Fièvre de Lassa

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Manuel Contrôle des Maladies Transmissibles
19ème Edition - 2008
Fièvre de Lassa
CIM-9 078.8 ; CIM-10 A96.2
CCDM19: P. Rollin
CCDM18: C. Roth
1. Identification
Infection virale aigüe dure d’une à 4 semaines. La maladie débute graduellement avec malaises,
abdominales ; la fièvre est persistante ou par poussées intermittentes. Une inflammation et une
exsudation du pharynx et de la conjonctive sont fréquentes. Environ 80% des infections humaines
sont bénignes ou asymptomatiques, le pourcentage de cas restant présente une maladie grave
multi-système. La maladie est plus grave en cas de grossesse, une abortion spontanée du fœtus se
produit dans plus de 80% des cas et le décès de la mère est fréquent. Dans les cas graves, une
hypotension ou un état de choc, épanchement pleural, des hémorragies, des convulsions, une
encéphalopathie et un œdème de la face et du cou sont fréquents, souvent associés à une
albuminurie et hémoconcentration. Une lymphopénie précoce peut être suivie par une
neutropénie tardive. Le taux de plaquettes est légèrement faible et la fonction plaquettaire est
anormale. Une ataraxie et une alopécie transitaires peuvent se produire pendant la convalescence
et une surdité par atteinte du 8ième nerf crânien se produit chez 25% des patients, dont environ la
moitié seulement retrouve une partie de leur fonction auditive dans les 1 à 3 mois suivants. Le taux
de létalité global est d’environ 1%, mais est de 15% chez les cas nécessitant l’hospitalisation, et peut
être plus élevé pour certaines épidémies. Le taux de mortalité est en particulièrement élevé chez les
femmes enceintes lors du 3ième trimestre de la grossesse et pour les fœtus. Des taux d’aspartate
aminotransférase (AST) supérieurs à 150 et une virémie élevée constituent des indicateurs de
pronostic défavorable pour le patient. Des infections subcliniques, diagnostiquées par sérologie,
sont fréquentes dans les zones endémiques.
Le diagnostic s’effectue par capture d’anticorps IgM et détection antigénique (ELISA) pour par
détection du génome viral par PCR, par isolation du virus dans le sang, l’urine ou des lavages de
gorge et par séroconversion IgG par ELISA. Les spécimens de laboratoire doivent être manipulés
avec un soin extrême, y compris des mesures d’isolement en laboratoire de type P4, si disponible, si
une isolation de la souche virale est entreprise. Chauffer le sérum à 60°C (140°F) pendant une heure
inactive le virus et le sérum chauffé peut alors être utilisé pour mesurer les substances thermostables
comme les électrolytes, l'azote uréique du sang ou la créatinine. Un test immunohistochimique
spécifique peut être utilisés pour le diagnostic de la fièvre de Lassa dans des tissus fixés.
CIM-9 078.8 ; CIM-10 A96.2
©Fondation Mérieux 2010. Tous doits réservés.
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fièvre, céphalées, maux de gorge, nausées, vomissements, myalgies et douleurs thoraciques et
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2. Agent infectieux
Le virus de Lassa est un arénavirus sérologiquement apparenté à celui de la maladie d'Armstrong
(une chorio-méningite lymphocytaire) dans le groupe des arénavirus de l’ancien monde et aux
arénavirus du nouveau monde (les virus Machupo, Junín, Guanarito et Sabiá).
3. Prévalence
Endémique en Guinée, au Libéria, dans des régions du Nigeria, et de Sierra Leone. Il existe des virus
sérologiquement apparentés de moindre virulence pour les animaux de laboratoire en République
centrafricaine (Mobala), au Mozambique et au Zimbabwe (Mopeia) qui n’ont pas encore été
associés à des infections humaines ni à des maladies.
4. Réservoir
Rongeurs sauvages ; en Afrique de l’ouest, le rat Mastomys natalensis du genre Mastomys.
5. Mode de transmission
Essentiellement par des aérosols ou contact direct avec des excrétas de rongeurs infectés, déposés
sur des surfaces comme le sol des habitations, les literies ou dans la nourriture et l’eau. Des infections
au laboratoire se sont produites, particulièrement en environnement hospitalier, lors d’inoculation
par des aiguilles contaminées ou par l’intermédiaire d'urine ou des sécrétions pharyngées de
patient. L’infection peut aussi se propager de personne à personne par contact sexuel par
l’intermédiaire du sperme, jusqu’à 3 mois après l’infection.
6. Période d’incubation
Habituellement de 6 à 21 jours.
7. Période de contagion
La propagation de personne à personne peut théoriquement se produire pendant la phase
fiévreuse aigüe quand le virus est présent dans les sécrétions et les excrétions. Le virus peut être
excrété dans l’urine du patient de 3 à 9 semaines après le début de la maladie. L’infection peut
aussi se propager de personne à personne par contact sexuel par l’intermédiaire du sperme,
jusqu’à 3 mois après l’infection.
8. Prédisposition
Tous les âges sont susceptibles, la durée de l’immunité acquise suite à une infection est inconnue.
9. Méthodes de contrôle
A. Mesures préventives
Contrôle spécifique du rongeur.
B. Contrôle du patient, des contacts et de l'environnement immédiat
1) Notification de cas à l'autorité sanitaire locale : Les cas individuels doivent être notifiés, classe 2
(voir notification).
2) Isolement : Appliquer immédiatement des mesures d’isolement strict dans une chambre
individuelle d’hôpital, éloignée du passage. L’entrée du personnel et des visiteurs non strictement
essentiels doit être limité. Des transmissions nosocomiales se sont produites et des procédures
d’isolement strictes pour les fluides biologiques et les excrétas doivent être maintenues.
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L’utilisation d’une pièce sous pression négative et d’une protection respiratoire est souhaitable. Les
patients masculins doivent s’abstenir de toute relation sexuelle non protégée. Pour réduire
l’exposition infectieuse, les tests de laboratoire doivent être limité au minimum nécessaire au
diagnostic correct et au soin du patient et ne doivent être réalisés que lorsque les mesures de
contrôle totales de l’infection sont correctement mises en place. Les techniciens de laboratoire
doivent être avertis de la nature des spécimens et supervisés pour s’assurer de l’application
appropriée des procédures d’isolement et d’inactivation des spécimens. Les cadavres doivent être
scellés dans un matériau étanche et incinérés ou enterrés rapidement dans un cercueil scellé.
3) Désinfection concomitante :
Les excrétas, les crachats, le sang du patient et tous les objets avec lesquels il est entré en contact,
y compris les équipements de laboratoire utilisés pour les tests sanguins doivent être désinfectés
avec une solution de 0,5% d’hypochlorite de sodium ou de détergent contenant 0,5% de phénol et,
autant que possible, des méthodes efficaces de dénaturation à la chaleur – comme l’autoclave,
l’incinération, l’ébullition ou l’irradiation – doivent être utilisées lorsqu’elles sont appropriées. Les tests
de laboratoire doivent être réalisés dans des laboratoires de haute sécurité et si aucun de ces
laboratoires n’est accessible, les tests doivent être minimisés et les spécimens manipulés par des
techniciens de laboratoire expérimentés utilisant tous les équipements de protection individuelle
disponibles, comme des gants, des blouses et tabliers de laboratoire, des masques, des lunettes
protectrices et des postes de sécurité microbiologique. Si nécessaire, le sérum peut être inactivé à
la chaleur par chauffage à 60°C (140°F) pendant 1 heure. Une désinfection terminale minutieuse
avec 0,5% d’hypochlorite de sodium ou un composé phénolique est suffisante, et une fumigation
au formaldéhyde peut être envisagée.
4) Quarantaine : La surveillance des contacts proches est recommandée (voir 9B6).
5) Vaccination des contacts : Non applicable.
6) Enquête sur les contacts et la source de l'infection :
Identifier tous les contacts proches (personnes partageant la même habitation, les soignants, les
personnes ayant testé les spécimens de laboratoire du cas ou ayant eu des contacts répétés avec
le patient) dans les 3 semaines après le début de la maladie. Réaliser une surveillance rapprochée
des contacts de la façon suivante : Vérifier la température corporelle au moins 2 fois par jour
pendant au moins 3 semaines suite à la dernière exposition. Si la température excède 38,3°C
(101°F), hospitaliser immédiatement dans une chambre en condition d’isolement strict. Localiser le
lieu de résidence du patient pendant les 3 semaines précédant le début de la maladie et
rechercher d’autres cas potentiels non notifiés ou non diagnostiqués.
7) Traitement spécifique : La ribavirine, qui est plus efficace si administrée dans les 6 premiers jours
de la maladie, doit être prescrite initialement en IV à 30mg/kg, suivie de 15mg/kg toutes les 6 heures
pendant 4 jours puis 8mg/kg toutes les 8 heures pendant les 6 jours suivants.
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C. Mesures épidémiologiques
Contrôler les rongeurs, stocker les céréales, légumes secs, graines de semence et autres aliments
dans des récipients inaccessibles aux rongeurs, appliquer les mesures adéquates de contrôle de
l’infection et d'isolement dans les hôpitaux et les centres de santé, avoir de la ribavirine disponible,
déterminer les contacts et en faire le suivi.
D. Conséquences pour la gestion de catastrophes
Le rat mastomys peut se multiplier dans les habitations et les réserves de nourriture, augmentant le
risque d’expositions pour l’humain.
E. Mesures internationales :
Déclaration du pays source et aux pays recevant des voyageurs infectés de leur exposition possible.
La fièvre de Lassa est un des agents étiologiques devant être évalué en utilisant l'algorithme en
annexe 2 du Règlement Sanitaire International (2005) pour décider de sa signalisation (ou non)
comme un événement susceptible de constituer une urgence en santé publique d'envergure
internationale. Pour plus d’information sur le RSI (2005) se référer au chapitre sur Le contrôle des
maladies transmissibles et le Règlement sanitaire international (2005, entrée en vigueur 2007).
Les centres collaborateurs de l'OMS offrent un soutien suivant les besoins.
Pour plus d’information, voir :
http://www.who.int/collaboratingcentres/database/fr/
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs179/fr/index.html
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