Michel Vovelle, un peu plus jeunes, mais également ruralistes, eux aussi, choisirent de passer
par Paris 1, le premier avant de rejoindre le Collège de France, le second pour y terminer sa
carrière. Le choix fait par Duby, élu dès 1953 à Besançon, de quitter cette ville dès l’année
suivante est donc parfaitement lucide : il rejoint un milieu brillant, un fonds d’archives
important, dont il fait le meilleur usage, et il attire des étudiants. Il y a un Duby provençal,
que ses études sur les Hospitaliers, par exemple, illustrent à tous les sens du mot. L’enquête
qu’il réalise sur les possessions foncières de cet ordre lui permet de se situer par rapport à
l’école de Toronto et de s’insérer dans une histoire quantitative illustrée, en partie, par le père
A. Raftis.
Ses travaux, comme la liste de ses élèves à Aix, L. Stouff et N. Coulet, montrent
l’influence et l’importance de ce long séjour aixois qui n’est pas sans incidences à l’heure
actuelle : de façon un peu étrange, mais tout à fait explicable, les meilleurs spécialistes actuels
de l’histoire rurale provençale sont des élèves d’historiens formés par Duby, mais résidant au
Canada où sa postérité est importante, avec des ruralistes comme, par exemple, John Drendel
qui, en plus, est américain et qui a fait sa thèse de 3e cycle sous la direction de Noël Coulet.
Si, sur le plan institutionnel français, il est, dès son arrivée à Aix, en fait, au premier
plan, il en va de même à l’étranger où sa figure doit être associée à deux autres personnages
de première envergure : Michael Postan en Angleterre, à Cambridge, et Cinzio Violante à
Turin, avec lesquels, directement ou indirectement, il entretient un dialogue dès le début des
années 1950 : la publication de la thèse de Duby fut saluée par Violante qui, pour sa part,
venait de faire paraître ce maître livre qu’est son étude sur la société milanaise aux Xe et XIe
siècle. Postan, lui, qui avait vingt ans de plus que Duby, dirige dans les années 1960 les
prestigieuses séries de la Cambridge Economic History, que l’on refait seulement maintenant.
Les deux hommes s’accordent sur un point essentiel : la nature de la crise du bas Moyen âge.
En même temps que les historiens modernistes, ils construisent une théorie malthusienne ou
néo-malthusienne de la crise du XIVe siècle que l’on a beaucoup de mal à dépasser en France.
Ces hommes se rencontrent, se lisent et discutent. Ils le font au travers de lieux qui
sont à cette époque capitaux, comme Spolète dont les Semaines d’Etudes occupent une place
alors essentielle dans la composition du paysage historiographique international, à la fois du
fait de l’importance des sujets traités et de la qualité des exposés qui y sont donnés. On se
réfère encore au volume sur l’agriculture et le monde rural datant pourtant de 1966, même s’il
n’est plus guère utilisable. D’autres institutions sont également d’autant plus importantes que
les Français, alors, les dirigent. Il s’agit, par exemple, des congrès internationaux organisés
par la société internationale des historiens économistes. Tous fréquentent, quitte à se plaindre