
au niveau des grands acteurs mais aussi des petits. À cet égard, le développement du capital-
risque s’accompagne fréquemment d’une main mise des investisseurs sur la gestion des start-up
qui recourent au capital-risque.
Deuxièmement, les plus grands acteurs des industries de la communication, en particulier les
acteurs transnationaux, figurent désormais parmi les premières valorisations boursières
mondiales. Citons notamment, Apple, première valorisation boursière mondiale à l’heure où ces
lignes sont écrites (novembre 2012), mais aussi Microsoft, Google ou Amazon. Ces valeurs
cohabitent ainsi dans ces sommets des bourses mondiales avec des entreprises de secteurs plus
anciennement présents dans ce palmarès financier notamment des entreprises des secteurs de la
finance, de l’énergie et de la grande distribution. Pourquoi les entreprises transnationales des
industries de la communication sont-elles désormais au cœur du capitalisme financier
contemporain ? Trois raisons peuvent être avancées.
Tout d’abord, ce secteur connait une importante croissance de son chiffre d’affaires. Son
importance dans l’économie des pays industrialisés augmente. Par ailleurs, cette croissance
bénéficie essentiellement à un tout petit nombre de très grandes entreprises. Celles-ci affichent
des performances financières exceptionnelles, notamment des taux de marge mais aussi une
capacité à renouveler radicalement leur offre de produits dans un laps de temps très court. Par
exemple avec l’iPhone mais aussi l’iPad, en trois années Apple a fortement renouvelé ses
domaines d’activités. De telles performances sont exceptionnelles et distinguent ces acteurs
industriels d’entreprises d’autres secteurs.
Ensuite, les grandes entreprises transnationales des industries de la communication disposent
d’une capacité peu commune de créer des synergies industrielles entre des activités différentes.
Par exemple, Amazon est en mesure de lier divers produits et services dans des logiques dites
d’effets de réseau. Au sein d’Amazon, les livres électroniques, les activités de commerce
électronique, la fabrication de matériels et les services de Cloud Computing s’articulent en un
ensemble cohérent. Chaque activité soutien l’autre et ensemble elles tendent à former des
systèmes destinés à capter et à fidéliser les consommateurs. Mais surtout la dynamique
industrielle vient de la capacité de ces entreprises à articuler leur offre principale à des contenus
culturels. Ces articulations se produisent souvent illégalement ou parfois légalement mais en tout
cas sans que les acteurs des industries de la communication contribuent financièrement à la
production des contenus qui restent produits par les acteurs des industries de la culture.
Autrement dit, sans payer pour l’existence de ces contenus, les grands acteurs transnationaux des
industries de la communication sont en mesure de retirer d’importants profits de ces contenus
culturels. Par exemple, les contenus culturels articulés aux matériels d’Apple via iTunes puis via
l’AppStore ont été essentiels pour faire vendre les matériels de ce fabricant, tout comme les
activités de publicité de marketing en ligne de Google ont été très dépendantes de la capacité de
cette entreprise à diriger les internautes vers des contenus de presse, d’édition ou de musique. Ces
entreprises peuvent donc retirer de l’existence des contenus culturels des profits indirects
supérieurs aux profits directs (ventes) que réalisent les acteurs des industries de la culture étant à
l’origine de ces contenus. De même, la valorisation boursière des grands acteurs des industries de
la communication est très liée à leur capacité à articuler leur principale à des contenus. Par
exemple, la valorisation boursière d’Apple a commencé à se distinguer de celle de ses concurrents
et à devenir non proportionnelle par rapport à la croissance de ses bénéfices lorsque le succès
d’usage d’iTunes a été confirmé alors même que ce service n’était pas rentable à lui seul.
Enfin, outre ces performances industrielles, les grandes entreprises des industries de la
communication sont des objets privilégiés de spéculation car leurs logiques de fonctionnement
sont complexes et se distinguent de celles à l’œuvre dans d’autres secteurs. Difficilement
compréhensibles à partir des schémas habituels, l’activité de ces entreprises devient difficilement
prévisible. Ce faisant, divers scénarios exagérant les potentialités de développement de ces
entreprises peuvent être envisageables conduisant à surestimer l’importance futur de ces