La ‘ Fourmiliere Bulletin de liaison des Equipes Populaires Depuis quelques années, la pub par téléphone prend de l’ampleur. Cela va de pair avec le développement des télécommunications. Le marketing à distance (dont le démarchage téléphonique) représente un créneau d’activités en pleine expansion. Il est donc à craindre que cela ne fera qu’empirer. Au grand désespoir du consommateur qui suppor te de moins en moins cette agression publicitaire. L’objectif de l’action des Equipes Populaires : dénoncer les pratiques douteuses du démarchage téléphonique et exiger une régulation par les pouvoirs publics. Au cours de cette campagne, nous défendons deux revendications : • Nous demandons que la liste Robinson soit gérée par les pouvoirs publics (et non par une agence commerciale de marketing) et que son effet s’étende à toutes les entreprises commerciales. • Lorsque quelqu’un s’inscrit sur la liste Robinson, nous demandons que ce choix soit rendu visible par un astérisque dans l’annuaire téléphonique. La pub ? Notre Cerveau n’est pas à vendre Equipes Populaires • Rue de Gembloux 48, 5002 Namur. • Tél. 081/73.40.86 • [email protected] • www.e-p.be Supplément à Contrastes no 126, Mai-Juin 2008 ! e h c n a r b é Je d Le téléphone, c’est bien pour bavarder, se renseigner, demander un service… … pas pour que notre espace privé devienne un centre commercial ! Le démarchage téléphonique, ça suffit ! Tout sur la campagne des Equipes Populaires : www.cerveaupasavendre.be • 081/73.40.86 DEMARCHAGE TELEPHONIQUE Une pratique en pleine expansion Ca arrive généralement au moment où vous vous apprêtez à faire quelque chose comme verser les spaghetti pile “al dente” dans la passoire. DRIIIING ! Vous sursautez, lâchez casserole et passoire, vous courez empoigner le cornet de téléphone : “Allo ?” “Madame XXXX ?” “Heu oui …” “Bonjour, Madame XXX, mon nom est Vanessa de la société NBSJFDK (le nom est prononcé à toute vitesse et probablement sans remuer les lèvres). Je vous appelle parce que j’ai le plaisir de vous annoncer que votre nom a été tiré au hasard et que vous venez de gagner …”. Bon. Vous avez compris. Ce sont EUX. Et comme la dernière, l’avant-dernière et l’avant-avant-dernière fois, vous hésitez entre le merci poli et froid, et l’expression d’une rage nettement moins polie. Mais vous vous rappelez (ou elle vous rappelle) que c’est pas sa faute, à la dame, elle fait son job. Et vous essayez donc d’en finir avec cette communication intempestive le plus dignement possible. Finalement, vous raccrochez, les nerfs plus ou moins en pelote, pour courir sauver le souper. Jusqu’au prochain appel. Dans une heure, ou demain soir, ou ce week-end. Car ils n’ont pas d’heure et pas de jour. Et votre salon est leur domaine de prédilection. Eux, ce sont, bien sûr, les démarcheurs par téléphone. Le démarchage par téléphone est une façon de faire de la publicité. Quelle que soit la méthode utilisée, il s’agit tout simplement d’inciter le client à consommer. Comme le montre le petit exemple classique ci-dessus, le vendeur qui appelle essayera le plus souvent de capter l’intérêt de son interlocuteur par une offre alléchante et utilisera une formule d’accroche qui rend le refus direct difficile. Si on vous annonce que vous avez gagné un lot ou un voyage, ou encore que vous êtes invité à une dégustation ou à un salon d’exposition, pourquoi en effet refuseriez-vous d’emblée ? Certaines pratiques sentent même franchement l’arnaque, comme nous allons le voir. Mais dans tous les cas, le but poursuivi est de pousser à l’achat dans des conditions où le consommateur n’a pas le temps de réfléchir, de raisonner, de choisir… Publicité non sollicitée De manière générale, la publicité est devenue aujourd’hui une véritable plaie et une pollution. Les spécialistes du marketing eux-mêmes sont nombreux à s’en plaindre, eux qui ne savent plus comment faire ressortir leur spot ou leur affiche parmi le flot de publicités qui envahissent quotidiennement les médias, la rue et même l’espace privé des individus. Une personne qui habite un centre urbain est susceptible de capter entre 350 et… 2000 publicités, depuis le panneau géant sur le trottoir en passant par la Tv, la radio, le dernier événement sportif ou culturel sponsorisé, Internet ... En particulier, le démarchage par téléphone représente une véritable intrusion dans l’espace de vie privé et il est souvent vécu comme une agression. Au point qu’on hésite à décrocher quand le téléphone sonne. “J’ai un téléphone qui affiche le numéro ou indique s’il est masqué ou privé, explique Catherine. J’ai pris le réflexe de regarder d’abord avant de décrocher et si c’est ‘privé’, je Gérer des fichiers d’adresses, un vrai métier Si une entreprise veut faire une campagne de marketing direct, elle doit d’abord déterminer sa cible. Elle établira donc un profil (ex. hommes actifs 25-35 ans, célibataires, habitant Liège). Ensuite, il lui faut trouver les coordonnées des personnes ciblées. Pour cela, elle peut se faire aider par une firme spécialisée : un courtier en fichiers ou un producteur d’adresses. Le courtier en fichier fonctionne comme un agent immobilier qui sélectionne pour le client le type de logements susceptibles de correspondre à ses critères. Sauf que dans ce cas-ci, il s’agit de déterminer des listings d’adresses, à partir des fichiers clients récoltés auprès des entreprises. Le producteur d’adresses, lui, crée, gère et alimente ses propres fichiers à partir de listes publiques : l’annuaire mais aussi des listings de membres d’associations professionnelles, par exemple. 2 Fourmilière Mai - Juin 2008 LA PUB ? JE DEBRANCHE! prévoit le consentement préalable du client. C’est ce qu’on appelle le système de “l’opt-in” : vous ne recevrez de publicité d’une entreprise que si vous avez formellement accepté d’en recevoir. A l’inverse, dans une logique d’ “opt-out”, les messages à caractère publicitaire peuvent être diffusés librement, sauf si le consommateur a expressément manifesté son refus d’en recevoir. Pour cela, la méthode la plus fréquente consiste à s’inscrire sur des listes, qui ont été mises en service dans ce but. En Belgique, on privilégie généralement le système de l’opt-out. En contrepartie, notre pays bénéficie d’une législation assez avancée en ce qui concerne la protection du consommateur(1). préfère ne pas répondre. Mais je suis sûre que je rate des appels de personnes que je connais, à cause de ça”. Depuis quelques années, la pub par téléphone prend de l’ampleur. Cela va de pair avec le développement des télécommunications. Le marketing à distance représente un créneau d’activités en pleine expansion et voit apparaître de nouvelles spécialisations et de multiples sociétés : on pense aux call centers, mais aussi aux bureaux de courtage qui organisent le traitement des données “clients” pour des campagnes de marketing. Il est donc à craindre que cela ne fera qu’empirer. Mais est-ce bien dans l’intérêt du consommateur ? Si vous décidez d’acquérir un bien d’une certaine importance, par exemple un frigo, ou un service comme le raccordement à Internet, il est fort probable que vous voudrez d’abord obtenir des renseignements sur les prix, la qualité, les variantes qui existent sur le marché. Vous vous rendrez dans plusieurs magasins ou vous demanderez qu‘on vous envoie de la documentation. Dans ce cas, vous sollicitez des messages commerciaux qui vous intéressent. Mais nous recevons aussi chaque jour toutes sortes de publicités que nous n’avons pas demandées. C’est ce que l’on appelle de la publicité non sollicitée. Elle sert surtout l’intérêt de l’entreprise qui promotionne ses produits. Le démarchage téléphonique est évidemment de la pub non sollicitée. La publicité par mail est mieux protégée que celle par téléphone Du point de vue de la législation, il existe deux approches en matière de publicité non sollicitée. La première Des dispositions spécifiques ont été prises pour éviter les abus du marketing lorsque celui-ci s’opère par communication à distance. C’est-à-dire par téléphone, par fax ou encore par mail. Ici il faut se référer aussi à la législation sur la protection de la vie privée. En effet, ces techniques nécessitent l’utilisation de données personnelles. Il s’agit donc de garantir que celles-ci ne sont pas utilisées n’importe comment, au détriment de la personne. Il y a pourtant une chose curieuse, dans l’approche du législateur à ce sujet. En effet, la loi belge sur la protection de la vie privée se réfère notamment aux articles 8 et 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamen- Le démarchage téléphonique pas bienvenu partout Nous l’avons vu, en Belgique, le démarchage par téléphone est autorisé a priori. Mais qu’en est-il dans d’autres pays ? Une étude européenne datant de 2003 permet de constater que si la Belgique partage l’approche “opt-out” avec d’autres pays comme la France, la Suède ou le Royaume-Uni, en revanche, l’Allemagne, l’Italie ou l’Autriche considèrent la publicité par téléphone comme une pratique déloyale si le consommateur n’a pas d’abord marqué son accord. Il n’est donc pas utopique d’espérer inverser la vapeur chez nous aussi ! Fourmilière Mai - Juin 2008 3 DEMARCHAGE TELEPHONIQUE Les call centers... tales. Cette convention date de 1950. Entre autres choses, le texte consacre le droit “de ne pas être dérangé par certaines techniques de communication de nature particulièrement importune”. En regard de cette disposition et face à l’évolution des techniques et des pratiques commerciales, il a fallu adapter les législations, tant européenne que nationales, sur la protection du consommateur. C’est ainsi qu’une directive européenne de 1997 interdisait déjà le marketing via le fax et les automates d’appel, à moins que le consommateur ne l’ait expressément demandé. Par la suite, la Commission européenne constata que de nombreux Etats membres – mais pas la Belgique - avaient adapté leur législation pour offrir des protections supplémentaires en ce qui concerne les e-mails. Pour ce type de communication à distance, c’est désormais également l’approche “opt-in” qui prévaut, et l’envoi de messages commerciaux par e-mails est donc interdit sauf accord formel du consommateur. La Commission européenne a produit en 2003 une directive qui oblige tous les pays à se conformer à cette approche. Ce que notre pays a fait(2). En Belgique, dans la catégorie des messages commerciaux adressés à distance, on peut donc constater que le choix entre l’approche “opt-in” ou “opt-out” varie selon le canal utilisé. La publicité par fax, automates d’appel et mail est aujourd’hui bel et bien considérée comme particulièrement inopportune. Mais celle que l’on subit par voie téléphonique ne l’est pas (encore ?). (1) Loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques de commerce et sur l’information et la protection du consommateur, en particulier la section 9, qui a trait aux contrats à distance (2) Loi du 11 mars 2003 sur le commerce électronique. Pour réaliser leurs campagnes de marketing direct, les entreprises passent le plus souvent par des calls centers. Ces sociétés connaissent aujourd’hui un développement très important et très varié dans le monde. La Belgique n’y échappe pas. Mais quelle que soit leur taille, les centres d’appels sont une inquiétante illustration d’une nouvelle culture du travail fondée sur la flexibilité, l’insécurité de l’emploi, le stress et un turn over (remplacement des travailleurs) impressionnant. n 2001, la société multinationale Sitel employait 26.000 personnes dont 700 dans notre pays, en région bruxelloise. Dans ces grandes sociétés, il est encore possible pour les travailleurs d’avoir une représentation syndicale et d’obtenir une convention collective de travail. Mais on voit aussi apparaître un foisonnement de petites sociétés, de 10 à 15 personnes, qui fonctionnent parfois dans l’illégalité la plus totale : “Ce sont les cow boys du secteur, explique Hans Somer, délégué syndical à Sitel. La plupart travaillent avec des étudiants, en noir, ou avec des gens sous statut d’indépendants. (…) De temps en temps, un call center doit fermer suite à un contrôle ou une faillite, et une semaine plus tard, les mêmes personnes en ouvrent un nouveau”.(1) E En 2006, les syndicats belges ont relayé une campagne européenne (qui existe depuis 2003) pour dénoncer les conditions de travail dans l’ensemble de ce secteur et la précarité des contrats. Témoin, cette employée, engagée en 2005 pour six mois, et dont le contrat a été prolongé jusqu’en décembre 2006, tout en restant à durée déterminée : “Je suis dans l’incertitude constante (…). Si je désirais faire un emprunt quelconque, ne pouvant assurer ma banque de la stabilité de mon emploi, celuici me serait refusé”.(2) Un secteur qui se délocalise constamment Le secteur est aussi coutumier des délocalisations. C’est ainsi que le Maroc a vu proliférer les centres •••/••• suite en page 5 4 Fourmilière Mai - Juin 2008 CALL CENTERS ... Une nouvelle culture du travail •••/••• suite de la page 4 d’appels sur son territoire dans les années 2000, alors qu’il n’en avait quasiment pas 10 ans plus tôt. Ces sociétés sont délocalisées d’Europe, en particulier de la France mais aussi de l’Espagne. Implantées d’abord à Casablanca, elles s’étendent dans de nombreuses autres villes, nouveau filon d’emploi dans un pays où le chômage sévit. Le gouvernement marocain a fait de ce secteur un pilier de son plan pour l’emploi, d’autant que les investissements nécessaires sont peu importants. Mais les conditions de travail sont pires qu’en Europe (avec des semaines de 44h, paiement à la tâche, brimades et menaces de licenciement…) et les perspectives d’amélioration minces. On peut aussi s’interroger sur l’avenir d’un pays qui voit ses étudiants diplômés en relations internationales, commerce, économie, etc. réduits à faire de la publicité par téléphone, sous prétexte qu’ils parlent le français ou l’espagnol. Car il n’est pas question de laisser percevoir au client qu’ils appellent du Maroc. Il faut donc se “franciser” ou s’ “hispaniser”. Mais le Maroc semble encore trop cher pour les sociétés avides d’augmenter leurs bénéfices. Aussi lorgnent-elles actuellement vers des pays comme le Sénégal, ou Madagascar… C’est dire si l’enjeu d’un mouvement international autour des conditions de travail s’avère primordial dans ce secteur. (1) Brigitte Poulet, Les call centers : des employés taillables et corvéables à merci ?, interview de Hans Somer, Journal du Collectif Solidarité contre l’Exclusion n°25, mars/avril 2001. (2) Mathieu Van Overstraeten, Trop de stress dans les centres d’appel, La Libre Belgique, 26 octobre 2006. Dans les années ’90, Germain a travaillé dans plusieurs call centers en Belgique pour payer ses études. Cela lui a permis d’observer beaucoup de choses. “J’ai d’abord travaillé pour une société basée à La Hulpe, qui réalisait des enquêtes statistiques pour le compte de journaux et créait des événements”. Les trois autres sociétés que Germain a connues sont bruxelloises. “Marketing Unit était déjà une grosse société, comptant environ 400 employés et spécialisée dans les enquêtes sur les habitudes de consommation, qu’elle vendait à des entreprises. Il s’agissait par exemple d’étudier comment telle marque est perçue. J’ai aussi travaillé pour la société NID, et pour Téléperformance, axée sur la vente”. L’un de ses clients était Cuir n°1 : “Il s’agissait d’inciter les gens à se rendre dans les show rooms de la société. Pour cela, on leur offrait un cadeau qu’il fallait aller chercher dans le magasin “. Rien qu’à ce souvenir, Germain est hilare : “Il fallait l’annoncer comme étant un meuble vidéo. Et puis, un jour on l’a vu, ce cadeau. En fait, c’était un boîtier en plastique pour y glisser le magnétoscope, et si vraiment vous aimiez la vie aventureuse, vous pouviez toujours mettre la Tv dessus. Mais à vos risques et périls !”. Pour une autre vente, Germain et ses collègues ont travaillé avec une technique devenue aujourd’hui classique : “On avait un ordinateur devant nous, un écouteur dans l’oreille, et c’est l’ordinateur qui donnait le contact. On ne voyait pas le listing “clients”. Cette technique permet notamment d’augmenter la pression sur les travailleurs : “C’est impressionnant et c’est scientifiquement organisé, explique Germain. Si tu travailles sur base d’un listing papier, tu as prise sur ta cadence de travail. Mais si c’est le PC qui te fournit les numéros, cela ne s’arrête jamais et on peut calculer à la minute près ta rentabilité.” Calculer la rentabilité de chacun en temps réel, c’est ce que fait chaque chef chargé d’un “champ” d’enquêtes. Les appelants sont surveillés en permanence, ce qui ajoute au stress. Le rôle joué par l’ordinateur ne permet pas l’initiative et ôte le côté humain d’un contact. Qu’il s’agisse d’une enquête ou d’une vente, c’est la machine qui dicte les questions et même les réactions. Tom, autre ancien jobiste en centre d’appel, explique : “Une fois je n’ai pas compris ce que disait mon interlocuteur. J’ai tapé ‘j’entends mal’ et l’ordinateur a aussitôt affiché le message ‘raccrochez !’”. La sélection peut aussi être très sévère, lors du training d’engagement. “C’était surtout le cas chez Téléperformance, se rappelle Germain. Pas question d’avoir un accent, par exemple. Et ils avaient une préférence pour les femmes, qui passent mieux au téléphone”. Avec des contrats étudiants ou d’indépendants complémentaires à la pelle, le turn over est très important, ce qui complique la possibilité de s’organiser entre travailleurs. “En tant qu’étudiants, on se sent peu impliqués, d’autant plus qu’on reste rarement longtemps dans la même société”. Fourmilière Mai - Juin 2008 5 DEMARCHAGE TELEPHONIQUE Le droit d’information Si le démarchage téléphonique n’est pas interdit par la loi, cela ne signifie pas pour autant que les vendeurs qui vous appellent peuvent faire tout et n’importe quoi. n ce qui concerne la protection des consommateurs, le législateur a prévu des dispositions spécifiques pour les publicités faites “à distance”, c’est-à-dire par courrier, téléphone, fax, SMS, ou mail(1). Ainsi, dans le cas du démarchage par téléphone, le vendeur est obligé de communiquer à son interlocuteur une série d’informations, et ce de façon claire et compréhensible. Ces informations sont les suivantes : E • Le nom et l’adresse géographique de la société qu’il représente ; • Son but commercial ; • Les caractéristiques principales du produit ou du service qu’il propose ; • Son prix (Et en cas de livraison, le prix de celle-ci) ; • Comment le paiement, la livraison et le contrat de vente seront réalisés ; • Les droits et les délais pour renoncer ou résilier ; • Les modalités de reprise ou de restitution du produit, et les frais éventuels ; • La durée de validité de l’offre ou du prix. Le texte légal précise même que le nom, l’adresse géographique et le but commercial de l’entreprise doivent être communiqués dès le début de l’appel. La protection des données personnelles vous-mêmes, un jour, transmis vos coordonnées à une société. Par exemple lors de l’achat d’un produit ou à la signature d’un contrat de vente. La loi sur la protection de la vie privée vous garantit des droits dans ce cas. Le droit d’accès aux données personnelles. Vous pouvez demander à une entreprise qui vous adresse un message commercial quelles sont les informations dont elle dispose vous concernant. L’entreprise est tenue de répondre “dans un délai raisonnable” ; Un vendeur vous appelle ? Rappelez-vous qu’il est tenu de vous communiquer de façon claire et compréhensible, certaines informations. Et que rien ne vous oblige à vous décider sur le moment même ! N’hésitez donc pas à : • demander le nom de la société, son adresse et son activité commerciale ; • lui dire de vous envoyer tous les renseignements par écrit. Vous déciderez à tête reposée. Même si l’offre vous intéresse réellement, ne prenez aucun engagement par téléphone. Une partie de la publicité que vous recevez (y compris par téléphone) provient peut-être du fait que vous avez J’ai dit oui… et après ? De manière générale, il est important de savoir qu’un contrat ne peut pas être conclu par téléphone. Il doit être suivi par un document écrit, dans lequel le droit de renoncer doit être clairement indiqué en première page. Ce droit est au moins de 7 jours ouvrables. Néanmoins, il existe des exceptions qui couvrent les situations où l’accord “est suivi par l’exécution de la commande.” (article 80 de la loi). Par exemple, quand vous demandez un dépannage ou commandez une pizza. 6 Fourmilière Mai - Juin 2008 Le droit de rectification de vos données. Le cas échéant, vous pouvez faire corriger gratuitement les informations inexactes ; Le droit à l’information. Si vous transmettez vous coordonnées à une société via une enquête ou un talon-réponse, elle doit vous informer de l’usage qu’elle en fera et de la personne responsable des données ; Le droit d’opposition, dans le même cas, vous avez aussi le droit de refuser que vos coordonnées soient enregistrées dans un listing ou transmises à des tiers. (1) “Les contrats à distance portant sur les services financiers et la publicité non sollicitée”. Publication de la Direction Générale de la Régulation et de l’Organisation du Marché, édition de 2006. Cette brochure peut être téléchargée sur le site du Service public fédéral Economie, PME, Classes moyennes et Energie : http://economie.fgov.be/protection_consumer/ LA PUB ? JE DEBRANCHE! La profusion des messages publicitaires constitue en soi un véritable problème, en particulier via le démarchage téléphonique. Mais le respect des “bonnes pratiques” en représente un autre. eaucoup de vendeurs contournent l’obligation d’information en utilisant des formules qui ne parlent pas explicitement de vente. Ou bien “oublient” de donner une partie de ces informations. Parfois, on a vraiment à faire à une arnaque et cela peut aller loin. B Des vendeurs peu scrupuleux ! Le Crioc (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) répertorie depuis quelques années les arnaques à la consommation(1). Il a repéré aussi les illégalités dans le domaine qui nous intéresse. Nous en reprenons une ici. Elle illustre bien toute la difficulté pour le consommateur de faire valoir son bon droit, suite à un entretien oral et pour un service dont l’exécution a suivi la commande… sauf que le client n’avait rien commandé ! (1) Marc Vandercammen, “Refusez les arnaques !”, éd. De Boeck, 2005. Des exemples peuvent être également consultés sur le site du CRIOC : www.arnaques.be Quand Télé 2 abonne d’office Mai 2006. Monsieur G. de Bruxelles est particulièrement mécontent de Télé 2. Depuis plus de quatre mois, il espère un règlement d’un litige qui l’oppose à cet opérateur téléphonique. Comment en est-on arrivé là ? Au départ, un coup de téléphone de Télé 2 au domicile de monsieur G. Télé 2 propose son service ALL IN qui comprend non seulement l’abonnement et les communications téléphoniques fixes mais aussi l’ADSL. Monsieur G. ne dit pas oui mais ne dit pas non et demande à disposer d’informations complémentaires. C’est alors que Télé 2 abonne Monsieur G. à son nouveau service. Quelques jours plus tard, celui-ci constate une rupture de sa ligne ADSL. Il téléphone à son opérateur Belgacom pour lui signaler le problème... et c’est à ce moment là qu’il apprend qu’il est devenu abonné de Télé 2. Décodage Selon un courrier de Télé 2, la société a constaté que le service Télé 2 All In avait été activé pour Monsieur G., suite à un entretien téléphonique avec l’un de ses agents. Télé 2 constate aussi que, dans les 8 jours suivants, la société a envoyé un courrier de confirmation d’inscription à Monsieur G. Et que, comme celui-ci n’a pas réagi négativement, la procédure d’activation a suivi son cours. L’avis du Crioc Monsieur G. a bien réagi en envoyant une lettre recommandée. En effet, dans le cas d’une vente, c’est au vendeur à prouver qu’il y a bien eu vente. Dans le cas contraire, il pourrait s’agir de vente forcée. Le médiateur des Télécommunications ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il a souligné que cette façon d’agir était contraire à l’article 135 de la loi du 13 juin 2005 relative aux communications électroniques : “L'activation d'un service de présélection ou le transfert d’un numéro sans l'accord exprès préalable écrit de l'utilisateur final, et sans information claire concernant le service de présélection est interdite”. Fourmilière Mai - Juin 2008 7 DEMARCHAGE TELEPHONIQUE La liste Robinson pour refuser les appels Si vous voulez recevoir moins de messages commerciaux, vous pouvez vous inscrire sur les listes Robinson. La liste Robinson est un service mis à la disposition des consommateurs par l’Agence belge de marketing direct, l’ABMD. L’ABMD, c’est quoi ? Cette agence, comme son nom l’indique, est spécialisée en techniques de marketing direct, c’est-à-dire les techniques qui utilisent le téléphone, le courrier et le mail pour contacter les consommateurs. L’ABMD s’adresse donc en premier lieu aux quelque 450 entreprises qui y sont affiliées, et dont elle défend les intérêts. Ce sont par exemple les banques, les sociétés d’assurance, les entreprises de vente par correspondance, les marques de voiture, les grandes surface et les magasins, les organisations caritatives, etc. Mais on y trouve aussi des agences de publicité, des développeurs de sites web, des courtiers en fichiers, les services postaux, les call centers, etc. A côté des services à destination des entreprises, l’ABMD a mis au point des listes Robinson, qui s’adressent au consommateur désireux de limiter le nombre de publicités qu’il reçoit. Ces listes sont au nombre de quatre, une par moyen de communication : téléphone, courrier postal, SMS et e-mails(1). En vertu du Code de déontologie, les entreprises membres de l’ABMD sont obligées de tenir compte des listes Robinson et de ne plus adresser de messages commerciaux à ceux qui y sont inscrits. Mais ce n’est pas le cas des autres entreprises, belges et étrangères. L’efficacité de ces listes est donc limitée. Il faut noter aussi que, s’agissant d’une initiative privée, ce service est encore très peu connu du consommateur. Il serait donc bien plus intéressant de pouvoir disposer d’un service similaire mis en place par le Service public fédéral, qui pourrait y contraindre l’ensemble des entreprises et informer plus largement le public. (1) Le démarchage par e-mail n’est en principe pas autorisé sauf accord de votre part, mais le contrôle étant ce qu’il est, la liste Robinson e-mail reste utile ! Comment m’inscrire ? Le principe de fonctionnement est simple : vous vous inscrivez sur le site de l’ABMD ou vous leur adressez un courrier postal de ce genre : “Je souhaite m’inscrire sur la liste Robinson-phone pour ne plus recevoir d’appels commerciaux intempestifs” et en indiquant vos coordonnées compètes ainsi que votre (ou vos) numéro(s) de téléphone. Attention, vous devez distinguer et préciser chaque liste qui vous intéresse. De même, si vous souhaitez inscrire des membres de votre famille ou de votre entourage, il faut le faire séparément. Adressez le courrier à : Liste Robinson-phone (ou RobinsonSMS ; Robinson-mail ; Robinson-e-mail) ABMD - Esplanade du Heysel B46, 1020 Bruxelles Ou sur le site : www.robinsonlist.be La pub ? ! e h c n a r b Je dé Les Equipes Populaires mènent une campagne d’information et de sensibilisation contre l’invasion du démarchage téléphonique. Pour vous informer : outre ce numéro de la Fourmilière, un diaporama et une fiche d’animation sont également disponibles dans les secrétariats régionaux des EP pour tous les groupes qui souhaitent faire une soirée d’information sur le sujet. Nous vous invitons à diffuser largement autour de vous un dépliant assorti d’un signet, qui reprend des éléments d’informations utiles et pratiques. Un mini sondage est également proposé avec le dépliant. Il est très simple et rapide à utiliser et permettra de recenser les entreprises qui font le plus de démarchage et les formules les plus utilisées par les vendeurs. Remplissez-le, faites-en remplir autour de vous et remettez-le au secrétariat régional. Grâce à ces infos, nous pourrons mieux connaître les pratiques et interpeller le ministre chargé de la protection des consommateurs. Commande : Au secrétariat communautaire des EP ou celui de votre région.