FIN DE PARTIE S. Beckett En quoi la pièce est-elle une réflexion sur le temps ? Fin de partie, est une pièce de théâtre du milieu du XXème siècle, qui s’intègre bien au mouvement du théâtre de l’absurde. Cette œuvre se base sur une notion de temps et d’espace, ressentie à travers le jeu des personnages. Quels sont les éléments qui constituent la réflexion sur le temps, présente dans cette pièce ? Dans un premier temps, nous étudierons la représentation de l’écoulement du temps, puis dans un second temps, nous nous intéresserons à la dimension infinie de l’attente des personnages, qui parcourt tout le texte. Au cours de la pièce, le temps s’écoule. Beckett a alors utilisé la représentation théâtrale, en étudiant la question sur le temps réel et le temps sur soi, en utilisant le temps théâtral. En effet, c’est en l’espace d’un temps d’une pièce de théâtre que l’action évolue de façon très lente. Ce temps est retransmis dans l’action des personnages, qui le vivent très lentement et mal. Au sein du texte, on retrouve diverses indications sur l’écoulement du temps. De nombreux éléments permettent de prendre conscience du passage du temps, mais leur accumulation divise l’unité temporelle en une attente infinie, figée. Est alors énoncé par Clov page 91, Zénon d’Elée « Ce vieux grec » qui définit un paradoxe auparavant. Ce paradoxe affirme donc qu’une flèche fini donc par atteindre sa cible, que l’on pourrait ici interpréter comme la fin de la vie de l’homme : la mort. La métaphore page 14 : « Les grains s’ajoutent aux grains, un à un, et un jour, et soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas », accentue cette idée d’écoulement lent du temps, qui aboutit à une fin. La mise en scène, laisse paraitre elle aussi un certain écoulement du temps. En effet, le leitmotiv « un temps » ne cesse de ralentir l’action, et est d’autant plus très récurrent. Hamm annonce page 58 : « je suis mon cours »; on distingue alors à travers cette métaphore avec le fleuve, le passage d’un temps. Ce fleuve qui d’ailleurs depuis Héraclite sert d’image au temps. Les personnages sont donc considérés comme temps eux-mêmes. Ce temps qui s’écoule de façon lente, transparait chez les personnages, comme chez les spectateurs une attente infinie… Dans Fin de partie, le temps prend une dimension infinie. En effet, une thèse énonce le temps comme divisible à l’infini. Mais le paradoxe de Zénon d’Elée, précédemment cité, s’oppose à cette thèse. En effet, il use de son paradoxe de la flèche pour prouver que pendant un court instant elle va rester immobile, et cela fausse donc le mouvement. De plus, la notion d’infini se retrouve à travers les personnages. Clov en a assez de Hamm qui raconte son histoire « depuis toujours » (pages 17, 18), et c’est d’ailleurs « toujours la même chose » ( page 32). La notion de temps dans le sens de repère dans la durée disparait. En effet, les personnages confondent le jour et la nuit ( page 83), et l’heure devient une heure éternelle : Clov « La même que d’habitude […] zéro » ( page 16). Cette partie qui se joue donc tout au long de la pièce semble être une partie interminable, la sortie des personnages semble être un échec. Clov dés ire « Gagner la sortie », mais en vain. L’indétermination de l’action est omniprésente. En effet, « La lumière grisâtre » citée dans les didascalies dit mal à quel moment de la journée on se trouve. De plus, l’indétermination temporelle engendre la mise en scène de la propre mort de l’homme. Le personnage de Hamm exprime bien l’angoisse de cette fin et de l’attente interminable : « Il est temps que cela finissent et cependant, j’hésite encore à (…) finir » (page 15). Elle est donc considérée comme un « enjeux » de cette « fin de partie » entre les personnages de Clov et Hamm. On retrouve page 93, une véritable interrogation sur la mort entre les deux personnages : Clov « Alors, comment veux-tu que ça se finisse ? » - Hamm « Tu as envie que ça finisse ? ». Pour finir, la fin de la pièce n’apporte aucune certitude et c’est sur le provisoire de cette « fin » que se baisse le rideau, le lecteur et le spectateur sont donc eux même jetés dans l’incer titude. Par conséquent, le sujet du temps, omniprésent au sein de l’œuvre, illustre l’image de la mort attendu par tous les hommes. Une certaine fin est attendue, mais le temps semble être un obstacle, par sa dimension infinie. De cette attente sans fin, née alors une indétermination qui laisse le lecteur, le spectateur, et les personnages dans une incertitude complète. Ce thème du temps, se retrouve chez Proust dans sa fameuse « Recherche du temps perdu » . Le style d’écriture, qui utilise de grandes et longues phrases, s’assimile à l’écoulement du temps et ralenti donc l’action, comme le leitmotiv « un temps », présent dans Fin de