F. Menant, L`historiographie de l`économie médiévale - ENS

F. Menant, ENS 2006-2007 et 2007-2008
Séminaire: « Eléments d’économie médiévale »
Révision janvier 2009
3-Pour une histoire de l’historiographie économique du Moyen Âge,
particulièrement en France
Les évolutions des thèmes de recherche .............................................................................................................. 2
Le jeu des influences : grands maîtres et circulation des idées entre disciplines ......................... 2
Le droit, la géographie : influences du passé ? ............................................................................ 2
La sociologie ............................................................................................................................... 2
L’anthropologie ........................................................................................................................... 3
Les 4 étapes de l’histoire économique en France depuis un siècle .................................................................... 3
Première étape : l'histoire positiviste ............................................................................................................... 3
-Deuxième étape : ouverture très large des champs d’intérêt et dominante économique et sociale, à
partir de la création des Annales et des livres de Marc Bloch (années 30). .................................................. 3
Troisième étape : à partir du milieu des années 70, la diversification des intérêts dans toutes sortes de
directions et l’influence de l’anthropologie ..................................................................................................... 5
4e étape de l’histoire économique du Moyen Âge, qui est en cours actuellement : le retour de l’économie
............................................................................................................................................................................ 7
JALONS BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................ 9
1- Jeux d’influences et choix historiographiques ................................................................................................ 9
Des maîtres influents : deux exemples : Verhulst et Hilton : ......................................................................... 9
La sociologie : .................................................................................................................................................... 9
L’anthropologie : ............................................................................................................................................... 9
2- La dominante économique et sociale, des années 30 à la fin des années 70 : ............................................... 9
L’influence de Marc Bloch ............................................................................................................................... 9
Le modèle moderniste ....................................................................................................................................... 9
Quelques thèses monographiques d’histoire rurale régionale..................................................................... 10
Thèses sur commerce et villes ........................................................................................................................ 10
De nouveaux thèmes ........................................................................................................................................ 10
Grands schémas interprétatifs ....................................................................................................................... 10
Croissance des Xe-XIIIe s., crise du XIVe : .............................................................................. 10
Incastellamento, encellulement : ............................................................................................... 10
Synthèses .......................................................................................................................................................... 10
3- A partir des années 70 : la diversification des intérêts et l’anthropologie historique ............................... 11
La « nouvelle histoire » : textes de méthode ................................................................................................. 11
Les grands médiévistes, vers l’événement, la biographie, l’histoire des femmes… ................................... 11
Anthropologie historique ................................................................................................................................ 11
L’exemple de l’évolution dans l’interprétation de la féodalité .................................................................... 11
Le cas de l’alimentation .................................................................................................................................. 11
Dans un domaine comparable, le vêtement ................................................................................................... 11
4- Tendances récentes et actuelles ...................................................................................................................... 12
N.B. : l’orientation bibliographique suit le déroulement du texte, § par §.
2
Les évolutions des thèmes de recherche
L’idée du séminaire : les domaines de recherche ont chacun leur histoire : naissent, évoluent, avec
des hauts et des bas. L’histoire économique (et sociale, mais c’est une histoire un peu différente
même si les deux sont étroitement liées), du Moyen Âge en particulier, est née pour l’essentiel entre
les deux guerres (la célèbre « école des Annales » en France), après de premiers éléments au XIXe
s. Commence avec Marc Bloch, qui établit cet a priori d’où vont sortir tous les courants de
l’historiographie par la suite : tous les champs de l'activité humaine méritent lame attention et sont
porteurs d'éléments explicatifs pour l'histoire de l'économie et de la société. La période actuelle le
début des années 2000- est marquée par un vigoureux regain d’intérêt pour l’économie médiévale et
pour l’histoire économique en général, qui rend d’autant plus intéressant le retour sur les voies et les
rythmes selon lesquels s’est développée -ou a reflué- au fil des générations précédentes la
connaissance de ce domaine.
Le jeu des influences : grands maîtres et circulation des idées entre disciplines
Comment se passent ces évolutions :
-jeu des influences =un professeur prestigieux dans sa discipline, modèle ses orientations : on va
parler de l’influence de Duby par ex. En Angleterre Rodney Hilton à Birmingham : analyse marxiste,
sujets économiques et sociaux, revue Past and Present. En Belgique Adriaan Verhulst. En Italie
Giovanni Tabacco et Cinzio Violante.
-influences aussi entre disciplines : Ces influences personnelles s’accompagnent de choix
historiographiques précis. Le marxisme comme pour Hilton- est pour l’histoire économique et sociale
médiévale l’exemple majeur, qui a profondément influencé l’historiographie, du Moyen Äge en
particulier, pendant la génération de l’après-guerre (1945-1975 environ) ; ennéral sous forme
implicite (ex. le déterminisme imposé par les conditions de production aux formes sociales et aux
autres domaines de l’activité ; la recherche d’une signification de conflit social dans les mouvements,
par ex. religieux : hérésies) ; l’historiographie marxiste officielle des pays communistes reste
cependant maladroite.
Le droit, la géographie : influences du passé ?
On peut aller au-delà dans l’approche de cette question (comment est-ce qu’un ensemble
d’explications, une façon d’aborder et de résoudre- un problème historique peut être influencé par
une théorie venue d’une autre discipline, souvent à l’insu de ses utilisateurs ?), en montrant l’influence
réciproque des sciences sociales. En France, l’histoire du droit a été relativement peu influente sur
l’histoire médiévale depuis un demi-siècle, après l’avoir été beaucoup ; mais elle reprend rapidement
de l’influence actuellement.
L’intérêt des historiens des générations précédentes pour l’économie passe surtout à travers
l’association traditionnelle entre histoire et géographie. Cette association traditionnelle entre
disciplines est un facteur important pour comprendre les orientations de la recherche dans le passé :
les historiens français ont très longtemps fait des thèses (= les « grandes thèse », qu’on mettait 15
ans à écrire) qui étaient des monographies sur la société et l’économie d’une région médiévale, à fort
arrière-plan géographique (tandis que les thèses de géographie comprenaient une partie historique) et
en insistant sur les conditionnements géographiques et le façonnement par l’homme des éléments
naturels, du paysage.
Cette proximité avec la géographie a aujourd’hui disparu de la recherche française : la
géographie elle-même a beaucoup évolué, et son influence sur les historiens est
remplacée par celle d’autres sciences sociales : à égalité, je dirais :
La sociologie
Pierre Bourdieu, fondamental pour beaucoup d’historiens français et d’autres pays ; par
exemple La distinction : expliquer une partie des comportements économiques par des
objectifs non économiques : acheter un cheval, dans une commune italienne du XIIIe
siècle, sert en bonne partie à faire savoir qu’on appartient à la partie la plus aisée de la
population ; toutes les penses de gaspillage répondent à des objectifs de distinction.
Les stratégies de distinction influencent fortement entre autres- les haut-médiévistes,
3
même non français : ex. l’origine des nations (Francs, Goths, etc.), considérée comme
bien moins ethnique que par le passé.
L’anthropologie
Explorée par Duby, pionnier en la matière dès les années 70 avec l’étude des structures de parenté.
Et déjà par M. Bloch avec Les rois thaumaturges, mais il ne l’a pas étendue à ses études
économiques et sociales, et l’influence de l’anthropologie sur l’histoire des sociétés et des économies
du passé n’a guère démarré qu’avec Duby dans les années 70. Un ouvrage-charnière, la thèse de R.
Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc, 1995.
On reparlera d’anthropologie à propos du marché de la terre, pour montrer sur un exemple précis
comment l’analyse d’un phénomène économique du passé peut croiser l’anthropologie et l’économie.
On peut aussi prendre l’ex. de la notion de don et de contre-don, utilisée par Barbara Rosenwein, To
be the neighbor, dont j’ai parlé la dernière fois : la réciprocité est une autre façon d’introduire le non-
économique dans l’économique (les moines reçoivent des terres, et donnent en échange des prières).
A travers Rosenwein en particulier, l’anthropologie influence tout un secteur d’études médiévales
jusque-très traditionnel, l’histoire du monachisme et de l’Eglise ; aujourd’hui Dominique Iogna-Prat,
Michel Lauwers… sur des pistes voisines : anthropologie ecclésiale en somme.
Les 4 étapes de l’histoire économique en France depuis un siècle
Un itinéraire historiographique qu'on retrouve dans beaucoup de domaines de la
médiévistique française, ou plutôt qui est celui d'un grand nombre de médiévistes français.
Première étape : l'histoire positiviste
De la fin du XIXe s. à l’entre-deux guerres : dominante politique et institutionnelle,
événementielle, les secteurs économiques et sociaux, pratiqués, sont cependant en général
secondaires (cf. leur place dans les grands manuels, et le goût du "grand public éclairé" :
biographies, livres anecdotiques) ; le rationalisme, le nationalisme doivent avoir une place
dans cette tendance hégémonique à établir les faits et à se concentrer sur l'histoire
politique. Le Moyen Âge n’est de toute façon pas assez bien connu pour pouvoir distinguer
l’évolution économique dans son détail. Les théories comme celle de Marx n’atteignent guère
encore les historiens.
Deuxième étape : ouverture très large des champs d’intérêt et dominante
économique et sociale, à partir de la création des Annales et des livres de Marc
Bloch (années 30).
C’est le tournant essentiel dans l’histoire économique (et pour bien d’autres domaines) :
Marc Bloch et les Annales (= années 30). M. Bloch exerce une influence décisive, en histoire
rurale (Les caractères originaux de l’histoire rurale française ; Rois et serfs et autres travaux
sur le servage ; et La société féodale) mais pas seulement : ses notes critiques dans les
Annales portent sur toutes sortes d’aspects de l’économie médiévale, dans des perspectives
extrêmement ouvertes : interdisciplinaires, inter-périodes, internationales. On ne saurait
surestimer cette influence de M. Bloch sur les façons de penser des historiens français (et de
quelques autres).
Parmi les thèmes qui s'offrent à cette génération des Annales, l'économique et le social,
traités quantitativement, l'emportent très largement : triomphent dans les années 50-70,
avec les grandes thèses d'histoire rurale par ex.
Deux remarques générales sur ce grand ensemble de travaux d’histoire économique :
- la période préférée : les XIIe-XIVe s. pour l’histoire agraire (= période d’essor, avant la
crise du XIVe) et pour les études sur le commerce et les villes la fin du Moyen Âge (XIVe-
XVe), parce que les sources sont plus abondantes et forment des séries : livres de
comptes des marchands, registres de notaires ; aussi parce que villes et commerce
atteignent alors leur maturité dans l’ensemble de l’Europe : il est par ex. difficile de
parler du grand commerce un peu partout en France avant le XIVe s., idem pour la
plupart des villes ; ex. les thèses sur le commerce maritime normand de Mollat, breton
de Touchard.
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- Le modèle : l’histoire économique française des XVIIe-XVIIIe s., fondée sur le
dépouillement de grandes séries : registres paroissiaux pour la démographie (Goubert,
Beauvaisis), comptes de dîme (Le Roy Ladurie, Languedoc), registres fiscaux, archives
marchandes… Comme les historiens modernistes, on croit aux chiffres, aux statistiques,
aux causalités économiques… Pour le haut Moyen Âge, la rareté des sources pose
toujours un problème de légitimité.
Parmi les grandes thèses d’histoire rurale : Fourquin, Le Roy Ladurie offraient il y a 40 ans le modèle
de thèse quasi unique… Les médiévistes français ont produit depuis 1945, et pendant un demi-siècle, plusieurs
dizaines de thèses régionales, plus ou moins sur le même plan et avec les mêmes problématiques.
Les études sur le commerce et la production artisanale, et sur la société urbaine, sont
également nombreuses à la même époque : Ph. Wolff sur les marchands de Toulouse, L.
Stouff et N. Coulet sur les villes provençales, M. Mollat sur le commerce atlantique, Y.
Renouard, Les hommes d’affaires italiens. Les dernières études de ce genre sont publiées
dans les années 70 : Racine sur Plaisance ; Balard sur la Romanie génoise, Hocquet sur le
commerce du sel vénitien.
Le chef d’œuvre des monographies d’histoire urbaine : La Roncière, Prix et salaires à
Florence, 1280-1380. Modèle insurpassable de l’analyse quantitative sur une documentation
sérielle. Florence est unique par ses archives, et La Roncière a utilisé des comptabilités. Ce
genre de recherche requérait 15 ou 20 ans de travail (sans ordinateurs !). La Roncière a
achevé sa thèse en 1975, à 44 ans, mais elle n’a été publiée qu’en 1982, alors que ce type de
travail commençait à susciter moins d’intérêt ; encore l’Ecole française de Rome n’en a t-
elle publié que les deux tiers : trop gros (ces deux tiers = 850 pages) ; la troisième partie
(L’influence de la ville sur la campagne) a été publiée en 2006 en italien, ce qui suggère un
renouveau de l’intérêt en Italie pour les questions économiques.
Je m’arrête un peu sur le livre de La Roncière, qui incarne la réussite la plus complète des
ambitions et des méthodes de cette génération (j’ai aussi une grande admiration pour
l’homme La Roncière) : de la « vraie » histoire économique, pure et dure, bourrée de
graphiques et de statistiques :
-1) prix et salaires = établissement et analyse des niveaux et de l’évolution des prix des
différentes denrées et des salaires que l’on peut atteindre assez peu, et pas les principaux,
en fait : notamment rien sur les salaires des ouvriers du textile, qui forment la masse de la
main d’œuvre ; c’est un bon exemple de la dépendance de l’histoire de l’économie médiévale
envers ses sources : ce qui est important dans la Florence du Trecento, c’est la production
de draps de laine, qui fait travailler des milliers d’ouvriers ; mais on n’a guère de comptes
d’entreprises textiles, et ils ne permettent pas ce genre de recherche (ils en ont suscité
d’autres, de permier ordre aussi, sur la condition ouvrière). En revanche on a conservé des
livres de comptes d’institutions religieuses, pitaux surtout : contiennent les salaires
versés aux ouvriers qui construisent les bâtiments, aux jardiniers C’est de ces sources
que se sert La Roncière pour établir des budgets-types de couples de travailleurs (j’en parle
ensuite)
-2) deuxième partie du livre : Formation des prix et des salaires à Florence : essaie d‘évaluer
le poids relatif dans la formation des prix des facteurs monétaires, démographiques,
climatiques, des problèmes du ravitaillement. On n’a plus rien écrit de tel depuis parmi les
médiévistes français, à la fois parce qu’il n’y a guère de sources équivalentes, et parce que le
goût de ce genre de travail a disparu avec la foi dans les chiffres, peut-être-.
Cette génération des années 60-70 prend aussi en compte des phénomènes jusque là passés
inaperçus : Villages sertés et histoire économique, 1965 (avec les premières fouilles
archéologiques d’habitats ordinaires) : c’est l’étude du reflux de l’habitat après la grande
peste du milieu du Trecento ; dans une veine voisine, la découverte des fortifications de
terre (mottes) par Michel de Boüard dans les années 60 –à l’aube de l’archéologie médiévale
moderne-, avec fréquente insertion dans un contexte économique : mottes liées à des
défrichements par ex.
Noter cependant la rareté des grandes enquêtes collectives (contrastant avec la façon de travailler
actuelle) : la thèse de doctorat d’Etat épuise les énergies et le temps des chercheurs ; quelques
congrès, autour d’un thème, en tiennent lieu mais pas vraiment- : Prato… De grandes enquêtes ont
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été lancées, notamment à la VIe section de l’EPHE (qui devient alors l’EHESS) : sur le sel par ex.,
mais elles tournent assez court.
La construction de grands schémas interprétatifs est une autre caractéristique de cette génération :
ex. : Congrès international des Sciences historiques de 1950 qui assoit le schéma de la crise du bas
Moyen Âge ; Duby (L’Economie rurale…) et Postan (Cambridge Economic History) : courbe de l’essor
de l’Occident 1000-1300 ; Toubert, l’incastellamento, repris par Fossier, l’encellulement de l’an mil…
De grandes synthèses à la fin des années 70 : Duby Economie rurale dès 1962 ; Duby lance les volumes de la
collection U, longtemps indémodables : Fossier Histoire sociale de l’Occident médiéval, Fourquin Histoire
économique …; encore Duby : Histoire de la France rurale, Histoire de la France urbaine (mais l’Histoire
éeconomique et sociale de la France ne commence qu’à la fin du Moyen Âge); en Angleterre, la
Cambridge Medieval History, mêmes années (60-70) ; en Italie, la Storia d’Italia Einaudi et ses Annali tiennent
une place un peu différente : les auteurs expriment des points de vue qui ne représentent pas la « pensée unique »
et peuvent être contestés, comme Philip Jones.
La synthèse majeure de cette tendance (même pour des médiévistes) : F. Braudel, Les
structures du quotidien (1967 dans sa première version, Civilisation matérielle et capitalisme ;
1979 dans la version remaniée comme premier volume de la série de trois volumes
Civilisation matérielle, économie et capitalisme) ; par sa date, son ampleur, la personnalité de
l'auteur (successeur de Bloch et Lucien Febvre, président de la VIe section de l’EPHE, très
influent dans l’institution universitaire aussi bien que dans les courants intellectuels), le
recours à la longue durée (et aux grands espaces : déjà dans sa Méditerranée à l’époque de
Philippe II, c’est à dire la 2e moitié du XVIe s.). Vu d'aujourd'hui, le grand livre de Braudel
prend l'allure d'une conclusion à cette phase économico-sociale et quantitative de la
recherche. Son titre permet d’évoquer une tendance de fond des années 70, la référence au
structuralisme (cf. aussi Les structures du Latium médiéval de Toubert), qui se traduit
assez loin de ses présupposés théoriques- par une analyse d’ensembles structurels dont on
montre les mécanismes, les relations internes, la fonctionnalité (ex. chez Toubert le castrum,
habitat fortifié, structure de la vie sociale et économique de la diterranée médiévale). Aux
antipodes de l’histoire événementielle (cf. le gommage de la guerre dans l’historiographie de
la genèse du castrum, alors que c’est malgré tout d’abord une forteresse), mais assez dans la
continuité des thèses régionales qui procédaient spontanément de façon voisine.
Troisième étape : à partir du milieu des années 70, la diversification des intérêts dans
toutes sortes de directions et l’influence de l’anthropologie
Cette diversification était déjà fléchée par l'école des Annales depuis Bloch, Febvre et
Braudel.
Grandes figures : Le Goff, Duby ; leurs intérêts se déplacent de l’histoire sociale et
économique (Duby L’économie rurale, Guerriers et paysans ; Le Goff La ville au Moyen Âge,
Les marchands, La bourse et la vie) vers l’approche anthropologique, la biographie quils
renouvellent (Guillaume le Maréchal de Duby, Saint Louis et Saint François de Le Goff),
l’histoire-récit (Bouvines de Duby), les femmes (Duby).
Un bon exemple de cette évolution des intérêts et des approches : trois études majeures sur
la féodalité :
- F. L. Ganshof, Qu’est ce que la féodalité ?, 1944 : c’est l’approche juridique traditionnelle,
décrivant les institutions féodales.
- M. Bloch, La société féodale, 1939 : un très grand livre. La date est plus ancienne que celle
du livre de Ganshof, mais en fait l'approche est plus moderne : analyse la société (et non pas
seulement les institutions) ; parle aussi des conditions économiques de ce système de
rapports sociaux (le prélèvement seigneurial).
- G. Duby, article : « La féodalité ? une mentalité médiévale » (années 70) : c’est la 3e étape :
l’analyse socio-économique laisse la place à l’histoire des mentalités,
- Et une 4e étape, dans le sillage de la « mentalité » de Duby : la féodalité se dissout en tant
qu’institution, dans une approche franchement anthropologique avec Barthélemy et Susan
Reynolds : les rapports féodaux ne sont plus qu’une des formes du lien social, l’autre forme
majeure étant la famille et l’échange des femmes. Cf . Anthropologie du prélèvement
seigneurial dans un domaine très proche.
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