste entre deux classes :
Bourgeois (ils ont les moyens de productions) et Prolétaires (ils travaillent pour eux). Sa
vision est fondée sur la propriété des moyens de production. Il distingue la classe en soi
(visible) et la classe pour soi (qui peut se mobiliser).
Selon l’analyse Marxiste, le conflit peut être source de changement social. Il cherche la
disparition des classes sociales, et pour cela, la dictature du prolétariat est nécessaire. Il
prend ainsi le contre-pied de Durkheim, car selon lui, dans la division du travail, la
solidarité est complémentaire.
Le conflit est un trait permanent de toutes les sociétés.
Les capitalistes ont la plus value. En même temps, il y a une baisse du profit. Mais ces
derniers vont toujours exploiter les travailleurs. Le capitalisme est donc voué à sa perte
(il creuse l’antagonisme entre les classes en paupérisant les travailleurs). Il mène à des
crises de surproduction de plus en plus fréquentes.
Le conflit permet d’obtenir un changement social.
Une amélioration des conditions de vie ouvrières est permise par les conflits du travail
au 19 et au 20 siècle, notamment avec :
- la création de l’Etat Providence ;
- un partage plus favorable de la Valeur Ajoutée ;
- des conquêtes sociales, qui sont des conséquences de conflits.
Ainsi, oui, le conflit est moteur de changement social, car il débouche sur une
amélioration des conditions de vie.
On peut aussi parler d’une institutionnalisation des conflits sociaux en France. En effet,
on est passé d’un conflit violent qui a débouché sur une Révolution Prolétaire vers des
conflits institutionnalisés et qui portent sur l’amélioration des droits. Il y a donc une
pacification du conflit. Il y a une reconnaissance mutuelle entre les syndicats et les
patrons, mais aussi de la part de l’Etat.
1848 : Liberté d’association ; 1864 : Fin du délit de coalition ; 1884 :
Institutionnalisation des syndicats.
La reconnaissance s’est faite progressivement, notamment avec la mise en place de
procédures, des changements électifs du personnel.
C’est donc la fin des conflits de classes violents et révolutionnaires.
Selon Alain Touraine, un mouvement social est : Toute action collective qui vise à
changer des comportements et/ou les institutions dans un sens favorable à un groupe
actif et organisé.
Il ne parle pas des conflits du travail, mais de ceux plus profonds, qui visent à
transformer normes et valeurs. Dans les sociétés post-industrielles, il y a des conflits
post-matérialistes. Les conflits sont plus culturels, avec de nouveaux mouvements
sociaux.
Ils portent sur les valeurs, et la maitrise de l’information est importante.
Les enjeux de pouvoir portent sur l’imposition des valeurs, l’accès aux médias, la
connaissance, et beaucoup moins sur le partage des richesses.
Il faut donc remplir 3 conditions :
- identité : qui lutte ? C’est la façon dont les groupes sociaux se définissent entre
eux. C’est l’identité collective ;
- opposition : adversaire bien identifié, qui solidifie le groupe ;
- totalité : ce n’est pas seulement une mobilisation pour une avancée dans le
travail. Il faut transformer les normes et valeurs dans la société. Il faut changer le
sens de l’histoire.
La réussite du mouvement social est la capacité à imposer de nouvelles normes et
valeurs ou la capacité à se faire institutionnaliser.
Les mouvements sociaux font évoluer :
- les normes : loi sur la parité, contraception, pilule, égalité salariale ;
- les valeurs : remises en cause de la place de la religion dans la société, évolution
du regard sur les rôles entre hommes et femmes (partage des tâches).
Il y a l’émergence de nouveaux mouvements sociaux, les NMS, qui se sont développés
pendant la période post-industrielle, de la même manière que le mouvement ouvrier
pendant la Révolution Industrielle.
A chaque type de période correspond chaque type de mouvement social.
Le pouvoir est la capacité de mettre en place des normes et valeurs.
Entrepreneur de morale : Personne qui cherche à influencer un groupe de personnes
dans le but de lui faire adopter ou maintenir une norme.
Ces mouvements s’institutionnalisent de différentes manières :
- par revendication ;
- pour accorder des subventions ;
- créer des ministères.
Tout cela est expliqué dans le livre de H. Becker, Outsiders, publié en 1963. Ce dernier
est un sociologue de la déviance. Il pense qu’elle n’existe pas. On dévie toujours par une
norme imposée par un groupe social. C’est en fait l’imposition réussie par un groupe
social de ses valeurs.
Il y a ainsi un problème autour de ça. On est dans une croisade de morale. Des petits
groupes organisés peuvent changer des normes et valeurs et faire valoir leurs idées dans
la société, et peuvent donc profiter du changement social.
D’autres types de conflits refusent le changement social, et sont qualifiés de défensifs.
Depuis les crises, il y a eu une véritable multiplication des conflits défensifs : pour
s’opposer à des changements jugés néfastes dans plusieurs domaines : manif pour
tous,… Ils sont fait pour obtenir des avantages sociaux, et marquent une rupture avec les
conflits traditionnels.
Mais les acteurs mobilisés dans le cadre de ces conflits ne résistent pas
systématiquement au changement, car il peut y avoir des mouvements qui demandent
une autre mondialisation, qui proposent d’autre changements : des mouvements
altermondialisation.
Mais les mouvements sociaux peuvent avoir un caractère défensif, comme ceux qui se
battent pour des causes particularistes, au nom de la défense d’intérêts individuels :
NYMBY (Not In My Back Yard).
Synthèse :
Le conflit est facteur de changement social, c’est-à-dire d’une transformation durable de
l’organisation et/ou de la culture d’une société. Selon la théorie du conflit élaborée par
Marx, la lutte des classes est au cœur du changement social. Cependant, les conflits du
travail se sont institutionnalisés, et permettent l’amélioration de la condition ouvrière
sans passer nécessairement par la Révolution.
Dans les années 1960, Alain Touraine montre que dans les sociétés « postindustrielles », les conflits sont plus de nature culturelle que de nature matérielle, et
voient l’émergence de « nouveaux mouvements sociaux », qui cherchent à imposer leurs
propres valeurs à toute la société.
Des entrepreneurs de morale (Becker) peuvent se mobiliser pour transformer les
normes sociales, puis vont s’institutionnaliser une fois le combat terminé.
Les évolutions récentes montrent que certains conflits défensifs visent plus
particulièrement à s’opposer à des transformations sociales jugées défavorables ou peu
souhaitables par certains acteurs. Un certain nombre de conflits prennent pour enjeux la
résistance au changement, en particulier lorsque ceux-ci s’incarnent dans la
« modernisation » des entreprises ou de l’Etat, présentée comme « nécessaire » mais qui
viendrait menacer le statut et l’identité conférés aux personnes par la société au travers
du travail. Ou encore en opposition avec des évolutions sociétales jugées dangereuses
(Manif pour Tous). Enfin, certains mouvements se battent au nom de la défense
d’intérêts individuels (NIMBY), pour préserver un cadre de vie par exemple.
D – Les mutations des conflits sociaux
On remarque depuis plusieurs années une baisse du taux de syndicalisation,
principalement due au phénomène de passager clandestin,… On peut donc affirmer qu’il
y a un véritable déclin des conflits du travail, avec une baisse du nombre de grèves et de
grévistes.
Il y a donc une baisse de la conflictualité sociale. Ces phénomènes sont liés entre eux :
une désyndicalisation provoque une baisse des jours de grèves, qui à leurs tours
provoquent une baisse de la syndicalisation.
En 1975, on remarquait une hausse du chômage, une précarité de l’emploi, une
moyennisation de la société (baisse du nombre d’ouvriers, divisé par 2), une hausse de
l’individualisme (Toqueville), une institutionnalisation du dialogue social (pas besoin de
se mobiliser avec le passager clandestin).
Ainsi, les grèves dans notre société se sont peu à peu banalisées, et on a même un
sentiment qu’elles sont parfois inutiles. Elles sont tellement institutionnalisées qu’elles
peuvent parfois passé inaperçue.
On ne parlera pas ainsi d’un déclin des conflits du travail, mais simplement d’un
changement de forme. En effet, il y a une mutation des conflits du travail, toutes les
formes de conflits ont augmentés, sauf les grèves longues. Elles sont aussi moins visibles
et moins médiatisées, et cela donne le sentiment qu’il n’y a pas de conflit du travail, sauf
que c’est faux. On remarquera aussi une hausse de l’individualisme avec un recourt au
droit avec des formes différentes.
Il y a aussi plus d’établissements petits, avec des recours aux droits plus fréquents. On
peut expliquer cela par des droits du travail moins respectés, et par une faible présence
syndicale.
Valeur post-matérialiste : Nouvelle valeur qui prend de plus en plus d’importance avec
les transformations des satisfactions des besoins matériels, qui porte plus sur l’identité,
la reconnaissance de groupes minoritaires et des valeurs culturelles.
On pourra rajouter ici la Pyramide de Malsow :
Un bon exemple de mouvement portant sur un valeur post matérialiste est les
mouvements nationalistes, ou encore un mouvement sur une base ethnique
(mouvement Noir aux USA), les mouvements écologistes (Greenpeace),…
Ce qui les différencie sont les différentes d’actions qu’ils prennent : ils ne font pas de
grève, ont un répertoire d’action différent (médias, réseaux sociaux,…). Leur but est de
faire partis des sujets des hommes politiques et ainsi de leurs préoccupations.
Il y a aussi parfois des distinctions artificielles matérialistes et post matérialistes,
notamment avec des Blancs dans le mouvement Noir aux USA.
Il y a toujours une conflictualité du travail, qui a simplement changé de forme.
Ce qui préoccupe les médias sont les conflits identitaires. Mais il y a le problème des
journalistes, qui ne s’occupent que de leurs propres préoccupations (effet de loupe sur
les conflits qui les préoccupe).
La reprise de la conflictualité depuis les années 1990 ne se fait pas uniquement sur des
enjeux post-matérialistes, mais aussi sur des aspects matériels et des conflits défensifs.
Il y a ainsi des mouvements plus symboliques (apparition de nouvelles causes, alter
mondialisme).
Il y a ainsi une mutation et une diversification des conflits.
On peut ainsi parler d’une individualisation des conflits, avec de nouvelles méthodes de
gestion dans les entreprises (mérite), et ainsi un éclatement du monde salarial.
Les principaux facteurs explicatifs des émeutes sont une ségrégation sociale et urbaine,
une difficulté d’intégration (Lagrange), des zones urbaines sensibles, une immigration
récente.
Les émeutes sont donc un mode d’entrée en politique, car c’est un moyen d’expression
pour ceux qui n’en n’ont pas. La population n’a pas de débouchés pour ces situations, et
donc ceux qui ont connu des émeutes ne le renouvellent pas, et les nouveaux conflits
sont les émeutes urbaines.
Synthèse :
Il existe une grande diversité de mouvements sociaux. Le 19e et le 20e siècle sont surtout
marqués dans les pays industrialisés par le mouvement ouvrier et les conflits du travail,
avec des revendications principalement matérialistes (revendication salariales, durée du
travail,…).
Mais, dès la fin du 19e siècle, d’autres mouvements apparaissent qui sont moins
« matérialistes » et n’ont pas pour seul objectif un meilleur partage de la richesse créée.
Ronald Inglehart souligne que les nouveaux mouvements sociaux apparus dans les
années 1960 s’appuient davantage sur des valeurs « post-matérialistes ».
Les conflits concernaient moins la répartition des ressources, les revenus, les salaires ou
le pouvoir que des questions liées à l’identité, à la reconnaissance ou aux « droits
culturels ». Ceci résulte du développement, de la hausse du niveau d’éducation qui
génère altruisme et solidarité (intérêt porté aux générations futures, par exemple),
l’égalité hommes-femmes, le respect de l’environnement,… Ils ne concernent pas
seulement la classe ouvrière mais aussi les classes moyennes. La plupart ne reposent pas
sur une identité de classe mais sur l’appartenance à d’autres groupes sociaux : les
femmes, les minorités culturelles et ethniques, les exclus,…
Cependant, les revendications matérialistes sont loin d’avoir disparu et l’émergence des
NMS n’a pas fait disparaître les conflits du travail. Cependant ils prennent plus
fréquemment une forme individuelle du fait des nouvelles méthodes de management
(individualisation des rémunérations,…).
Les formes des conflits auraient ainsi changé. On observe une baisse régulière des taux
de syndicalisation ainsi qu’une baisse apparente des grèves et du nombre de grévistes
dans la plupart des pays développés. Une de principales explications se trouve dans la
croissance du chômage et du travail précaire qui a empêché une partie des salariés de se
stabiliser dans l’entreprise et d’adhérer à un syndicat. Cependant, de nouvelles formes
d’actions apparaissent (débrayage, conflits sans intérêts de travail, pétitions,…). Enfin, la
baisse des conflits du travail ne signifie pas nécessairement une amélioration des
rapports dans les entreprises ou des conditions de travail, dans la mesure où les conflits
peuvent ne pas s’exprimer sous une forme collective.
Les mouvements sociaux apparus dans les années 1960 utilisent davantage des formes
d’actions non conventionnelles (nouveaux mouvements sociaux) : boycott, marches de
protestation, grèves de la faim, sit-in, utilisation des réseaux sociaux et médiatiques,…
Cependant certains groupes faiblement intégrés, ne disposant pas de relais politiques ou
médiatiques pour faire valoir leur mécontentement, peuvent s’exprimer de façon
violente (émeutes).
Définitions :
Conflit social : Antagonisme entre des groupes sociaux qui ont des intérêts divergents
(matériels, symboliques) et qui vont essayer de modifier les rapports de force en leur
faveur. Il faut d’abord qu’il y ai une conscience, puis une action collective. Ces conflits
peuvent être latent. Dans un conflit social, il y a des revendications, des causes ainsi
qu’un adversaire identifié.
Mouvement social : Il n’y a pas forcément d’adversaire identifié. Ce dernier essaye de
transformer l’ordre social.
Action collective : Action concertée avec un objectif commun.
Changement social : Transformation durable de l’organisation sociale et/ou de la culture
d’une société. Exemple : la féminisation.
Conception Marxiste des classes : vision antagoniste, réaliste entre deux classes :
Bourgeois (ils ont les moyens de productions) et Prolétaires (ils travaillent pour eux). Sa
vision est fondée sur la propriété des moyens de production. Il distingue la classe en soi
(visible) et la classe pour soi (qui peut se mobiliser).
Selon Alain Touraine, un mouvement social est : Toute action collective qui vise à
changer des comportements et/ou les institutions dans un sens favorable à un groupe
actif et organisé.
Valeur post-matérialiste : Nouvelle valeur qui prend de plus en plus d’importance avec
les transformations des satisfactions des besoins matériels, qui porte plus sur l’identité,
la reconnaissance de groupes minoritaires et des valeurs culturelles.
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