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9. « Il est évident que ce drame, dans ses proportions actuelles, ne pourrait s’encadrer dans nos
représentations scéniques. Il est trop long. On reconnaîtra peut-être cependant qu’il a été dans
toutes ses parties composé pour la scène. » Victor Hugo, Préface de Cromwell, p. 102-103.
10. « Distinction fondamentale et qui permet de voir comment l’auteur ne se dit pas au théâtre, mais
écrit pour qu’un autre parle à sa place – et non pas seulement un autre, mais une collection d’autres
par un série d’échanges de la parole. Le texte de théâtre ne peut jamais être décrypté comme une
confidence, ou même comme l’expression de la " personnalité ", des " sentiments " et des
" problèmes " de l’auteur, tous les aspects subjectifs étant expressément renvoyés à d’autres
bouches. Premier trait distinctif dans l’écriture de théâtre : elle n’est jamais subjective, dans la
mesure où, de sa propre volonté, l’auteur refuse de parler en son nom propre […]. » Anne
Ubersfeld, Lire le théâtre I, 1977.
11. « BREDIF. – Il vous a emprunté cent cinquante mille francs… violemment, j’en conviens, mais il
vous a laissé toutes les autres valeurs de la liquidation… et vous avez continué les affaires !
Depuis huit ans, vous en avez fait d’énormes ! vous avez gagné… » Honoré de Balzac, Le Faiseur,
I, 1.
12. « LORD BROGHILL. - […] " Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, / Quelqu’un,
que lord Broghill autrefois chérissait, / Attend de grand matin ledit lord aux Trois-Grues, / Près de
la halle au vin, à l’angle des deux rues. " » Victor Hugo, Cromwell, I, 1.
13. « J’assiste à une représentation de Britannicus ou je lis le texte de la pièce, j’en suis l’action et je
tente d’écouter ce que la pièce indique " au travers d’elle-même ". Je vois l’empereur Néron
hésiter entre ses désirs et son devoir, je constate que la soif de pouvoir et la passion pour la belle
Junie convergent pour exiger le meurtre de son rival Britannicus, un meurtre que seul la maîtrise
de soi saurait empêcher (maîtrise de soi fort pratique, je m’en rends compte, car son défenseur,
Burrhus, la conçoit come le meilleur moyen dont dispose un souverain pour s’assurer le respect
de ses sujets). J’observe les deux conseillers, Burrhus et Narcisse, se disputer la conscience de
l’empereur, et à chaque étape de ce suspense moral, je ne peux pas m’empêcher d’espérer que le
pire sera évité. […] L’écoute prime donc […]. Je fais un effort supplémentaire d’écoute et je
constate que Néron n’est pas entièrement corrompu dès le début de la tragédie. Celle-ci met en
scène la naissance d’un monstre. Fort de cette intuition, ou bien informé -mais non pleinement et
définitivement éclairé) par la lecture de la préface de l’auteur, j’observe la perverse naïveté du
personnage et le caractère juvénile de sa méchanceté. Son désir démesuré de toute-puissance et
d’omniscience, si évident dans les scènes III à VII du deuxième acte m’effraie. Je réfléchis à
l’imprudence de Britannicus, à son " ardeur inquiète " (I, 3, v. 287), à la force d’âme de Junie qui
refuse d’obéir au tyran. Peu à peu, à travers le bruit – contenu – et la fureur – mesurée – de la
tragédie, j’entrevois quelque chose qui ressemble à l’élément spirituel dont parlait Hegel. À savoir
que le tyran est lui-même enchaîné à ses désirs et que, en dépit de son deuil, Junie est plus sûre
d’elle-même et, tout compte fait, plus libre que Néron. » Thomas Pavel, Comment écouter la
littérature ?, 2006.
14. « En effet il est possible de représenter les mêmes objets et par les mêmes moyens [la voix par
opposition à la musique, par exemple] tantôt comme narrateur – que l’on devienne autre chose
(c’est ainsi qu’Homère compose) ou qu’on reste le même sans se transformer –, ou bien tous
peuvent, en tant qu’ils agissent effectivement, être les auteurs de la représentation. » Aristote, La
Poétique, chapitre III.
15. « Il est bien vrai que l’auteur dramatique écrit son texte ; mais en même temps qu’il écrit, il
l’imagine dit et joué. Et c’est pour qu’il soit dit et joué qu’il l’écrit. » Pierre Larthomas, Le Langage
dramatique (1972), chapitre I.
16. « Mais aujourd’hui on ne s’installe plus dans un fauteuil pou apprendre ce qu’il adviendra
d’Agrippine, ni suivre à nouveau, même connus, les démêlés d’Œdipe, ni de Clov – pour eux-
mêmes, dans l’autonomie de leur fiction. On va au théâtre pour voir un spectacle, selon l’expression