Qui peut douter que ces bénéficiaires de la réforme ne sauraient transformer cet avantage
financier en avantage stratégique ? D'autant plus qu’ils vont pouvoir profiter de la seconde
coupure publicitaire, ce qui placera encore plus France télévisions en position de faiblesse
sur le marché des droits, notamment sportifs.
Pour la CGT, plus que d’une réforme c’est d’un hold up qu’il s’agit. Au-delà de l’oxygénation
financière du secteur privé, c’est la marginalisation de l’audiovisuel public qui se joue.
Pourtant, avec près de 40% de chiffre d’affaires gagnés par ses seules forces, France
télévisions dispose d’une double légitimité : celle des téléspectateurs et celle du marché. La
ressource publicitaire permet au groupe France télévisions d'assurer son financement et son
indépendance économique sans faire subir aux Français d’augmentation drastique de
redevance. Est-ce si négligeable ?
Pour une refonte des décrets Tasca
La CGT propose une remise à plat complète des décrets Tasca. Les chaînes publiques
doivent pouvoir disposer de nouvelles recettes leur réservant des droits dés la première
diffusion, en particulier sur les nouveaux supports.
Depuis le début 2008, France télévisions a déjà investi 222,9 Millions d'euros dans la
production privée (en hausse de 34,5% par rapport à 2007), sans aucun retour sur
investissement. De la même façon, est-il normal que l’on retrouve autant de productions de
France télévisions, parfois vieilles de 5 ou 10 ans, sur les « autres TV » de la TNT du câble
et du satellite, sans rétribution ?
Cette remise à plat doit s’inscrire dans un projet stratégique pour les deux prochaines
années qui de toute évidence vont être cruciales pour le groupe. En toute cohérence, France
télévisions doit disposer d’une filière commerciale intégrée permettant d’assurer à la fois
l’activité publicitaire et la gestion des droits. Pour cela, tous les emplois et les savoir faire de
FTP doivent être maintenus.
Non à la paupérisation du service public !
L’audiovisuel est d’ores et déjà soumis aux redoutables enjeux de la convergence
numérique. Ces défis sont vitaux pour l’existence de l’audiovisuel public qui doit donc
disposer des conditions financières et humaines permettant de les relever.
Le plus grand danger pour l’audiovisuel public est de ne pas pouvoir faire face au défi de la
haute définition, des nouveaux supports (Internet, TNT, TMP, global média) ainsi qu’à
l'inflation des coûts de programmes.
Chaque jour qui passe montre les dangers de la situation. La deuxième coupure entérinée,
l’entrée du groupe Lagardère sur le marché des droits, la montée en force des opérateurs
Télécom sur le marché de la télévision, enfin, France télévisions qui fait l’objet d’un contrôle
fiscal…Cela ne fait pas trop de coïncidences ?
La CGT appelle les salariés, les professionnels et les téléspectateurs à une
réplique citoyenne et unitaire de grande ampleur face à ce démantèlement
organisé de l’audiovisuel public, de ses emplois et de sa convention collective.
Paris, le 2 juin 2008
SNRT-CGT SNJ-CGT Groupe France Télévisions 7, Espl Henri de France - Pièce R214 R216 - 75907 Paris cedex 15
tél. 01 56 22 17 46 / 88 33 fax. 01 56 22 88 45 / 20 09