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On peut dire que ces "Bataves" ont eu accès à un moment ou à un
autre à toutes les rivières vinicoles, que ce soient les rivières
hollandaises ou l'Escaut belge, ou l'Adour, la Garonne, la Loire, la
Seine, le Douro ou le Guadalquivir.
Les Hollandais aimaient beaucoup les vins blancs doux, comme ceux
de Bergerac, du Sauternais et d'Anjou aussi.
A Bordeaux ils achetaient les vins blancs doux, auxquels les Anglais
préféraient de loin les rouges pâles ("claret"). Les Hollandais
préféraient sinon le vin noir de Cahors.
Les Hollandais exportaient également les vins (blancs doux) de Loire,
notamment ceux d'Anjou et de Touraine
Pour la consommation courante de l'Europe du Nord, ils se
ravitaillaient sur les côtes françaises, de Bayonne à Nantes.
Mais en fait ils achetaient leurs vins partout, même en Espagne, en
Aragon, avec laquelle ils étaient en guerre. Ils achetaient des vins
grecs du Péloponnèse, du vin de Crète et de Chypre, vins qui
voyageaient bien.
Il paraît que ce sont les Hollandais qui ont introduit dans la région
bordelaise un nouveau procédé pour bloquer la fermentation pendant
le transport: le soufrage (faire brûler une mèche trempée dans le
souffre dans les fûts avant de les remplir), probablement piqué aux
Allemands d'ailleurs. Mais cela s'appelait les "allumettes hollandaises"
quand même…
Pour des raisons d'économie, pour réduire le volume à transporter, les
Hollandais faisaient distiller les vins blancs, non seulement dans la
région de Cognac, comme vous le savez mieux que moi, mais aussi
en Armagnac. Ils y faisaient donc planter des cépages de blanc en
grande quantité.
Ainsi, dans la région actuelle du Muscadet, les hollandais firent planter
le Melon de Bourgogne, cépage convenant à la production de vins
blancs neutres, bon pour le "brandewijn" (brandy)…
Ces barbares de Hollandais se souciaient peu de la qualité, puisque
de toute façon, très souvent, ils aromatisaient lourdement le distillat en
ajoutant des baies de genièvre.
Ce sont –bien sûr – les Anglais qui ont plus tard exigé une distillation
soignée et un vieillissement convenable en fûts.
C'est encore les Hollandais qui aimaient mélanger des vins de
différentes régions pour les "améliorer"… par exemple en ajoutant du
Cahors ou du vin portugais au clairet, pour accommoder le goût
évoluant de leurs clients.
Après 1650 la concurrence et les guerres de et avec l'Angleterre et la
France mirent fin à la suprématie hollandaise.
Les Hollandais cherchaient alors à s'approvisionner ailleurs et allèrent
du côté de Jerez, de Malaga, d'Alicante, de Lisbonne et bien sûr de
Porto (1675).