Chine. Des exécutions « conformes au droit » ? La peine de mort en Chine ASA 17/003/2004 - ÉFAI -
Introduction
Ce document décrit le parcours judiciaire qu’impose le système pénal chinois aux
personnes soupçonnées d’avoir commis un crime passible de la peine de mort,
depuis leur interpellation jusqu’à leur exécution, à l’aide d’exemples provenant
des recherches d’Amnesty International et d’informations parues dans la presse
officielle chinoise.
Il montre que tous les stades de la procédure pénale menant à l’exécution laissent
le champ libre à la violation de droits humains de l’accusé. Par exemple, le droit
de bénéficier dès la garde à vue et sans délai de l’assistance d’un avocat et celui
de disposer des moyens nécessaires pour préparer ensuite une défense sont
fréquemment ignorés ; le risque de torture ou d’autres formes de sévices afin
d’obtenir des « aveux » qui pourront être utilisés par un tribunal est omniprésent ;
les verdicts et les prononcés de jugements sont parfois établis par des comités
internes de l’appareil judiciaire, avant toute audience ; les accusés n’ont pas le
droit de contre-interroger les témoins lors des procès, qui sont souvent écourtés ;
un appel peut être rejeté après un examen sommaire de l’affaire par des juges
siégeant à huis clos. Les personnes déclarées coupables sont alors soumises à la
pire forme de châtiment cruel, inhumain et dégradant – l’exécution – et à la
négation de leur droit à la vie.
L’article 5 du texte d’application des Garanties pour la protection des droits des
personnes passibles de la peine de mort (ECOSOC, 1989/64) « prie instamment
les États membres de publier […] des renseignements sur le recours à la peine de
mort, y compris le nombre des personnes condamnées à mort, le nombre des
personnes effectivement exécutées [et] le nombre des personnes sous le coup
d'une condamnation à mort […] »
L’article 212-5 du Code de procédure pénale de la République populaire de Chine
(1996) précise que « l’exécution des condamnés à mort fait l’objet d’une annonce
publique […] »
La République populaire de Chine continue de considérer les chiffres relatifs à la
peine de mort comme un « secret d’État », en dépit des instruments acceptés par
la communauté internationale qui demandent à tous les États ayant encore recours
à ce châtiment de publier des statistiques sur le sujet.
Il reste donc impossible de savoir combien de personnes sont exécutées chaque
année en Chine. Depuis les années 90, Amnesty International publie un relevé
annuel (annual log) des cas de peine de mort et des exécutions dans ce pays,
établi principalement sur la base d’informations publiées par les médias.
L’organisation a par exemple enregistré un total de 1 060 exécutions en Chine en
2002, mais le nombre réel est certainement largement supérieur. Seule une
fraction des condamnations à mort et des exécutions est signalée au public ; de
plus, l’ampleur et la précision des informations, délivrées de manière sélective par
les autorités concernées, varient beaucoup d’une année à l’autre. Les chiffres
d’Amnesty International reflètent donc la quantité d’information disponible plutôt
que la réalité dans toute ses dimensions.