
étale le nom et la maladie d’un patient, il est sain aussi qu’elle puisse assister à ce
type de débats et relayer d’éventuels dysfonctionnements.
La cour européenne des droits de l’homme considère que la publicité des débats est
une garantie du procès équitable. Il en est de même du contradictoire qui impose au
juge de mettre tous les éléments dans le débat. Or les médecins nous font par
exemple remonter qu’il n’est pas bon pour le patient de connaître le nom du tiers à
l’origine de la mesure ou d’entendre évoquer ses symptômes et sa pathologie.
Toute la difficulté réside donc dans la question : le patient est il un justiciable comme
un autre ? Si la réponse est positive, il doit bénéficier de tous ces droits et garanties.
- Concernant le lieu de l’audience, il y a la loi, ce qui est souhaitable et ce
qui est possible
La loi pose le principe que l’audience se déroule au tribunal, sauf s’il existe une salle
spécialement aménagée dans l’hôpital, conformément à une décision du conseil
constitutionnel en matière de contentieux des étrangers, et ce :
1/ pour permettre au justiciable de faire la différence entre l’administration et l’autorité
judiciaire ;
2/ pour assurer la publicité des débats.
Si tous s’accordent désormais à dire que bon nombre de juridictions ne sont pas
adaptées pour l’accueil des patients atteints de troubles mentaux, et qu’il serait donc
souhaitable que ces audiences se déroulent dans une salle aménagée à l’hôpital, les
pratiques sont le plus souvent exclusives et marquent bien l’absence
d’individualisation :
- 75 % (soit 89 TGI) des juridictions tiennent les audiences uniquement au
tribunal, ne se déplaçant jamais alors que des cas le nécessitent sans doute,
où le patient n’est pas transportable mais peut être entendu (Beauvais, Lille,
Laval, Grasse….) et ce même lorsqu’il existe une salle aménagée, en raison
de l’impossibilité du juge de se déplacer (Paris, Niort…)
- 18 % (22 TGI) ne le font qu’à l’hôpital, mais j’ai en mémoire le témoignage
d’un collègue très satisfait du traitement ainsi réservé au patient tout en
ajoutant « seul bémol, la salle ne permet pas l’accueil du public »… et donc le
respect de la loi….
- Certains tribunaux font tout en visio-conférence (alors que le juge judiciaire n’y
est en général pas favorable et que le taux de visio-conférence au plan
national est très réduit), le transport n’étant possible ni pour les uns ni pour les
autres (Tarbes, Meaux…..)
- D’autres enfin n’assurent ni transport du juge et du greffier, ni transfert des
patients, ni visio-conférence, soit par position de principe, soit tout simplement
parce qu’il n’existe toujours pas de communication sécurisée entre l’hôpital et
la juridiction (Nevers, Montluçon…) ; parmi ces juridictions, certaines
n’examinent donc la mesure qu’en l’absence du patient.
Toutes ces situations sont des contournements purs et simples de la loi.
L’automatisme n’est pas de mise et l’effectivité du contrôle du juge en pâtit donc.