Quand l`alarme sonne à 42 ans

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ACTUEL
LA PRESSE MONTRÉAL DIMANCHE 21 OCTOBRE 2007
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LES TROIS TUEURS MALADIES CARDIOVASCULAIRES
AILLEURS DANS LE MONDE
MORTALITÉ DUE AUX MALADIES CARDIOVASCULAIRES
(Taux par 100 000 personnes, standardisées selon l’âge, 2002)
106
118
141
176
JAPON
FRANCE
CANADA
SUÈDE
Source : Organisation mondiale de la santé
QUELQUES FACTEURS DE RISQUE, SELON LES PAYS
DIABÈTE
TABAGISME
en 2002
CANADA
FRANCE
JAPON
SUÈDE
OBÉSITÉ
en 2005
19,6 %
11,2 %
5,9 %
11,6 %
CANADA
FRANCE (2004)
JAPON
SUÈDE
en 2005
17,3 %
23 %
29,2 %
15,9 %
CANADA
FRANCE (2004)
JAPON (2004)
SUÈDE
Source : Éco-Santé 2007, OCDE
18 %
9,5 %
3%
10,7 %
Quand l’alarme sonne à 42 ans
PA S C A L E B R E TO N
C ’était en plein été. Berna rd
Duby jouait avec sa fillette quand
il a ressenti une vive douleur à
la poitrine. Il a tout juste eu le
temps de se rendre à l’hôpital
avant de s’écrouler, victime d’une
crise cardiaque. Il avait 42 ans.
Huit ans plus tard, M. Duby
sa it qu’i l l’a éc happé bel le.
L’infarctus qu’il a subi a été la
sonnette d’alarme qui l’a poussé
à reprendre sa vie en main. Sans
aucune séquelle.
D’autres n’ont pas sa chance.
L es maladies ca rdiovasculaires sont le plus grand tueur au
Canada, le deuxième au Québec
après le cancer. Elles sont responsables de 29 % de tous les décès.
Les plus meurtrières sont les
cardiopathies ischémiques ou
coronariennes. Surtout l’infarctus du myocarde, responsable de
16 % des décès.
Quand il a ressenti cette douleur à la poitrine, Bernard Duby a
immédiatement su que ce n’était
pas normal. La douleur était trop
intense. Il s’est dirigé vers l’hôpital le plus proche.
Sur place, l’infirmière au triage
a pris sa tension. Tout était normal. Il s’est rendu à l’inscription
pour obtenir sa carte d’hôpital.
C’est à ce moment qu’il s’est
effondré.
« Je suis tombé face contre terre.
J’ai fait un arrêt cardiaque, ce que
les médecins appellent une mort
subite. Quand je me suis réveillé,
c’était le branle-bas autour de
moi. Le médecin m’a rassuré sur
ce qui s’était passé. J’avais été
réanimé par électrochoc », se rappelle M. Duby.
Il s’en est bien tiré. Après une
semaine d’hospitalisation, il a
pu rentrer à la maison. Moins de
trois semaines après son infarctus, il était de retour au boulot.
La médecine a fait beaucoup
de progrès depuis une trentaine
d’années. Les décès dus à un
infarctus ont diminué de près
de 70 %. Les personnes qui se
présentent rapidement à l’hôpital,
comme M. Duby, ont un taux de
survie élevé. Le risque de mortalité est limité à 2 ou 3 %.
Mais tout n’est pas gagné. « L’un
des gros problèmes de la maladie
coronarienne est la mort subite,
c’est-à-dire un arrêt cardiaque
qui est généralement dû à un
infarctus », explique le Dr Martin
Juneau, cardiologue et directeur
de la prévention à l’Institut de
cardiologie de Montréal-ÉPIC.
Plusieurs ne reconnaissent pas
les symptômes et tardent à se
rendre à l’hôpital. Pour ceux-là, le
risque de décès est élevé.
« L a moit ié de s dé c è s pa r
infarctus arrivent avant l’hôpital. La douleur commence, mais
la personne ne la reconnaît pas.
Elle pense qu’il s’agit d’une indigestion. Quand elle appelle le
911, il est souvent trop tard. La
mort subite demeure un gros problème », explique le Dr Juneau.
Bien souvent, les personnes
au ront ressenti des douleu rs
PHOTO ANDRÉ TREMBLAY, LA PRESSE ©
Bernard Duby et sa fille, Marie-Lee. Il y a huit ans, une crise cardiaque dont il est heureusement sorti indemne l’a mené à transformer ses habitudes de vie.
dans les semaines précédentes.
M. Duby s’était ainsi présenté
da n s u ne c l i n ique méd ic a le
en se plaignant de malaise. Le
médecin lui avait recommandé
de prendre du Maalox, un médicament contre les brûlures d’estomac. Comme quoi même les
médecins ont parfois du mal à
poser un diagnostic.
Réapprendre à vivre
Les personnes qui font une
crise cardiaque demeurent souvent craintives dans les mois suivant l’incident. Les répercussions
se font sentir surtout chez les plus
jeunes. Plusieurs en viennent
même à faire une dépression, note
le Dr George Honos, porte-parole
de la Fondation des maladies du
cœur, cardiologue et directeur du
laboratoire non invasif à l’Hôpital
général juif.
« Les jeunes se sentent souvent
invincibles. Rares sont les hommes qui voient un médecin avant
l’âge de 45 ans. Soudain, ils ont
une douleur dans la poitrine et
se retrouvent avec une maladie
cardiaque à vie. Le retour à la
normale, que ce soit au travail,
avec la famille ou dans le couple,
est souvent difficile », explique
le Dr Honos.
Le risque de récidive dans la
première année est pourtant faible,
surtout chez les plus jeunes. Dans
la moitié des cas, le risque se situe
autour de 1%. Le risque augmente
ensuite avec l’âge, principal facteur
de risque des maladies cardiovasculaires. Il atteint de 10 à 12 %
chez les personnes très âgées.
Deu x types d’interventions
permettent d’agir dans les heures suivant une crise cardiaque
afin de débloquer les artères. Les
médecins procèdent à un pontage.
Ou encore ils installent un tuteur
(stent) pour dilater l’artère. Une
méthode moins invasive qui est
maintenant utilisée trois fois plus
souvent que la chirurgie.
Une fois l’urgence passée, la
majorité des patients doivent
apprendre à composer avec la
maladie cardiovasculaire pour
le reste de leur vie. Beaucoup
d’entre eux prennent des médicaments chaque jour pour limiter
les facteurs de risque comme l’hypertension ou le cholestérol.
À son cabinet, le Dr Honos voit
de plus en plus de ces patients. Il
en suit même certains depuis une
quinzaine d’années. « Désormais,
la mortalité baisse, mais la morbidité augmente. L a ma ladie
coronarienne est devenue une
maladie chronique », affirme le
cardiologue.
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Les maladies cardiovasculaires expliquées
PA S C A L E B R E TO N
Les maladies cardiovasculaires
sont les plus coûteuses au pays,
en hospitalisation, en morbidité
et en décès.
Elles englobent principalement
les accidents vasculaires cérébraux
et les problèmes cardiaques.
E n m a t iè r e d e p r o blè m e s
ca rdiaques, les ca rdiopathies
ischémiques – ou coronariennes
– entraînent le plus de décès.
Il s’agit d’un manque impor-
tant d’oxygénation du muscle
cardiaque parce que les artères
corona riennes qui mènent au
cœur sont rétrécies, parfois même
bloquées complètement.
Angine
L’angine apparaît lorsqu’une
artère commence à épaissir et
que le sang passe moins bien. La
personne ressent une douleur à la
poitrine pendant l’effort. La douleur peut irradier jusque dans le
bras, le cou ou la mâchoire mais
disparaît généralement lorsque la
personne est au repos.
Infarctus
L e blo c age c omple t d ’u ne
artère provoque l’infarctus aigu
du myocarde. La douleur est alors
semblable à celle de l’angine,
mais beaucoup plus intense et
accompagnée de transpiration.
Les médecins estiment qu’il
s’agit d’une des trois pires douleurs, avec les pierres au rein et
l’accouchement.
Dans le cas d’un infarctus, les
médecins doivent intervenir rapidement pour sauver le patient. Ils
procèdent souvent par pontage
coronarien ou angioplastie.
Pontage
Le pontage est une opération
visant à rétablir l’apport du sang
vers le coeur. L’oxygénation du
sang se fait moins bien parce que
l’artère est rétrécie. Le chirurgien
utilise le segment d’un autre vaisseau sanguin pour contourner
la section de l’artère bloquée ou
rétrécie et ainsi rétablir l’apport
du sang.
Angioplastie
L’angioplastie est une intervention non chirurgicale, maintena nt uti l isée plus souvent
que le pontage. Elle consiste à
introduire un cathéter ou tuteur
dans l’artère bloquée de façon à
la maintenir ouverte pour que
le sang puisse bien circuler vers
le coeur.
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