Plusieurs données de la
littérature prêtent aux bêta-
bloquants une protection car-
diovasculaire moindre que
celle des autres classes anti-
hypertensives.
L’efficacité des bêtablo-
quants n’est pas remise en
cause dans les autres indica-
tions, notamment dans le post-
infarctus et dans l’insuffisance
cardiaque.
Il n’y a pas à proprement
parler d’effets délétères des
bêtabloquants chez l’hyper-
tendu, ni cardiovasculaires,
ni autres.
L’infériorité des bêtablo-
quants en matière de pré-
vention cardiovasculaire
concerne essentiellement, si
ce n’est exclusivement, l’até-
nolol. Étant donné l’absence
d’indication de l’aténolol dans
le postinfarctus et dans l’in-
suffisance cardiaque, peut se
poser la question de l’intérêt
de poursuivre les prescriptions
d’aténolol.
Certains patients, notam-
ment les plus jeunes, n’ont
peut-être pas de préven-
tion cardiovasculaire moin-
dre avec les bêtabloquants
qu’avec les autres drogues
antihypertensives.
Les nouveaux bêtablo-
quants semblent avoir des
propriétés physiopathologiques
qui feraient que leur propen-
sion en matière de prévention
cardiovasculaire serait supé-
rieure à celle de l’aténolol. Les
essais cliniques sont en cours
de réalisation.
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... Points forts ...
Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. V - n° 3 - juillet-août-septembre 2007
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MISE AU POINT
Les bêtabloquants
dans l’HTA
Betablockers in hypertension
❒ J. Blacher*, N. Maufroy*, T. Kondo*, P. Iaria*,
B. Tournier*, M. Safar*
* Unité hypertension artérielle,
prévention et thérapeutique cardiovasculaires,
centre de diagnostic et de thérapeutique,
Hôtel-Dieu, Paris.
L
es bêtabloquants sont parmi les premières
drogues utilisées en pathologie cardio-
vasculaire ; en effet, le propranolol a été
prescrit pour la première fois il y a environ un
demi-siècle. Décennie après décennie, les indi-
cations des bêtabloquants se sont élargies. Tout
d’abord antihypertenseurs, les bêtabloquants
ont été prescrits dans les troubles du rythme
cardiaque, dans le postinfarctus, à la phase aiguë
de l’infarctus du myocarde, dans la migraine,
dans l’hypertension portale, en périopératoire
d’une chirurgie à risque cardiovasculaire élevé
ou encore, plus récemment, dans l’insufsance
cardiaque.
Pourtant, ces dernières années, les bêtablo-
quants sont montrés du doigt ; ils auraient des
effets délétères, notamment chez les hyper-
tendus, et ne devraient peut-être plus être pres-
crits en première intention dans l’hypertension
artérielle (HTA).
Les données scientiques sur lesquelles reposent
ces afrmations sont-elles robustes ? Ces inquié-
tudes concernent-elles tous les bêtabloquants ?
Potentiellement dans d’autres indications que
l’HTA ? En traitement de première intention seule-
ment ou aussi en association ?
Nous allons revoir au l de cet article les données
actuelles de la science pour tenter de répondre à
ces questions et de déterminer si ces inquiétudes
sont fondées.
Mots-clés : Bêtabloquants – Hyper-
tension – Recommandations – Prévention
cardiovasculaire – Méta-analyse – Hété-
rogénéité de classe.
Keywords: Betablockers – Hypertension –
Guidelines – Cardiovascular prevention –
Meta-analysis – Class heterogeneity.
les IndIcatIons des bêtabloquants
en pathologIe cardIovasculaIre
Les bêtabloquants possèdent plusieurs indica-
tions majeures en pathologie cardiovasculaire
(1)
.
Ces indications sont sous-tendues par des études
leur conférant des niveaux de preuve plus ou
moins élevés.
Dans le cadre de l’infarctus du myocarde
L’utilisation des bêtabloquants à la phase aiguë
est sujette à controverse
(1)
; néanmoins, dans le
postinfarctus, il est tout à fait indiscutable que les
bêtabloquants réduisent la mortalité. La réduc-
tion relative du risque est de 23 % dans la méta-
analyse de Freemantle et al.
(2).
Il est d’ailleurs
intéressant de noter que, dans cette analyse, la
mortalité était réduite avec l’acébutolol, le méto-
prolol, le propranolol et le timolol, mais non avec
l’aténolol. Notons aussi que la réduction du risque
est tout à fait comparable à celle obtenue par des
traitements plus “modernes”, les antiagrégants
plaquettaires ou encore les statines.
Avant l’infarctus, chez les patients angineux, il
y a de nombreuses données dans la littérature
montrant que les bêtabloquants réduisent les
symptômes de la maladie angineuse ; néanmoins,
il n’a pas été démontré que les bêtabloquants
sont supérieurs aux autres antiangineux, et il
n’a pas été clairement démontré non plus qu’ils
réduisent le risque de passer de la maladie angi-
neuse à l’infarctus du myocarde.
Dans l’insufsance cardiaque
Les bêtabloquants, après avoir été longuement
contre-indiqués dans cette indication, sont
devenus l’une des pierres angulaires du trai-
tement de cette redoutable pathologie. Cette
indication est la plus récente des bêtabloquants ;
elle existe depuis une dizaine d’années. Il est