Des thèmes surgissant du Théâtre de l`Absurde

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Des thèmes surgissant du Théâtre de
l’Absurde :
La solitude humaine et la cruauté dans Fin de
Partie et Les Bonnes
Eliza Preiswerk
Français 456 Yvonne Hsieh
Le mercredi 15 mars 2011
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Le théâtre qui date des années 50 se considère comme étant un “Nouveau”
théâtre. C’est à dire un théâtre qui s’éloigne du théâtre classique et qui se rapproche
d’un style “absurde” ou “avant-garde”. Des auteurs connu de cette époque tels que
Samuel Beckett et Jean Genet, exemplifient un style de théâtre ainsi de l’absurde. Les
pièces théâtrales de se genre traitent fréquemment de l’absurdité de l’homme et de
la vie en général, celle-ci menant toujours à la mort. Etant donné la période de ce
mouvement littéraire qui est reliée à la Seconde Guerre mondial, l’origine de cette
manière de penser est donc liée aux traumatismes causés par cet évènement
historique tragique. Cela fait donc ressortir des thèmes comme la solitude humaine
et la cruauté, présentes dans les pièces suivantes : Fin de Partie de Beckett et Les
Bonnes de Genet. Ces deux thèmes sont représentés de manières différentes dans
ses deux pièces qui traitent de sujets bien uniques. Fin de Partie met en scène quatre
personnages souffrants tous de handicapes physiques qui discutent de façon
‘absurde’ au sujet de la signification de la vie ; une pièce sans beaucoup d’action
mais avec beaucoup de dialogues philosophiques. En contraste, la pièce de Genet,
Les Bonnes, présente deux sœurs qui complotent le meurtre de leur patronne. Cette
dissertation va donc dévoiler les usages de ses deux thèmes présents dans chaque
pièce tout en considérant les similitudes et les différences.
Au sein de la pièce bien étrange et hors du commun de Beckett, Fin de Partie,
les relations entres les personnages peuvent être soulignées par des dialogues
remplis d’agression et de cruauté. Ce n’est pas une pièce très optimiste, bien qu’il y
ait plusieurs ressorts du comique intégrés, mais la mort est à plusieurs reprises
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évoquée comme l’est dans Les Bonnes de Genet. Ses sujets de conversations
morbides et dépressifs font ressortir le ‘sal caractère’ des personnages ; plus
précisément entre Hamm et son serviteur Clos, et aussi Hamm et ses parents
mourants, Nell et Nagg. Le décor de cette pièce met en évidence la cruauté que
Hamm tient envers ses parents : ceux-ci étant disposé comme des ‘ordures’ dans des
poubelles est d’une violence extrême :
« HAMM. – Boucle-le !
Clove enfonce Nagg dans la poubelle, rabat le couvercle. » (Beckett 22).
Hamm rabaisse ses parents à l’état de choses, comme des déchets dans un monde en
liquidation, et ils sont projetés d’être même foutu à la mer. Pareillement, dans Les
Bonnes, celles-ci dorment dans une « mansarde », un espace où elle n’imposent pas
et sont à l’écart et sont sans importance. La relation entre Nagg et son fils unique
Hamm est plutôt cruelle :
« HAMM.- Salopard ! Pourquoi m’as-tu fait ?
NAGG. – Je ne pouvais pas savoir.
HAMM. – Quoi ? Qu’est-ce que tu ne pouvais pas savoir ?
NAGG. – Que ce serait toi. » (Beckett 67).
Ce passage montre le manque d’amour et de compassion qu’éprouvent ses deux
personnages l’un envers l’autre et l’incroyable rancune, et intense amertume
qu’éprouve Hamm envers son père, ce « maudit progéniture ». Aucun des deux
personnages ne se retiennent de dévoiler leurs sentiments négatifs et le proclament
à haute voix. Ce rapport exposé de la cruauté est présentée dans ce passage où
Hamm parle ouvertement et négativement à propos de ses parents : « Oh je veux
bien qu’ils souffrent autant que de tel êtres peuvent souffrirent » (Beckett 15). La
cruauté est donc premièrement exemplifiée avec la tyrannie qu’un fils (Hamm)
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exerce sur deux vieillards séniles qui subissent passivement ses féroces colères. « De
Hamm aux vieux il n’y a que méfiance irritée, quand ce n’est pas la cruauté ou la
froide colère : « Mon royaume pour un boueux ! » hurle Hamm. (Beckett 36) »
(Serreau 100-101). Par contre, lorsque l’on s’aventure plus profondément dans la
pièce on peut remarquer que la haine de Hamm semble cacher un reste de tendresse
lorsque plus tard dans la pièce Hamm demande à Clov de s’assurer si son père est
encore en vie. Cette relation familiale d’amour/haine se retrouve aussi dans Les
Bonnes entre les deux sœurs. Elles se disputent sans cesse au sujet du projet de
meurtre. Leur relation est plutôt compétitive alors que la relation entre Hamm et
son père n’est simplement pas amical. On voit l’aspect concurrentiel entre les deux
sœurs dans ce passage, lorsque Claire dit à sa sœur : « Oh ! Quand je dis que je suis
lasse, c’est une façon de parler. N’en profite pas pour me plaindre. Ne cherche pas à
me dominer » (Genet 35). Bien qu’elles s’insultent à plusieurs reprises, il est évident
qu’elles s’aiment quand même (d’une façon incestueuse aussi) puisqu’elles ont un
lien de sang et veulent sortir de cette situation et compléter leur tâche ensemble. La
cruauté sort donc plus facilement envers les gens avec qui ses personnages sont le
plus proches.
Le rapport entre Hamm et son fidèle serviteur Clov est aussi teinté de
cruauté. Hamm maltraite Clov en le traitant comme objet et le faisant venir au coup
de sifflet qui est à la fois une torture physique et morale. Dans ce cas ci, la haine est
répercutée par Clov lorsqu’il rend à Hamm ce sentiment de haine viscérale. Il lui
ment perfidement et s’engage à lui refuser une sépulture en avouant son désir de le
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supprimer :
« HAMM. – Pourquoi ne me tues-tu pas ?
CLOV. – Je ne connais pas la combinaison du buffet. » (Beckett 20).
Cette relation entre maître et serviteur contient des impulsions
contradictoires de don et refus et d’appel et de rejet. « La tyrannie que Hamm exerce
sur Clov, la sournoise méchanceté de Clov à l’égard de Hamm font songer aux
férocités strindbergiennes » (Serreau 101). Le sentiment de cruauté surgit d’un
manque de socialisation avec le monde extérieur, et le sentiment d’enclos et de
prison où ses trouvent ses personnage. Cette expression est liée à la solitude
humaine qu’ils éprouvent. Cette relation est aussi présente dans la pièce de Genet,
Les Bonnes entre Madame et ses servantes. Lorsque les jeunes filles jouent le rôle de
Madame, Claire qui interprète Madame, n’arrête pas de donner des ordres à
¨Claire¨(Solange) tout comme le fait Hamm envers Clov : « Disposez de mes toilettes.
La robe blanche pailletée. L’éventail, les émeraudes » (Genet 17). Les ordres
imposés sur les serviteurs fait ressortir des pensées et des répliques cruelles, et
dans le cas des Bonnes résulte à la notion d’assassinat.
« Sacrées ou non, ces bonnes sont des monstres, comme nous-mêmes quand
nous rêvons ceci ou cela » (Serreau 122). La haine que ressentent ses deux jeunes
filles est si puissante que cela les démangent et qu’elles veulent absolument se
prendre les règnes en essayant de tuer Madame qui les traitent comme des ordures
comme l’est montré dans cet exemple : «Mais dépêchez-toi. Cours, voyons. (Elle
pousse Solange hors de la chambre.) Mes Fourrures ! Mais plus vite ! Vous êtes
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folles » (Genet 82). La manière dont les filles font ressortir leur rage est en jouant le
jeux et en se faisant passer pour Madame, pour pouvoir vocaliser leurs sentiments
réels envers celle-ci. Solange, qui joue le rôle de Claire vocalise très clairement sa
cruauté envers ¨Madame¨, jouée par Claire quand elle dit : « Je vous hais ! Je vous
méprise » (Genet 28). C’est donc leur façon de dégager leur colère, dans un monde
imaginaire ou toute la vérité peut être exprimée. La jalousie envers Madame
submerge les filles dans une tempête d’insultes : « Tu l’as vue ? Sa peine étincelante
des feux de ses bijoux, du satin de ses robes, des lustres ! » (Genet 51). Ce manque
d’interactions avec le monde extérieur tout comme dans Fin de Partie mène au
thème de la solitude humaine.
Le thème de solitude dans Fin de partie qui est représenté semblablement
dans Les Bonnes, surgit à de nombreuses reprises tout au long de la pièce. « Au
contraire, dans le Théâtre de Dérision l’aliénation s’impose presque comme une
maladie qui frappe Everyman au plus profond de son être » (Jacquart 78). Le fait que
ses quatre personnages se retrouvent dans un environnement qui semble être
l’après guerre, seuls face au vide, leurs donnent des pensées visées sur la mort et le
manque de contact humain. Dès le début de la pièce, Hamm déclare sa solitude
lorsqu’il dit dans son monologue « Clov ! Non, je suis seul » (Beckett 15). Hamm
mentionne aussi à plusieurs reprises le fait qu’il n’y a personne d’autre en dehors de
leur « enfer » solitaire :
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« CLOV. – Pourquoi me gardes-tu ?
HAMM. – Il n’y a personne d’autre » (Beckett 18).
Ce passage décrit à la fois la solitude éprouvée par les personnage et la cruauté
exprimée par Hamm envers Clov. Beckett utilise un langage pessimiste pour
représenter les émotions des personnages dans son œuvre. « Sans rejeter
totalement le langage, mais en limitant et en spécialisant son usage, Beckett
s’astreint à concrétiser la solitude, à la représenter dramatiquement, et à en faire
une expérience psychique et émotionnelle » (Jacquart 79).
Pour Beckett, l’aliénation est inséparable de la condition humaine, ce qu’il
démontre répétitivement dans cette pièce. Cela mène les personnages à se poser des
questions et d’essayer de comprendre leur raison de vivre, ou dans ce cas précis le
manque de raison valable de vivre. Cette notion peut être visualisée dans le passage
où Hamm ressent le sentiment d’une absence radicale dans le monde : « Je n’ai
jamais été là…Absent, toujours. Tout s’est fait sans moi » (Beckett 95). La solitude
est aussi représentée dans l’environnement qui entoure les personnages. Clov et
Hamm parlent de la nature et de l’extérieur qui paraît sans vie :
« HAMM. – La nature nous a oubliés.
CLOV. – Il n’y a plus de nature.
HAMM. – Plus de nature ! Tu vas fort. » (Beckett 23).
Pour continuer, Beckett fait une connexion de solitude en mettant en évidence la
séparation de la scène avec l’audience présente. Il met en valeur le sentiment de
solitude éprouvée et remarquée par Clov, qui sert de yeux pour Hamm qui est
aveugle. Clov remarque donc le manque de communication avec le public :
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« CLOV. – (Il descend de l’escabeau, ramasse la lunette, l’examine, la braque sur
la salle.) Je vois…une foule en délire. Alors ? On ne rit pas ?
HAMM. – Moi non.
CLOV. – Moi non plus. (Il monte sur l’escabeau, braque la lunette sur le
dehors.) Voyons voir. Zéro…(Il regarde)…zéro. » (Beckett 43-44).
Par ailleurs, le critique Matthew Davis décrit la relation entre le public et les
personnages sur scène : « The audience feels as neglected, or rejected, as the
onstage characters. Beckett creates of his fourth wall a two-way Mirror through
which the Audience-Creature Relationship of his performers, desperate for « eyes on
my eyes » (Happy Days 299), enact their solitude » (Davies). Bien que la solitude se
manifeste aussi dans Les Bonnes, cet aspect spécifique de la solitude liée avec le
public n’est pas du tout présent dans la pièce de Genet, Les Bonnes.
A travers la pièce Les Bonnes, la solitude est représentée dans le rôle joué par les
deux sœurs. Elles incarnent des bonnes qui veulent se venger sur leur maîtresse
trop égoïste et trop dure envers elles. Puisqu’elles sont traitées comme des vaut
rien, sans plus d’utilité que des simples servantes, elles se sentent seules face au
monde de la noblesse, ignorées et invisibles. « L’intelligence des deux accusées, leur
correction désespérée, leur fierté, leur solitude, leur passé irréprochable, la
tendresse amoureuse qui les unissait, de même que l’incapacité presque totale ou
elles se trouvèrent de justifier consciemment au tribunal leur soudaine rage
meurtrière…autant d’éléments dont Genet se souviendra en créant Solange et
Claire » (Serreau 123). Cette pièce rassemble aussi la solitude avec les actions
cruelles des bonnes, puisque ses deux thèmes vont mains en mains. Solange et Claire
se plaignent de leur vie sans signification ce qui est exemplifié lorsque Claire
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déclare : « Assez d’être l’araignée, le fourreau de parapluie, la religieuse sordide et
sans Dieu, sans famille ! J’en ai assez d’avoir un fourneau comme autel » (Genet 57).
Solange et Claire éprouvent beaucoup de dégoût pour leurs travail mondain et
voudraient être vues comme des femmes avec d’importance, comme le dit Claire :
« Je hais les domestique » (Genet 100). Elles veulent se faire remarquer, et sortir de
leur prison. Solange en particulier, rêve d’être connue même si cela veut dire avoir
une réputation d’assassine : « Laissez-moi sortir. Nous allons parler au monde »
(Genet 101).
Les deux pièces en question se ressemblent avec leur relation
maître/serviteur (Hamm et Clov) et (Madame et les Bonnes). Il existe un contraste
immense entre la noblesse de Madame et la pauvreté des bonnes qui n’est pas un
contraste que l’on retrouve dans la pièce de Beckett. Le critique Keith Botsford
donne une citation qui représente le point de vue des bonnes ; « cruelty
distinguishes strong from weak » (Botsford 88). Solange et Claire ont une envie de
se trouver plus futées et puissantes face à Madame qui reste ignorante devant la
rage des sœurs. Comme dans Fin de Partie, Madame et Hamm on plus de pouvoir et
donc peuvent contrôler leur serviteur qui ne peuvent rien faire contre. Lorsque
Madame dit : « Ma sensibilité m’a fait souffrir. Atrocement. Vous avez de la chance,
Claire et toi, d’être seules au monde. L’humilité de votre condition vous épargne
quels malheurs ! » (Genet 68), on retrouve le sentiment de cruauté mêlée à celui de
la solitude. Madame est incapable de comprendre ce qu’est être bonne, et pense que
les filles on une bien meilleures vie seules, sans complications de la vrai vie
extérieur.
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Les thèmes de la solitude humaine et de la cruauté sont ont une implication
importante dans chacune des deux pièces, mais parfois de manières différentes. La
solitude humaine et un thème qui surgit plus dans Fin de Partie entre les
personnages, et aussi en relation avec leur environnement. Par ailleurs, le thème de
la cruauté est bien plus frappant dans Les Bonnes puisque le but principal des filles
est d’exécuter un meurtre cruel envers leur patronne. Ces deux pièces contiennent
des manifestations exemplaires de la cruauté et de la solitude humaine, ce qui les
catégorise dans le genre du théâtre de l’absurde.
Mots : 2’392
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Œuvres citées :
Articles :
Botsford, Keith. « What’s Novel in The Novel ». 8. Vol : 82-92. Yale French
Studies, 1951.
Davies, Matthew. « In the Theater Plays of Samuel Beckett ». 51. Vol : 76-93.
University of Texas Press, spring 2009.
Plunka, Gene A. « Jean Genet’s Anti-Semitism : Fact or Fiction ? ». Vol.76, No.
3. The French Review, February 2003.
Livres :
Beckett, Samuel. Fin de Partie. Paris : Les Editions de Minuit, 1957. Print
Genet, Jean. Les Bonnes. Marc Barbezat-l ‘Arbalète, 2010. Print
Jacquart, Emmanuel. Le Théâtre De Dérision. Paris :Gallimard, 1974. Print
Serreau, Geneviè ve. Histoire Du "Nouveau théâtre.". 104. Vol. Paris: Gallimard,
1966. Print.
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