Exposé 31 Théorème de l’angle inscrit. Cocyclicité. Applications. Cadre : On se place dans un plan affine euclidien orienté P. Pré requis : Angles orientés Pour tout triangle ABC, ( AB , AC ) + ( BC , BA ) + ( CA , CB ) = π [2π] Cercle circonscrit d’un triangle Plan : I. Théorèmes de l’angle inscrit et de la tangente II. Cocyclicité III. Lieux des points M du plan tels que ( MA , MB ) = α [π] et ( MA , MB ) = α [2π] IV. Applications 1. Symétriques de l’orthocentre 2. Droite de Simson Démonstrations proposées : Théorème 1 (de l’angle au centre) Théorème 3 (cocyclicité) : (⇐) Théorème 4 : 2/ Théorème 6 (symétrique de l’orthocentre) I. Théorèmes de l’angle inscrit et de la tangente Dans toute cette partie, on pose : C est un cercle de P de centre O et de rayon non nul, A, B sont deux points distincts de C. Théorème 1 : (de l’angle au centre) Pour tout point M de C distinct de A et B, on a : 2( MA , MB ) = ( OA , OB ) [2π]. ( MA , MB ) est appelé angle inscrit dans C, ( OA , OB ) l’angle au centre correspondant. Preuve : Soit M un point de C distinct de A et B. La somme des angles orientés d’un triangle vaut π [2π] : ( MA , MO ) + ( AO , AM ) + ( OM , OA ) = π [2π] (triangle MOA) ( MO , MB ) + ( BM , BO ) + ( OB , OM ) = π [2π] (triangle MOB) Or O est équidistant de A, B et M donc les triangles MOA et MOB sont isocèles en O : 2( MA , MO ) + ( OM , OA ) = π [2π] 2( MO , MB ) + ( OB , OM ) = π [2π] En ajoutant ces 2 égalités et avec la relation de Chasles, on a : 2( MA , MB ) + ( OB , OA ) = 2π [2π] 2( MA , MB ) = 2π + ( OA , OB ) [2π] 2( MA , MB ) = ( OA , OB ) [2π]. Corollaire 1 : (théorème de l’angle inscrit) Pour tous points M et N de C distinct de A et B, on a : ( MA , MB ) =( NA , NB ) [π]. Théorème 2 : (de la tangente) Pour tout point T de la tangente en A à C, distinct de A, on a : 2( AT , AB ) = ( OA , OB ) [2π]. Preuve : Soit T un point de la tangente en A à C, distinct de A. Soit A’ le point diamétralement opposé à A. 2( AT , AB ) = 2( AT , AA' ) + 2( AA' , AB ) [2π] (Chasles) = π + 2( AA' , AB ) [2π] (car [AT] tangent en A) = π + ( OA' , OB ) [2π] (Théorème 1) = π + π + ( OA , OB ) [2π] = ( OA , OB ) [2π]. Corollaire 2 : Pour tout point M de C distinct de A et B et pour tout point T de la tangente en A à C, distinct de A, on a : ( AT , AB ) = ( OA , OB ) [π]. II. Cocyclicité Définition : Des points sont dits cocycliques s’il existe un cercle qui les contient tous. Théorème 3 : Soit A, B, C, D 4 points deux à deux distincts de P. A, B, C, D sont cocycliques ou alignés si, et seulement si, ( CA , CB ) = ( DA , DB ) [π]. Preuve : (⇒) Si A, B, C, D alignés, alors ( CA , CB ) = 0 = ( DA , DB ) [π]. Si A, B, C, D cocycliques, alors ( CA , CB ) = ( DA , DB ) [π] d’après le corollaire 1. (⇐) Supposons ( CA , CB ) = ( DA , DB ) [π]. -1er cas : A, B, C alignés, donc ( CA , CB ) = 0 [π]. Il vient ( DA , DB ) = 0 [π], i.e. D ∈ (AB) d’où A, B, C, D alignés. -2e cas : A, B, C non alignés, donc A, B, D non plus. Soit C et C’ les deux cercles respectivement circonscrits aux triangles ABC et ABD. Soit T un point de la tangente en A à C ; d’après le corollaire 2, ( AT , AB ) = ( CA , CB ) [π]. Soit T’ un point de la tangente en A à C’ ; on a ( AT' , AB ) = ( DA , DB ) [π]. D’où ( AT , AB ) = ( AT' , AB ) [π], AT et AT' sont colinéaires, i.e. (AT) = (AT’). Les cercles C et C’ passent par A et B et ont la même tangente en A donc C = C’. A, B, C, D sont cocycliques. III. Lieux des points M du plan tels que ( MA , MB ) = α [π] et ( MA , MB ) = α [2π] Théorème 4 : (du cercle capable) Soit A et B deux points distincts de P et α ∈ ℝ. On note : Γ = { M ∈ P \{A,B} | ( MA , MB ) = α [π] }. 1/ Si α = 0 [π], alors Γ = (AB) \ {A,B}. 2/ Si α ≠ 0 [π], alors Γ = C \ {A,B} , où C est le cercle passant par A et B dont la tangente en A est la droite (AT) , avec T ∈ P vérifiant : ( AT , AB ) = α [π]. Preuve : 1/ Pour M ∈ P \{A,B}, ( MA , MB ) = 0 [π] signifie : soit ( MA , MB ) = 0 [2π] : MA et MB sont colinéaires et de même sens, soit ( MA , MB ) = π [2π] : MA et MB sont colinéaires et de sens opposés. ( MA , MB ) = 0 [π] veut donc dire que les points A, B et M sont alignés. D’où Γ = (AB) \ {A,B}. 2/ Supposons α ≠ 0 [π]. Soit T un point du plan distinct de A tel que : ( AT , AB ) = α [π]. Soit D la droite orthogonale à (AT) passant par A. Comme α ≠ 0 [π], (AT) n’est pas confondue avec (AB) et D ne peut pas être parallèle à la médiatrice de [AB], notée Δ. Δ et D sont donc sécantes en un point, noté O. Soit C = C(O,OA). On a évidemment B ∈ C. (On a construit un tel cercle). -Soit M ∈ C \{A,B}. D’après le corollaire 2, ( MA , MB ) = ( AT , AB ) [π]. Donc ( MA , MB ) = α [π], i.e. M ∈ Γ. -Réciproquement, soit M0 ∈ C autre que A et B, on a donc vu que ( M0A , M0B ) = α [π]. Soit N ∈ Γ. ( NA , NB ) = α [π]. On obtient que ( M0A , M0B ) = ( NA , NB ) [π]. Or M0, A, B ∈ C implique que M0, A, B ne sont pas alignés. Donc M0, A, B, N sont cocycliques, et N ∈ C. On a ainsi montré que Γ = C \{A,B}. Théorème 5 : (de l’arc capable) Soit A et B deux points distincts de P et α ∈ ℝ. On note : Γ’ = { M ∈ P \{A,B} | ( MA , MB ) = α [2π] }. 1/ Si α = 0 [2π], alors Γ’ = (AB) \ [AB]. 2/ Si α = π [2π], alors Γ’ = ]AB[. 3/ Si α ≠ 0 [π], alors Γ’ est l’intersection du cercle C défini au théorème 4, avec le demi-plan ouvert délimité par (AB) et ne contenant pas T (T ≠ A tel que ( AT , AB ) = α [2π]). Preuve : 1/ et 2/ : OK 3/ M ∈ Γ’ ⇔ ( MA , MB ) = α [2π] ⇔ ( MA , MB ) = ( AT , AB ) [2π] ⇔ ( MA , MB ) = ( AT , AB ) [π] les mesures principales ont même signe M ∈ C \{A,B} ⇔ ( MA , MB ) et ( AT , AB ) ont même sens M ∈ C \{A,B} ⇔ ( MA , MB ) et ( AB , AT ) sont de sens opposés Dans le repère (A, AB , j ), A(0,0), B(1,0), M(x,y). −x 1−x det( AB , AM ) = y, det( MA , MB ) = = y. Or ( MA , MB ) et ( AB , AM ) ont même −y −y sens (par Chasles), d’où M ∈ C \{A,B} M ∈ Γ’ ⇔ ( AB , AM ) et ( AB , AT ) sont de sens opposés M et T sont dans des demi-plans opposés délimités par (AB). On obtient le résultat énoncé. IV. Applications 1. Symétriques de l’orthocentre Théorème 6 : Soit ABC un triangle non aplati et H son orthocentre. Le symétrique de H par rapport à chacun des côtés se trouve sur le cercle circonscrit à ABC. Preuve : Soit H’ le symétrique de H par rapport à [BC]. ( H’B , H’C ) = - ( HB , HC ) [2π] (car les symétries orthogonales inverse les angles orientés) = ( HC , HB ) [2π] = ( HC , AB ) + ( AB , AC ) + ( AC , HB ) [2π] (Chasles) π π = + ( AB , AC ) + [π] 2 2 = ( AB , AC ) [π] Donc H’, A, B, C sont cocycliques i.e. H’ appartient au cercle circonscrit à ABC. 2. Droite de Simson Théorème 7 : Soit ABC un triangle non aplati et M un point de P. Soit P, Q, R les projetés orthogonaux respectifs de M sur (BC), (AC), (AB). Alors : P, Q, R alignés si, et seulement si, M appartient au cercle circonscrit à ABC. (Dans ce cas, la droite passant par P, Q, R est la droite de Simson de M.) Preuve : 1/ M ∈ {A, B,C} ⇔ P = R ou P = Q ou Q = R. En effet, (⇒) Si M = A, alors Q = R = A. (⇐) Si Q = R, alors Q = R = A car Q ∈ (AB) ∩ (AC). Si M ≠ A, alors (MR) ⊥ (AB) et (MQ) ⊥ (AC). Or (MR) = (MA) = (MQ), donc (AB) // (AC) ce qui est impossible ! On a donc M = A. 2/ M ≠ {A, B, C}. Dans ce cas, P, Q, R sont distincts deux à deux. Evaluons ( PQ , PR ) [π]. Les triangles PMC et QMC sont rectangles en P et Q : les points M, P, C, Q sont cocycliques. ( PQ , PM ) = ( CQ , CM ) = ( CA , CM ) [π]. B, M, P, R sont cocycliques : ( PM , PR ) = ( BM , BR ) = ( BM , BA ) [π]. D’où ( PQ , PR ) = ( PQ , PM ) + ( PM , PR ) [2π] = ( CA , CM ) + ( BM , BA ) [π] = ( CA , BA ) + ( BA , CM ) + ( BM , BA ) [π] = ( AC , AB ) + ( BM , CM ) [π] = ( AC , AB ) – ( MC , MB ) [π]. Finalement, P, Q, R alignés ⇔ ( PQ , PR ) = 0 [π] ⇔ ( AC , AB ) = ( MC , MB ) [π] ⇔ A, B, C, M cocycliques. V. Complément : Le théorème de l’angle au centre au collège Théorème : Soit C un cercle de centre O et de rayon non nul, et soit A, B deux points distincts de C. Pour tout point M de C distinct de A et B, on a : 2 AMB = AOB si les deux angles interceptent le même arc. Remarque : Il existe donc deux situations, l’une où l’angle de sommet M est aigu (donc celui de sommet O saillant) l’autre où l’angle de sommet M est obtus (donc celui de sommet O rentrant). Preuve : (Cas où AMB est aigu) on le démontre en deux étapes : = Dans un premier temps, on démontre que si [MD] est un diamètre alors on a 2AMD AOD. (angle plat), et comme le triangle AOM est isocèle de En effet, on a AOD = 180° - AOM sommet O, on sait que 180° - AOM = 2 AMD. D'où l'égalité. Dans un second temps, on remarque que, quelles que soient les positions de A et B, l'angle et qu'il en sera de même pour AMB est la somme ou la différence des angles AMD et BMD l'angle AOB concernant les angles AOD et BOD.