Université Paris 7 - Denis Diderot UFR de Mathématiques Premier semestre 2006/07 M1 Maths-info - Algèbre Devoir à la maison n◦ 2 Un corrigé Exercice 1. Soit F3 le corps fini à 3 éléments et α une racine septième de l’unité (dans un corps de rupture du polynôme X 7 − 1 ∈ F3 [X], il existe - au moins - une racine septième de l’unité). On pose K = F3 (α). 1) L’élément α ∈ K est algébrique sur F3 car il vérifie α7 = 1. Donc le corps F3 (α) est une extension finie de F3 . C’est un F3 -espace vectoriel de dimension finie, il a donc un nombre fini d’éléments : K est un corps fini. 2) Pour déterminer K, il suffit de trouver son cardinal. D’après ce qui précède, #K = 3m où m est le degré de l’extension K/F3 . Maintenant, il s’agit de calculer m. Si α = 1, alors F3 (α) = F3 . Supposons α 6= 1. Comme α7 − 1 = (α − 1)(1 + α + . . . + α6 ) = 0 dans K, on a 1 + α + . . . + α6 = 0. Notons P le polynôme cyclotomique 1 + X + . . . + X 6 ∈ F3 [X]. Il annule α, c’est donc un multiple du polynôme minimal de α sur F3 . Montrer que c’est le polynôme minimal revient à montrer que P est irréductible dans F3 [X]. D’après l’exercice 9 de la feuille 4, P est irréductible dans F3 [X] si et seulement s’il n’a aucune racine dans toutes les extensions de F3 de degré au plus deg2 P = 3. Il n’y a que trois possibilités pour ces extensions : L1 = F3 , L2 = F32 , L3 = F33 . Raisonnons par l’absurde : supposons que P ait une racine x dans un de ces corps Ld (1 ≤ d ≤ 3). Comme x 6= 0, x est un élément du groupe multiplicatif L∗d du corps. D’après un résultat du cours, puisque Ld est fini, ce groupe est cyclique d’ordre 3d − 1. De plus, x7 = 1 donc x est d’ordre 7. Par le théorème de Lagrange, 7 divise 3d − 1. Pour d = 1, 2 ou 3, c’est impossible. Ainsi le polynôme P est irréductible dans F3 [X] et c’est le polynôme minimal de α sur F3 . Le degré de l’extension K/F3 est m = deg(P ) = 6. En conclusion, K est le corps fini F36 à 36 éléments. Remarque 0. On ne travaille pas dans un sous-corps de C donc on n’a pas α = e2iπ/17 ! Remarque 1. D’après le cours, le polynôme cyclotomique Φ7 (X) = 1+X +. . .+X 6 est irréductible dans Q[X]. Mais cela ne nous dit rien de son irréductibilité dans F3 [X] ! Remarque 2. Pour vérifier que P n’a aucune racine dans ces corps, on pouvait également procéder comme en TD en construisant les corps F32 et F33 comme quotients de F3 [X] par un polynôme irréductible du bon degré (par exemple avec X 2 + 1 et X 3 + 2X + 1, irréductibles sur F3 ). Mais les calculs sont beaucoup plus longs. Exercice 2. Soit n un entier ≥ 3. 1) Notons ζ = e2iπ/n et α = cos(2π/n). On a α = de corps : ζ+ζ −1 2 Q(ζ) | Q(α) | Q. 1 donc α est dans Q(ζ). On a ainsi les extensions D’après le cours, l’extension Q(ζ)/Q est de degré ϕ(n). Déterminons le degré de l’extension Q(ζ)/Q(α). Le polynôme P (X) = (X − ζ)(X − ζ −1 ) = X 2 − 2αX + 1 est à coefficients dans Q(α)[X]. De plus, il annule ζ. Enfin, il est irréductible dans Q(α) : sinon, ses racines ζ et ζ −1 seraient dans Q(α) ce qui est impossible car Q(α) ⊂ R et ζ ∈ / R (n ≥ 3). Donc P est le polynôme minimal de ζ sur Q(α). Comme il est de degré 2, on en déduit [Q(ζ) : Q(α)] = 2. Par le théorème de multiplicativité du degré, on a donc : [Q(α) : Q] = ϕ(n) . 2 2) Soit x ∈ Q écrit sous forme irréductible ab avec a et b entiers premiers entre eux et b > 0. On suppose b ≥ 3. Comme précédemment, on a les extensions de corps : Q(e2πia/b ) | Q(cos(2πa/b)) | Q et comme précédemment, on montre que [Q(e2πia/b ) : Q(cos(2πa/b))] = 2 (l’extension n’est pas de degré 1 car b ≥ 3). De plus, e2πi/b est une racine primitive b-ème de l’unité. Comme a et b sont premiers entre eux, il en est de même de e2πia/b . Les corps Q(e2πi/b ) et Q(e2πia/b ) sont donc égaux. Or, [Q(e2πi/b ) : Q] = ϕ(b). Finalement, on obtient : [Q(cos(2πa/b)) : Q] = ϕ(b) . 2 3) Supposons n ≥ 5. Notons β = sin( 2π à la question précédente ! On n ). On commence par se ramener π 2π n−4 ) = cos( − ) = cos(2π ). Maintenant, écrivons n−4 a l’identité trigonométrique sin( 2π n 2 n 4n 4n sous forme irréductible. • Si pgcd(n, 8) = 1, alors n est impair et le pgcd de 4n et n − 4 est 1. D’après la question 2), le degré [Q(β) : Q] est ϕ(4n)/2. Comme 4 et n sont premiers entre eux, d’après les propriétés de l’indicatrice d’Euler1 , ϕ(4n) = ϕ(4)ϕ(n) = 2ϕ(n). D’où [Q(β) : Q] = ϕ(n). • Si pgcd(n, 8) = 2, alors n = 2k avec k impair et on voit que le pgcd de 4n et n − 4 est 2. n/2−2 Donc comme n−4 4n = 2n , le degré de l’extension est donc ϕ(2n)/2. On a ϕ(2n) = ϕ(4k) = ϕ(4)ϕ(k) = 2ϕ(k). De plus, ϕ(n) = ϕ(2k) = ϕ(2)ϕ(k) = ϕ(k). Donc ϕ(2n) = 2ϕ(n) et le degré est [Q(β) : Q] = ϕ(n). • Si pgcd(n, 8) = 4, alors n = 4k avec k impair et on voit que le pgcd de 4n et n − 4 est 8. (n−4)/8 Comme n−4 4n = n/2 , le degré est donc ϕ(n/2)/2. On a ϕ(n) = ϕ(4k) = ϕ(4)ϕ(k) = 2ϕ(k) et ϕ(n/2) = ϕ(2k) = ϕ(k) d’où ϕ(n/2) = ϕ(n)/2. Finalement, le degré est [Q(β) : Q] = ϕ(n)/4. • Si pgcd(n, 8) > 4, alors n = 8k avec k quelconque et le pgcd de 4n et n − 4 est 4. Comme (n−4)/4 n−4 , le degré de l’extension est [Q(β) : Q] = ϕ(n)/2. 4n = n 4) Notons β = sin(2π/5). Comme pgcd(5, 4) = 1, d’après ce qui précède, l’extension Q(β)/Q est de degré ϕ(5) = 4, donc le polynôme minimal de β sur Q est de degré 4. D’après la formule sin(5x) = 16 sin(x)5 − 20 sin(x)3 + 5 sin(x) appliquée à x = 2π/5, on a 16β 5 − 20β 3 + 5β = 0, d’où 16β 4 − 20β 2 + 5 = 0. Le polynôme P = 16X 4 − 20X 2 + 5 ∈ Q[X] annule β ; il divise le polynôme minimal et il est de même degré que celui-ci. C’est donc le polynôme minimal de β sur Q. Remarque. On pouvait également voir que P est irréductible en appliquant le critère d’Eisenstein. 1 Si n et m sont premiers entre eux, alors ϕ(nm) = ϕ(n)ϕ(m) 2 Exercice 3. 2iπ Notons z = e 17 et K = Q(z). 1) (a) D’après le cours, l’extension K/Q est de degré ϕ(17) = 16 et une base de K sur Q est {z, z 2 , . . . , z 16 }. (b) D’après le cours, l’extension K/Q est galoisienne de groupe de Galois isomorphe à (Z/17Z)∗ . Or, (Z/17Z)∗ est cyclique car c’est le groupe multiplicatif du corps fini Z/17Z (17 est premier). Donc G est cyclique isomorphe au groupe additif Z/16Z et d’ordre 16. i (c) Soit g un générateur de G ; il est d’ordre 16. Soit Gi le sous-groupe de G engendré par g 2 4 i 2 16 4−i . Donc le groupe G est d’ordre (0 ≤ i ≤ 4). L’élément g 2 est d’ordre pgcd(2 i i ,24 ) = 2i = 2 24−i . Par la correspondance de Galois, la suite de sous-groupes {e} = G4 ⊂ G3 ⊂ G2 ⊂ G1 ⊂ G0 = G donne les extensions de corps suivantes : K4 = K G4 = K | K3 = K G3 | K2 = K G2 | K1 = K G1 | K0 = K G = Q. Calculons [Ki+1 : Ki ]. Par multiplicativité du degré, c’est [Ki+1 : Q] [K : Q] . Or, [Ki : Q] = = [Ki : Q] [K : Ki ] |G| i+1 d’après la correspondance. Donc [Ki : Q] = 2i . On en déduit [Ki+1 : Ki ] = 2 2i = 2. |Gi | (d) Un automorphisme σ de K/Q (c’est-à-dire un élément du groupe de Galois G) est déterminé par sa valeur en z. De plus, comme z 17 = 1, σ(z) est une racine 17ème de l’unité. Donc il existe k avec 0 ≤ k ≤ 16 tel que g 8 (z) = z k . De plus, g 16 = id donc z = g 16 (z) = g 8 (g 8 (z)) = g 8 (z k ) = (g 8 (z))k = z k 2 2 d’où z k −1 = 1. Alors z étant d’ordre 17, 17 divise k 2 − 1 = (k − 1)(k + 1), d’où puisque 17 est premier, k = 1 ou k = −1. Si k = 1, alors g 8 = id ce qui est impossible car g est d’ordre 16. Donc k = −1 et g 8 (z) = z −1 . G3 , il faut et D’après la correspondance de Galois, pour voir que cos( 2π 17 ) est dans K3 = K 3 2π 2π 8 8 z+z 8 z+z −1 il suffit de montrer que g 2 (cos( 2π 17 )) = cos( 17 ). Or, g (cos( 17 )) = g ( 2 ) = g ( 2 ) = 1 −1 2π + z) = cos( 2π 2 (z 17 ). Donc cos( 17 ) appartient au corps K3 . 2π On obtient ainsi Q(cos( 2π 17 )) ⊂ K3 . Maintenant d’après l’exercice 2, l’extension Q(cos( 17 ))/Q est de degré ϕ(17) = 8. Comme on sait que [K3 : Q] = 23 = 8, on obtient l’égalité de corps 2 2π K3 = Q(cos( 17 )). 2) (a) On vérifie que la classe de 2 ne convient pas car 28 = 1. Calculons les réductions modulo 17 des puissances successives de 3 : 3 32 33 34 35 36 37 38 39 = 14 =9 310 = 8 = 10 311 = 7 = 13 312 = 4 =5 313 = 12 = 15 314 = 2 315 = 6 = 11 = 16 = −1 316 = 1 3 La classe de 3 est d’ordre 16 dans (Z/17Z)∗ et engendre ce groupe. On sait que le groupe de Galois G est isomorphe à (Z/17Z)∗ . Plus précisément, l’isomorphisme est donné par : (Z/17Z)∗ → G k 7→ (z 7→ z k ) L’automorphisme g de K/Q, défini par g(z) = z 3 , est un générateur de G. (b) On pose a1 = 7 X g 2i (z) et a2 = g(a1 ). i=0 i. Comme K1 = K G1 , pour voir que a1 appartient à K1 , il faut et il suffit de montrer que g 2 (a1 ) = a1 . Puisque g 16 = id, on a g 2 (a1 ) = 7 X g 2(i+1) (z) = 6 X i=0 g 2(i+1) (z) + g 16 (z) = i=0 7 X g 2i (z) = a1 i=0 donc a1 appartient à K1 . En utilisant g(z) = z 3 , on obtient les formules : a1 = z + z 9 + z 13 + z 15 + z 16 + z 8 + z 4 + z 2 a2 = z 3 + z 10 + z 5 + z 11 + z 14 + z 7 + z 12 + z 6 . Comme {z, . . . , z 16 } est une Q-base de K, on en déduit a2 6= a1 . Puisque Q = K G1 et g(a1 ) 6= a1 , a1 n’est pas dans Q. Enfin, Q ( Q(a1 ) ⊂ K1 et l’extension K1 /Q étant de degré 2, on obtient K1 = Q(a1 ). ii. Par les formules précédentes, 1 + a1 + a2 = Φ17 (z) = 0 (où Φ17 désigne le 17ème polynôme cyclotomique). iii. En remarquant que z k + z −k = 2 cos(kθ), on obtient a1 = 2(cos(θ) + cos(8θ) + cos(4θ) + cos(2θ)) a2 = 2(cos(3θ) + cos(7θ) + cos(5θ) + cos(6θ)). Comme θ = 2π 17 , on a les inégalités 0 < θ < 2θ < 3θ < 4θ < π < 5θ < 6θ < 7θ < 8θ < π 2 Le cosinus est strictement décroissant sur [0, π] donc cos(kθ) > 0 pour k = 1, 2, 3, 4 et cos(kθ) < 0 pour k = 5, 6, 7, 8. De plus a2 = 2(2 cos(9θ/2) cos(3θ/2) + cos(5θ) + cos(7θ)) Comme 0 < 3θ/2 < π/2 < 9θ/2 < π, le produit cos(9θ/2) cos(3θ/2) est strictement négatif. Donc a2 < 0. iv. En développant le produit, en utilisant la formule rappelée puis en regroupant les termes (on a cos(kθ) = cos((17 − k)θ) pour tout k), on obtient a1 + a2 = 4a1 a2 = −4. v. Les racines de√l’équation du second degré X 2 + X − 4 = 0 sont a1 et a2 . Donc {a1 , a2 } = √ { −1−2 17 , −1+2 17 }. Comme a2 < 0, on obtient : √ √ −1 + 17 −1 − 17 a1 = et a2 = . 2 2 √ En particulier, on voit que K1 = K(a1 ) = Q( 17). 4 (c) On pose b1 = 3 X g 4i (z) et b2 = g 2 (b1 ). i=0 i. Comme K2 = K G2 , voir que b1 appartient à K2 revient à montrer que g 4 (b1 ) = b1 , ce qui s’obtient à l’aide des formules b1 = z + z 13 + z 16 + z 4 b2 = z 9 + z 15 + z 8 + z 2 . Comme {z, . . . , z 16 } est une Q-base de K, on a b2 6= b1 donc b1 ∈ / K1 = K G1 . Enfin, K1 ( K1 (b1 ) ⊂ K2 et comme l’extension K2 /K1 étant de degré 2, on obtient K2 = K1 (b1 ). ii. A l’aide des formules précédentes, on a directement b1 + b2 = a1 . iii. Un calcul similaire à celui de 2)b)iii donne b1 = 2(cos(θ) + cos(4θ)) et b2 = 2(cos(2θ) + cos(8θ)). Par décroissance du cosinus sur [0, π], on obtient b2 < b1 . iv. En effectuant le produit et regroupant les termes, on obtient b1 b2 = 2 8 X cos(kθ) = a1 + a2 = −1. k=1 2 v. Les racines de l’équation du second √ 2 degré√X2 − a1 X − 1 = 0, à coefficients dans K1 , sont a − a +4 a + a +4 b1 et b2 . Ainsi, {b1 , b2 } = { 1 2 1 , 1 2 1 }. Comme b1 > b2 , 1 b1 = (a1 + 2 vi. On pose b3 = 3 X q q a21 + 4) et b2 = 12(a1 − a21 + 4). g 4i+1 (z) et b4 = g 2 (b3 ). Par la même méthode, on obtient les relations i=0 suivantes : b3 = z + z 3 + z 5 + z 14 + z 12 b4 = z 10 + z 11 + z 7 + z 6 b3 + b4 = a2 b3 = 2(cos(3θ) + cos(5θ)) b4 = 2(cos(7θ) + cos(6θ)) P b3 b4 = 2 8k=1 cos(kθ) = −1 p p Les racines de l’équation X 2 − a2 X − 1 = 0 sont 21 (a2 + 4 + a22 ) et 12 (a2 − 4 + a22 ). Comme b3 > b4 , on obtient q q 1 1 2 b3 = (a2 + 4 + a2 ) et b4 = (a2 − 4 + a22 ). 2 2 (d) On pose c1 = 1 X g 8i (z) et c2 = g 4 (c1 ). i=0 i. Comme K3 = K G3 , voir que c1 appartient à K3 revient à montrer que g 8 (c1 ) = c1 , ce qui s’obtient à l’aide des formules c1 = z + z 16 c2 = z 13 + z 4 . Comme {z, . . . , z 16 } est une Q-base de K, on a c2 6= c1 donc c1 ∈ / K2 = K G2 . Enfin, K2 ( K2 (c1 ) ⊂ K3 et comme l’extension K3 /K2 est de degré 2, on obtient K3 = K2 (c1 ). ii. A l’aide des formules précédentes, on a directement c1 + c2 = b1 . 5 iii. Un calcul donne c1 = 2 cos(θ) et c2 = 2 cos(4θ). Par décroissance du cosinus sur [0, π], on obtient c2 < c1 . iv. En effectuant le produit et regroupant les termes, on obtient c1 c2 = 2(cos(3θ) + cos(5θ)) = b3 . v. Les racines de l’équation du secondpdegré X 2 − b1 X +p b3 = 0, à coefficients dans K2 , sont c1 et c2 . Ainsi, {c1 , c2 } = { 12 (b1 − b21 − 4b3 ), 21 (b1 + b21 − 4b3 )}. Comme c1 > c2 , q q 1 1 c1 = (b1 + b21 − 4b3 ) et c2 = (b1 − b21 − 4b3 ). 2 2 p (e) Finalement, cos(θ) = 21 c1 = 14 (b1 + b21 − 4b3 ). Or q p p √ 1 1 1 b1 = (a1 + a21 + 4) = (a1 + 8 − a1 )) = (−1 + 17 + 4(8 − a1 )) 2 2 4 d’où √ 1 b1 = (−1 + 17 + 4 De même, 1 b3 = (a2 + 2 En développant, on trouve b21 et finalement cos 1 16 −1 + √ 2π 17 q 17 + q √ 34 − 2 17). q √ 1 a22 + 4) = (−1 − 17 + 4 √ 34 + 2 17). q q √ √ √ 1 = (62 + 2(−1 + 17) 34 − 2 17 − 4 17) 16 vaut √ 34 − 2 17 + r √ 68 + 12 17 + 2(−1 + √ ! q q √ √ 17) 34 − 2 17 − 16 34 + 2 17 . Autour de la formule de Gauss Constructions à la règle et au compas. Voici la définition mathématique précise de la notion de point du plan constructible (sous-entendu, à la règle et au compas). Points constructibles en une étape. Soit E un sous-ensemble du plan euclidien, qu’on assimile ici à R2 . On dit qu’un point P = (x, y) est constructible en une étape à partir de E si et seulement si P est un point de E ou si P est dans l’intersection de deux objets quelconques parmi : – l’ensemble des droites distinctes qui passent par deux éléments distincts de E ; – l’ensemble des cercles distincts centrés en un point de E et dont le rayon est la distance de deux quelconques points de E. Points constructibles en n étapes. Partant des mêmes données, on définit, naturellement et par récurrence, l’ensemble des points constructibles en n étapes à partir de E : pour n = 1, c’est la construction précédente ; sinon, c’est l’ensemble des points constructibles en une étape à partir de l’ensemble des points constructibles en n − 1 étapes (à partir de E). Enfin, un point est dit constructible à partir de E s’il l’est en n étapes pour un certain n. Nombres constructibles. Un nombre réel x est dit constructible si le point (x, 0) du plan l’est à partir de E = {O = (0, 0), I = (0, 1), J = (1, 0)}. Les nombres constructibles forment un sous-corps de R. Critère pour qu’un nombre soit constructible. Savoir quels sont les nombres et les figures constructibles à la règle et au compas était un problème central des mathématiques dès l’Antiquité. Jusqu’au dix-neuvième siècle, on démontra l’impossibilité de réaliser certaines constructions (quadrature 6 du cercle, trisection de l’angle). La théorie des extensions de corps fournit le bon cadre mathématique pour étudier la constructibilité. C’est Wantzel (1837) qui donne finalement un critère pour qu’un nombre réel x soit constructible : il faut et il suffit qu’il existe une tour d’extension quadratique Q = K0 ⊂ K1 ⊂ . . . ⊂ Kn (cela signifie que les extensions successives sont de degré 2) avec x ∈ Kn . Le polygone régulier à 17 côtés. D’après l’exercice 3, le nombre cos( 2π 17 ) est donc constructible à la règle et au compas. Maintenant, il est facile de se convaincre qu’un polygone régulier à n côtés est constructible si et seulement si cos( 2π n ) l’est. Muni de la formule de Gauss, d’une règle, d’un compas et de beaucoup de patience, vous pouvez donc construire le polygone régulier à 17 côtés... Tous les polygones sont-ils constructibles ? Une question naturelle est de savoir si tous les polygones réguliers sont constructibles. En 1801, Gauss en obtient la liste : ce sont les polygones à n côtés, où n est soit une puissance de 2, soit le produit d’une puissance de 2 et de nombres de Fermat premiers. k Les nombres de Fermat sont ceux de la forme Fk = 22 + 1. Parmi eux, on ne connaît actuellement que cinq nombres premiers : F0 = 3, F1 = 5, F2 = 17, F3 = 257, F4 = 65537. On conjecture qu’il n’en existe pas d’autres. Pour en savoir plus : Consulter n’importe quel bon ouvrage sur la théorie des corps et la théorie de Galois. 7