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et par voie aquatique (la résistance du virus libre dans un vivier ouvert contenant
de l’eau de mer est de trois à quatre jours).
Jusqu’à une période récente, l’Afrique possédait l’un des derniers milieux
tropicaux dans le monde demeuré indemne de cette infection nuisible,
nonobstant la présence d’une industrie de la crevette en pleine expansion depuis
plus de vingt ans. Malheureusement, sa présence vient récemment d’être
observée pour la première fois en Afrique dans un élevage de crevettes situé à
Quelimane, dans la province du Zambèze, au Mozambique, le 31 août 2011. La
présence de la maladie des points blancs a été confirmée par le Laboratoire de
référence de l’OIE de l’Université d’Arizona, le 14 septembre, et l’apparition du
foyer a été officiellement notifiée au Siège de l’OIE par les Autorités compétentes
du Mozambique le 22 septembre. D’autres sites aquacoles de crevettes ont
également été testés positifs pour le WSSV fin 2011. Par conséquent, toutes les
unités de production touchées ont dû être dépeuplées, asséchées et
désinfectées, entraînant ainsi d’importantes pertes économiques et de nombreux
licenciements.
Parallèlement à cet abattage sanitaire, une première enquête épidémiologique
a été rapidement mise en place et menée avec le concours des acteurs des
secteurs public et privé, afin d’évaluer la distribution du WSSV sur la côté
mozambicaine. Les premiers résultats obtenus ont montré que ce virus s’est déjà
bien propagé dans la majorité des provinces côtières du Mozambique, affectant
plusieurs espèces de crustacés, notamment les crevettes pénéides et les crabes,
ce qui incite fortement à conclure que la maladie des points blancs est présente
dans ces eaux depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Ceci souligne
l’importance d’élaborer une stratégie nationale pour la santé des animaux
aquatiques et de disposer d’un programme de surveillance générale fonctionnel
avant que n’apparaisse une maladie touchant les animaux aquatiques, d’être fin
prêt pour prévenir une telle maladie, effectuer une détection précoce et déployer
en cas de besoin une intervention d’urgence adaptée.
Au vu de l’expérience acquise par d’autres pays où la maladie est à présent
enzootique, il semble désormais impératif d’adapter les méthodes d’élevage
initialement utilisées en Afrique à cette nouvelle situation sanitaire, en
augmentant les niveaux de biosécurité dans les installations d’élevage, en
contrôlant la circulation de tous les animaux sensibles et en identifiant toutes les
voies d’entrée possibles du virus. Le seul moyen fiable, connu à ce jour, pour
continuer à produire des crevettes dans des zones infectées par le WSSV consiste
à travailler dans des compartiments pré-certifiés indemnes de WSSV dont la
biosécurité est garantie, ainsi qu’avec des populations sauvages en quarantaine
testées par PCR (amplification en chaîne par polymérase) – ou mieux encore, des
crevettes domestiquées exemptes d’agents pathogènes spécifiques. Ceci
nécessitera un effort financier considérable de la part de l’industrie de la crevette
africaine, ainsi qu’un engagement fort et une supervision étroite de la part des
Autorités compétentes, avec le concours des points focaux du Mozambique et
des pays limitrophes.
Incinération de crevettes infectées
(photos reproduites avec l’aimable autorisation du
National Institute for Fish Inspection)
Crevettes infectées par la maladie des points blancs
(photo reproduite avec l’aimable autorisation de l’Association de
producteurs de crevettes du Mozambique)
l’OIE et ses partenaires