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Bêtabloquants
et
performance
Activités physiques brèves
et
intenses
Il y a
peu
d'impact
négatif
des
bêta-
bloquants
lors des efforts
de
type iso-
métrique
qui
ne
nécessitent
pas
une
augmentation
importante
du
débit
cardiaque
.
En
effet
,
lors
de
ce
type
d'exercice, les vaisseaux
intramuscu-
laires
sont
fortement
comprimés
lors
de
la
phase
de
contraction,
perfusant
faiblement
les
masses
musculaires
mobilisées.
Sur
le
plan
du
métabolisme
énergé-
tique,
ce
type
d'
effort
mobilise
les
fili
ères
de
type
anaérobie
,
peu
consommatrices de substrats apportés
par
la circulation (lipides, glucides).
Seule
la
vitesse
d'élimination
des
déchets
et
de reconstitution des stocks
énergétiques sera altérée, imposant des
phases
de
récupération plus longues.
Ceci souligne
l'importance
de
phases
d'échauffement
et
de
récupération
active.
Activités
physiques
de
longue
durée
Elles
imposent
certes
une
augmenta-
tion
majeure
du
débit
cardiaque,
mais
au
profit des territoires
muscu-
laires actifs.
Après
une
période
d'
adaptation
au
traitement
, grâce à
la
baisse des résis-
tances
périphériques
et
au
phéno-
mène
de
redistribution
vasculaire, il
n'est
pas
noté
de
baisse
significative
de
la
consommation
maximale
d'oxygène
ou
des capacités lors
d'une
épreuve
d'effort
(6).
Sur
le
plan
du
métabolisme
énergé-
tique, ces efforts
mobilisent
la filière
aérobie,
basée
sur
la
lipolyse
et
la
glycogénolyse.
Elle
sera
plus
ou
moins
perturbée
en
fonction
de
l'in-
tensité
et
de
la
durée de l'exercice :
un
footing
de
40
minutes,
effectué
à
60 %
de
V0
2
max,
se
déroulera
avec
aisance,
tandis
qu'une
course
d'en-
durance,
entamée
à
75
%
de
V0
2max,
risque
de
se
terminer
au
pas.
Cardio
&
Sport
• n°2
Mais
il
n'est
pas
rare
de
rencontrer
des
marathoniens
sous petite dose de
bêtabloquants.
Les modifications induites soulignent
l'intérêt
de
réaliser
une
épreuve
d'ef-
fort
avec
analyse
des
échanges
gazeux
lors
de
la
prescription
des
activités
physiques
.
De
plus,
il
est
difficile d'
utiliser
les
règles
classiques
de
prescription
:
exprimer
l'intensité
des
activités
en
pourcentage
de
la
FMT
(Fréquence
Maximale Théorique). Les seuils ven-
tilatoires
et
leur
correspondance
en
fréquence
cardiaque
(FC)
seront
ici
très utiles (7).
Activités physiques
en
compétition
Toute
compétition,
y
compris
contre
soi-même,
est
stressante,
avec
son
cortège
de
sueurs
froides,
tremble-
ments,
tachycardie
... Le
remède
miracle
serait-ille
bêtabloquant?
C'
est
pourquoi
les
bêtabloquants
font partie des produits interdits
dans
certaines
disciplines
(tir,
saut
à ski,
automobile)
et
sont
inscrits
en
tant
que
substances
dopantes.
Comme
pour
tout
traitement,
le
médecin
est
souverain
,
mais
devra
accompagner
sa
prescription
d'une
autorisation
à
usage
thérapeutique
(AUT).
La
prescription
thérapeutique
Comme
pour
tout
médicament,
il
faut tenir
compte
d'éventuelles modi-
fications
de
la
pharmacocinétique
:
l'entraînement régulier influence l'ab-
sorption
digestive
par
modification
des circulations gastro-intestinales
et
du
temps
de
transit.
De
même,
le
volume
de
distribution
est
modifié
(pourcentage
de
masse
maigre,
pour-
centage
de
masse
grasse,
augmenta-
tion des protéines plasmatiques
et
du
volume plasmatique). De
pl
u
s,
la clai-
rance
hépatique
est majorée.
Ceci souligne la nécessité de
person-
naliser le
traitement
(8)
et
de
rappeler
au
patient
qu'une
bonne
hydratation
est
indispensable.
8
>
Les
bêtabloquants
en
pratique
sportive
Trois
points
sont
à retenir.
1.
A
chaque
fois
qu'ils
sont
néces-
saires, savoir les
prescrire
dans
leurs
indications.
2.
La
prise
de
bêtabloquants
ne
contre-indique
pas
la
pratique
des
activités physiques.
3. Les
bêtabloquants
sont
interdits
en
compétition
(sauf AUT).
Au final,
chez
un
sportif,
à
chaque
fois
que
cela est possible
et
à bénéfice
thérapeutique
équivalent,
il
convient
de privilégier
un
autre
traitement.
1
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