2 A. GROTHENDIECK
le dual de Ep
bFsoit exactement l’espace BpE,Fqdes formes bilinéaires conti-
nues sur EˆF, muni de sa norme usuelle. Il s’ensuit aisément que pour tout
espace de Banach G, il y a correspondance biunivoque canonique, préservant
les normes naturelles, entre applications bilinéaires continues de EˆFdans
G, et applications linéaires continues de Ep
bFdans G.Eq
bFest l’adhérence de
EbFdans BpE1,F1q, quand on interprète EbFcomme un espace de formes
bilinéaires sur E1ˆF1. La norme induite sur Eq
bFpar BpE1,F1qest notée |u|z{,
ou }u}(suivant l’usage général pour la norme d’une forme bilinéaire). Le dual
de Eq
bFsera note B{zpE,Fq, c’est un espace de formes bilinéaires continues sur
EˆF, appelées formes bilinéaires intégrales :B{zpE,Fq Ă BpE,Fq. La dualité
entre p
bet q
bs’exprime dans les énoncés suivants : La norme induite sur E1bF1
par le dual BpE,Fqde Ep
bFest aussi la norme induite par E1q
bF1, et de même
la norme induite sur EbFpar le dual BpE1,F1qde E1p
bF1est aussi la norme
induite par EbF.Dualement, dans tous les cas connus, la norme induite sur
E1bF1par le dual B{zpE,Fqde Eq
bFest aussi celle induite par E1p
bF1.De façon
précise, cet énoncé est vrai chaque fois que E1ou F1satisfait à la condition
d’approximation métrique [5, Chap. 1, Appendice 2], en particulier chaque
fois que Eou Fest un espace Lp(1 6p68) construit sur une mesure quel-
conque, ou un espace C0pMq(espace des fonctions continues nulles à l’infini
sur l’espace localement compact M) ; plus particulièrement, ce sera vrai si E
ou Fest un espace lp(1 6p68) ou l’espace c0. De même, si Eou Fsatisfait
à la condition d’approximation métrique (et pour ceci il suffit que E1ou F1y
satisfasse - loc. cité -), alors la norme sur EbFinduite par le dual B{z pE1,F1q
de E1q
bF1est aussi celle induite pas Ep
bF.
Signalons que les formes bilinéaires sur E1ˆF1éléments de Eq
bFsont com-
pactes, i.e. les applications linéaires de E1dans Fque leur correspondent sont
compactes (i.e. transforment la boule unité en une partie relativement com-
pacte de F) : elles sont en effet limites, pour la norme usuelle, d’applications
linéaires continues de rang fini. On voit d’ailleurs immédiatement que ces
applications sont aussi faiblement continues (i.e. continues pour σpE1,Eqet
σpF,F1q), et d’ailleurs ces deux propriétés caractérisent les applications li-
néaires de E1dans Fdéfinies par des éléments de Eq
bF, du moins si Eou F
satisfait la condition d’approximation métrique (loc. cité).
La norme |u|{z est plus fine que la norme |u|z{, d’où une application linéaire
canonique, de norme 61, de Ep
bFdans Eq
bF; cette application est biunivoque
si Eou Fsatisfait à la condition d’approximation (loc. cité).
Soient Ei,Fides espaces de Banach (i=1,2), uiune application linéaire
continue de Eidans Fi, alors u1bu2est une application linéaire E1bE2