CURRICULUM Forum Med Suisse No5 30 janvier 2002 95
tonéaux, ou la fenestration de la gaine du nerf
optique sont le dernier recours en cas de me-
nace de cécité.
Hypotension intracrânienne
Les céphalées survenant en position debout et
disparaissant en position couchée, ou cépha-
lées orthostatiques, sont caractéristiques du
syndrome d’hypotension intracrânienne. Le
mal de tête survient typiquement dans les 15
minutes suivant le passage en position debout,
et s’améliorent dans les 30 minutes suivant
l’alitement. Il s’accompagne éventuellement de
nausée, vomissement, acouphène, baisse de
l’acuité auditive, photophobie ou diplopie. Les
symptômes objectifs peuvent être un ménin-
gisme ou des parésies du 6enerf crânien. A la
ponction lombaire, la pression est basse, pou-
vant même donner une ponction sèche, ne per-
mettant d’obtenir du LCR que par aspiration à
la seringue. Il présente une pleïocytose avec
augmentation des protéines, pouvant conduire
au diagnostic d’infection intracrânienne. L’IRM
montre parfois un déplacement caudal du tronc
cérébral. Après injection de produit de
contraste, il se produit typiquement une opaci-
fication supra- et infratentorielle dans la dure-
mère (pachyméningite) (fig. 1). Les leptomé-
ninges entre les sillons ne prennent pas de pro-
duit de contraste.
Une hypotension intracrânienne peut être
spontanée. Mais elle est beaucoup plus souvent
symptomatique, reflétant une fuite cryptique de
LCR, après ponction lombaire, anesthésie spi-
nale, traumatisme crânio-cérébral, crânioto-
mie, chirurgie vertébrale ou dans les fissures de
la dure-mère, une rhinorrhée de LCR ou des
shunts atrio-ventriculaires. Un déficit volu-
mique ou une hyperosmolarité font baisser la
pression intracrânienne. Les pathologies s’ac-
compagnant d’une baisse de la production de
LCR, ou d’une réabsorption accrue sont spécu-
latives, et certainement rarement en cause
dans l’hypotension intracrânienne.
Le traitement de l’hypotension intracrânienne
est ciblé sur celui de sa cause, p.ex. par ferme-
ture chirurgicale d’une fistule. Le traitement
symptomatique comprend alitement, patch de
sang autologue épidural, perfusions épidurales
de NaCl, ceinture abdominale, caféine et sté-
roïdes.
Céphalées d’effort
Les céphalées déclenchées à l’effort, ou à la
toux, sont pour la plupart bénignes et réagis-
sent bien aux bêtabloquants. Mais elles peuvent
également témoigner d’un processus expansif,
surtout de la fosse postérieure, d’une anomalie
transitionnelle crânio-cervicale ou de patholo-
gies rares, l’anévrisme basilaire fusiforme no-
tamment. Les céphalées lors de rapports
sexuels («coital headache») en font partie. Si la
douleur apparaît à l’orgasme, il s’agit de re-
chercher soigneusement une pathologie sous-
jacente, comme un anévrisme ou une hémor-
ragie sous-arachnoïdienne. Si elle survient
après l’orgasme, il s’agit dans la plupart des cas
d’une céphalée primitive bénigne.
Céphalées sur pathologies vasculaires et
troubles circulatoires
Les céphalées secondaires à des pathologies
vasculaires et troubles circulatoires sont relati-
vement rares, mais peuvent être le symptôme
dominant d’une thrombose veineuse, d’une ar-
térite à cellules géantes, d’une dissection ou
d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. Elles
accompagnent souvent une hémorragie céré-
brale et un infarcissement territorial important,
mais pratiquement jamais un infarcissement
cérébral lacunaire.
Dissections artérielles cérébrales
Les dissections concernent les hommes et
femmes jeunes et d’âge moyen. 80% touchent
les carotides, 20% les artères vertébrales, et
25% touchent plus d’une artère. Les dissections
intracrâniennes sont généralement très rares,
et touchent surtout les jeunes gens. Les trau-
matismes et vasculopathies telles que dysplasie
fibromusculaire ou syndrome de Marfan pré-
disposent aux dissections, voire les déclenchent.
Une dissection carotidienne se présente par
une douleur orbitaire, cervicale ou crânienne,
un syndrome de Horner et des symptômes hé-
misphériques ipsilatéraux (tabl. 2), parfois par
un acouphène pulsatile. La variabilité des défi-
cits neurologiques est importante, allant de
l’obstruction carotidienne asymptomatique à
l’infarcissement territorial médian complet.
Les déficits des nerfs cérébraux postérieurs du
même côté que les symptômes hémisphériques
Figure 1.
Hypotension intracrânienne spon-
tanée s’étant manifestée sous
forme de céphalée orthostatique. Sur
l’IRM en T1, une concentration patho-
gnomonique de produit de contraste
est visible dans les méninges
supra- et infratentoriels, et surtout de
la tente.