du groupe. Selon le contrat d'objectifs et de moyens signé avec le gouvernement Jospin au terme
de la loi sur l'audiovisuel d'août 2000, le groupe devait disposer de 3,1 % d'augmentation. "Nous
ne sommes pas inquiets, poursuit M. Achard. Nous avions prévu des économies dans le cadre du
contrat d'objectifs et de moyens, nous allons continuer sur les frais de gestion, notamment afin
d'augmenter de plus de 2 % le financement des grilles de programmes, qui sont notre priorité."
Les syndicats, eux, manifestent leur inquiétude : "Ce sont de nouvelles économies qui vont
entraver le développement des chaînes", estime notamment le SNRT-CGT.
Gelée en 2003, la redevance reste néanmoins un épineux dossier. Le premier ministre a demandé
à M. Aillagon "une réflexion approfondie sur le financement de l'audiovisuel public en concertation
avec les partenaires concernés", indique un communiqué de Matignon.
Rue de Valois, on indique que le chantier a commencé. M. Aillagon avait déclaré pendant l'été que
la lutte contre la fraude allait être renforcée, proposant à M. Raffarin le rattachement de la
redevance à la taxe d'habitation afin d'en faciliter le recouvrement et de limiter la fraude.
Aujourd'hui, on estime de 6 % à 7 % le pourcentage des foyers qui évitent la redevance. Le taux
est de deux tiers pour les résidences secondaires.
D'autres hypothèses plaident pour une augmentation de la publicité, qui représente 28 % des
recettes du groupe France Télévisions (la redevance représentant 66 %). Aux termes de la loi
Trautmann, le temps moyen consacré à la publicité a été progressivement réduit de 12 à 8 minutes
par heure sur France 2. L'hypothèse d'une augmentation est toutefois vigoureusement démentie
dans les ministères et au siège de France Télévisions.
L'annonce du gel de la redevance a une nouvelle fois soulevé les protestations des créateurs : la
société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (l'ARP) a estimé qu'il privait ainsi "le service
public des moyens lui permettant de renforcer sa politique en faveur de la création
cinématographique et audiovisuelle" ; la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD)
a jugé que ce gel n'était "pas compatible avec un service public fort, comme l'avait appelé de ses
vœux le président de la République (...). Cette stagnation des ressources ne peut permettre au
service public d'affirmer sa singularité face aux chaînes privées et de répondre à ses missions".
La Société des réalisateurs français (SRF) et la Société civile des auteurs multimédias (SCAM) et la
SACD, réunies au sein des Etats généraux de la création audiovisuelle, veulent relancer le débat
sur la suppression totale de la publicité sur le service public, pour laquelle ils militent depuis des
années. Outre une augmentation de la redevance pour la mettre au niveau des autres pays
européens, ils proposent l'instauration d'une sorte de taxe Tobin : un écot serait prélevé sur
chaque transaction publicitaire. Dans un marché qui a atteint 30,5 milliards d'euros en 2000, cette
taxe pourrait rapporter 1,5 milliard d'euros par an, soit, par exemple, les trois quarts du budget de
France Télévisions ou trois fois le budget de Radio France.