VITTOZ
IRDC
Odile RAGUIN Psychologue clinicienne, Praticienne de la psychothérapie Vittoz
Formation 2014 /2015
PSYCHOPATHOLOGIE
- LES NEVROSES -
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SOMMAIRE
CHAPITRE I . LA NEVROSE ……………..……………………..…..... 03
CHAPITRE II . LA NEVROSE PHOBIQUE ……………..…….….…. 19
CHAPITRE III . LA NEVROSE D’ANGOISSE …………..………..... 24
CHAPITRE IV . LA NEVROSE HYSTERIQUE ….………..………..... 28
CHAPITRE V . LA NEVROSE OBSESSIONNELLE …..…….….…..... 34
BIBLIOGRAPHIE ………………….…...…..……………………………. 41
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CHAPITRE I
LA NEVROSE
1. QU’EST-CE QUE LA NEVROSE ?
A. Définition
Quelles que soient sa richesse et sa pertinence, la théorie freudienne ne peut être
confondue avec la névrose, qui existe cliniquement indépendamment de cette approche. La
mise en suspens de la question de l'étiologie permet de se centrer sur cette dimension clinique
et de s'interroger sur les mécanismes qui la sous-tendent.
On retiendra à cet effet la définition suivante : les névroses sont des maladies de la
personnalité, caractérisées par des conflits intra-psychiques qui transforment la relation du
sujet à son environnement social en développant des symptômes spécifiques en lien avec les
manifestations de son angoisse. Cette définition met l'accent sur quatre éléments centraux qui
se retrouvent dans toutes les névroses. D'abord la notion de maladie de la personnalité, qui en
fait un trouble psychique moins grave que la psychose, malgré le caractère parfois très
handicapant de certains symptômes justifiant une hospitalisation. Les troubles psychiques du
névrosé sont essentiellement subjectifs. Ensuite la dimension du conflit intérieur, qui
caractérise le fonctionnement psychique du névrosé. Ce conflit est pathologique et chronique ;
il n'est que partiellement lié à l'état de l'environnement. Enfin la spécificité du symptôme mis
en avant par le névrosé, qui répond à une angoisse particulière.
Le champ des névroses se définit donc de façon différentielle par rapport aux autres champs
de la psychopathologie à la fois par un degré de gravité, par l'organisation interne à
laquelle elle conduit pour le sujet névrosé, et par la relation que celui-ci entretient avec
l'environnement. Si la psychose marque une forme de rupture dans l'équilibre du sujet avec le
monde extérieur, la névrose dénote la présence d'une situation permanente de conflit
s'opposant à cet équilibre, source de souffrance pour le sujet. Elle témoigne donc d'une
« solution » à la fois moins radicale et plus adaptée que la psychose pour faire face aux
difficultés que rencontre le sujet dans sa relation au monde extérieur. De ce fait, ses effets
psychiques demeurent pour la plupart conscients, et ils se traduisent par les symptômes qui
sont des traits d'union entre le sujet et le monde, en relation ambivalente avec l'angoisse.
B. Les signes cliniques de la névrose
La proximité de la névrose et de la normalité rend difficile une systématisation de ses
signes cliniques. Les six éléments suivants sont toutefois présents dans chaque tableau
névrotique :
- des difficultés relationnelles ;
- la survenue inopinée de moments d'angoisse ;
- le développement de symptômes particuliers ;
- un sentiment subjectif de « mal-être » ;
- la perception d'une conflictualité interne ;
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- la conscience de « difficultés » sexuelles.
Les trois premiers sont souvent explicités et parfois publics, tandis que les autres demeurent
plus volontiers dissimulés. Ils s'auto alimentent pour constituer la personnalité du névrosé.
a Trois signes « sociaux » : difficultés relationnelles, angoisse, symptômes
Les difficultés relationnelles sont en général le motif premier de la consultation du névrosé,
qu'il s'agisse de l' ex pression d'une simple plainte contre sa hiérarchie professionnelle, de
problèmes familiaux, de couple, de relations à ses enfants, à ses amis, ou d'une façon plus
générale aux autres. Maltraité, incompris, brimé, intimidé, trop agressif, impatient, impulsif
ou au contraire inhibé, jamais véritablement en phase avec un monde qui ne réagit pas comme
il le souhaiterait , le névrosé témoigne d'une vive sensibilité à la relation aux autres dont il ne
peut admettre sereinement les inévitables variations.
Cette sensibilité en fait pour les autres un être difficile à vivre, ce qui tend à objectiver ses
propres sentiments. Il est en conflit avec son environnement qui le perçoit « caractériel »,
d'humeur instable et intolérant. Souvent ces traits de caractère sont dissimulés derrière une
couverture sociale protectrice : son humeur agressive est transformée en provocation, en
séduction, en causticité ou en ironie. Il peut également choisir à l'inverse l'indifférence, le
retrait ou l'indécision. Quoi qu'il en soit, il polarise une « atmosphère » particulière dans la
relation qui ne laisse pas l'autre indifférent.
Cette difficulté relationnelle l'entraîne souvent dans des attitudes de rivalité qui s'expriment
selon toute une gamme de conduites, depuis le goût pour la compétitivité professionnelle
valorisée socialement jusqu'à la jalousie pathologique. Elle peut à l'inverse être vécue sur le
mode du retrait de la compétition, avec l'asthénie comme symptôme : constamment « fatigué ,
le névrosé trouve alors dans cette « excuse » une manière plus confortable de gérer son
rapport problématique aux autres.
Ces difficultés s'expriment en particulier avec ses partenaires sexuels effectifs ou potentiels
sous une forme que l'autre va trouver inexplicable s'il n'est pas pris lui-même dans un schéma
comparable. La théorie freudienne reconnaît la racine même de la névrose dans cette
dimension de rivalité ambivalente, avec le complexe d' Œdipe .
Au plan clinique, il en résulte généralement un brouillage des représentations pour le névrosé,
qui éprouve souvent des difficultés de situation dans l'ordre des sexes et des générations.
L'angoisse, même lorsqu'elle ne s'organise pas sous forme de névrose caractérisée, occupe une
place centrale dans sa personnalité. Elément essentiel de la vie psychique et de sa pathologie,
« peur sans objet » (Janet), elle se manifeste comme un état affectif marqué par un sentiment
d'insécurité et une extrême sensibilité à l'environnement se traduisant par un état émotionnel
d'intensité variable, dépendant pour une large part des caractéristiques propres à chaque
individu.
Plus grave que l'anxiété qui reste de nature essentiellement psychique, l'angoisse
s'accompagne de manifestations ou de sensations somatiques diverses, d'oppression ou de
« resserrement » (selon sa propre étymologie, angustus : étroit) : constrictions de l'œsophage,
spasmes intestinaux, tachycardie, sudation, anxiété ; ces traits décrivent une disposition
quasi permanente de la personnalité, qui constitue la base de la névrose d'angoisse…
Chez le névrosé, cette angoisse est vivement combattue par les différents mécanismes de
défenses et par les symptômes chargés de la déplacer. La conscience de ses troubles et de leur
traitement psychique interne, qui caractérise le névrosé par comparaison avec le psychotique,
contribue souvent à renforcer cette angoisse et à rendre progressivement inopérants les
mécanismes construits pour la combattre.
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La notion de symptômes a été profondément transformée par la théorie psychanalytique à
partir de l'étude de l'hystérie. Elle y a découvert la marque du désir inconscient du sujet
tendant à trouver ainsi une voie d'expression déplacée. Chaque névrosé témoigne de la
présence de tels « signes », plus ou moins marqués, qui lui sont singuliers et qui
accompagnent ses conduites publiques ou strictement privées : petits rituels inoffensifs,
pensées insistantes dans telle ou telle situation, mises en scènes d'attitudes corporelles
systématisées, ton de la voix dans certaines circonstances, sont autant de petites « manies »
considérées parfois avec sympathie de la part des autres, parfois avec irritation ou hostilité.
Dans certains cas graves, ces habitudes sont très handicapantes et conduisent à une véritable
inhibition des conduites sociales. Parfois, les symptômes concernent quasi exclusivement les
processus psychiques, dans d'autres cas, les manifestations somatiques sont prévalentes,
parfois enfin c'est l'angoisse qui prévaut, soit pour elle-même, sans explication particulière,
soit en lien avec l'extérieur. Ces conduites et manifestations diverses ont comme
caractéristiques communes leur répétitivité et leur lien à l'angoisse. Elles échappent à la
volonté du sujet qui « ne peut s'en empêcher ». Elles mettent en outre en jeu
systématiquement la relation entre le sujet, son corps, ses pensées et
le monde extérieur. De ce point de vue, les symptômes constituent la charnière entre les
signes « sociaux » et les signes « intimes » de la névrose.
La combinaison de ces pôles permet une première représentation clinique de la névrose selon
l'importance relative qu'ils prennent pour le sujet :
- certains névrosés développent des symptômes témoignant d'une tension s'exerçant
prioritairement entre les processus de pensée et le monde environnant qui aboutit à une mise
en retrait apparente du corps. Leurs symptômes rendent compte soit d'un surinvestissement du
monde extérieur sur le processus autonome de pensée (pensées extérieures obsédantes, par
exemple), soit, à l'inverse, d'une tentative pour échapper à l'emprise de l'environnement sur
leurs pensées (rituels). Dans les deux cas, ces symptômes correspondent à ceux
traditionnellement décrits dans la névrose obsessionnelle
- d'autres névrosés mettent l'accent sur un accordage problématique entre leur vécu corporel et
l'environnement avec un désinvestissement corrélatif du processus de pensée. Les symptômes
témoignent de l'envahissement de l'extérieur sur le corps propre du sujet ou, à l'inverse, d'une
mise en avant « anormale » de la dimension corporelle dans le contact avec le monde
extérieur : ce sont les symptômes de l’ hystérie Ils constituent également le fonds récurrent de
la personnalité de tout névrosé, avec la trilogie « fatigue, troubles du sommeil, troubles
fonctionnels ». Ces derniers apparaissent en général à l'enfance (énurésie, bégaiements, tics,
rougissements) et sont susceptibles de devenir les symptômes névrotiques privilégiés de
l'adulte ;
- une troisième catégorie est marquée par un report sur le monde extérieur de ces difficultés
internes corps-psychisme, désignant donc, dans les objets de ce monde, la nature de leur
angoisse. Tels seront les symptômes phobiques
- d'autres enfin privilégieront des symptômes témoignant d'une régulation plus difficile au
plan interne entre corps et psychisme, au terme de laquelle le monde extérieur est disqualifié
dans son rôle de soutien. L’angoisse prévaut alors en tant que structure donnant sa forme
principale à la névrose
Ces symptômes témoignent d'un dérèglement des conditions de la subjectivité et, dans le
même temps, d'une issue compensatrice trouvée sur l'un de ses pôles interne (corps ou
psychisme) ou externe. Ils se différencient des symptômes du psychotique chez qui le
rééquilibrage ne peut s'opérer à un niveau équivalent et entame la définition même de la
subjectivité.
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