Géographie régionale de la France I) Essai de définition d`une

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Géographie régionale de la France
I) Essai de définition d’une région :
En 1790, lors de la création des communes et des départements, on commence à
réfléchir sur un découpage de la France en régions. C’est un débat très ancien, la définition
est variable selon les pays. Selon Brunet, une région est une portion d’espace qui, d’un
certain point de vue (aspects naturels, paysages, aménagements actuels, problèmes
dominants), constitue un ensemble présentant une certaine unité. Pour J. Beaujeu-Garnier, il
n’existe pas de terme aussi imprécis que la région.
1) Définition classique :
Définition vidalienne : portion d’espace sur laquelle les mêmes problèmes étaient
résolus de la même façon par les sociétés. Cette définition prévaut jusqu’à la 2GM, dans un
contexte d’harmonie. Cela donne des thèses régionales, comme celle de R. Dion sur le Val de
Loire.
On a aussi une définition de région naturelle : unité donnée par le relief, la géologie et
le climat (midi méditerranéen, par ex). Cela correspond à une France rurale, encore
dépendante des conditions naturelles.
On a aussi une région historique, qui naît d’un passé commun vécu par une
collectivité sur un territoire, ce qui correspond aujourd’hui à la notion de pays. Des traces de
ce passé : les langues régionales, l’architecture, les fêtes locales.
Mentionnons aussi les régions-paysages, comme aires d’extension d’un paysage. Ex :
bocage, openfield. Sans oublier les régions industrielles comme le Nord, qui traduit un état
momentané d’équilibre naturel, économique, démographique et social.
2) La région fonctionnelle polarisée :
Cette définition apparaît dans les années 1960, mais Vidal dit déjà en 1910 : « Les
régions naissent par leur centre ». Une grande ville structure l’espace régional, qu’on
étudie alors à partir des flux entre cette ville et la région, qui sont souvent dissymétriques. On
définit alors des zones d’influence urbaine, des pôles, une hiérarchie urbaine. Cela donne des
thèses comme Les capitaux et la région (J. Labasse, 1955, sur Lyon) ou Lyon, ville
industrielle (M. Laferrère, 1960). Cette définition repose sur des facteurs de cohésion et le
rôle moteur d’une grande ville.
3) La région-programme :
Avec l’ouvrage de Gravier en 47, on prend conscience d’un déséquilibre national. A
partir de 1955, on émet l’idée de régionalisation, dans l’optique de faire des régions
équilibrées. On part sur 21 régions, puis 22 en 1972, en détachant la Corse de PACA. La
région rassemble 3 collectivités territoriales : région, départements, communes. Les
départements sont constitués par le principe des 24h à cheval en partant de la ville-centre,
combiné aux limites naturelles.
Cela donne des regroupements de départements inégaux, en nombre inégal. Certaines
régions n’en ont que 2 (Alsace 8.200km² et Corse), d’autres en ont 8 (Midi-Pyrénées
45.000km², Rhône-Alpes). Ce sont donc des régions inégales par leur taille, mais aussi par
leur population : l’Ile-de-France compte 11,5Mhab, la Corse 0,3M. Les noms ont, pour 15 des
22 régions, été empruntés aux anciennes provinces. On relève quelques anomalies : Nantes
est séparée de la Bretagne, la Normandie est scindée en 2, sans oublier la rivalité Metz/Nancy
pour la capitale de la Lorraine. Les Français n’ont pas très bien compris la régionalisation : ils
disent non au référendum de de Gaulle en 1969.
Les régions fonctionnent à partir de 1972, elles acquièrent du pouvoir avec les lois
Deferre de décentralisation en 82-83 (préfets de région) et l’élection des conseillers
régionaux au suffrage universel en 86. Elles ont un budget propre donné par l’Etat, avec qui
elles signent un contrat tous les 6 ans. En 2003-2004, la décentralisation est accrue par
Raffarin. Une identité régionale émerge, notamment visible par les logos.
Mais ce sont surtout des régions administratives : elles n’ont pas d’unité naturelle, les
métropoles débordent sur d’autres régions. En 94, Pasqua veut faire une nouvelle
régionalisation en regroupant les 22 régions en 7, mais c’est abandonné. L. Febvre : « que la
France se nomme Diversité ».
II) Disparité des régions françaises :
Si le cadre naturel n’évolue pas, les données économiques changent, selon des facteurs
endogènes ou exogènes.
Facteurs endogènes : les politiques d’aménagement du territoire par la
DATAR/DIACT : les métropoles d’équilibre en 64 (Lille, Nancy, Strasbourg, Lyon,
Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes), de grands aménagements touristiques, d’irrigation,
les ZIP, autoroutes, aéroports, TGV, technopôles, pôles de compétitivité, …
Facteurs exogènes : contexte économique (Trente Glorieuses jusqu’en 73, crise en
2008), montée des NPI, TIC, mondialisation des échanges, UE, …
Critères de disparité :
- Naturel : variété du relief français avec dominance de plaines, moins d’importance
aujourd’hui (pas de régions enclavées, ni de contraintes pédologiques). Mais le climat et
l’environnement ne sont pas modifiables. Les situations peuvent évoluer : des régions
frontalières comme l’Alsace ont aujourd’hui une position centrale.
- Démographique : dans les années 60, on constate des disparités des deux côtés d’une
ligne Le Havre/Marseille. Aujourd’hui, on a des régions fortement peuplées et très attractives
(régions littorales et frontalières), et d’autres répulsives (la diagonale du vide, dite « France
du vide » par Beteille).
- Economique : on trouve des régions fortes et faibles, mais cela évolue. Dans les
années 70, le Nord et la Lorraine étaient fortes, aujourd’hui elles sont en déclin. Le critère de
chômage n’est pas valable pour juger du dynamisme (le plus fort taux est en LanguedocRoussillon). Mais il est intéressant d’examiner le solde migratoire.
III) Découpage du cours :
Chapitre 1 : Paris et sa zone d’influence directe
A) L’agglomération parisienne :
Elle concentre 11,5Mhab, soit 19% de la population française, elle est la capitale
nationale et une capitale mondiale. Se pose le problème de ses limites : elle englobe tout
d’abord la ville et le département de Paris (délimité par le périph, il fait 105km² et 2,5Mhab).
Autour, on a la petite couronne, avec 3 départements créés en 1964 : Seine St Denis, Val de
Marne, Hauts-de-Seine. Suit la grande couronne avec 4 départements : Val d’Oise, Yvelines,
Essonne, Seine et Marne. L’agglomération parisienne n’occupe qu’1/6 de l’Ile-de-France, la
banlieue est 20x plus étendue que Paris.
I) L’hypertrophie parisienne :
1) Des conditions naturelles favorables mais pas exclusives :
- Une situation favorable, au cœur du Bassin Parisien, dans une zone de confluence
(Seine, Marne, Oise, …) reliée aux autres régions par des seuils.
- Un site de creux, une plaine alluviale avec la Seine, des îles, mais des problèmes de
marécages. Le site est fréquenté dès 4.500BC, mais Paris n’est pas capitale à l’époque
romaine. Elle est peuplée au IIIè BC par les Parisii.
- L’Histoire explique le rôle de Paris : Hugues Capet en fait la capitale du Domaine
Royal en 987. La ville se développe sur une forme globulaire, du XIVè au XIXè. Le
centralisme monarchique, l’empire et les républiques renforcent sa place. Elle s’étend sous
forme tentaculaire, Paris intra-muros est plein fin XIXè : la ville passe de 1,7Mhab en 1861 à
7M en 1954. Selon J. Bastié, Paris est « la ville qui cumule ».
2) L’hypertrophie fonctionnelle :
- Une capitale nationale, car c’est le centre politique et administratif : concentration
des 3 pouvoirs, des institutions de contrôle comme la Cour des Comptes, des sièges des
grands partis politiques, des syndicats et organisation professionnelle, ainsi que 90% des
anciens énarques. C’est aussi la capitale des affaires et de la finance : Bourse, sièges des
banques et grandes entreprises. Mais encore une capitale culturelle et intellectuelle, par son
patrimoine exceptionnel, sa domination culturelle et universitaire (13 facs), les sièges de
radios et télévisions, …
- Une capitale internationale : ambassades, première ville de congrès au monde, salons
internationaux, siège de l’Unesco, tourisme international, 2 aéroports.
- Le premier foyer d’activités économiques français : Paris concentre ¼ du PIB, soit
10x plus que Rhône-Alpes. Cette puissance est liée à la centralisation, mais aussi à la faiblesse
de régions concurrentes (première RI faible, elle ne parvient pas à imposer le Nord, par ex).
L’agglomération parisienne concentre les activités liées au marché, avec un niveau de vie plus
élevé que la moyenne nationale, elle reste la première région industrielle française malgré la
désindustrialisation. Elle n’a pas de ressources locales en matières premières, mais une grosse
concentration de main-d’œuvre (quantitative et qualitative), de capitaux et de marché. C’est
essentiellement une industrie de transformation, avec des biens intermédiaires : industrie du
luxe, antiquités, édition, confection, agro-alimentaire, aéronautique, électronique… Elle se
situe surtout à l’Ouest et au Nord, elle est souvent desserrée en banlieue (il n’y en a plus dans
Paris), voire plus loin (décentralisation industrielle). C’est aussi le premier pôle tertiaire
français (plus de 80% de la pop active de Paris), avec les sièges sociaux, professions libérales,
recherche, grossistes, tertiaire supérieur, tourisme, transports (c’est le premier port fluvial) …
3) Le premier foyer démographique :
- 11,6Mhab pour l’Ile-de-France (7x la 2e agglo de France : Lyon), 10,5-11M pour
l’agglo de Paris. La population totale de l’aire urbaine parisienne équivaut à celle des 17
suivantes, soit 16% de la population française. Elle a des densités très fortes qui diminuent
lorsqu’on s’éloigne du centre de Paris.
- La croissance démographique se fait par un solde naturel fort (supérieur à la
moyenne nationale), mais le solde migratoire est négatif. Cela s’explique notamment par le
départ de retraités vers leur région d’origine, leur résidence secondaire ou les littoraux. Paris
attire des jeunes actifs, en général diplômés. Comme Londres, elle joue le rôle de région
« escalator » (Fielding) pour les jeunes cadres (l’ascension sociale est plus facile). On a un
taux d’activité supérieur à la moyenne nationale, une population étrangère forte (même si
l’immigration est aujourd’hui freinée) et un taux de chômage faible. On a aussi un fort taux de
personnes seules et de divorces (1 couple marié sur 2).
- La décroissance du Paris municipal s’est stabilisée, la grande banlieue gagne
beaucoup d’habitants avec la périurbanisation.
II) Des problèmes liés au gigantisme et des solutions :
La croissance de Paris se fait aux dépens des autres régions françaises, de manière
anarchique. Depuis les années 1960, on essaie de résoudre ces problèmes liés à la
croissance.
1) Des problèmes multiples :
- Des problèmes d’équilibre au niveau national, d’où les politiques d’aménagement
du territoire.
- Des problèmes au niveau parisien, liés au congestionnement, aux dimensions de
l’agglomération et à ses contrastes. Ce sont :
Des problèmes de transports : migrations pendulaires, avec 12M de déplacements quotidiens
dans Paris, d’où une perte énorme de temps.
Des problèmes de logement : vétusté dans l’Est, manque de logements sociaux, logements
précaires, coût, logements inoccupés au centre. D’où une certaine ségrégation sociale, et la
périurbanisation.
Des problèmes d’approvisionnement : en eau, en nourriture (Rungis approvisionne la ville
depuis 1969, avant c’était les Halles), en énergie. Problèmes d’évacuation des déchets et des
eaux usées (les Achères sont la plus grande station d’épuration).
Des problèmes de pollution, bruit, stress …
2) Les schémas directeurs :
La prise de conscience de ces problèmes est tardive, notamment par rapport à Londres,
d’autant que la multiplicité des communes pose des problèmes d’aménagement. A partir de
1961 est mis en place le District de la région parisienne (RP), qui doit s’occuper de son
aménagement et de son équipement. P. Delouvrier se voit confier l’étude de cette région.
D’où des projets d’aménagements, en collaboration avec l’IAURP (institut d’aménagement
urbain de la RP), qui donne naissance au SDAURP. En 1965, l’agglomération compte
8Mhab, on pense qu’elle en aura 14M en 2000, donc ça fait peur. On met alors en place 3
objectifs :
- Contrôler la croissance : on cherche à freiner les installations dans Paris (autorisation
nécessaire pour plus de 500m², taxes), la politique de décentralisation industrielle favorise
l’installation en province. On dirige la croissance dans l’espace sur 2 axes NO/SE, avec la
création de 5 villes nouvelles : Cergy-Pontoise et Marne-la-Vallée au Nord, St-Quentin, Evry
et Melun-Sénart au Sud.
- Réaménager le tissu urbain existant : améliorer le cadre de vie des Parisiens et
banlieusards, maintenir une fonction résidentielle dans Paris, régler les problèmes de certaines
banlieues.
- Développer et améliorer les transports : en particulier les transports en commun,
favoriser les interconnexions.
Le SDAU a été révisé en 76, il devient le SDAURIF (région IDF). Il maintient le
développement selon des pôles structurants (les VN) mais crée aussi 5 zones naturelles
d’équilibre pour maintenir une vie rurale.
Une autre révision intervient en 94 : il faut revitaliser l’agglo pour donner plus de poids
à Paris à l’international (pour concurrencer Londres). On cherche donc à avoir une
organisation polycentrique, avec 5 centres d’envergure européenne : Paris intra-muros, La
Défense, Roissy, Disney, Massy (pôle universitaire).
Ce schéma est en cours de révision (il devient SDRIF) : on garde le polycentrisme, mais
on veut freiner la périurbanisation. Le projet a été validé par la Région mais le gouvernement
bloque, il voudrait reprendre la main sur Paris. Le SDRIF a valeur de DTA (Directive
Territoriale d’Aménagement), comme 6 autres régions françaises.
3) Les grandes transformations depuis les années 60 :
- Les transports en commun représentent les 2/3 des dépenses de la région IDF. Le
métro, solution adoptée à partir de 1899, se prolonge peu en banlieue, donc il faut améliorer le
réseau. On modernise les stations (Châtelet-Les Halles), crée 5 lignes de RER, mène
l’interconnexion du métro avec les gares et les aéroports, fait un tramway au Sud de Paris
intra-muros, des couloirs de bus, on prolonge les lignes en banlieue, on met en place une
tarification spéciale pour les abonnés. On réalise aussi un périphérique, des voies rapides sur
berges, des rocades, parking-relais, parcs de stationnement et les Vélib.
- Une métamorphose de la ville de Paris, qui n’avait pas connu de grands travaux
depuis Haussmann : remise en valeur du centre historique (le Marais, réhabilitations
ponctuelles, rénovations, cf Urbaine), réalisation de pôles tertiaires comme Montparnasse ou
La Défense.
- Les banlieues et villes nouvelles. Prévues pour 500.000hab chacune, elles concentrent
750.000hab et 300.000 emplois au total. Les habitants sont souvent jeunes, une partie travaille
sur place, mais on constate un certain vieillissement. Des pôles de restructuration ont été
créés, avec le développement de centres commerciaux et d’équipements publics : préfectures
à Nanterre et Bobigny, universités à Nanterre et Créteil, ESSEC à Cergy. On fait aussi des
efforts pour l’emploi dans les banlieues difficiles classées ZRU (zone de revitalisation
urbaine), avec des ZFU (zone franche urbaine, avec exonération d’impôts pour les
entreprises). Ce développement se fait aux dépens du reste de la région : rappelons que
l’agglomération parisienne représente 26% de la région. Il faut aussi protéger l’agriculture,
ce qui donne la création de 4 parcs naturels régionaux.
Bilan :
- Les problèmes de Paris sont ceux de toute métropole. Ils sont mieux résolus que dans
les PSD, mais il reste encore à faire : qualité de vie, déséquilibre Est/Ouest, transports.
- Problème du déséquilibre Paris/province, d’autant qu’on veut renforcer Paris à
l’échelle européenne. La politique des pôles de compétitivité donne par ex 3 pôles à vocation
internationale en région parisienne : médecine, TIC et finance. Aujourd’hui, on débat sur le
projet de Grand Paris, pour réunir l’agglo et les 3 départements autour.
B) Le Bassin de Paris, zone d’influence directe :
Paris influe sur la région IDF, mais aussi sur 6 autres régions autour : Haute et
Basse-Normandie, Picardie, Centre, Bourgogne (Nord) et Champagne-Ardenne. Ce vaste
territoire polarisé compte 10Mhab. Cet espace a longtemps été « langoureux » car ses forces
vives étaient attirées par Paris, mais depuis les années 60 on constate une « diffusion du
dynamisme parisien » (Noin). Cependant, des disparités régionales subsistent.
I) Un espace polarisé par Paris :
1) Quel type de région ?
- Une région naturelle ? Elle ne correspond pas à tout le Bassin Parisien (la Lorraine
en est exclue, mais le Morvan y figure). Le relief est modeste, avec de vastes plaines et
plateaux. Ces derniers ne sont pas uniformes : à l’Est, l’érosion différentielle forme des
cuestas, on observe des bombements entre la Seine et la Somme. Les vallées sont souvent
larges et encaissées, avec convergence et divergence (Loire) du bassin. On n’a donc pas une
région naturelle.
- Une région-paysage ? On constate une grande diversité : plateaux limoneux avec
openfield, bocage en Normandie. Pas d’unité paysagère, donc.
- On a une région polarisée monocentrique. Paris est au centre d’une étoile
ferroviaire du XIXè, d’une étoile du TGV, d’une étoile autoroutière, sans oublier son rôle
culturel. Paris a étouffé les régions environnantes : elles comptent peu de grandes
agglomérations (seules 6 dépassent 300.000hab), les densités sont faibles à cause de
l’importance des zones rurales.
2) Un espace fournisseur, ravitailleur :
- Pendant longtemps, il a été ravitailleur en main-d’œuvre. Il l’est en tout cas en eau :
les Parisiens réclament 400L d’eau par jour et par habitant. Les nappes phréatiques ne
suffisent pas, celles de la Beauce ont des problèmes de pollution par engrais, donc on va
chercher l’eau sur des affluents de la Seine avec des barrages-réservoirs (qui permettent aussi
d’écrêter les crues). Les besoins en énergie de Paris sont énormes, ils sont satisfaits par
quelques centrales thermiques en région parisienne, mais surtout par des centrales nucléaires
plus loin, le pétrole et le gaz arrivent par Le Havre.
- Le bassin de Paris est la plus riche région agricole de France, avec de grandes
exploitations remembrées en faire-valoir indirect, dont les propriétaires sont souvent des
citadins. L’agriculture est intensive, mécanisée et productive : on parle d’agri-managers.
Il existe cependant des nuances :
Les plaines et plateaux de craie souvent limoneux sont le domaine de la grande culture
céréalière, irriguée et « engraissée ». Les rendements dépassent 100q/ha, les exploitations
font plus de 200ha, on a un paysage d’openfield aux parcelles carrées, avec des exploitations à
cour fermée et des villages groupés. Ces régions concentrent la moitié de la production
française de blé, ¼ du maïs et de l’orge, 30% du colza, …
Les vallées se distinguent par l’élevage (herbages) et des cultures spécialisées comme les
peupliers de la vallée de l’Oise, les hortillonnages d’Amiens, les cultures maraîchères et
légumières.
Les coteaux et côtes ont des vignobles de qualité : coteaux du Val de Loire, de BasseBourgogne, Champagne.
Les plaines et collines plus humides, souvent en périphérie du bassin, servent à un élevage
bovin laitier dans le bocage normand, à des bovins à viande dans le Morvan.
II) Un espace réanimé par Paris :
A partir des années 1960 se produit un changement : Paris ne joue plus un rôle stérilisant.
1) Le renouveau industriel et tertiaire :
Ce bassin est le grand bénéficiaire de la décentralisation (il concentre ¾ des
implantations). Ce n’était pas l’objectif de la DATAR, qui voulait plutôt mettre des industries
dans le Massif Central. Ce mouvement s’est produit de 1954 aux années 1980, mais surtout
dans les années 60.
Pourquoi un tel succès de ce bassin ? Proximité de la capitale (où le siège social reste), bon
réseau en étoile à partir de Paris, coût moins élevé des terrains (avec la mise en place de ZI),
main-d’œuvre locale moins syndiquée et moins payée qu’à Paris. De grosses entreprises ont
décentralisé car elles ne pouvaient pas s’étendre dans Paris. Ex : Renault dans la Basse-Seine,
RVI et Citroën à Caen, des entreprises d’aéronautique, de chimie, … Les ¾ de cette
décentralisation sont le fait de PME et PMI. Elle concerne surtout la Basse-Seine, la
Picardie et la région Centre, peu l’Est. S’y ajoutent des implantations étrangères, comme
IBM à Orléans. Cette décentralisation a diminué à partir des années 70 : crise en 73,
desserrement vers les villes nouvelles.
Un renouveau tertiaire, plus timide, se fait sentir à partir de 1977, notamment dans
les services bancaires : LCL informatique à Bayeux, un deuxième centre de chèques postaux
près d’Orléans. Souvent, ce ne sont que des emplois d’exécution. Le Val de Loire retient la
préférence. On a aussi un équipement universitaire des villes comme Amiens, Reims, Tours.
2) Le renouveau démographique et urbain :
P. OUDART, dans Les grandes villes de la couronne urbaine de Paris (1983), dit : « la
capitale a cessé d’exercer son pouvoir dominateur ». Le solde migratoire de ces régions
devient positif, sauf pour Champagne-Ardenne, qui perd de la population. Ce renouveau
démographique profite aux grandes villes, mais aussi aux petites et moyennes, jusqu’à
100km de Paris.
3) Le renouveau des zones rurales :
On constate un accroissement démographique avec la périurbanisation. Ces zones
rurales sont aussi des zones de loisirs pour les Parisien : des résidences secondaires se
développent (14% des Parisiens en ont une, 2x la moyenne française). Cela se fait grâce au
réseau autoroutier, en particulier à l’Ouest (Normandie), au Sud (Val de Loire) et au SudEst (A6). Les Parisiens sont très mobiles : ¼ d’entre eux part en week-end au moins une fois
par mois. Cela revigore l’artisanat (BTP) et le commerce. Voir la thèse de J. Mirloup Les
fonctions touristiques et de loisir en Loire moyenne (1981). Cela se traduit par
l’aménagement de terrains de golf, de parcs de loisirs (Disneyland, parc Astérix, Center
Parcs), de terrains de camping, de plans d’eau et de parcs naturels (4 PNR en Ile-de-France,
des forêts, le parc Maine-Normandie). La Sologne est par exemple une région de chasse
privée pour les Parisiens.
III) Des disparités régionales :
1) La région Centre :
J. MIRLOUP : La naissance d’une région aux portes de Paris (1983). Cette région mal
perçue par les Français est constituée en 64 par le rassemblement de 6 départements : Cher,
Eure et Loir, Indre, Indre et Loire, Loir et Cher, Loiret. C’est une grande région, peuplée de
2Mhab (65 hab/km²). Elle n’a pas d’unité naturelle : c’est une mosaïque de pays avec des
plateaux calcaires limoneux (Beauce), des plateaux de craie, des zones détritiques, une
dépression périphérique au Sud (vers le Massif Central) et la Loire au milieu.
Le climat est à dominante océanique mais plus froid au Sud. Elle regroupe 3
anciennes provinces : Touraine, Berry, Orléanais. C’est une région qui connaît une grande
mutation, ces dernières années.
- Une agriculture à dominante riche et variée, mais un espace agricole diversifié.
On trouve des régions de grande culture céréalière comme la Beauce (blé, légumes secs) et
la Champagne berrichonne. A l’Ouest, la région du Perche fait de l’élevage de bovins et de
chevaux, de même que le Sud (bovins pour la viande). On trouve aussi de l’élevage caprin
dans le Pays Fort (cf le crottin de Chavignol). On trouve dans le Val de Loire des cultures
spécialisées : cultures maraîchères, fruitières, pépiniéristes (Vilmorin), vignobles.
La Sologne et la Brenne sont des zones de clairières avec une culture de maïs et de
l’élevage pour la chasse. Le reste est constitué d’élevage et de polyculture. ¾ de la production
est végétale, c’est une des premières régions agricoles française et européenne : première en
blé, maïs, orge et tournesol, mais une place modeste pour l’élevage.
- Une « région devenue industrielle grâce à la décentralisation » (Mirloup).
Cependant, il y avait aussi une part d’héritage industriel et une part d’auto-développement.
On trouve des traditions textile et métallurgique dans le Berry, de la céramique, de l’agroalimentaire (Val de Loire avec les chocolats Poulain). La région a aussi profité du repli
stratégique des industries du Nord et des Ardennes pendant la 1GM et l’E2G. Sans oublier
l’auto-développement, avec des firmes comme Rosières ou Corolle.
La décentralisation a néanmoins joué un rôle décisif, totalisant aujourd’hui 1/3 des
emplois industriels de la région. Ce sont les 2 départements les plus proches de Paris qui en
ont le plus profité (50% des implantations). Toutes les industries sont représentées, sauf la
métallurgie. La construction automobile est sous-représentée à cause de fermetures, mais les
équipementiers sont encore là. Sont bien représentés : le textile (Burberry), la pharmacie
(Pfizer) et la cosmétique (Cosmétique Vallée, près de Chartres). Mais cette industrie a des
points faibles : peu de grands établissements, dépendance à l’égard de Paris ou des firmes
étrangères, aggravation de la sous-qualification de la main-d’œuvre (5% de cadres sup
seulement).
- Un tertiaire en développement et dépendant de Paris : on constate un rattrapage
à tous les niveaux, mais le tertiaire supérieur pour les entreprises reste insuffisant (les services
parisiens sont privilégiés). Le rattrapage est aussi universitaire (Tours et Orléans) et pour les
sièges sociaux (cadre agréable). Mais la région reste dépendante de Paris pour le tourisme (on
y fait des séjours courts, pour les châteaux, dont une partie est classé au patrimoine mondial
de l’UNESCO). L’urbanisation est faible, aucune agglomération ne polarise vraiment car la
région est bicéphale (Orléans, capitale régionale et Tours, plus peuplée). On a voulu
aménager une métropole-jardin entre Tours et Orléans (sur 100km), mais il y a une centrale
nucléaire.
2) Les régions de la Normandie :
La Haute-Normandie est une petite région d’1,8Mhab (140 hab/km²) et 2
départements ; la Basse-Normandie regroupe 3 départements, elle est de taille moyenne et
compte 1,4Mhab (80hab/km²). Cette région n’a pas d’unité physique, hormis la façade
littorale et le climat océanique qui apporte de l’humidité. Elle comprend la fin du Bassin
Parisien et une partie du Massif Armoricain. Elle n’a pas non plus d’unité paysagère :
bocage à l’Ouest, openfield à l’Est. Mais elle a une unité historique, depuis 911. Paris joue
un rôle inégal d’orientation des cultures, de relance de l’industrie et favorise le tourisme. Mais
on constate des disparités régionales : il y a 2 régions fortes et 2 faibles.
- La Basse-Seine : « le Paris sur mer » (Frémont), une artère vitale du bassin de Paris,
qui a une fonction de relation et de dégagement pour Paris. La vallée de la Seine est encaissée,
large, avec des méandres et de hautes terrasses caillouteuses. Les autoroutes empruntent
surtout les plateaux (pas les vallées).
On trouve deux ports, qui constituent la première porte d’entrée française :
1_Rouen est le 6e port français, c’est un port de rupture de charge classique, qui se
révèle excédentaire (plus d’exportations). Il exporte des céréales et des produits
manufacturés, importe des hydrocarbures et du bois (pour la presse parisienne).
2_Le Havre est le 2e port français (77Mt/an), avec un trafic déséquilibré :
importation d’hydrocarbures, de gaz, de pâte à papier, d’engrais, de produits manufacturés. Il
a été aménagé pour accueillir des conteneurs.
Ces deux ports totalisent près de 100Mt/an, plus que Marseille mais moins que
Rotterdam (300Mt) ou Anvers (120Mt). Cela en fait un axe industrialisé, avec les ports et
Paris dans l’arrière-pays. On trouve deux grands types d’industries : industries portuaires
(36% du raffinage français par 4 grandes raffineries, pétrochimie, papier, autrefois textile et
chantiers navals) et industries décentralisées (Renault à Sandouville, Cléon et Flins, des
équipementiers, …). On a donc une concentration humaine dans la vallée de la Basse-Seine,
2/3 sont dans l’agglomération de Rouen, qui est dynamique avec ses universités mais trop
proche de Paris. Le Havre est en baisse. On trouve aussi quelques petites villes et des zones de
culture ou d’élevage.
- Le reste de la Haute-Normandie : une région agricole et des activités portuaires
réduites et dispersées. Elle est constituée de plateaux crayeux terminés par des falaises, avec
des sols plus ou moins limoneux. Les régions riches sont celles qui sont les plus proches de
l’Ile-de-France, car elles ont les mêmes cultures céréalières en openfield (ex : le Vexin). Le
pays de Brey forme une « boutonnière », avec des sols argileux donc favorables à l’élevage
(fromage), ainsi qu’au lin et aux cultures fourragères. Dans le pays de Caux, on trouve des
exploitations moyennes éparpillées (les masures cochoises) et peu de grandes villes (la plus
importante est Evreux). Le littoral constitue une muraille avec des valleuses (vallées
suspendues), il comprend 2 centrales nucléaires car il est peu peuplé. C’est donc une région
assez faible.
- La région centrale de la Basse-Normandie : un ensemble fort du point de vue
agricole, industriel et touristique. La plaine de Caen est une zone de terre limoneuse avec une
agriculture riche et de grandes exploitations. L’agglomération de Caen (350.000hab) reste
modeste jusque dans les années 50, après elle profite de la décentralisation. La sidérurgie à
l’Est (Mondeville) est en difficulté : Caen est classée pôle de reconversion en 84. Quelques
industries décentralisées : Citroën, Renault Trucks, des entreprises de construction électrique
et électronique. On avait aussi 4 usines Moulinex, aujourd’hui fermées. Caen reste une ville
dynamique avec ses universités et son orientation touristique (mémorial).
Le littoral est actif, avec des activités liées à la mer (ostréiculture, mytiliculture) et les
week-ends des Parisiens (Honfleur, Deauville : la Côte de Nacre). A l’Est de Caen, on trouve
un paysage de bocage avec des champs complantés de pommiers, des manoirs et un élevage
bovin (fromages comme le Camembert), peu de villes (seulement Lisieux).
- La Normandie occidentale : bocage intact, zone fortement rurale et agricole avec
habitat dispersé en hameaux, revenus faibles (75% de la moyenne), élevage traditionnel. Elle
se distingue par la production de beurre et de crème (AOC Isigny) avec de grands groupes
AA, plus une production locale d’origine agricole (cidre, Calvados). C’est une région peu
touchée par la décentralisation, qui est peu industrielle et profite surtout du tourisme vert.
Le littoral connaît une activité plus variée mais moins intense que celui du centre :
cultures maraîchères, élevage ovin (pâture dans la vase = Slikke, ou dans l’herbe = Schorre),
des huîtres et moules dans les zones abritées. Cherbourg (90.000 hab) est la ville principale, à
proximité de l’usine de retraitement de déchets nucléaires de La Hague et du réacteur EPR de
Flamanville. On trouve une industrie militaire, des activités portuaires tournées vers les îles
britanniques, du tourisme au Mont St-Michel, sur les îles anglo-normandes et les plages du
Débarquement. C’est une région trop éloignée de Paris, avec un certain immobilisme, ce qui
la rend peu dynamique.
3) Les autres régions :
Ce sont des régions moyennes par leur taille (Picardie, Champagne-Ardenne), mais la
Bourgogne est grande (6e de France par sa taille, 4 départements avec 31.000km²). Elles ont
des densités inférieures à la moyenne nationale. Leur économie est forte par l’agriculture,
ce sont des régions de passage. Le rôle polarisant de Paris se fait sentir dans les lieux
proches de la ville. Selon F. Plassard, on a un « effet tunnel ».
- La Picardie, aux terres limoneuses fertiles. Les terres ont été remembrées après la
Première Guerre Mondiale. La région est spécialisée dans les productions végétales (blé,
maïs, orge mais surtout betterave) et de légumes. Les IAA y sont puissantes : sucreries
(betterave), distilleries. Dans la partie occidentale, on a de la polyculture et de l’élevage, car
les terres sont moins limoneuses. C’est aussi une riche région industrialisée, qui a bien
profité de la décentralisation. Les industries rurales étaient prospères jusqu’à début XXè :
industrie du verre (flacons de parfum), textile (périclite). Les industries sont surtout dans la
vallée de l’Oise : industries lourdes (fonderies, chimies, verreries, centrales thermiques). La
partie Sud profite de la décentralisation : construction électrique, aéronautique (usine exAirbus). Amiens en a beaucoup profité, avec des industries étrangères : jeans Lee Cooper,
pneus Goodyear, .... C’est la capitale régionale (220.000 hab), mais elle est excentrée : elle
est évitée par l’autoroute A1 et le TGV Paris-Lille. La région a des atouts touristiques : la
baie de Somme (oiseaux). Le solde migratoire est positif (surtout au Sud). Un canal NordOise à grand gabarit est projeté.
- Champagne-Ardenne : région hétérogène avec des reliefs divers. Des plateaux
boisés (Nord) voisinent avec des cuestas (Champagne et IDF) séparées par des zones
crayeuses ou argileuses. La production agricole est remarquable : à 80% végétale, la vigne est
cultivée sur le front de la cuesta de l’IDF. Dom Pérignon invente en 1670 la méthode de
champagnisation à partir de raisin noir (pinot) ou blanc (chardonnay). La production est
actuellement en forte hausse (340M de bouteilles), faites par des petits viticulteurs ou des
grands groupes (Moët&Chandon, Vranken, …).
La Champagne crayeuse, dite « Champagne pouilleuse », reçoit au XIXè des camps
militaires et des résineux autrichiens. A partir des années 50-60, des agriculteurs du
Soissonnais rachètent les terres : ils déboisent, remembrent et transforment cette région en une
des plus riches régions agricoles françaises. On a un paysage d’openfield, pour une
production céréalière : blé, betterave à sucre, luzerne. Le reste : polyculture et élevage.
L’industrie compte des productions anciennes (textile, bonneterie de Troyes,
métallurgie, équipementiers auto) et récentes, plus limitées qu’en Picardie. La reconversion de
Nogent-sur-Seine dans la petite métallurgie est réussie. Reims reçoit beaucoup d’industries
décentralisées : mécanique, labos pharmaceutiques. Elle n’est pas la capitale régionale
(seulement sous-préfecture), mais elle est en pleine croissance. C’est le premier pôle
tertiaire à l’Est du Bassin Parisien. Depuis juin 2007, elle est reliée à Paris par LGV. Troyes
est aussi une grande ville (80.000 hab), reconvertie dans les magasins d’usine.
Châlons-en-Champagne, capitale régionale, a un rôle limité : elle a perdu le premier
rôle pour les loueurs de voitures. On retient un déclin des industries traditionnelles, une
région peu touchée par la décentralisation (sauf Reims). Le tertiaire est peu développé
(concurrence de Paris), le tourisme historique (ponctuel) et tourisme vert sont importants. Le
TGV n’a pas eu l’effet escompté, mais les liaisons avec la Belgique dynamisent.
- La Bourgogne : région intermédiaire entre IDF et Rhône-Alpes, entre Nord et Sud,
entre Bassin Parisien et l’Est. Elle a donc une fonction de passage (seuil de Bourgogne),
renforcée par l’A6, la LGV. On observe là encore l’effet tunnel, d’autant que Dijon est à
l’écart. Cette région n’a pas d’unité naturelle : Morvan (bout de Massif Central, boisé),
montagne et plateau de Langres, plateau du Bassin Parisien, Côte d’Or (escarpement de
faille), plaine de Saône. C’est plutôt une région historique : les Burgondes y sont au IVè-Vè.
Elle se caractérise par une agriculture avec des points forts : élevage bovin à viande, vignoble
(développé par les Cisterciens). On trouve de gros villages où sont regroupés les exploitants,
plus des gros clos (Clos Vougeot, 51ha). Le reste : polyculture (céréales) et élevage.
Les industries traditionnelles déclinent : bassins miniers, sidérurgie (Le Creusot), photo
(Kodak). Mais maintien de la petite métallurgie (Selongey, avec SEB). On trouve aussi des
industries AA (moutarde de Dijon, chocolat Lanvin). Le secteur tertiaire est en
développement, autour de Dijon, capitale régionale excentrée. C’est une région de résidences
secondaires pour les Parisiens, avec un patrimoine médiéval.
Nous avons donc des disparités régionales fortes, surtout intra-régionales, liées à la
situation géographique vis-à-vis de Paris : les zones qui en profitent le plus sont celles qui
sont les plus proches de Paris.
Chapitre 2 : Le Nord et la Lorraine
Le Nord-Pas-de-Calais est une petite région (2 départements, petite superficie mais
4Mhab donc densité de 315), la Lorraine (4 départements) est moyenne par sa superficie et sa
population. Ces régions ont des ressemblances naturelles, économiques (industrie en
reconversion). Elles ont aussi des différences : population, activités industrielles.
I) Deux régions aux similitudes fortes :
1) Deux marges géographiques :
Ce sont des régions de contact entre des ensembles géologiques différents.
Le Nord est constitué de la fin du Bassin Parisien (« haut pays »), relevé à l’Est vers les
Ardennes et ouvert à l’Ouest par une demi-boutonnière. Le « bas pays » correspond à la fin de
la grande plaine de l’Europe du Nord-Ouest, un pays sableux-argileux, dont une partie est
conquise sur la mer (la Flandre, avec ses polders).
La Lorraine comporte l’Est du Bassin Parisien, un axe central (une sorte de plaine,
l’axe mosellan) et à l’Ouest des plateaux et cuestas. A l’Est, on trouve le plateau lorrain, aux
sols souvent imperméables. Ces deux régions ont une mauvaise réputation climatique : ce
sont les moins ensoleillées de France, avec un climat océanique dégradé. Différence : le
Nord a un littoral, la Lorraine est continentale.
2) Deux anciennes marches-frontières :
Ce sont deux anciennes marches-frontières, tardivement intégrées à la France. Le
Nord a été conquis par Louis XIV (traité d’Utrecht, 1713), la Lorraine a été prise
progressivement (Metz, Toul, Verdun), elle était polonaise et revient à la France en 1766.
Les langues régionales sont différentes : le Nord est flamand, la Lorraine
germanique. La Lorraine a été divisée en 2 en 1870 et 1918, on s’est battu pour ces deux
régions pendant les GM.
3) Deux régions anciennement industrialisées, en reconversion :
5 des 15 pôles de reconversion créés en 84 l’ont été en Lorraine et Nord. L’industrie
repose sur la première RI, ces régions étaient fortes jusque dans les années 1970. L’industrie
est plus ancienne dans le Nord qu’en Lorraine, avec l’industrie textile qui accumule des
capitaux pour la RI. Cette dernière se développe au XIXè car il y a une main-d’œuvre
intéressante. Dans les années 1950, cette région subit la concurrence du textile synthétique et
des pays à bas coût de main-d’œuvre. Mais elle reste la première région textile de France :
coton, laine, dentelle (Calais), moquettes (St Maclou à Roubaix). En Lorraine, le textile était
surtout dans les Vosges.
L’exploitation minière et la sidérurgie sont aussi anciennes. Le Nord se caractérise
par ses bassins houillers (fossilisation des grandes forêts primaires) difficilement
mécanisables. Cela donne des paysages miniers typiques : terrils, corons. Depuis 1990, le
charbon n’est plus exploité. En Lorraine, l’industrialisation est plus tardive : charbon vers
Forbach (mécanisable) qui remplace celui du Nord car plus rentable, jusqu’en 2005. Il y a
aussi du minerai de fer à faible teneur (25%), ce qu’on appelle la « minette de Lorraine ». On
le trouve dans la cuesta de Moselle (rive gauche). Mais la concurrence de minerais tropicaux à
plus forte teneur a eu raison du minerai lorrain. Ces ressources avaient permis une
complémentarité entre le Nord et la Lorraine, avec le développement de voies ferrées et de
canaux et surtout celui de la sidérurgie.
Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques hauts fourneaux : Gandrange (Lorraine),
Dunkerque (Usinor). Déclinent aussi la carbochimie et les centrales thermiques. La première
centrale nucléaire est construite à Gravelines (Nord), Cattenom pour la Lorraine, des
hydrocarbures sont importés par Dunkerque. D’autres industries anciennes subsistent :
gisements de sel en Lorraine (pour les routes et l’acide chlorhydrique), industrie du verre
(cristal de Baccarat en Lorraine, d’Arques dans le Nord).
Des industries nouvelles sont apparues : reconversion des houillères dans les
préfabriqués ou les jouets plastiques (pas terrible), reconversion forte dans l’automobile
(Renault à Douai, PSA à Valenciennes, Toyota à Honnaing, équipementiers). La Lorraine a
aussi bénéficié d’implantations, moins nombreuses : PSA à Metz, Smart à Hambach. Mais
cela ne compense pas l’effondrement des industries anciennes. L’avenir est peut-être dans les
pôles de compétitivité, qui sont surtout dans le Nord.
4) Deux euro-régions :
Ce sont deux régions en partie transfrontalières, avec de nombreux projets, surtout
en Lorraine. C’est là que s’est créé en 1985 un Pôle Européen de Développement (vers
Longwy), qui a créé 7.000 emplois. Pour le Nord, on a Transmanche, qui associe: Kent,
Wallonie occidentale et Nord-Pas-de-Calais.
II) Deux régions aux atouts différents :
1) Les données démographiques :
Le Nord est plus peuplé (4Mhab), avec une forte densité. Cette forte population
s’explique par l’effet frontière, l’essor de la RI, un taux de natalité encore supérieur
aujourd’hui. Par contre, elle a un solde migratoire négatif qui se ralentit. La Lorraine a une
population plus faible, qui a tendance à stagner. Le solde migratoire négatif s’est ralenti.
La différence se voit aussi dans l’urbanisation. Le Nord est urbanisé à 87% par ses
villes historiques (peuplées à l’époque romaine et surtout médiévale) et la RI qui développe
les faubourgs et crée de nouvelles villes. Cette population urbaine est surtout concentrée dans
l’aire centrale : Lille-Roubaix-Tourcoing, quelques autres villes. Le reste du peuplement
urbain est plus ponctuel, sur le littoral. La Lorraine est surtout peuplée dans l’axe mosellan
(Metz et Nancy) et le bassin sidérurgique.
2) Les activités non industrielles :
- Agriculture et pêche : le Nord est plus favorisé que la Lorraine, l’occupation a été
plus précoce dans le Nord, les bords de mer ont été aménagés en Flandres (darses). La jachère
a été très tôt remplacée par des cultures fourragères, les défrichements sont précoces (5% de
bois, aujourd’hui). L’agriculture du Nord entretient aussi des liens étroits avec l’industrie :
elle lui fournit des matières premières (houblon, betterave à sucre), l’industrie fournit des
engrais. C’est une agriculture essentiellement intensive, spécialisée dans les végétaux : blé,
betterave à sucre, pomme de terre, endive, chicorée. On observe une dominante
d’exploitations familiales et polyculturales, moins étendues que la moyenne nationale.
On distingue 4 types :
Des pays herbagés aux extrémités (Ardennes) avec des bovins, des chevaux de trait dans le
Boulonnais.
Le haut pays (haut du BP), qui rappelle l’agriculture picarde : mosaïque d’openfield avec
céréales et endives.
La Flandres intérieure, avec des plaines argileuses en polyculture (colza, houblon, tabac,
pomme de terre bintje) et un peu d’élevage.
La Flandres maritime, avec des problèmes de drainage (canaux médiévaux = watergang).
Cela donne de puissantes IAA, particulièrement sur le bassin houiller et autour des
agglomérations : sucre avec Béghin Say, bière avec Stella Artois, confiserie, conserverie
Bonduelle. Boulogne est le premier port français en tonnage, mais il est en baisse. On a
aussi de la pêche au bord des cours d’eau.
La Lorraine est surtout une région d’élevage bovin (pas de pêche…). Son
agriculture est moins favorisée que celle du Nord, elle a connu un fort déclin au XXè
(Verdun), d’où une simplification des systèmes de production, un mouvement de
regroupement des exploitations et la suppression de celles qui réclament beaucoup de maind’œuvre. On trouve des productions laitières sur les plateaux, des cultures maraîchères autour
des agglomérations, quelques cultures spécialisées en front de cuesta (vin gris de Toul,
mirabelle). La forêt tient une plus grande place que dans le Nord, surtout dans les Vosges.
- Les activités tertiaires sont plus variées dans le Nord, à cause d’une tradition
médiévale modernisée avec la grande distribution (famille Mulliez) et la VPC. S’y ajoute
une fonction portuaire. Dunkerque est le 3e port français, avec sa ZIP créée en 62 : activités
de sidérurgie, aluminium et raffineries, trafic déficitaire avec ¾ d’importations. Il est classé
pôle de conversion en 84. Calais est le 4e port français (35Mt), premier port de voyageurs.
Le grand pôle tertiaire est Lille-Roubaix-Tourcoing, avec un rattrapage universitaire
(Villeneuve d’Ascq), des équipements culturels, un solide appareil financier régional (Crédit
du Nord, sièges sociaux de Mulliez, Bonduelle, …).
Cette métropole capte une bonne partie des richesses de la région, d’autant qu’elle a un
pôle de compétitivité à vocation mondiale : I-Trans (transport, avec Alstom et Bombardier).
Reste à développer le tourisme : il y a des stations balnéaires comme Le Touquet et des
réserves ornithologiques. De gros efforts sont faits pour le tourisme : Lille a été capitale
européenne de la culture, le tourisme historique est développé, de même que la reconversion
des friches industrielles et le reboisement des terrils (on a même fait une piste de ski !).
La Lorraine est moins favorisée : elle pâtit de la rivalité Metz/Nancy, un rattrapage
tertiaire se fait mais l’équipement bancaire est en retard (les banques sont plus de prêts que
d’affaires). Le rattrapage universitaire se fait à Metz et Nancy, mais la région n’a pas de pôle
de compétitivité mondial (seulement 2 nationaux). Le tourisme est faible : tourisme
historique à Nancy et Verdun, tourisme vert.
3) Avenir en Europe :
Le Nord est littoral, la Lorraine continentale. Cette dernière souffre de ne pas être sur
un grand axe de communication. Pourtant, sa situation est intéressante. Mais les efforts
d’aménagements faits sont incomplets : autoroutes (il en manque au Nord), TGV qui passe
entre Metz et Nancy. Le voisinage du Luxembourg, pays très dynamique qui attire 60.000
frontaliers lorrains, pose problème.
La région Nord est favorisée par la mer, sa situation entre Paris et la Randstad et ses
nombreuses infrastructures (TGV, Thalys, Eurostar depuis 94, autoroutes A1, A25, A26…)
C’est un carrefour européen, avec un tourisme de chaland (Calais) en déclin.
Ce sont donc des régions qui ont un espoir européen fort, on peut aussi espérer une
reconversion comme à Liverpool.
Chapitre 3 : L’axe Rhin-Rhône et la Méditerranée
Ces régions ont une unité qui vient du couloir, de l’intensité de la circulation sur le
principal axe méridien de la France (et un grand axe européen). Mais on trouve des
disparités, selon le dynamisme des régions.
I) Un axe naturel incomplètement valorisé :
1) Un axe naturel :
Le sillon du Rhône ouvre une brèche entre deux montagnes, il sépare la France
hercynienne (ancienne) de la France alpine (montagne jeune). On trouve aussi des zones de
plaine, comme la plaine d’Alsace, qui est un fossé d’effondrement. Sont également inclus des
plateaux comme celui de Haute-Saône, le Val de Saône (la Bresse, ancien fond de lac tertiaire
et la Dombes, moraine quaternaire). C’est une zone de contact entre le Massif Central et les
Alpes (plaine au Sud de Lyon). La plaine du Comtat Venaissin et de Crau (cône de déjection
de la Durance) sont aussi remarquables. A l’Ouest, la plaine du Languedoc-Roussillon se
caractérise par des côtes sableuses et marécageuses. A l’Est, on a une côte basse et rocheuse
(les calanques calcaires), ainsi que deux massifs anciens (les Maures et l’Esterel).
Le Rhône prend sa source en Suisse, c’est le plus puissant des fleuves français, il se
sépare en 2 (Grand Rhône à l’Est, Petit Rhône à l’Ouest) avant de finir en delta, en Camargue.
Cet axe naturel se raccorde au Bassin Parisien par le seuil de Bourgogne, au Jura par
des cluses, aux vallées alpines (auges glaciaires) du Nord. Le Massif Central est fermé, sauf
par la vallée du Gier. Au Sud, le Languedoc se raccorde au bassin aquitain par le seuil du
Lauragais.
On a donc une coupure géologique, topographique et hydrologique (partage des eaux).
C’est aussi un axe climatique, avec un climat d’abri. Il est nuancé selon la latitude :
semi-continental au Nord, méditerranéen au Sud (avec des vents comme le Mistral et la
Tramontane). Ce climat favorise les versants tournés vers l’Est : vignobles d’Alsace, de
Bourgogne, Côtes du Rhône ; cultures fruitières et légumières, cultures céréalières dans les
grandes plaines.
2) Un axe inégalement peuplé :
Les densités sont globalement supérieures à la moyenne nationale, à cause de
l’ancienneté du peuplement urbain et des axes de communication. La plupart des régions
sont gagnantes, avec des soldes naturel et migratoire positifs : en première position vient le
Languedoc, puis l’Alsace et PACA. Seule la Franche-Comté et la Bourgogne sont perdantes.
La population est plus vieille et plus jeune au Sud qu’au Nord : on a donc une croissance
par solde naturel.
3) Un axe incomplètement valorisé :
- Un axe énergétique, avec un grand potentiel hydroélectrique (découverte en 1869
par Bergès). Le Rhône est exploité par la CNR dès 1933, avec 3 rôles : hydroélectricité,
irrigation, navigation. On a des barrages au fil de l’eau, essentiellement sur des canaux (à
Donzère et Bollène, p.ex). On a aussi des centrales nucléaires sur cet axe : Fessenheim sur le
Rhin, 4 centrales sur le Rhône. On trouve aussi d’autres énergies comme des éoliennes vers
Montélimar, des oléoducs (de Fos à la Ruhr) et gazoducs.
- Un axe de circulation modernisé. Le réseau autoroutier est assez dense, il
s’affranchit de l’étoile parisienne : A6-A7 en 1961, A9 vers l’Espagne, A8 vers Nice, liaison
Bordeaux-Toulouse, tunnels alpins, raccordement à l’Alsace. S’y ajoutent des aménagements
ferroviaires : ligne Lyon-St E en 1832, PLM, LGV (Paris-Lyon en 81, Lyon-Marseille en
2001), du fret entre la France et l’Italie (par le Fréjus), les projets TGV Lyon-Turin et RhôneRhin. Sans oublier les aéroports : hub de St Ex (1975), Nice, Marseille, Strasbourg. Les voies
navigables ont un trafic modeste (le Rhône en a 10x moins que le Rhin). Le Rhône et la
Saône acceptent les gabarits européens : péniches de 1350t et convois poussés de 3000t, cela
concerne surtout les pondéreux. Le trafic conteneur est en hausse depuis Fos (port E.Herriot à
Lyon). Le grand projet d’un canal Saône-Rhin n’a pas été réalisé (il en existe un, mais il est
petit) pour des raisons écologiques. Le projet est actuellement plus ou moins relancé, mais pas
inscrit dans le plan de relance par des grands travaux.
- D’autres grands travaux, qui ont surtout concerné le Midi :
Fos, pour l’extension du port de Marseille : une ZIP de 7.000ha à l’Est du Grand Rhône, pour
rivaliser avec Rotterdam. On réalise des darses et quais, d’où le développement de raffineries,
industries chimiques et sidérurgiques. En 84, il est classé pôle de conversion.
De grands travaux d’irrigation, avec la création en 55 de la CNABRL (compagnie nationale
d’aménagement du Bas-Rhône et Languedoc), le canal de Provence (1963) qui relie la
Durance à la Crau. D’où une agriculture plus intensive, voire en reconversion.
Des équipements touristiques : création en 63 d’une mission interministérielle
d’aménagement de la côte du Languedoc-Roussillon, pour créer 5 grands pôles touristiques.
C’est une réussite incontestable.
On a donc un axe ouvert sur l’Europe et le Sud, ainsi que vers l’Europe rhénane (la dorsale
européenne).
II) Des régions inégalement dynamiques :
Le taux de chômage n’est pas un bon critère, le taux d’accroissement peut l’être.
1) L’Alsace, une région forte ?
C’est la plus petite des régions (1,5% de la superficie française), mais elle concentre
3% de la population, avec une densité double de la moyenne nationale. Géologiquement, c’est
un fossé d’effondrement (graben) : versant abrupt des Vosges, collines sous-vosgiennes,
plaine d’Alsace (lœss et zones de marais humides). Cette plaine a un climat plus sec que les
Vosges, elle est plus ensoleillée, c’est un climat d’abri semi-continental. C’est aussi une
région historique, rattachée à la France en 1697, puis à l’Allemagne entre 1871 et 1918,
occupée pendant la 2GM. D’où un bilinguisme, une législation différente (pas de séparation
Eglise/Etat) et un sentiment patriotique fort.
- Une agriculture à la réputation surfaite. Les exploitations sont souvent petites (la
moitié de la moyenne nationale), mais on en trouve de plus en plus de grandes. Cela donne un
paysage d’openfield morcelé. Cette région est connue par son vignoble (blanc sec fruité :
Sylvaner, Riesling, Gewürstraminer), dont ¼ de la production est exportée en Europe. On
trouve aussi des fruits rouges (framboises, myrtilles, cerises), des fromages (munster). On
trouve de grandes cultures sur les terrasses loessiques, ainsi qu’une polyculture avec des
élevages composites (bovins, canards, oies, poulets), de la betterave à sucre, du houblon, du
tabac brun, de la pomme de terre. Les ¾ de l’agriculture sont des végétaux.
- Variété des industries, mais dynamisme inégal : région fortement industrialisée,
industrie traditionnelle en déclin (textile à Mulhouse et Oberkamp, déclin avec l’occupation
allemande, concurrence des synthétiques et NPI dans les années 60). Il reste quelques activités
de confection (DMC : fil à broder), de tissu d’ameublement, de linge de maison de qualité.
L’extraction de potasse est arrêtée depuis 2002. Quelques industries sont en expansion : les
IAA (brasseries), l’industrie chimique faible par rapport à l’Allemagne (une seule raffinerie,
chimie vers Mulhouse et sur le Rhin), la métallurgie (dans le Nord : De Dietrich,
Bubbendorf), l’automobile (Peugeot vers Mulhouse, Opel à Strasbourg), matériel ferroviaire,
construction électrique et électronique. Cela est dû à la réputation de la main-d’œuvre, aux
investissements étrangers (Suisse, Allemagne, mais aussi Japon, avec Sony). Cette industrie
est appelée à se développer avec les technopôles : Colmar, Strasbourg (2e ville française en
nombre de chercheurs).
- Un tertiaire qui s’est beaucoup développé, notamment par le tourisme (marchés de
Noël, route des vins, chasse). Cela se fait surtout dans les 3 villes importantes :
- Mulhouse, avec des ZI vers le Rhin et le Sud, la Regio Basilensis créée en 67 pour
rassembler Mulhouse, Bâle et des villes allemandes.
- Colmar, préfecture du Haut-Rhin, centre administratif, capitale touristique du vignoble.
- Strasbourg : capitale régionale, ville tertiaire mais des industries diverses (construction
électrique et électronique, chimie, …), 2e port fluvial français, important tertiaire supérieur
(ENA, conseil des droits de l’homme et Parlement européen, universités).
L’Alsace est donc une région solide, capable de surmonter ses difficultés, avec une
population en hausse, une situation européenne avantageuse et un faible taux de chômage
(dû en partie aux frontaliers, c’est une faiblesse). Mais c’est une région plus faible que ses
voisins européens. L’arrimage à la France est resserré avec le TGV Est (pas vraiment fini) et
l’achèvement du réseau autoroutier.
2) De la porte d’Alsace à la Saône : des régions sur la défensive :
Ce sont des régions moins riches que l’Alsace, plus faibles et moins urbanisées. On
trouve des régions de plateaux calcaires avec des vallées encaissées (vallée du Doubs) puis
des plaines pour aboutir au Val de Saône. Ce sont des régions essentiellement agricoles,
avec des élevages bovins laitiers (vache montbéliarde) et de la polyculture céréalière.
- La Porte d’Alsace a des liens étroits avec l’Alsace, une part d’auto-développement
dû à des initiatives privées. Cela vient d’une tradition industrielle de petite métallurgie et
avec des inventeurs, comme la famille Peugeot. Cette dernière a fait des baleines de
parapluie, puis des moulins à café, des cycles et des autos. Son industrie est concentrée à
Sochaux-Montbéliard, avec des productions disséminées dans la région. L’usine emploie une
forte main-d’œuvre rurale. Peugeot, PSA depuis 74, n’est pas très en forme en ce moment,
ce qui montre le danger d’une mono-industrie liée à la mode automobile, mais
potentiellement menacée par la concurrence (allemande, pour le haut de gamme).
Belfort est une ville fortifiée par Vauban, défendue en 1870 par Denfert-Rochereau,
département « Territoire de Belfort » créé en 1922. Elle devient une ville industrielle après
1871 (repli de l’industrie alsacienne), mais ces industries ont disparu aujourd’hui. Quelquesunes subsistent, comme Alstom ou Bull.
- Besançon est la capitale de la Franche-Comté (220.000 hab), elle est installée dans
un méandre du Doubs. C’est une place-forte militaire : forteresse Vauban, avec une ceinture
de forts autour. On a de l’industrie horlogère (par des Suisses réfugiés), du travail des
métaux précieux. Cette vocation industrielle s’affirme dans les années 60, avec beaucoup de
ZI. L’industrie horlogère a tenté de s’adapter (Lip, Yema, bijoux Maty), mais c’est plutôt raté,
donc on a une reconversion vers les industries électroniques. S’y ajoutent quelques IAA, des
fromageries. Besançon est surtout une ville tertiaire, universitaire.
- De Dole à Chalon sur Saône. Dole a eu un rôle important, mais aujourd’hui elle
contient peu d’industrie (sel et chimie, principalement). Chalon est mieux placée (80.000
habitants), c’est un port fluvial. Mais elle rencontre des difficultés, avec le bassin houiller du
Creusot. On trouvait aussi de l’industrie photo avec Niepce puis Kodak, mais l’usine Kodak
est fermée aujourd’hui. La région était promise à un grand avenir par le canal Rhône-Rhin :
mais non !
3) Lyon et sa région :
- C’est Lyon qui a forgé sa région, et non l’inverse : c’est l’exemple-type d’une région
polarisée. Son aire urbaine est la 2e de France, avec 1,6Mhab. Mais elle n’est que la 3e ville
française, avec 440.000 hab. La COURLY est créée en 68, le Grand Lyon compte 57
communes depuis 2007. C’est une zone dynamique, qui bénéficie d’une situation
favorable : couloir entre Massif Central et Alpes, axe méridien de l’Europe (et de la France).
Le site est peu commode, à l’origine : collines (dépôts quaternaires), zone de confluence
variable dans le temps, Rhône difficilement franchissable et objet de crues. Depuis l’époque
romaine, c’est un carrefour de voies terrestres, en recul à partir du IIIè siècle. A la
Renaissance, Lyon est une ville de foires. Deux projets d’extension sont menés à partir de
1760 : les Brotteaux et l’extension de la confluence au Sud. Au XIXè, on constate de grandes
transformations économiques et spatiales : renouveau de la soierie, développement de la
chimie et de la mécanique. Elle fait appel à sa région pour les matières premières : charbon
de St-Etienne, pyrites de Sain-Bel, main-d’œuvre rurale. Elle s’étend en annexant ses
faubourgs, elle se développe sur la rive gauche de manière dissymétrique (Est industriel,
Ouest résidentiel). L’industrie s’est diversifiée, Lyon s’est désindustrialisée. 3 piliers de
l’industrie : chimie (pétrochimie à Feyzin depuis 64), mécanique (Renault Trucks),
construction électrique et électronique (les câbles Nexans, Alstom, Calor).
S’y ajoutent la confection, les IAA, la bijouterie, les jouets (Majorette). Mais il n’y a
pas de sidérurgie, ni d’automobile et d’aéronautique. L’industrie a migré vers les banlieues
(voire plus loin) ou s’est délocalisée. Lyon est devenue une ville tertiaire : cf thèse de
Bonnet, Lyon, place tertiaire, en 86. Le carrefour lyonnais se renforce, avec des autoroutes, le
TGV, l’aéroport (1975), le trafic fluvial. Le tertiaire supérieur se développe : Lyon est le 2e
pôle universitaire français, elle a des pôles de recherche, 2 ENS, 7 technopôles (La Doua,
Gerland), Interpol, Euronews. Mais on observe un recul bancaire (LCL à Paris). Par contre,
la ville attire beaucoup de bureaux.
Grandes transformations récentes :
- Lyon est métropole d’équilibre depuis 1964
- Des grands équipements : captage d’eau en amont du Rhône, métro dès 1978, tram en
2001, TGV en 1983, gare Part-Dieu, tunnel de Fourvière, rocade Est, TEO.
- Mise en valeur du centre traditionnel : Vieux Lyon secteur sauvegardé en 62, CroixRousse ZPPAUP en 93, classement à l’UNESCO en 98.
- Extension des fonctions centrales sur la rive gauche : Part-Dieu, centre administratif et
culturel (+ bureaux et logements), gare, Cité Internationale.
- Rénovation des quartiers péricentraux : Gerland, Tonkin, Vaise, Confluence.
- Développement des banlieues : ZUP, grands ensembles dédensifiés.
- Ville Nouvelle de L’Isle d’Abeau.
Aujourd’hui, c’est la reconquête des berges, une ville qui se veut internationale et
européenne, mais en a-t-elle les moyens ?
- La région lyonnaise : une région hétérogène du point de vue physique (une partie du
Massif Central avec notamment les monts du Forez, la plaine de la Saône, la partie Sud du
Jura). C’est une région de transition climatique entre un climat montagnard et un climat
semi-continental voire méditerranéen au Sud. Lyon s’est forgé cette région à partir du XIXè :
« la ville, en semant des activités industrielles, en modernisant l’agriculture, en développant le
tourisme, a créé autour d’elle une zone de grande activité, de richesses, de puissance
économique la plus forte de la moitié Sud de la France » (R. Lebeau). L’agriculture est de
qualité (cf cuisine lyonnaise), avec des exploitations souvent inférieures à la moyenne
nationale, sauf dans la Dombes, le Bas-Dauphiné, le bassin de Roanne et de Feurs. On a des
liens forts avec la bourgeoisie lyonnaise, qui a souvent des propriétés à la campagne.
Productions : élevage bovin avec polyculture, particulièrement dans les zones montagneuses
et dans le Bas-Dauphiné, au Sud on a un élevage caprin (fromages). C’est aussi un élevage
porcin industrialisé (salaisons en Bresse, dans le Forez), un élevage avicole (AOC poulet de
Bresse) parfois industrialisé (Drôme). On trouve aussi des cultures céréalières (blé, maïs) dans
la Bresse, Dombes, Bas-Dauphiné et plaine de Valence. On remarque également des cultures
spécialisées : cultures fruitières (framboises des monts du Lyonnais, arbres fruitiers dans la
plaine de Valence), vigne (beaujolais, côte du Rhône, vins du Jura). Cette agriculture a
favorisé Lyon.
En ce qui concerne l’industrie, Lyon a organisé sa région : elle organise la vente et
répartit les industries dans la région. Elle trouve une main-d’œuvre rurale, des matières
premières locales. C’est tout d’abord l’industrie textile qui crée le lien entre Lyon et sa
région, avec la soie : tissage rural, élevage de ver à soie en Ardèche (magnaneries), teinture
(Villefranche), travail des déchets de soie dans le Jura. On trouve aussi du travail de la laine à
Vienne, dans les monts du Lyonnais, à Roanne. Cette branche est en difficulté aujourd’hui.
Elle a évolué vers les tissus synthétiques : mousseline de Tarare, vêtements de sport du
Dauphiné, vêtements de travail à Villefranche. La région s’organise aussi avec l’exploitation
de ressources pour l’industrie : charbon de la vallée du Gier, pyrite de Sain-Bel. On trouve
aussi des implantations plus récentes : construction mécanique (RVI à Vénissieux,
L’Arbresle, Bourg-en-Bresse), construction électrique (Nexans à Lyon et Bourg), chimie
(vallée de la chimie à Lyon, Balan, Tarare, Oyonnax). On a aussi des industries locales au
service de Lyon : papeteries (Canson à Annonay), cuirs (Romans), IAA, cimenteries.
On observe aussi des activités tertiaires, avec une prédominance de Lyon pour les
services de haut niveau : services bancaires, services aux entreprises, universités. Mais Lyon a
besoin de sa région : zones de résidences secondaires des Lyonnais (Dombes, Ardèche),
espaces récréatifs (parc régional du Pilat, Dombes pour la chasse, Walibi aux Avenières, lac
de Paladru), tourisme gastronomique (Troisgros à Roanne). Lyon a un peu étouffé la vie
urbaine de la région. St-Etienne est la deuxième agglomération de la région (mais c’est une
ville industrielle en déclin) : il lui reste de la confection (Z) et de la fabrication d’armes, un
potentiel tertiaire (stade Geoffroy Guichard). Comme Roanne, elle est classée pôle de
conversion depuis 84. La plupart des villes de la région sont dynamiques : Mâcon, Bourg, ...
4) Le Midi méditerranéen : des régions gagnantes
On le délimite par la limite Nord de la culture de l’olivier, la Corse est incluse
dedans. Languedoc-Roussillon : 2,1Mhab, première pour le taux d’accroissement
démographique et le taux de chômage. PACA : 4,2Mhab, troisième pour le taux
d’accroissement démographique, taux de chômage élevé. Ces régions gagnent de la
population par solde migratoire : elles attirent. Cet attrait a commencé avec les rapatriés
d’Algérie (1961-62), les étrangers (Marseille). Cela est dû à l’héliotropisme : plus de
2.500h/an d’ensoleillement. Le climat est marqué par une douceur hivernale et sécheresse
estivale, une végétation adaptée (garrigue, maquis). D’où une nécessaire irrigation agricole,
des précipitations violentes, des vents forts, des crues meurtrières (Vaison). C’est aussi une
terre de grands aménagements, qui ont créé des emplois : ZIP de Fos, industries de pointe.
Cette région attire à la fois des jeunes actifs, des retraités aisés et des étrangers.
- Une agriculture intensive souvent irriguée, à 95% végétale. L’élevage est très
réduit (élevage ovin) à cause des conditions climatiques. Cette production végétale s’est
accélérée avec le développement des transports (voie ferrée, autoroutes) et de l’irrigation.
S’y ajoute l’augmentation de la demande en fruits et légumes. Les rapatriés d’Afrique du
Nord l’ont fait évoluer en amenant leurs techniques. Cette spécialisation entraîne un recul de
la polyculture traditionnelle (olivier, blé dur, vigne): abandon des terrasses au profit des
plaines drainées et irriguées, ce qui se traduit par une augmentation des superficies des
exploitations (qui restent 2x inférieures à la moyenne nationale).
Un premier point fort de cette agriculture est la vigne :
- Production de masse en Languedoc, avec du vin de table. C’est le plus grand vignoble du
monde, recul à partir de 1975 donc arrachage de plants de vigne et reconversion vers d’autres
cultures qui profite surtout à des régions non viticoles), grands négociants (Nicolas),
reconversion vers des vins de qualité (Corbières, Costières).
- Des vins de qualité : Syrah, Chateauneuf-du-Pape, rosés de Provence, Camargue (Listel).
On trouve aussi des apéritifs : muscat de Frontignan, Banyuls, blanquette de Limoux.
Deuxième spécialité : les cultures maraîchères, fruitières et autres. La culture
maraîchère donne lieu à de grands jardins cultivés (huertas), où l’eau est fournie par des
canaux, dès l’époque médiévale et le XVIè pour le Comtat Venaissin. Se développent aussi
des primeurs, dans la région du Comtat Venaissin, cultivée comme un jardin avec des petites
parcelles entourées par des haies de cyprès. Ce sont des cultures de plein champ. Cette région
est la première région maraîchère et fruitière de France, avec des spécialités comme le melon
de Cavaillon. 4 marchés d’intérêt national (MIN) : Avignon, Cavaillon, Chateaurenard,
Carpentras. Autre région de huertas : la plaine du Roussillon, avec des cultures spécialisées
(salade, abricot, pêche).
Ces régions sont confrontées à la concurrence d’autres pays méditerranéens et à la
dessaisonalisation des productions (concurrence mondiale). Se pose aussi le problème du
coût de la main-d’œuvre et de la pression foncière. On trouve la même orientation dans la
Provence intérieure et sur le littoral, avec des spécialisations florales (Antibes, Nice). On
trouve deux autres régions qui ont les mêmes spécialités maraîchères et fruitières, avec de
plus grandes exploitations : Crau (fruits, foin de qualité), Camargue (grande humidité, salinité
à protéger, digues, vignoble et céréales, riz, cultures fruitières et maraîchères avec les
asperges). La pêche est faible en Méditerranée (5% des prises françaises) : sardines, anchois,
thon, mytiliculture, ostréiculture (Bouzigues). Principaux ports : Sète et Martigues.
- Une sous-industrialisation en évolution : une part modeste dans la production
nationale car peu de matières premières locales (lignite et bauxite en Gardanne, sel), peu
d’intérêt de la bourgeoisie locale pour l’industrie. Cela évolue avec l’importation de matières
premières (hydrocarbures), le développement de l’énergie hydraulique et nucléaire, la 3e RI
avec la haute technologie. Les industries traditionnelles déclinent, sauf celles qui ont un
créneau : le textile des Cévennes décline, reconversion dans les tissus provençaux. Nîmes
abrite Cacharel, mais elle a eu un rôle important, avec le jean. Déclin aussi des constructions
navales : La Seyne-sur-mer, La Ciotat, classés pôles de conversion, il reste la construction
navale militaire à Toulon. Les IAA sont assez faibles, par rapport à la production :
conserveries (St-Mamet), confitureries, huileries, eaux minérales (Perrier), savonneries.
Les principales industries sont des industries portuaires, avec Fos-sur-mer/Etang de
Berre/Marseille (1/3 des activités industrielles). C’est le premier ensemble portuaire
français (94Mt), stagnant, au trafic déficitaire : importation d’hydrocarbures, fer, charbon,
d’où raffinage (Berre, La Med, Lavéra, Fos) avec vapocraqueurs, sidérurgie littorale (plus
qu’un seul haut fourneau en 2009). La greffe industrielle n’a pas bien pris avec Fos (pôle de
conversion), mais cela a permis de déplacer des activités de Marseille vers l’Ouest. Les
implantations récentes (dès les années 60) sont plus dynamiques : IBM à Lagaude et
Montpellier, pour développer de la recherche, Pierre Laffite qui crée en 1969 la technopole de
Sophia-Antipolis. Cette dernière se situe dans l’arrière-pays de Cannes, c’est un pôle de
recherche international avec le CNRS, l’INRA, des recherches sur l’énergie, la santé, les TIC.
Cela a permis de créer 13.000 emplois, dont 40% de cadres, et quelques logements. Elle
s’agrandit encore. Elle a donné une impulsion au Midi, avec le développement d’une route
de la haute technologie, de Perpignan à Nice. Cela renforce aussi le pôle aéronautique près de
Marseille, avec Eurocopter et le choix de Cadarache pour l’ITER. Ces activités attirent de
jeunes actifs diplômés, mais toutes ne se portent pas bien.
- Un tertiaire hypertrophié qui se renforce encore : entre 77 et 80% de la population
active. Languedoc-Roussillon et PACA forment la première région touristique de France.
C’est surtout le littoral qui est touristique, même si l’arrière-pays participe un peu. C’est
d’abord un tourisme aristocratique et hivernal, lancé en 1832 par Lord Brougham, qui
s’arrête à Cannes. Ce tourisme se développe avec l’arrivée du chemin de fer, donnant lieu à
des paysages caractéristiques : promenades en front de mer, casinos, villas et palaces. A partir
de 1936, ce tourisme devient plus populaire, balnéaire et estival. A partir des années 60, on
passe à un tourisme de masse : mode du bronzage, développement des congés payés et de
l’automobile, élévation du niveau de vie, culture du loisir. Ce développement est lié au
développement urbain, avec un habitat souvent incontrôlé et spontané, avec aussi des ports
de plaisance gagnés sur la mer.
Les aménagements sont plus récents à l’Ouest (Languedoc-Roussillon), ils résultent
d’une politique d’aménagement du territoire (MIACLR): l’Etat achète les terrains à bas prix,
démoustique, cure les canaux. Le but est de retenir les touristes qui partaient vers l’Espagne.
On a créé 5 grosses unités touristiques : Port-Camargue/La Grande Motte/Palavas, Cap
d’Agde, Gruissan, Barcarès/Port Leucate, St Cyprien/Canet. On a construit des ensembles
résidentiels souvent trop petits (T1), des maisons individuelles, des campings sur le littoral,
des ports de plaisance. Ces stations attirent une clientèle moins aisée que celle de la Côted’Azur, mais c’est aussi une clientèle internationale et un tourisme plus saisonnier.
Cette opposition Est/Ouest se retrouve dans la vie urbaine. Le réseau urbain est très
développé à l’Est, avec des villes d’origine ancienne (Nice et Marseille fondées par les
Phocéens) dynamiques aujourd’hui. A l’Ouest, on a un réseau urbain peu littoral et plus
récent, des villes intérieures anciennes (Agde, Narbonne) et des créations plus récentes
(Montpellier au Xè). C’est une ville en renouvellement (centre administratif néoclassique), un
centre universitaire qui ne domine pas toute sa région (Perpignan plus attirée vers l’Espagne).
L’axe Rhin-Rhône-Méditerranée est donc un axe vital pour la France et l’Europe, avec
des problèmes de saturation dans la vallée du Rhône. Cet axe s’est affranchi de l’emprise
parisienne, il est plus tourné vers l’Europe rhénane, mais cela comporte un risque de
basculement vers l’Est.
Chapitre 4 : Le Grand Ouest
Il se compose de l’Ouest français (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes) et
du Sud-Ouest (Aquitaine et Midi-Pyrénées), moins les parties montagneuses. Il couvre 30%
de la superficie de la France, pour 20% de la population. Les régions ont 2 à 3Mhab chacune,
sauf Poitou-Charentes (1,6M). Elles sont pour la plupart gagnantes, du point de vue
démographique. Depuis 1960, ces régions connaissent des mutations sectorielles, entre
tradition et modernité.
I) Des caractères communs dominants :
Ce sont des régions ouvertes sur la Manche et l’Océan Atlantique, sauf Midi-Pyrénées.
1) Des bas pays au climat océanique :
Ce sont essentiellement des régions de plaines et plateaux, avec des vallées
encaissées qui donnent l’impression de relief. Le massif armoricain est essentiellement
constitué de granit, avec des différences de dureté (relief appalachien au Sud, plus dur). Le
point culminant est le Signal des Avaloirs (417m). Ce granit donne des côtes rocheuses, avec
des vallées englouties par la mer appelées rias ou abers. Ce massif ancien comporte des
vallées encaissées et quelques bassins intérieurs, comme celui de Rennes. L’Ouest comprend
aussi la fin du Bassin Parisien, avec des plateaux calcaires à l’Ouest et au Sud.
Le Sud-Ouest est marqué par le Bassin Aquitain, 2x moins étendu que le Bassin
Parisien. Il est limité à l’Est par le Massif Central, au Sud par les Pyrénées, il a à l’Est des
plateaux calcaires secondaires avec des vallées encaissées, des plateaux au relief karstique.
On trouve aussi des zones de collines tertiaires (de molasses), le grand cône de déjection de
Lannemezan, des sables quaternaires dans les Landes. Au centre, on trouve une gouttière
occupée par la Garonne, qui prend sa source en Espagne et peut avoir des crues violentes.
Cette zone est marquée par un climat océanique, avec des nuances : climat océanique
breton (doux en hiver, frais en été, souvent des pluies fines, temps instable), climat aquitain
(plus chaud l’été, orages, douceur hivernale).
2) Des pays longtemps ruraux :
Les conditions naturelles sont favorables, d’où un peuplement précoce (cf grotte de
Lascaux), avec des civilisations agricoles anciennes. Cela fonde le paysage de bocage, un
habitat dispersé (hameaux), des défrichements importants. Les Landes sont une forêt de
reboisement, avec des résineux plantés sous le Second Empire. Ne pas confondre avec la
lande (végétation rase).
On retrouve ce paysage de bocage dans la plupart des régions de l’Ouest (openfield au
Sud-Ouest). Au XIXè, cette population qui vivait en symbiose avec la nature avait de plus en
plus de mal à subsister, d’où un fort exode rural. Midi-Pyrénées n’a pas encore retrouvé sa
population de 1851, p.ex. La population agricole est plus forte que la moyenne nationale, les
densités rurales sont fortes, surtout dans l’Ouest. La population est moins urbanisée que la
moyenne nationale, aucune ville n’est millionnaire, par contre on a un réseau très dense de
petites et moyennes villes. Aujourd’hui, l’exode rural s’est arrêté, ces régions attirent,
particulièrement le littoral. On a de forts contrastes démographiques entre la Bretagne
littorale densément peuplée (Armor) et la Bretagne intérieure (Argoat) qui l’est moins. Les
densités sont faibles sur le littoral des Landes.
3) Des régions périphériques longtemps mal desservies :
La Bretagne a longtemps été à l’écart, sans pourtant avoir d’obstacle naturel : ces
régions avaient peu d’intérêt économique, peu de ressources minières, pas de première RI.
La prise de conscience de ce retard date des années 65-70, avec une politique
d’aménagement du territoire : un réseau autoroutier est mis en place, il est encore incomplet.
La LGV est aussi incomplète : rien après Le Mans ni Tours. Un TGV Atlantique est en projet
pour relier Tours à Bordeaux en LGV, puis l’Espagne. On trouve aussi quelques canaux,
comme celui de Midi, entre l’Atlantique et la Méditerranée, construit par Riquet et classé à
l’UNESCO.
Ce retard peut être un atout : ces régions ont un bon potentiel de main-d’œuvre, des
terrains bon marché, peu d’industries polluantes, pas de dégradation des paysages, une
certaine qualité de vie, des volontés fortes de la part des acteurs locaux.
II) Des mutations sectorielles et régionales incomplètes :
1) Les transformations inégales de l’agriculture :
Ces régions étaient de tradition polyculturale, pour répondre au climat et à la
pression démographique : blé, maïs, sarrasin, blé noir. Depuis les années 60-70, certaines
régions ont connu une véritable révolution agricole grâce aux nouvelles techniques de
production, aux nouveaux besoins des consommateurs et aux changements de mentalité des
producteurs.
- La Bretagne est une région agricole intermédiaire (en revenu), avec des
agriculteurs jeunes et dynamiques mais endettés, l’élevage représente 90% de la production
agricole. L’évolution passe par le remembrement (d’où une augmentation de la taille des
exploitations), une débocagisation. Cela est lié à une mentalité moins individualiste (GAEC :
groupement agricole d’exploitations en commun). C’est une des régions de France où on a le
plus de coopératives (CUMA : coopérative d’utilisation du matériel agricole, coopératives
pour vendre la production). La formation agricole se développe aussi, ils utilisent des
techniques modernes pour la sélection animale (insémination artificielle), de l’élevage horssol, utilisation de produits vétérinaires (vitamines, antibiotiques). Le problème des déjections
animales se pose, avec une pollution par nitrates et phosphates.
La Bretagne est la première région française pour la production de lait, avec des
Holstein et FFPN (française frisonne pie noire), première aussi pour le porc (50%), la volaille
(50%) et tous les produits d’élevage sauf la viande bovine. Cet élevage est en liaison avec les
grandes firmes alimentaires, avec les abattoirs et les IAA régionales ou étrangères (Stalaven,
Nestlé). Mais cette agriculture comporte certains dangers : surproduction de lait (quotas en
85), variation des cours de la viande, désaffection des Français pour la viande, concurrence
de pays émergents (Brésil, PECO) d’où la fermeture de marchés à l’export, coût des
investissements, dépendance vis-à-vis des banques, problème des grandes surfaces qui dictent
leur loi aux producteurs. La PAC met en œuvre une réforme des structures : arrêt des veaux
en batterie, plus de poules en cage (pour éviter le stress).
Les 10% restants sont des cultures maraîchères (ceinture littorale) avec choux-fleurs,
artichauts, haricots, fraises de Plougastel. Une partie de cette production alimente des
conserveries.
- Pays-de-la-Loire : mêmes orientations, avec davantage de cultures spécialisées et
moins d’élevage (72%). L’évolution est la même qu’en Bretagne. C’est la première région
française pour la viande bovine. On retrouve aussi des élevages porcins et avicoles, de
canards. Les cultures sont plus spécialisées, avec le climat plus doux : vins blancs ou rosé
doux, cultures maraîchères (mâche à Nantes), cultures fruitières (pommes) et florales (muguet
à Nantes).
- A partir du seuil du Poitou, cela change : l’élevage décroît (de 43% en PoitouCharentes à 1/3 en Aquitaine), il est plus diversifié et traditionnel. On a une combinaison
entre tradition et modernité : part importante de polyculture, faire-valoir direct plus élevé,
remembrement plus faible, moins d’engrais, individualisme plus fort. Mais l’irrigation se
développe (surtout en Gascogne), de même que les maïs hybrides importés de la Corn Belt, un
mouvement coopératif et une spécialisation accrue parfois impulsés par les Pieds-Noirs. On
distingue 3 types de régions agricoles :
* Des régions encore traditionnelles (rendements médiocres, exploitants vieillissants,
polyculture et élevage composite).
* Des régions de spécialisation récente : cultures céréalières irriguées (pays de
l’Adour), élevage porcin industrialisé (jambon de Bayonne). Les clairières des Landes : 1/3
de la forêt a brûlé pendant l’été 1949, on a converti ces clairières en exploitations agricoles,
pour faire du maïs irrigué et des cultures maraîchères (asperges), plus des oléagineux.
* Des régions anciennement spécialisées qui se renforcent : élevage bovin en
Poitou-Charentes (lait et beurre), élevage caprin.
Il s’agit surtout du vignoble (pour eau-de-vie à Cognac, avec de grands négociants
comme LVMH, sans oublier le Pineau de Charentes et l’Armagnac). On a aussi un vignoble
de qualité et de masse, dans le Bordelais : ¾ de vin rouge, ¼ de blancs liquoreux (Sauternes),
1/3 des AOC. On distingue 3 zones : grands crus classés dans le Médoc et Haut-Médoc avec
de véritables châteaux ; l’entre-deux-mers entre la Garonne et la Dordogne, avec du vignoble
de masse ; au Nord de la Dordogne et à l’Est de la Gironde, quelques crus renommés (StEmilion) et des vins rouges de masse.
Ces vins sont en partie exportés vers le Royaume-Uni (ancienne Guyenne) et les pays
anglophones. Les autres vignobles de qualité sont de taille plus modeste : Montbazillac en
Dordogne, Cahors, Gaillac (vers Albi), Jurançon vers Pau.
Les autres cultures spécialisées sont principalement dans les vallées : cultures maraîchères et
fruitières (Dordogne et Lot, vallée de la Garonne, pruneaux d’Agen). On trouve 4 MIN dans
cette vallée de la Garonne : Montauban, Agen, Marmande, Villeneuve-sur-Lot.
Les vignobles doivent faire face à la concurrence étrangère, les cultures fruitières pâtissent
du coût de la main-d’œuvre et de la dessaisonalisation.
On a donc des régions qui se sont tournées vers une agriculture plus moderne, mais
avec des problèmes possibles.
2) Des efforts d’industrialisation à poursuivre :
Ces régions (sauf Pays-de-la-Loire) ont une part d’emploi industriel inférieure à la
moyenne nationale. Causes : des régions à l’écart, pas de première RI, une bourgeoisie qui
investissait surtout dans la terre. Les industries traditionnelles ont décliné, particulièrement
le textile et la petite métallurgie.
Des changements se sont amorcés, avec la première GM et l’E2G, où on assiste à un
repli stratégique de l’industrie aéronautique parisienne dans le Sud-Ouest (dès 1917, puis
en 1937 après Guernica). Le matériel de guerre s’est aussi replié (chars Renault au Mans en
1936), création d’une raffinerie à Donges en 1933, renforcement des arsenaux de Brest et
Lorient. Après 1945, ces régions bénéficient d’une politique d’aménagement du territoire,
avec une prise de conscience du retard économique de ces régions. On a par ex une politique
énergétique : gaz de Lacq découvert en 1951 vers Pau, pétrole dans les Landes, 3 raffineries
dans la région de Bordeaux (fermées aujourd’hui), centrales thermiques au fioul dans la
Basse-Loire, usine marée motrice de la Rance vers Dinan, 2 centrales nucléaires.
C’est également la politique de décentralisation, avec un système de primes, mais elle
est moins forte que dans le bassin de Paris. Cela a permis le développement de l’industrie
automobile dans les villes proches de Paris (PSA à Rennes, Renault à La Rochelle, Ford à
Blanquefort). Les équipementiers ont suivi, pour la Bretagne et Pays-de-la-Loire. L’industrie
aéronautique se développe aussi à St-Nazaire, Nantes et La Rochelle, mais surtout Toulouse
et Bordeaux. L’industrie des communications se développe aussi : radôme à PleumeurBodou en 62, Alcatel en Bretagne et à Toulouse. L’électronique prend son essor,
particulièrement dans le Val de Loire (IBM à Bordeaux, Bull à Angers). Ces industries
demandent souvent une main-d’œuvre peu qualifiée, elles sont dépendantes des décisions
extérieures. Les industries de pointe sont appelées à se développer, grâce aux technopôles
des villes importantes : Nantes Atlantique, Rennes Atalante, pôle de compétitivité
international à Toulouse.
Il y a une part d’auto-développement : IAA, Yves Rocher, industries traditionnelles
qui se sont reconverties. Certaines reposent sur des matières premières locales : l’ardoise
dans le Val de Loire, calcaire pour cimenteries (Angoulême), bois des Landes, meubles en
Vendée. D’autres reposent sur des matières premières importées : textile et chaussure à Cholet
(Vendée), pulls marins bretons, pantoufles. Quant aux constructions navales, elles ont été
recentrées sur St-Nazaire, seul grand chantier restant en France, qui fait des paquebots et des
méthaniers. On a aussi des bateaux de plaisance, des chantiers militaires à Brest.
L’industrie est inégalement répartie. La Basse-Loire est la plus complète (IAA
comme LU et BN, chimie et pétrochimie, aéronautique, construction navale). Vient ensuite
Toulouse, avec l’aéronautique, la chimie (AZF), l’électronique. La région bordelaise a les
mêmes spécialités, plus un peu d’automobile. Le Piémont pyrénéen (Pau) est aujourd’hui en
reconversion, à cause de l’épuisement du gaz de Lacq. Le Choletais est une région rurale où
l’industrie est vivace et a su trouver des créneaux : chaussures (ERAM), meubles, prêt-àporter, construction de plaisance, industries électroniques.
3) Une vie littorale inégale :
Le littoral a un rôle modeste et inégalement réparti. Le rôle historique est certain,
avec l’importance de Nantes et Bordeaux au XVIIIè pour le commerce triangulaire. Ces
régions contribuent pour les 2/3 des produits de la mer, mais seulement 17% du trafic
portuaire français, c’est le 2e ensemble littoral français pour le tourisme.
- Importance des produits de la mer, surtout pour la Bretagne et la Vendée. La
Bretagne assure la moitié de la pêche française. On distingue la pêche côtière (artisanale), la
plus rentable, elle se pratique en Bretagne et en Vendée (les Sables d’Olonne). La pêche au
large (hauturière) est une pêche semi-industrielle voire industrielle (navires-congélateurs).
Cette pêche industrielle concerne surtout les ports Sud de la Bretagne (Concarneau,
Lorient) et les ports bigoudens (Le Guilvinec). Elle rencontre des problèmes liés aux
consommateurs, à la concurrence étrangère, au coût de la pêche (gasoil), à la politique des
grandes et moyennes surfaces (GMS) et la politique européenne qui donne des quotas et des
primes à la casse. L’objectif de l’UE est de faire diminuer le nombre de pêcheurs. Ces
régions ont aussi une place importante pour la conchyliculture, avec l’ostréiculture et la
mytiliculture. Cet élevage se fait souvent sur des pieux en bois (bouchots). La Vendée est la
première région de France pour l’ostréiculture (Marennes-Oléron). On part d’un essaim de
larves qu’on laisse quelques temps en mer puis qu’on engraisse dans des claires (bassins
d’eaux mixtes). L’aquaculture (saumon, langouste, coquilles St-Jacques) connaît un
développement récent. On trouve aussi le sel marin, après évaporation de l’eau de mer dans
des marais comme celui de Guérande. Les algues servent aux IAA, aux cosmétiques et à la
pharmacie, des coquillages brisés (maerl) servent d’engrais. On n’a pas réussi à trouver de
pétrole.
- Faiblesse de la vie portuaire : 50Mt pour le total des ports (= Dunkerque), qui sont
très nombreux (surtout en Bretagne, sur le rail d’Ouessant). On trouve aussi deux ports
d’estuaires : Nantes-St-Nazaire, 5e port français, trafic déficitaire (importations pour la
raffinerie de Donges, de gaz naturel, de produits tropicaux, les produits d’agriculture bretonne
sont exportés) ; Bordeaux-Le Verdon, 7e port français, port éclaté sur l’estuaire de la
Gironde, il n’y a plus de port à Bordeaux. Son trafic diminue depuis la fermeture des 3
raffineries de Gironde, il importe des produits chimiques et exporte du vin. La Rochelle-La
Pallice, 8e port français (7Mt), voudrait bien devenir le port de l’Atlantique. Au Sud, Bayonne
est un port excédentaire (céréales, soufre du gaz de Lacq). Cette faiblesse portuaire peut
s’expliquer par une faiblesse de l’industrie, l’absence d’un hinterland développé,
l’éloignement des grands centres de consommation. A ces ports de commerce s’ajoutent des
ports de voyageurs comme Roscoff ou St-Malo, des ports de guerre comme Brest ou
Rochefort et des ports de plaisance avec La Rochelle (le 1er en Europe).
- Le tourisme : une activité conquérante. Le tourisme intérieur peut être un tourisme
historique, gastronomique, vert. On trouve des parcs régionaux, qui ont une petite façade
littorale, le marais poitevin a été déclassé (c’est le seul). Ex : parc de Brière, parc des Landes.
C’est aussi un tourisme littoral, balnéaire, déjà ancien (Second Empire) et stimulé par le
chemin de fer : Biarritz, Arcachon, Dinard, La Baule. Ce tourisme s’est développé de façon
plus familiale, il s’est diversifié en se tournant vers la plaisance et la thalassothérapie. Ce
tourisme n’a pas trop défiguré le littoral : cela est dû à des conditions naturelles, à des
volontés locales de ne pas se laisser envahir (Vendée), avec la loi littoral de 1986. Ce
tourisme donne lieu à un développement qui respecte souvent le style de la région, seule la
côte landaise a connu un aménagement récent et volontaire, à l’imitation du Languedoc. En
67 est créée la MIACA (Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine) :
elle décide de créer des unités touristiques en arrière des dunes, séparées par des espaces
naturels. Cela s’est fait en respectant le style local et sans construire trop haut. Le succès est
certain, mais moins international que la côte du Languedoc, c’est le paradis des surfers avec
les rouleaux. S’ajoute à cela le tourisme des îles, de plus en plus reliées au continent par des
ponts, ce qui pose aussi des problèmes fonciers.
On a donc des mutations qui profitent surtout aux littoraux et aux grandes aires
urbaines. Ex : Rennes, Brest (ville d’Etat, militaire), Nantes (650.000hab), Angers, Le Mans,
Poitiers. Le Sud-Ouest est moins urbanisé, avec 2 grosses aires urbaines proches de
900.000hab (1/3 de la population de leur région): Bordeaux (surtout sur la rive gauche de la
Garonne, essor avec le commerce triangulaire), Toulouse (rive droite de la Garonne, cité
occitane, ville basse sauf en banlieue). Donc des mutations en cours, des régions gagnantes
mais souvent dépendantes de décisions extra-régionales (PAC, politique bleue de la pêche,
commandes de l’aéronautique). Les particularismes locaux restent forts (bretons, basques).
Ce sont des régions ouvertes à la concurrence, qui aimeraient jouer un rôle de porte ouverte :
mais il faut terminer l’autoroute jusqu’à l’Espagne.
Chapitre 5 : Les espaces montagneux
Cette partie concerne : Alpes, Jura, Massif Central, Pyrénées, Corse, Vosges, soit 20%
du territoire pour 7% de la population française. Ce sont des espaces originaux en raison de
leur géographie physique, humaine et de la politique de l’Etat (grande attention). Mais il y a
des montagnes gagnantes et des montagnes délaissées.
I) La spécificité de ces espaces :
1) Le milieu montagnard :
Ce sont des régions de plus de 500m d’altitude. Depuis 1961, on définit les
communes de montagne comme ayant 80% de leur territoire à plus de 600m d’altitude ou
400m de dénivelée dans le territoire cultivé. Cela concerne 15% des communes et 44
départements français. Ces montagnes varient en fonction de l’altitude moyenne, du point
culminant, de leur étendue. Le Massif Central (Puy de Sancy à 1886m) est le plus étendu,
viennent ensuite les Alpes (Mont Blanc), puis les Pyrénées (3298m au Vignemale). Les
Vosges sont les moins étendues. Ces différences s’expliquent par la géologie : certaines
montagnes sont des massifs anciens de l’ère primaire, rajeunis au tertiaire, d’autres sont des
montagnes jeunes (mi-tertiaire). Ces montagnes se distinguent par les altitudes : la limite
entre la moyenne et la haute montagne se situe en général à 1800m. La déclivité les
caractérise aussi, de même que l’encaissement des vallées (en V, en U) et le climat
montagnard : les températures diminuent d’1°c tous les 180m, les précipitations augmentent
(pluies orographiques), les jours de gel et l’enneigement sont importants, l’hiver long. D’où
un étagement de la végétation, une part importante de la forêt. Selon la situation
géographique face aux flux atmosphériques, à la latitude et à la continentalité, ce climat varie.
Le Nord-Ouest du Massif Central et les Pyrénées occidentales sont sous influence atlantique.
La Corse, les Pyrénées orientales, le Sud des Alpes et du Massif Central sont sous influence
méditerranéenne. Leurs situations dans l’espace français et européen sont aussi diverses :
certaines sont des périphéries, plus ou moins franchissables.
2) Des zones actuellement peu peuplées :
Elles ont des densités moyennes inférieures à 30hab/km², sauf certaines vallées et
plaines intérieures. Dans le passé, elles ont été fortement peuplées, avec des habitats
groupés ou dispersés en hameaux. Les habitants s’étaient adaptés, avec le terrassement des
cultures et les migrations pastorales (chalets ou haberts au Sud, burons ou jasseries dans le
Massif Central). Beaucoup de communes ont des bois communaux, des usages collectifs
(fruitières du Jura). C’est au milieu du XIXè que le dépeuplement a commencé, à cause de la
surpopulation : migrations hivernales (ramoneurs savoyards) d’abord, puis des migrations
définitives (maçons de la Creuse à Paris, Basques en Amérique du Sud). A partir des années
50-60, ces migrations deviennent des migrations de pauvreté et d’insatisfaction (pour
l’anonymat et un travail moins pénible). Cela entraîne dans certaines zones l’abandon des
villages, le développement de friches souvent remplacées par la forêt, la fermeture d’écoles.
S’il n’y avait pas d’activité industrielle pour retenir la population, elles se vidaient.
Aujourd’hui, ces montagnes sont fortement peuplées, les grandes villes sont dans les vallées
(Clermont, Grenoble), elles ont souvent un rôle local.
3) Des espaces partiellement pris en charge par l’Etat :
Les montagnes ont été considérées comme des espaces à protéger, dans les années
60. On crée notamment des parcs nationaux comme celui de la Vanoise (1963). Entre 63 et
75, 6 PN ont été créés, dont 5 en montagne (3 dans les Alpes). A partir de 1967, on crée des
PNR (parc naturel régional), plus souple que les parcs nationaux : il s’agit de protéger les
sites, mais aussi de favoriser le développement économique local. Il y a aujourd’hui environ
40 PNR, dont la moitié en montagne.
Mais en parallèle, en 1964, l’Etat met en place le plan Neige, une politique pour
développer les stations de ski. C’est à partir des années 1974 qu’on prend conscience qu’il est
nécessaire de protéger l’agriculture de montagne, qui entretient les paysages. 1977 :
discours de Vallouise de Giscard, au cours duquel l’Etat définit l’ensemble de la zone de
montagne en France et les communes qui ont droit à des aides. En 1985, la loi sur la
montagne annonce une politique globale sur la montagne, mais en ménageant des
spécificités locales. Il s’agit de protéger la montagne, de distinguer chaque massif, d’impulser
une politique d’auto-développement, de préserver les sites et d’améliorer les équipements.
Les agriculteurs de montagne sont encouragés à produire. Les subventions de l’Etat et de l’UE
représentent environ 30% des revenus des agriculteurs de montagne. Les montagnes ont
profité différemment de cette manne étatique, en fonction de leur potentiel, de leur ouverture
sur des régions dynamiques ou non.
II) Des montagnes gagnantes :
Elles ont un solde migratoire positif (Jura, Alpes) et un accroissement naturel positif, une
activité économique diversifiée.
1) Le Jura : une moyenne montagne aux activités variées :
C’est une montagne jeune, qui a une forme arquée du fait des massifs anciens. Elle
peut être divisée en 2 parties physiques dominantes : des plateaux calcaires à l’Ouest avec un
relief karstique typique (gouffres, résurgences, dollines, …) ; à l’Est le Jura plissé plus élevé
avec le Crêt de la Neige (1718m), boisé de résineux avec des forêts communales, froid et plus
doux au Sud. Cet ensemble a une économie équilibrée, liée aux conditions climatiques et à la
proximité de la Suisse, qui dynamise l’Est. L’humidité favorise l’élevage bovin
(Montbéliarde) avec des prés de fauche, de grandes exploitations. On produit aussi du comté,
des fromages AOC bleu de Gex et morbier. Cela développe les IAA (Bel).
La longueur des hivers a entraîné très tôt la recherche d’activités, d’industries à
domicile : travail du bois, de la corne, de jouets en bois, plastiques actuellement (plastic
valley d’Oyonnax) avec des jouets en plastique, la lunetterie, l’horlogerie, la diamanterie.
Cela forme un tissu de PME, avec un travail qui se fait de moins en moins à domicile.
L’enneigement est devenu un atout, il permet par ex de développer le ski de fond. La
proximité avec la Suisse attire des touristes et résidents secondaires (casinos) et permet aussi
le travail des frontaliers. Le Jura compte peu de grandes villes, il est sous influence lyonnaise
et genevoise, sa capitale est excentrée par rapport à sa région.
2) Les Alpes du Nord : le plus fort potentiel :
C’est une montagne jeune, au versant long, entre 80 et 180km de large, la limite entre
Alpes du Nord et Alpes du Sud est matérialisée par les cols de Lus, du Galibier, du Lautaret.
Les Alpes du Nord ont l’économie la plus diversifiée, c’est la région la plus peuplée. On les
divise en 4 zones, d’Est en Ouest : les hautes Alpes plissées (Vanoise), les massifs centraux
(Oisans, Belledonne), le sillon alpin (Grésivaudan, Tarentaise, Maurienne) et les pré-Alpes
(Vercors, cluses alpines). On a un relief aéré par les vallées, qui a facilité les
communications et permis une mise en valeur précoce. Ces Alpes du Nord sont plus froides,
plus humides et plus boisées que celles du Sud.
Elles se caractérisent par une prépondérance de l’élevage bovin laitier (avec une
reconquête des alpages), à partir de races locales, pour une production essentiellement
fromagère : AOC beaufort, reblochon. Le climat est plus abrité, plus doux, donc on retrouve
de la polyculture avec des cultures fruitières, de la vigne. Ces Alpes ont été industrialisées
plus tardivement que le Jura, mais d’une manière plus lourde. C’est avec l’hydro-électricité,
principe découvert par Bergès en 1869, que des barrages sont construits. L’électrométallurgie
se développe avec l’importation de bauxite de Provence, l’électrochimie se développe aussi ;
cela se fait dans les vallées de la Tarentaise et de la Maurienne. Aujourd’hui, ces industries
déclinent.
Le tourisme est ancien, avec les stations thermales (Evian, Thonon), la première
ascension du Mont Blanc est faite en 1786. Il prend son essor avec le développement du ski
de piste, qualifié d’ « or blanc ». On distingue plusieurs générations de stations :
- Chamonix, station de vallée.
- Celles de l’Entre-deux-guerres, dans des petits villages à proximité des Alpages :
Megève, Val d’Isère (1932).
- De 1946 à 1960 : des stations proches du domaine skiable comme Courchevel.
- Dans les années 60-70 : des stations intégrées, modernes, avec des immeubles,
comme Avoriaz, La Plagne, Les Menuires, Val Thorens.
- Depuis la fin des années 70, des stations-villages : Valmorel, La Tania (dernière
station construite).
Les Alpes du Nord comptent 180 stations, dont certaines ont une clientèle internationale.
Cela s’explique par l’engouement pour le ski, qui commence avec les JO d’Innsbruck en 64 et
ceux de Grenoble en 72. Il faut mettre cela en relation avec la 5e semaine de congés payés
(1982) et la mode du bronzage. Le ski est un sport coûteux, c’est un sport sélectif selon les
CSP : en moyenne 2.700€ la semaine pour une famille de 4 personnes. Aujourd’hui, les
stations essaient de se moderniser, avec des domaines plus vastes (Trois Vallées).
Ce tourisme appuie l’agriculture de montagne, les fromages, la charcuterie
(« spécialités » savoyardes). Cela fournit un double emploi aux acteurs locaux, mais un
emploi saisonnier (d’où des problèmes de logement pour ceux qui ne sont pas du coin). On
observe aussi des problèmes d’accession aux stations, d’enneigement irrégulier. Les stations
de moyenne montagne sont moins aisées et orientées vers le ski de fond. On s’adapte aux
besoins en renouvelant les sports (surf, ski de nuit, …). Se pose aussi la question de la
rentabilité, l’été. Ces stations ont entraîné le développement d’industries du sport,
aujourd’hui en difficulté.
Pour l’été, les Alpes jouent la carte du tourisme vert, avec les lacs et les parcs
naturels, nationaux (Vanoise, Ecrins) et régionaux (Vercors). Ces activités permettent de
retenir la population, mais l’habitat permanent est faible (800hab aux Arcs). Le dynamisme
démographique s’observe surtout dans les vallées et les villes : vallée de l’Arve (décolletage)
à proximité de la Suisse, cluse d’Annecy (ville tertiaire sous influence genevoise), Chambéry
(fonction administrative, carrefour) ; Grenoble (500.000hab) et sa ganterie, ses IAA, ses
industries liées à l’hydroélectricité, aujourd’hui une ville tertiaire (ZIRST de Meylan,
Europôle).
3) Les Alpes du Sud : « une montagne qui revit » :
Elles ont moins d’axes de communication, moins d’activités, moins de grandes villes,
une densité de population plus faible que les Alpes du Nord. Elles sont plus sèches, moins
boisées, leur relief est plus confus est cloisonné, dominé par les Préalpes calcaires
(orientation Est-Ouest des plis). Les hautes Alpes plissées sont réduites, il n’y a pas de grand
sillon alpin ni de cluse pré-alpine. La circulation y est difficile (Route Napoléon).
Aujourd’hui, l’autoroute va de la Méditerranée à Sisteron, mais pas de Gap à Grenoble pour
des raisons écologiques.
Le climat est méditerranéen, sauf dans le Briançonnais : cela donne une baisse des
précipitations, une hausse des températures, des cours d’eau à débit variable. Le boisement
et les herbages sont plus réduits, donc l’élevage bovin se réduit au profit de l’élevage ovin.
Cet élevage décline, les chemins de transhumance sont délaissés (sauf pour les touristes). On
trouve quelques zones de polyculture : céréales, maïs, vigne (clairette de Die), arbres fruitiers
dans la Drôme, vallée de la Durance avec des barrages (Serre-Ponçon dans les années 60).
Les Alpes du Sud ont connu un aménagement électrique plus tardif que les Alpes du Nord,
l’hiver est moins long donc la tradition artisanale est absente, d’où une faible industrie,
d’autant que cette région est éloignée des grands centres de consommation.
Le potentiel touristique est aussi moins important. Des vallées encaissées renaissent
aujourd’hui (celle du Verdon), les parcs naturels du Mercantour, du Queyras et du Luberon
ont du succès. Le tourisme hivernal est moins développé, la clientèle est moins internationale,
on compte seulement 80 stations, qui sont surtout des stations récentes (Isola 2000).
L’enneigement et l’ensoleillement sont favorables, ces stations servent aussi de villégiature
d’été pour les résidents de Côte-d’Azur. On dénombre peu de grandes villes : Gap
(30.000hab), Briançon (13.000hab). La vallée de la Durance revit, Cadarache a été choisie
pour l’ITER (réacteur thermonucléaire), ce qui attire une nouvelle population. L’arrière-pays
de la Côte-d’Azur voit sa population augmenter car l’immobilier est trop cher sur la côte.
III) Des montagnes délaissées :
1) Les Vosges, une montagne dévitalisée :
C’est le plus petit des massifs montagneux, un massif ancien primaire rajeuni au
tertiaire, une montagne douce à l’Est mais une retombée brutale avec la plaine d’Alsace. Le
plus haut point est le Grand Ballon d’Alsace à 1424m. Cette montagne est à l’écart des
grands axes de circulation, elle a un climat rude, est boisée aux 2/3 (des résineux jusqu’à
1000m, une pelouse rase au-dessus). Elle est plus tardivement peuplée que les autres
montagnes, à l’époque médiévale (les moines qui défrichent). On y trouve de l’élevage, de
l’exploitation du bois, du textile replié d’Alsace après 1871. Sa population a une forte
natalité. Aujourd’hui, elle reste une montagne densément peuplée (76hab/km²) mais au solde
naturel négatif. La surface agricole utile est en recul, les exploitations sont petites, la double
activité est courante.
Dans les vallées, on trouve de l’élevage bovin laitier, fromager, cunicole (lapins), une
tradition industrielle qui s’affaiblit : l’industrie du bois pâtit de la tempête de 1999 (1/3 de
la forêt détruite), les lutheries à Mirecourt, le textile en recul.
On voit un potentiel touristique : des lacs (Gerardmer), du thermalisme (concurrence
de stations lorraines), du tourisme vert, du ski de fond (La Bresse). Mais il y a peu de grandes
villes : Epinal, 60.000hab, est à l’extérieur.
2) Le Massif Central :
C’est un massif primaire rajeuni au tertiaire (volcans : les puys), divisible en 4
ensembles physiques :
- A l’Ouest, des plateaux granitiques, entre 500 et 1000m, un climat sous influence
océanique.
- A l’Est, des massifs granitiques du Morvan aux Cévennes, séparés par des
dépressions houillères (Le Creusot, St E), au climat plus sec.
- Au Sud, des plateaux calcaires secondaires au relief karstique (Causses), un climat
sous influence méditerranéenne.
- Au centre, on trouve la partie la plus variée avec des horst cristallins, des fossés
d’effondrement (limagnes), des volcans (Puy de Sancy, 1886m). Le climat est abrité
dans les vallées, plus rude sur les hauteurs.
Cette région a longtemps été à l’écart des grands axes routiers, elle est aujourd’hui traversée
par des autoroutes (Paris-Béziers, Bordeaux-Lyon presque finie). Les densités de population
sont aujourd’hui faibles, le peuplement était plus fort dans le passé. C’est une terre d’élevage
traditionnel, avec un paysage de bocage. On y trouve de l’élevage bovin (vaches charolaises,
limousines), de l’élevage laitier pour les fromages (AOC Saint-nectaire, Cantal, …). Au Sud,
un élevage ovin sert à la production fromagère (Roquefort). Dans les zones plus abritées, on a
de riches régions agricoles avec de grandes exploitations pour produire du blé, du maïs et des
oléagineux.
Aujourd’hui, c’est un espace faiblement industrialisé : les industries traditionnelles
(mines, sidérurgie, métallurgie, textile sauf si créneau) ont reculé, ce qui fait que le Massif
Central concentre 5 des 15 pôles de conversion, des primes de décentralisation. Subsiste
l’exploitation de matières premières locales : le kaolin pour la porcelaine, les peaux de
mouton, l’uranium (très peu), la petite métallurgie (Thiers, Laguiole). On dénombre peu
d’industries décentralisées, la plus grande reste Michelin.
On a du tourisme vert, avec un parc national (les Cévennes) et 8 PNR, du
thermalisme, du ski de fond pour une clientèle locale (Super Besse). Les grandes villes sont
peu nombreuses, en dehors de Saint-Etienne et Clermont, la région est sous l’influence de
villes extérieures (Paris, Lyon, Montpellier, Toulouse).
3) Les Pyrénées :
Elle est écartelée entre 3 régions : Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon.
C’est une montagne jeune, une chaîne dissymétrique dont les 2/3 se trouvent en Espagne. Son
point culminant en France est le Vignemale, à 3298m.
- Les Pyrénées occidentales sont tournées vers l’Atlantique, avec une influence
océanique.
- Le centre, qui va du col du Somport à celui de Puymorens, est la partie la plus élevée,
avec des massifs centraux granitiques. C’est la zone la plus froide et la plus
enneigée.
- Les Pyrénées orientales sont sous influence méditerranéenne, avec des chaînes
plissées et des bassins d’effondrement.
Cette chaîne constitue une barrière, avec des cloisonnements de petites vallées, franchissable
aux deux extrémités. La population a régressé, sauf aux extrémités, avec le déclin de
l’élevage bovin et ovin. On a surtout de la polyculture aux extrémités : céréales, élevage
hors-sol, fruits. L’industrie traditionnelle (extraction) décline, l’hydroélectricité est faible,
l’électrométallurgie décline. Le tourisme connaît un regain dans la partie centrale, avec un
parc national et des PNR, quelques stations de ski. On trouve peu de grandes villes : Foix
compte 10.000hab.
4) La Corse :
Elle est plus proche de l’Italie que de la France, c’est la moins peuplées des régions
françaises (260.000hab), elle est créée en 1969 avec la séparation de PACA. Selon J. Ratzel,
c’est une « montagne dans la mer ». Elle est montagneuse aux 9/10, avec un massif ancien
primaire rajeuni au tertiaire et le Monte Cinto à 2707m. On trouve peu de plaines littorales
(celle d’Aleria, à l’Est), mais surtout des baies et des golfes. La montagne est fermée aux
communications. Le climat est méditerranéen, avec les nuances de l’altitude (neige au
centre) et une végétation spécifique : maquis, forêt de pins. C’est une montagne-refuge, avec
des villages perchés denses. Au XIXè, on constate une littoralisation, une émigration vers le
continent, les colonies d’Afrique du Nord et l’Amérique du Sud (Mexique).
Aujourd’hui, on a une Corse traditionnelle et une Corse moderne. La Corse
traditionnelle est montagnarde, avec une agriculture très faible et un élevage porcin et
ovin en recul. On y trouve un peu de tourisme, avec le PNR Corse, le GR20, la réserve
ornithologique. Au centre, on trouve la ville universitaire de Corte, 4.500hab, 4.500 étudiants.
La Corse nouvelle est la Corse littorale, avec la plaine d’Aléria modernisée (irriguée
et démoustiquée) par les rapatriés d’Afrique du Nord : vignoble, kiwis, clémentines. Un
tourisme déjà ancien se développe (Ile Rousse, Ajaccio), il devient un tourisme de masse
dans les années 60, avec des complexes hôteliers au développement peu contrôlés (payottes
polynésiennes du Club Med en 57). Les Corses y sont hostiles. La loi Littoral de 1986 a
visiblement ici des problèmes d’application. La Corse reçoit 1,5 à 2M de touristes par an. La
population vit surtout dans les deux villes importantes (60.000hab chacune) : Bastia et
Ajaccio (capitale régionale). La Corse a les problèmes d’une île : économie dépendante, la
France dépense 3x plus que la Corse ne lui rapporte. S’y ajoutent un problème
d’autonomisme local avec une contestation et la loi du silence.
Conclusion : La France possède des montagnes aux évolutions différentes, qui tiennent aux
conditions naturelles (ouverture, ressources locales) et à la proximité ou non d’une grande
ville dynamique. Ce sont des milieux à préserver et à entretenir, donc à subventionner. Le
tourisme n’est pas la panacée, il faut un dynamisme des acteurs locaux.
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