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Fiche pédagogique
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RITANNICUS
de Jean Racine
mise en scène de Jean-Louis Martinelli
Du vendredi 14 septembre au samedi 27 octobre 2012
Théâtre Nanterre-Amandiers – Salle transformable
Contacts scolaires
Aline Joyon
T 01 46 14 70 61
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horaires
du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30 (relâche lundi)
Les jeudis à 19h30
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Théâtre Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso
92022 Nanterre
RER Nanterre-Préfecture (ligne A)
Navette assurée par le théâtre avant et après les représentations
www.nanterre-amandiers.com
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Britannicus
De Jean Racine
Mise en scène Jean-Louis Martinelli
Scénographie Gilles Taschet
Lumière Jean-Marc Skatchko
Costumes Ursula Patzak
Coiffures, maquillages Françoise Chaumayrac
Assistante à la mise en scène Amélie Wendling
Avec
Agrippine Anne Benoît
Britannicus Éric Caruso
Néron Alain Fromager
Narcisse Grégoire Œstermann
Albine Agathe Rouiller
Junie Anne Suarez
Burrhus Jean-Marie Winling
Production : Théâtre Nanterre-Amandiers
Le texte Britannicus est publié aux éditions Gallimard, collection La Pléiade.
Durée : 2h10
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Jean Racine, auteur
Jean Racine (1639-1699) a reçu une formation janséniste au monastère de Port-Royal, une
institution exemplaire qui se distinguait par la qualité et la « modernité » de son enseignement.
Il est l’un des rares grands écrivains du XVII
eme
siècle à pouvoir lire dans le texte original les
auteurs tragiques grecs. Il fait ses débuts littéraires en composant des poèmes classiques
d’inspiration profane. En 1667, il crée Andromaque qui remporte un vif succès. Pendant les dix
années qui suivent, Racine écrit ses chefs-d’œuvre les plus connus.
En 1669, il met en scène Britannicus, une tragédie politique romaine sur les jeux et enjeux liés à la
quête du pouvoir (tyrannique). Cette pièce ne plaît guère aux nombreux partisans de Corneille qui
se déchaînent contre lui.
En 1670, Bérénice remporte un grand succès tandis que sa dernière pièce, Phèdre, est violemment
attaquée sur le caractère scandaleux de l’intrigue.
Malgré sa fidélité à la pensée janséniste, Louis XIV affecté par la mort du poète, autorise son
inhumation dans le cimetière de Port-Royal-des-Champs.
Œuvres pour le théâtre de Jean Racine :
La Thébaïde, tragédie en cinq actes et en vers, 1664
Alexandre le Grand, tragédie en cinq actes et en vers, 1665
Andromaque, tragédie en cinq actes et en vers, 1667
Les Plaideurs, comédie en trois actes et en vers, 1668
Britannicus, tragédie en cinq actes et en vers, 1669
Bérénice, tragédie en cinq actes et en vers, 1670
Bajazet, tragédie en cinq actes et en vers, janvier 1672
Mithridate, tragédie en cinq actes et en vers, 1673
Iphigénie, tragédie en cinq actes et en vers, 1674
Phèdre, tragédie en cinq actes et en vers, 1677
Esther, tragédie en trois actes et en vers, 1689
Athalie, tragédie en cinq actes et en vers, 1691
Britannicus
est une tragédie en cinq actes et en vers composée de 1 768 alexandrins. La pièce a
été représentée pour la première fois le 13 décembre 1669 à l’Hôtel de Bourgogne.
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Notes jetées avant le début des répétitions
« Enquête sur la nature et l’identité humaine aux prises avec les pulsions libidinales qu’elles
concernent le champs politique ou le champ de la passion amoureuse. »
***
« Il ne faut pas plus de quatre vers à Racine pour poser les deux protagonistes : un empereur
fuyant, et une mère impératrice, perdue, venant au chevet de son fils dont la chambre lui est à
présent interdite. La mère surprotectrice est privée de son rôle et cet aspect d’Agrippine est
fondamental. Double négation de l’existence d’Agrippine en tant que mère et en tant
qu’impératrice. »
« Il ne faut pas oublier que le grand Art de Racine réside dans l’avancée d’une intrigue, combinée
à la rotation des points de vue. Le rôle du metteur en scène, en ce cas, consiste à accréditer au
maximum les discours de chacun dans le temps de leur énonciation. N’anticipons jamais et
cheminons pas à pas en considérant toujours que chaque scène est autonome. La mécanique des
coulisses de la politique met en jeu des parcours multiples, des retournements successifs, des jeux
d’alliance changeants et instables, et les protagonistes sont tous inquiets de maintenir qui leur
influence, qui leur pouvoir. Par excellence le Palais demeure le lieu de l’intranquillité. Nous
voulons la rendre palpable, angoissante. »
***
« Quelque acteur que ce soit ne doit se trouver en situation d’avoir la sensation univoque de
délivrer une information. Si tel est le cas, c’est que la nécessité de parole n’est pas trouvée et qu’il
convient toujours, encore plus que pour d’autres écritures, de répondre aux questions « Pourquoi
je parle ? À qui je parle ? ». Le comment découlant des réponses à ces deux premières questions.
Sinon c’est la machine du langage, chez Racine la fameuse musique, qui prend le pas. Le sens
s’échappe et avec lui toute tension ou émotion. »
***
« Ne pas se laisser embarquer par la machine du langage. Rester dans le concret de la langue.
Dans ce théâtre, on ne parle jamais pour soi ou pour exprimer un sentiment. L’interlocuteur est
toujours hyper présent. On fabrique du discours pour modifier l’autre. Il y a quelque chose dans
les regards, comme le danseur qui ne peut garder son regard au sol. Il faut prendre le temps de la
langue. S’arrêter si nécessaire. Racine peut se jouer calmement et doucement… »
« Entre chaque acte la pluie, droite, vient se déverser au centre du plateau. La chute d’eau – chute
de rideau vient effacer le bruissement de la langue. L’écoulement de la langue laisse la place au
déversement des larmes des Dieux, absents et condamnés à pleurer sur le sort des hommes. »
***
« Le désir d’effacement de l’Autre est irraisonnable, il n’y a de place que pour un seul. L’unique
doit-il en passer par l’élimination physique de tous ceux qui sont porteurs de menaces ? »
***
« Le sujet amoureux dans le théâtre racinien, qui pourrait apparaître joyeux, excité, affolé, est
toujours présenté accablé, soucieux, en proie à un malaise et comme une bête prise au piège.
Lorsque Néron dit à Narcisse :
V.382 : « Narcisse c’en est fait, Néron est amoureux. », on comprend qu’il est trop tard pour que
le cours des évènements puisse changer… »
***
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« Même dans la sphère la plus intime, le tyran est capable de mentir et de se mentir. Ainsi Néron
recouvre la brutalité de son rapport à Junie sous le prétexte du sentiment amoureux. J’interprète
l’attitude de Néron comme le résultat d’une volonté calculatrice et manipulatrice plus que comme
un coup de foudre. Un vers à lui seul révèle l’état de l’excitation néronienne :
V.402 : « J’aimais jusqu’à ses pleurs que je faisais couler. »
L’émotion décrite par Néron pourrait faire penser à un rituel quasi sadique. Néron jouit de ce
spectacle et ne peut dire mot. La scène de déclaration amoureuse n’a pas eu lieu mais le coup de
foudre est lié à un fantasme érotique. Et c’est seul qu’il est condamné à rejouer la scène
amoureuse. La description de l’enlèvement de nuit de Junie a donc valeur de scène fantasmatique
qui déclenche le désir de Néron pour l’héroïne principale. D’ailleurs c’est bien en termes liés à
une représentation théâtrale ou cinématographique que Néron achève ce premier récit :
V.407 : « Mais je m’en fais peut-être une trop belle image. »
***
« Non seulement Racine nous amène au cœur des passions, en creusant les contradictions de la
sphère intime, en particulier dans les effets qu’elles peuvent avoir dans le champ politique, mais il
est aussi un maître du suspense. Tout simplement il nous oblige à avoir envie de connaître la suite
des aventures de ses héros. »
***
« Narcisse a peut-être été nommé ainsi par Racine non pour définir un trait psychologique du
personnage mais pour qualifier son attitude à l’égard des autres. Narcisse est celui qui flatte le
narcissisme de l’autre… Comme tous les conseillers des hommes de pouvoir Narcisse a l’art de
traîner dans les corridors, toujours en recherche de son maître ou d’une information à glaner. Il
entre en glissant Burrhus arrive franchement, parfois à contretemps, brutalement même…
Arrogance de ces deux conseillers à qui la proximité du lieu de décision du pouvoir suprême
laisse à penser que ce sont eux les dépositaires de ce pouvoir. »
« Nous ne pouvons réduire une œuvre classique à un simple commentaire de notre actualité,
même si les intrigues du Palais impérial romain n’ont rien à envier aux intrigues des Palais de la
République. Ce n’est pas l’actualité qui nous conduit vers la réalisation de ce Britannicus, mais bel
et bien Racine et l’histoire de Rome qui nous permettent une lecture active de l’actualité. Mais ces
rapprochements, le metteur en scène n’a pas à les induire, à les souligner. Ce serait réduire la
portée de l’œuvre qui chemine de Rome à aujourd’hui. Il n’a pas à faire le travail du spectateur car
s’il a bien mis en évidence les lignes de force de la pièce, c’est le spectateur qui cheminera des
Palais de l’Empire romain aux Palais de la République…
Si on parcourt l’histoire des mises en scène de Britannicus on se rend compte que certaines étaient
plutôt orientées sur la prise du pouvoir de Néron alors que d’autres s’attachaient davantage aux
comportements purement passionnels. Je crois qu’il ne peut s’agir d’opter pour l’une ou l’autre
ligne mais que l’intérêt de la pièce réside bel et bien dans l’observation de ces mécanismes qui
font que les comportements passionnels conditionnent la quête du pouvoir mais que son
exercice, pour se faire sereinement, exige la maîtrise des débordements de la passion. Par ailleurs,
la pièce traite de la naissance d’un tyran et non pas de la prise du pouvoir, et à ce titre, l’ensemble
des composants qui participent à créer cette naissance-là seront à prendre en compte (l’histoire
familiale, l’histoire de Rome, le public et le privé…). »
« Le fantasme est-il irréductible à toute forme de représentation ? Peut-être s’il s’agit de le figurer,
mais si la représentation a pour fin de cheminer des fantasmes raciniens à ceux du spectateur, la
démarche est possible. L’autre scène, en effet, est bien celle que fantasme le spectateur, voyeur
aux prises avec la catharsis. »
Jean-Louis Martinelli
juin 2012
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