Syndicat National de Radiodiffusion et de Télévision CGT Syndicat National des Journalistes CGT Suppression de la pub L’arme de destruction massive A l’occasion du Colloque sur les médias numériques en 2008 organisé à la Maison de la Chimie ce 4 juin 2008 le SNRT CGT tient à faire part aux principaux acteurs du secteur de l’immense inquiétude des salariés de l’audiovisuel public. Vraies fausses pistes La présentation par la commission Copé de ses hypothèses de financement pour l’audiovisuel public aura surtout permis au président de la république d’exclure toute augmentation de la redevance. Cette augmentation modestement limitée à l’indexation, n’aurait pourtant représenté que 2% par an, soit 48 millions d’€, ce qui est évidemment insuffisant pour compenser le manque à gagner dû à la recette publicitaire de 1,2 milliard d’€ ! La seconde piste avancée par la commission, une taxe sur les télécommunications et sur les FAI a peu de chance d’être acceptée par Bruxelles tant on connaît les positions sur le « tout taxations ». Quant à la piste d’une taxe sur l’électronique grand public, elle a déjà été écartée par M.Sarkozy. Pour monsieur Copé, une autre solution consisterait à détourner vers France télévisions la part de la redevance accordée à l’INA (80 M€) et à RFI (60 M€), ce qui conduirait à déstabiliser ces deux entreprises du secteur public. Pour l’INA, la part de la redevance affectée à l’institut ne représente que 2 ,88 % de son montant total mais elle lui assure 67,7% de ses ressources. Le financement par la redevance ancre l’INA et ses missions dans le secteur public de l’audiovisuel. L’INA assure une mission primordiale majeure : la préservation et la valorisation des archives audiovisuelles, la loi lui confère également des missions de formation, de production et de recherche. RFI est déjà malmenée par la restructuration de l’audiovisuel externe, quant à Radio France, elle perdrait 45 M€ de publicité, le silence assourdissant la concernant laisse craindre le pire. Pour la CGT, ces recettes pour le moins aléatoires cachent une véritable restructuration qui, tout en entravant toutes perspectives de développement se soldera inévitablement par des pertes d'emplois. Ces choix conduisent l’audiovisuel public à la récession financière, stratégique et éditoriale ainsi qu’à la réduction de son périmètre et à la destruction des conventions collectives. Maintenir la ressource publicitaire Devant l’impossibilité pour la commission Copé d’élaborer un modèle économique alternatif crédible, devant les dégâts irréversibles causés par la déclaration du 8 janvier et la crise financière qui a déjà commencé, la CGT demande solennellement un moratoire sur la suppression de la publicité. Prôner l’arrêt de la publicité après 20h en 2009 est un non sens économique. Cela revient à renégocier les tarifs de FTP à la baisse, à raréfier l’espace publicitaire et à provoquer l’augmentation du prix des écrans au seul bénéfice de TF1, M6 ou autre Direct 8. Qui peut douter que ces bénéficiaires de la réforme ne sauraient transformer cet avantage financier en avantage stratégique ? D'autant plus qu’ils vont pouvoir profiter de la seconde coupure publicitaire, ce qui placera encore plus France télévisions en position de faiblesse sur le marché des droits, notamment sportifs. Pour la CGT, plus que d’une réforme c’est d’un hold up qu’il s’agit. Au-delà de l’oxygénation financière du secteur privé, c’est la marginalisation de l’audiovisuel public qui se joue. Pourtant, avec près de 40% de chiffre d’affaires gagnés par ses seules forces, France télévisions dispose d’une double légitimité : celle des téléspectateurs et celle du marché. La ressource publicitaire permet au groupe France télévisions d'assurer son financement et son indépendance économique sans faire subir aux Français d’augmentation drastique de redevance. Est-ce si négligeable ? Pour une refonte des décrets Tasca La CGT propose une remise à plat complète des décrets Tasca. Les chaînes publiques doivent pouvoir disposer de nouvelles recettes leur réservant des droits dés la première diffusion, en particulier sur les nouveaux supports. Depuis le début 2008, France télévisions a déjà investi 222,9 Millions d'euros dans la production privée (en hausse de 34,5% par rapport à 2007), sans aucun retour sur investissement. De la même façon, est-il normal que l’on retrouve autant de productions de France télévisions, parfois vieilles de 5 ou 10 ans, sur les « autres TV » de la TNT du câble et du satellite, sans rétribution ? Cette remise à plat doit s’inscrire dans un projet stratégique pour les deux prochaines années qui de toute évidence vont être cruciales pour le groupe. En toute cohérence, France télévisions doit disposer d’une filière commerciale intégrée permettant d’assurer à la fois l’activité publicitaire et la gestion des droits. Pour cela, tous les emplois et les savoir faire de FTP doivent être maintenus. Non à la paupérisation du service public ! L’audiovisuel est d’ores et déjà soumis aux redoutables enjeux de la convergence numérique. Ces défis sont vitaux pour l’existence de l’audiovisuel public qui doit donc disposer des conditions financières et humaines permettant de les relever. Le plus grand danger pour l’audiovisuel public est de ne pas pouvoir faire face au défi de la haute définition, des nouveaux supports (Internet, TNT, TMP, global média) ainsi qu’à l'inflation des coûts de programmes. Chaque jour qui passe montre les dangers de la situation. La deuxième coupure entérinée, l’entrée du groupe Lagardère sur le marché des droits, la montée en force des opérateurs Télécom sur le marché de la télévision, enfin, France télévisions qui fait l’objet d’un contrôle fiscal…Cela ne fait pas trop de coïncidences ? La CGT appelle les salariés, les professionnels et les téléspectateurs à une réplique citoyenne et unitaire de grande ampleur face à ce démantèlement organisé de l’audiovisuel public, de ses emplois et de sa convention collective. Paris, le 2 juin 2008 SNRT-CGT SNJ-CGT Groupe France Télévisions 7, Espl Henri de France - Pièce R214 R216 - 75907 Paris cedex 15 tél. 01 56 22 17 46 / 88 33 fax. 01 56 22 88 45 / 20 09