Article d’intérêt général
RMC-2011 1
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Dans ce contexte, un arrêt des bêtabloquants avant une chirurgie majore le risque de
complications cardiaques. En revanche, l’administration des bêtabloquants en péri-
opératoire, en diminuant le risque d’ischémie myocardique, paraît justifiée individualiser
le risque opératoire et de respecter scrupuleusement les contre indications.
Les premières études publiées sur le sujet avaient montré des résultats très encoura-
geants. Malheureusement, elles comportaient plusieurs biais, un effectif restreint et
avaient été réalisées en monocentrique.
L
’étude POISE, (Peri-operatoire Ischemie Evaluation) (1), est la plus grande étude
randomisée ayant évalué l’intérêt des bêtabloquants en péri-opératoire en ayant inclus
plus de 8 000 patients.
Les critères d’inclusions étaient assez larges et les patients étaient randomisés en deux
groupes pour recevoir, soit du METOPROLOL (100 mg débuté 2 à 4 heures avant l’inter-
vention chirurgicale et poursuivi à dose fixe de 200 mg jusqu’à 30 jours après la chirur-
gie), soit en placebo.
Cet essai a montré l’efficacité des bêtabloquants pour diminuer le risque d’IDM péri-
opératoire (RR = 0,73; p = 0,0017) mais au prix d’une augmentation de la mortalité post-
opératoire (RR = 1,3), mortalité principalement en rapport avec des complications non
cardiaques et du risque d’accident vasculaire cérébral (RR = 2,2).
Une hypotension artérielle est survenue plus fréquemment dans le groupe bêtabloquant
ainsi que chez les patients ayant présenté un AVC.
L’augmentation de l’incidence des hypotensions et des bradycardies suggère clairement
un surdosage si la posologie n’est pas adaptée.
D
es arguments en faveur d’une administration des bêtabloquants en pré-opératoire
et titrée chez les patients à risque intermédiaire de complications ont été apportés par
l’étude DECREASE IV publiée en 2009 (2).
Cet essai randomisé et contrôlé a évalué le bénéfice du BISOPROLOL (et de la FLU-
VASTATINE dans le cadre d’un essai plan factoriel 2 x 2) débuté à distance d’une chirur-
gie non cardiaque.
Le traitement était débuté idéalement 4 semaines avant l’acte chirurgical à la posologie
de 2,5 mg/jr, dose augmentée par pallier de 1,25 à 2,5 mg pour obtenir une fréquence
cardiaque entre 50 et 70 bpm.