- la conscience de « difficultés » sexuelles.
Les trois premiers sont souvent explicités et parfois publics, tandis que les autres demeurent
plus volontiers dissimulés. Ils s'auto alimentent pour constituer la personnalité du névrosé.
a – Trois signes « sociaux » : difficultés relationnelles, angoisse, symptômes
Les difficultés relationnelles sont en général le motif premier de la consultation du névrosé,
qu'il s'agisse de l' ex pression d'une simple plainte contre sa hiérarchie professionnelle, de
problèmes familiaux, de couple, de relations à ses enfants, à ses amis, ou d'une façon plus
générale aux autres. Maltraité, incompris, brimé, intimidé, trop agressif, impatient, impulsif
ou au contraire inhibé, jamais véritablement en phase avec un monde qui ne réagit pas comme
il le souhaiterait , le névrosé témoigne d'une vive sensibilité à la relation aux autres dont il ne
peut admettre sereinement les inévitables variations.
Cette sensibilité en fait pour les autres un être difficile à vivre, ce qui tend à objectiver ses
propres sentiments. Il est en conflit avec son environnement qui le perçoit « caractériel »,
d'humeur instable et intolérant. Souvent ces traits de caractère sont dissimulés derrière une
couverture sociale protectrice : son humeur agressive est transformée en provocation, en
séduction, en causticité ou en ironie. Il peut également choisir à l'inverse l'indifférence, le
retrait ou l'indécision. Quoi qu'il en soit, il polarise une « atmosphère » particulière dans la
relation qui ne laisse pas l'autre indifférent.
Cette difficulté relationnelle l'entraîne souvent dans des attitudes de rivalité qui s'expriment
selon toute une gamme de conduites, depuis le goût pour la compétitivité professionnelle
valorisée socialement jusqu'à la jalousie pathologique. Elle peut à l'inverse être vécue sur le
mode du retrait de la compétition, avec l'asthénie comme symptôme : constamment « fatigué ,
le névrosé trouve alors dans cette « excuse » une manière plus confortable de gérer son
rapport problématique aux autres.
Ces difficultés s'expriment en particulier avec ses partenaires sexuels effectifs ou potentiels
sous une forme que l'autre va trouver inexplicable s'il n'est pas pris lui-même dans un schéma
comparable. La théorie freudienne reconnaît la racine même de la névrose dans cette
dimension de rivalité ambivalente, avec le complexe d' Œdipe .
Au plan clinique, il en résulte généralement un brouillage des représentations pour le névrosé,
qui éprouve souvent des difficultés de situation dans l'ordre des sexes et des générations.
L'angoisse, même lorsqu'elle ne s'organise pas sous forme de névrose caractérisée, occupe une
place centrale dans sa personnalité. Elément essentiel de la vie psychique et de sa pathologie,
« peur sans objet » (Janet), elle se manifeste comme un état affectif marqué par un sentiment
d'insécurité et une extrême sensibilité à l'environnement se traduisant par un état émotionnel
d'intensité variable, dépendant pour une large part des caractéristiques propres à chaque
individu.
Plus grave que l'anxiété qui reste de nature essentiellement psychique, l'angoisse
s'accompagne de manifestations ou de sensations somatiques diverses, d'oppression ou de
« resserrement » (selon sa propre étymologie, angustus : étroit) : constrictions de l'œsophage,
spasmes intestinaux, tachycardie, sudation, anxiété … ; ces traits décrivent une disposition
quasi permanente de la personnalité, qui constitue la base de la névrose d'angoisse…
Chez le névrosé, cette angoisse est vivement combattue par les différents mécanismes de
défenses et par les symptômes chargés de la déplacer. La conscience de ses troubles et de leur
traitement psychique interne, qui caractérise le névrosé par comparaison avec le psychotique,
contribue souvent à renforcer cette angoisse et à rendre progressivement inopérants les
mécanismes construits pour la combattre.