Progrès
en
urologie
(2015)
25,
549—554
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
ARTICLE
ORIGINAL
Chimiothérapie
néoadjuvante
dans
le
cancer
de
vessie
infiltrant
le
muscle
:
complications
et
conséquences
sur
la
réalisation
de
la
cystectomie
Neoadjuvant
chemotherapy
in
muscular
invasive
bladder
cancer:
Complications
and
consequences
on
cystectomy
S.
Benadibaa,,1,
H.
Gauthierb,1,
G.
Ploussarda,1,
P.
Mongiat-Artusa,1,
L.
Frogera,1,
V.
Basseta,1,
P.
Pashootana,1,
E.
Chartierc,
D.
Dadound,
F.
Jacobd,
V.
Raverye,1,
S.
Culined,1,
F.
Desgrandchampsa,1
aService
d’urologie,
hôpital
Saint-Louis,
75011
Paris,
France
bService
d’oncologie
médicale,
hôpital
Saint-Louis,
75011
Paris,
France
cService
d’urologie,
centre
hospitalier,
77100
Meaux,
France
dCabinet
d’urologie,
77100
Mareuil-les-Meaux,
France
eService
d’urologie,
hôpital
Bichat,
75018
Paris,
France
Rec¸u
le
11
aoˆ
ut
2014
;
accepté
le
21
avril
2015
Disponible
sur
Internet
le
26
mai
2015
MOTS
CLÉS
Chimiothérapie
néoadjuvante
;
Cancer
de
vessie
envahissant
le
muscle
;
Cystectomie
Résumé
Introduction.
La
crainte
de
la
détérioration
de
l’état
du
patient
liée
à
la
toxicité
de
la
chimiothérapie
néoadjuvante
est
un
frein
à
son
développement.
Cette
étude
descriptive,
rétros-
pective,
multicentrique
a
eu
pour
but
de
présenter
les
effets
secondaires
de
la
chimiothérapie
néoadjuvante
et
ses
conséquences
sur
la
réalisation
de
la
cystectomie.
Patients
et
méthode.
Les
patients
atteints
d’un
carcinome
urothélial
classé
cT2
à
cT4a
N0M0
ont
été
inclus.
Une
chimiothérapie
comportant
6
cycles
de
MVAC
(méthotrexate,
vin-
blastine,
doxorubicine,
cisplatine)
suivie
d’une
cysto-prostatectomie
ou
d’une
pelvectomie
antérieure
était
programmée.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(S.
Benadiba).
1Centre
expert
AP—HP
d’onco-urologie
Paris-Nord.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2015.04.004
1166-7087/©
2015
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
550
S.
Benadiba
et
al.
Résultats.
Au
total
32
patients
ont
été
inclus.
Quatre
cycles
de
chimiothérapie
ont
pu
être
réalisés
chez
27
patients
(84,3
%
de
l’effectif).
Les
six
cycles
de
chimiothérapie
néoadjuvante
ont
été
délivrés
chez
11
patients.
Les
causes
d’arrêt
précoce
de
la
chimiothérapie
ont
été
la
toxi-
cité
dans
85
%
des
cas.
Une
cystectomie
a
été
réalisée
chez
26
(87
%)
patients.
Quatre
patients
n’ont
pas
été
opérés
en
raison
d’une
altération
de
l’état
général
(2
cas)
ou
d’un
refus
(2
cas).
La
cystectomie
n’a
pas
été
réalisée
chez
2
autres
patients
en
raison
d’une
maladie
avancée
constatée
au
cours
de
l’intervention.
Des
complications
de
grades
3
et
4
selon
la
classification
de
Clavien
et
Dindo
sont
survenues
chez
respectivement
15,3
%
et
11,5
%
des
patients.
Aucun
décès
toxique
n’est
survenu.
Discussion.
Cette
étude
rapporte
des
résultats
proches
de
ce
qui
est
retrouvé
dans
la
litté-
rature
concernant
les
conséquences
de
la
chimiothérapie
néoadjuvante
sur
la
réalisation
de
la
cystectomie,
mais
elle
présente
des
limites
:
d’une
part,
l’analyse
rétrospective
des
données
concernant
les
interventions
chirurgicales,
d’autre
part,
l’absence
de
groupe
témoin.
De
plus,
le
court
recul
ne
permet
pas
de
connaître
encore
les
résultats
oncologiques
à
long
terme.
Conclusion.
Cette
étude
étaye
le
fait
que
la
réalisation
d’une
chimiothérapie
néoadjuvante
ne
semble
pas
être
à
l’origine
d’un
risque
important
de
non-réalisation
de
la
cystectomie.
Niveau
de
preuve.—
4.
©
2015
Elsevier
Masson
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Tous
droits
réservés.
KEYWORDS
Neoadjuvant
chemotherapy;
Muscle-invasive
bladder
cancer;
Cystectomy
Summary
Introduction.
The
fear
of
the
deterioration
of
the
patient’s
condition
related
to
the
toxicity
of
neoadjuvant
chemotherapy
is
a
barrier
to
its
development.
This
multicenter
retrospective
study
aims
to
present
the
secondary
effects
of
neoadjuvant
chemotherapy
and
its
impact
on
the
achievement
of
cystectomy.
Materials
and
methods.
Patients
with
urothelial
carcinoma
classified
cT2
to
cT4a
N0M0
were
included.
Chemotherapy
with
6
cycles
of
MVAC
(methotrexate,
vinblastine,
adriamycin,
and
cisplatin)
followed
by
a
cysto-prostatectomy
or
anterior
pelvectomy
was
scheduled.
Results.
A
total
32
patients
were
included.
Six
cycles
of
neoadjuvant
chemotherapy
were
performed
in
all
11
patients.
Shutdown
causes
were
toxicity
in
85%
of
cases.
Cystectomy
was
performed
in
86.6%
of
patients.
Surgery
was
not
performed
in
6
patients.
The
reasons
were
the
alteration
of
the
general
condition
in
2
cases,
2
patients
had
advanced
cancers
diagnosed
intrao-
peratively,
and
2
refused
surgery.
Complications
of
grades
3
and
4
according
to
the
classification
of
Clavien
and
Dindo
had
occurred
respectively
in
15.3%
and
11.5%.
Discussion.
This
study
reports
results
close
to
what
is
found
in
the
literature
on
the
effects
of
neoadjuvant
chemotherapy
on
achieving
cystectomy,
but
it
has
some
limitations:
the
retrospec-
tive
analysis
of
data
on
surgery
and
the
lack
of
control
group.
In
addition,
the
short
follow-up
does
not
yet
allow
to
know
the
long-term
oncological
results.
Conclusion.
This
study
supports
the
fact
that
the
toxicity
of
neoadjuvant
chemotherapy
does
not
seem
to
cause
a
significant
risk
of
non-completion
of
cystectomy.
Level
of
evidence.
4.
©
2015
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All
rights
reserved.
Introduction
Le
cancer
de
vessie
est
responsable
de
3
%
des
décès
par
cancer
et
se
situe
au
7erang
des
cancers
en
incidence
[1].
Le
traitement
de
référence
des
tumeurs
de
vessie
infiltrant
le
muscle
sans
extension
à
distance
est
la
pelvec-
tomie
antérieure
chez
la
femme
et
la
cystoprostatectomie
chez
l’homme
avec
curage
ganglionnaire
pelvien
étendu
[2].
Les
résultats
de
survie
spécifique
à
20
ans
rapportés
après
cystectomie
sans
chimiothérapie
néoadjuvante
sont
pour
les
stades
T2
a/b
de
64,9
%
et
pour
les
stades
T3
a/b
de
50,7
%
[3].
L’impact
bénéfique
de
la
chimiothérapie
néoadjuvante
(CNA)
avant
cystectomie
sur
la
survie
globale
a
été
démontré
[4,5].
Une
méta-analyse
des
essais
thérapeutiques
randomi-
sés
a
mis
en
évidence
un
bénéfice
absolu
en
survie
de
5
%
à
5
ans
et
une
diminution
du
risque
de
décès
de
14
%
[6,7].
Ces
résultats
ont
été
obtenus
avec
des
associations
cyto-
toxiques
à
base
de
cisplatine,
principalement
le
protocole
MVAC
(méthotrexate,
vinblastine,
doxorubicine,
cisplatine).
Malgré
ces
données,
la
réalisation
effective
d’une
CNA
avant
cystectomie
est
loin
d’avoir
intégré
les
pratiques
courantes.
Elle
a
ainsi
progressé
très
modestement
aux
États-Unis
de
2003
à
2007
pour
atteindre
environ
13
%
des
patients
éligibles
Chimiothérapie
néoadjuvante
dans
le
cancer
de
vessie
infiltrant
le
muscle
551
[7].
L’un
des
motifs
de
réticence
est
la
crainte
de
détério-
rer
l’état
préopératoire
du
patient,
avec
au
final
un
retard
voire
une
annulation
de
l’intervention.
La
présente
étude
a
eu
pour
objectif
d’évaluer
les
conséquences
d’une
CNA
sur
la
réalisation
de
la
cystectomie.
Patients
et
méthode
Population
Entre
avril
2010
à
février
2013,
les
patients
issus
de
4
centres
(hôpital
Saint-Louis,
hôpital
Bichat,
centre
hospitalier
et
clinique
Saint-Faron
de
Meaux)
et
atteints
d’un
carcinome
urothélial
de
stade
cT2
à
cT4a
N0M0
ont
étés
inclus
consécu-
tivement.
Une
résection
maximale
endoscopique
de
vessie
était
réalisée.
Les
patients
présentant
un
statut
de
perfor-
mance
(PS)
supérieur
à
2
ou
une
altération
de
la
fonction
rénale
ont
été
exclus.
Pour
l’ensemble
des
patients,
un
TDM
thoraco-abdomino-pelvien
était
réalisé
comme
le
bilan
d’extension
et
une
réunion
de
concertation
pluridiscipli-
naire
a
validé
l’indication
de
CNA
suivie
de
cystectomie.
Chimiothérapie
néoadjuvante
Une
chimiothérapie
comportant
6
cycles
de
MVAC
accéléré
(MVACa),
délivrés
tous
les
14
jours,
était
programmée.
Une
évaluation
des
effets
indésirables
(avec
cotation
de
leur
intensité
selon
l’échelle
NCI
CTCAE
v4.0)
et
une
éventuelle
adaptation
des
doses
étaient
réalisées
à
chaque
cycle.
Un
TDM
thoraco-abdomino-pelvien
était
pratiqué
au
décours
du
4ecycle
pour
évaluer
la
réponse
au
traitement
et
planifier
le
traitement
chirurgical.
Traitement
chirurgical
Au
décours
de
la
chimiothérapie,
l’intervention
pratiquée
était
pour
les
hommes
une
cysto-prostatectomie
totale,
et
pour
les
femmes,
une
pelvectomie
antérieure,
associées
à
un
curage
pelvien
par
voie
ouverte.
Une
entéro-cystoplastie
de
remplacement
ou
une
dérivation
cutanée
de
type
Bri-
cker
étaient
réalisées
selon
la
décision
prise
par
l’opérateur
après
discussion
avec
le
patient.
Suivi
postopératoire
L’analyse
des
dossiers
médicaux
a
permis
de
collecter
rétrospectivement
les
complications
survenues
au
cours
du
suivi
postopératoire
puis
dans
les
90
jours
suivant
l’intervention,
selon
la
classification
de
Clavien-Dindo,
la
durée
d’hospitalisation
ainsi
que
le
mode
de
sortie
et
le
mode
d’hébergement
à
3
mois.
Résultats
Un
total
de
32
patients
a
été
inclus,
d’âge
médian
65
ans
(extrêmes,
58—74).
Les
caractéristiques
de
la
population
avant
le
début
de
la
chimiothérapie
sont
présentées
dans
le
Tableau
1.
Quatre
cycles
de
chimiothérapie
ont
pu
être
réalisés
chez
27
patients
(84,3
%
de
l’effectif).
Les
6
cycles
ont
pu
être
Tableau
1
Caractéristiques
initiales
des
patients.
Paramètre
Caractéristiques
Nombre
de
patients
(%)
Sexe
Homme
27
(84,4)
Femme
5
(15,6)
Symptômes
initiaux
Hématurie
19
(59,5)
Douleurs
pelviennes
1
(3,3)
Impériosités
mictionnelles
3
(9,3)
Dysurie
3
(9,3)
Douleurs
lombaires
3
(9,3)
Découverte
fortuite
3
(9,3)
Dilatation
du
haut
appareil
Non
19
(59,4)
Droite
4
(12,5)
Gauche
5
(15,6)
Bilatéral
4
(12,5)
Dérivation
du
haut
appareil
Non
22
(68,8)
Droite
3
(9,4)
Gauche
2
(6,2)
Bilatéral
4
(12,5)
Échec
1
(3,1)
cT
T1
4
(12,5)
T2
20
(62,5)
T3
6
(18,7)
T4
2
(6,3)
cN
Nx
28
(87,5)
N1
3
(9,4)
N2
1
(3,1)
N3
0
pT
(post-RTUV)
T0
0
T1
2
(6,2)
T2
30
(93,8)
CIS
Oui
26
(81,3)
Non
6
(18,7)
administrés
chez
11
(34,4
%)
patients.
Les
causes
d’arrêt
ont
été
la
toxicité
dans
85
%
des
cas,
avec
une
prédominance
d’effets
secondaires
digestifs.
Trois
patients
ont
présentés
des
problèmes
médicaux
non
liés
directement
à
la
chimio-
thérapie
et
un
patient
a
refusé
de
poursuivre
le
traitement
(Tableau
2).
Aucun
traitement
n’a
été
interrompu
en
raison
d’une
progression
diagnostiquée
lors
de
la
réévaluation
au
décours
du
4ecycle.
Une
hospitalisation
en
soins
intensifs
en
cours
de
chimiothérapie
a
été
nécessaire
pour
un
patient.
Aucun
décès
n’est
survenu.
Le
délai
médian
entre
la
fin
de
la
chimiothérapie
et
la
réalisation
du
geste
chirurgical
a
été
de
39
jours
(extrêmes,
31—45).
Le
score
OMS
était
de
0
pour
65
%
des
patients
avant
chimiothérapie.
Lors
de
l’évaluation
réalisée
après
552
S.
Benadiba
et
al.
Tableau
2
Déroulement
de
la
chimiothérapie.
n
(%)
Causes
d’arrêt
avant
la
fin
des
6
cycles
Toxicité
18
(85)
Progression 0
Refus
du
patient 1
(5)
Autre
2
(10)
Patients
ayant
nécessité
une
réduction
des
doses
de
chimiothérapie
C1
3/32
(9,38)
C2
3/32
(9,38)
C3
6/28
(21,43)
C4
4/27
(14,81)
C5
5/20
(26,32)
C6
3/11
(27,27)
chimiothérapie,
50
%
des
patients
avait
un
statut
OMS
1,
30
%
un
statut
OMS
2
et
10
%
un
statut
OMS
3.
La
médiane
de
la
clairance
de
la
créatinine
calculée
selon
MDRD
était
de
83,0
mL/min
avant
chimiothérapie
[74,2—93,5],
de
81,45
mL/min
[70,7—93,2]
au
4ecycle
et
de
84,0
mL/min
[76,0—111,0]
chez
les
11
patients
ayant
rec¸u
les
6
cycles
de
MVAC.
Dans
2
cas,
une
altération
de
l’état
général
n’a
pas
permis
la
réalisation
de
la
cystectomie
prévue.
Deux
patients
qui
ne
présentaient
pas
de
contre-indication
à
la
réalisation
d’un
traitement
chirurgical
ont
refusé
la
chirur-
gie
(parmi
eux,
1
a
été
traité
par
radio-chimiothérapie).
Une
cystectomie
a
été
réalisée
chez
26
des
28
patients
28
opérés.
Un
patient
présentait
un
blindage
pelvien
décou-
vert
en
peropératoire
rendant
l’intervention
impossible
en
marge
saine.
Une
dérivation
trans-iléale
et
un
trai-
tement
par
radio-chimiothérapie
ont
été
réalisés.
Chez
le
deuxième
patient,
une
carcinose
péritonéale
a
été
découverte.
Les
données
concernant
les
caractéristiques
des
patients
opérés
et
les
résultats
anatomo-pathologiques
sont
rappor-
tées
Tableau
3.
La
médiane
de
l’hémoglobine
préopératoire
était
de
10,3
g/dL
[10,2—11,8].
Une
transfusion
périopéra-
toire
a
été
nécessaire
chez
63,64
%
des
patients.
La
durée
opératoire
médiane
a
été
de
330
±
79
minutes.
La
durée
médiane
d’hospitalisation
a
été
de
16
jours.
Des
complications
de
grades
3
et
4
selon
la
classifica-
tion
de
Clavien
et
Dindo
sont
survenues
respectivement
chez
15,3
%
et
11,5
%
des
patients.
Dans
tous
les
cas,
les
complications
étaient
urinaires,
avec
4
patients
drainés
pour
des
fistules
urinaires,
alors
qu’un
patient
a
présenté
une
pyélonéphrite
obstructive.
Une
prise
en
charge
en
soins
intensifs
a
été
nécessaire
pour
3
patients.
À
3
mois,
31,6
%
des
patients
avaient
eu
des
complications
:
4
patients
des
infections
urinaires,
un
patient
une
phlébite
et
un
patient
une
éventration
sur
l’incision
abdominale.
Aucun
décès
n’est
survenu
au
cours
de
cette
période.
Un
retour
à
domicile
a
été
possible
dans
65
%
des
cas
et
un
séjour
en
soins
de
suite
a
été
nécessaire
pour
les
autres
patients.
À
3
mois,
86
%
des
patients
étaient
au
domicile
(Tableau
4).
Tableau
3
Caractéristiques
des
patients
opérés.
Caractéristiques
n
=
28
(%)
PS
(OMS)
0
2
(7,2)
1
12
(42,8)
2
12
(42,8)
3
2
(7,2)
Nombre
de
cures
réalisées
1
28
(100)
2
28
(100)
3
25
(89,3)
4
20
(71,4)
5
17
(60,7)
6
10
(35,7)
n
=
26
(%)
ypT
0
11
(42,3)
1
2
(7,7)
2
1
(3,9)
3
9
(34,6)
4
3
(11,5)
ypN
0
22
(84,7)
1
1
(3,8)
2
1
(3,8)
3
2
(7,7)
ypCIS
Oui
4
(15,4)
Non
22
(84,6)
Marges
opératoires
0
23
(88,5)
1
1
(3,8)
2
2
(7,7)
Type
de
reconstruction
Entérocystoplastie
13
(50,0)
Bricker
12
(46,2)
Urétérostomie
1
(3,8)
Tableau
4
Complications
postopératoires
selon
la
clas-
sification
de
Clavien.
Grade
n
(%)
1
7
(26,9)
2
14
(53,8)
3
2
(7,8)
4
3
(11,5)
Type
de
complication
n
(%)
Infection
urinaire
13
(50,0)
Fistule/sténose
urinaire
7
(26,9)
Abcès
paroi 3
(11,5)
Fistule
digestive 3
(11,5)
Syndrome
coronarien 1
(3,8)
Thrombose
veineuse
profonde
0
Embolie
pulmonaire
0
Chimiothérapie
néoadjuvante
dans
le
cancer
de
vessie
infiltrant
le
muscle
553
Discussion
Plusieurs
études
prospectives
soutiennent
l’intérêt
de
la
chimiothérapie
néoadjuvante
avant
réalisation
d’une
cys-
tectomie.
Grossman
et
al.
ont
rapporté
au
nom
du
South
West
Oncology
Group
(SWOG)
une
amélioration
de
la
survie
globale,
avec
une
survie
médiane
de
46
mois
versus
77
mois
pour
le
groupe
ayant
rec¸u
la
CNA
(3
cycles
de
MVAC).
La
différence
était
significative
pour
les
lésions
cT2
(75
mois
versus
105
mois,
p
=
0,05)
mais
également
cT3/cT4
(24
mois
versus
65
mois,
p
=
0,005)
[4].
De
même,
l’essai
thérapeu-
tique
randomisé
réalisé
par
l’European
Organization
for
Research
and
Treatment
of
Cancer
(EORTC)
a
rapporté
une
réduction
du
risque
de
décès
de
16
%
dans
le
bras
CNA
(p
=
0,037),
avec
un
recul
de
8
ans
dans
une
population
de
1166
patients
ayant
rec¸u
ou
non
une
CNA
selon
le
protocole
CMV
(cisplatine,
méthotrexate,
vinblastine)
[5].
Malgré
les
résultats
de
ces
études,
l’usage
de
la
CNA
demeure
limité
[4].
Les
motifs
de
réticence
incluent
la
crainte,
d’une
part,
de
détériorer
l’état
préopératoire
du
patient
en
raison
de
la
toxicité
engendrée
par
la
CNA,
d’autre
part,
de
laisser
évoluer
la
maladie,
avec
au
final
un
retard
voire
une
annulation
de
l’intervention.
Les
essais
ran-
domisés
du
SWOG
et
de
l’EORTC
n’ont
en
fait
pas
retrouvé
de
différence
significative
dans
la
faisabilité
de
la
cystectomie
ni
de
majoration
du
risque
de
complications
postopératoires
[4,8].
L’étude
américaine
rapporte
que
87
%
des
patients
ont
rec¸u
l’intégralité
des
doses
de
MVAC
sur
les
3
cycles
prévus,
sans
détailler
les
pourcentages
des
réductions
de
doses
ni
les
causes
d’arrêt
avant
la
fin
du
traitement
[4].
Dans
l’essai
de
l’EORTC,
près
de
80
%
des
patients
ont
rec¸u
la
totalité
des
cycles
prévus.
Des
réductions
de
doses
ont
été
néces-
saires
chez
10
%
des
patients
pour
la
vinblastine,
20
%
pour
le
méthotrexate
et
60
%
pour
le
cisplatine.
Un
décès
toxique
a
été
observé
chez
1
%
des
patients
[5].
Les
résultats
de
notre
étude
sont
en
accord
avec
les
données
des
essais
randomisés,
alors
que
le
schéma
d’administration,
dit
accéléré,
du
protocole
MVAC
était
dif-
férent.
Environ
un
tiers
des
patients
ont
pu
recevoir
les
6
cycles
de
chimiothérapie
programmés.
Des
modifications
de
doses,
voire
l’arrêt
du
traitement,
ont
été
nécessaires
chez
deux
tiers
des
patients.
Une
dégradation
de
l’état
général
a
été
observée
en
cours
de
CNA,
avec
un
PS
2
chez
respectivement
11
%
et
20
%
des
patients
au
décours
des
4e
et
6ecycles.
L’altération
de
l’état
général
a
contre-indiqué
la
chirurgie
dans
2
cas.
Parmi
les
32
patients
initialement
inclus,
28
ont
été
opérés,
2
patients
opérables
sur
des
cri-
tères
d’imagerie
ayant
refusé
le
traitement
chirurgical.
Une
cystectomie
a
pu
être
réalisée
chez
26
d’entre
eux
(81
%).
Ces
résultats
sont
tout
à
fait
similaires
à
ceux
rapportés
dans
l’étude
du
SWOG,
au
cours
de
laquelle
la
cystectomie
a
été
réalisée
chez
82
%
et
81
%
des
patients
randomisés
dans
les
bras
avec
et
sans
chimiothérapie
néoadjuvante,
respective-
ment
[4].
Il
ne
semble
donc
pas
qu’il
ait
de
majoration
du
risque
de
ne
pas
accéder
à
la
chirurgie
lié
au
retentisse-
ment
de
la
chimiothérapie.
Les
deux
patients
pour
lesquels
la
cystectomie
n’a
pu
être
réalisée
pour
des
raisons
carci-
nologiques
avaient
des
maladies
d’emblée
très
agressives
et
n’auraient
pas
bénéficié
d’une
cystectomie
première.
Enfin,
la
survenue
de
complications
grades
3
et
4
a
été
de
19
%.
La
comparaison
avec
les
principale
séries
est
rendue
difficile
par
l’absence
d’utilisation
d’échelle
validée
[9—11].
Cette
étude
rapporte
donc
des
résultats
proches
de
ce
qui
est
retrouvé
dans
la
littérature
concernant
la
tolérance
et
les
conséquences
de
la
chimiothérapie
sur
l’indication
opé-
ratoire,
mais
elle
présente
des
limites
:
d’une
part,
l’analyse
rétrospective
des
données
concernant
les
interventions
chi-
rurgicales,
d’autre
part,
l’absence
de
groupe
témoin.
De
plus,
le
court
recul
ne
permet
pas
de
connaître
encore
les
résultats
oncologiques
à
long
terme.
Néanmoins,
il
n’a
pas
été
retrouvé
de
lésions
résiduelles
sur
la
pièce
opéra-
toire
chez
42,3
%
des
patients.
Ce
taux
de
réponse
complète
pathologique
était
de
respectivement
38
%
et
32
%
dans
les
bras
CNA
des
essais
randomisés
américains
et
européens,
soit
plus
de
deux
fois
supérieur
à
celui
observé
dans
les
bras
sans
CNA
[4,5].
Hors
ce
paramètre
est
associé
à
une
meilleure
survie,
avec
une
réduction
du
risque
de
décès
de
55
%
par
rapport
aux
patients
chez
les
lesquels
persistent
des
lésions
infiltrantes
dans
une
méta-analyse
récemment
publiée
(HR
=
0,45
[0,36—0,56],
p
<
0,00001)
[9].
Conclusion
La
réalisation
d’une
CNA
ne
semble
pas
être
à
l’origine
d’un
risque
important
de
non-réalisation
de
la
cystectomie,
alors
même
que
l’amélioration
des
résultats
sur
la
survie
globale
est
rapportée
par
de
nombreuses
études.
La
toxicité
induite
par
la
CNA
impose
une
adaptation
individuelle
des
doses
et
du
nombre
de
cycles
délivrés.
Si
elle
n’est
actuellement
pas
recommandée
de
fac¸on
systématique,
la
CNA
dans
le
cancer
de
vessie
envahissant
le
muscle
doit
être
proposée
dès
lors
que
l’état
initial
du
patient
le
permet.
Déclaration
d’intérêts
Les
auteurs
déclarent
ne
pas
avoir
de
conflits
d’intérêts
en
relation
avec
cet
article.
Références
[1]
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A,
Velten
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Grosclaude
P,
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al.
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[6]
Winquist
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TS,
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R,
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J,
Lukka
H.
Neoad-
juvant
chemotherapy
for
transitional
cell
carcinoma
of
the
bladder:
a
systematic
review
and
meta-analysis.
J
Urol
2004;171(2
Pt
1):561—9.
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