les lésions du nerf lésions du nerf fibulaire fibulaire profond et de

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les lésions du nerf fibulaire profond
et de ses branches
apport de l’échographie
Dr Meyer Xavier (1), Dr Tavernier Thierry (1),
Dr Bouysset Maurice (2)
(1) Clinique de la Sauvegarde - Scanner de l’Ouest Lyonnais - IRM des Sources – Lyon
(2) Villefranche sur Saône
Objectifs
• rappeler l’anatomie échographique du nerf fibulaire
profond (NFP) et de ses branches de divisions à
partir de dissections cadavériques réalisées par les
auteurs
• retenir les principaux sites lésionnels
• démontrer l’intérêt de l’échographie en pratique
clinique
les lésions du nerf fibulaire profond
• les lésions du NFP sont peu connues
• l’ examen clinique minutieux et l’EMG restent
primordiaux
• les explorations radiographiques et IRM sont citées
dans la littérature, mais l’échographie très peu
• or, l’échographie peut trouver sa place dans la
démarche diagnostique
anatomie du NFP
• Il nait de la division du Nerf
Fibulaire Commun en Nerf
Fibulaire Profond et Nerf
Fibulaire Superficiel
le NFP perfore le muscle long
extenseur des orteils (MLEO),
puis il chemine à côté de
l’artère tibiale antérieure (ATA)
anatomie du NFP
• au tiers supérieur de la jambe il
est situé entre le MLEO et le
muscle tibial antérieur (TA)
• au tiers moyen de la jambe il
chemine entre le muscle long
extenseur de l’hallux et le
muscle tibial antérieur
anatomie du NFP
• dans 22% des cas pour
Lambert il existe un NFP
accessoire, qui chemine en
arrière de la malléole latérale,
et innerve la portion latérale
du muscle court extenseur des
orteils (MCEO), sans passer
par le tunnel tarsien antérieur
anatomie du NFP
•
au tiers inférieur de la jambe le NFP passe
derrière le MLEH puis son tendon (TLEH)
•
à environ 3cm de la cheville, le NFP chemine
entre le TLEH et le tendon long extenseur des
orteils (TLEO)
•
dans 90% des cas, le NFP est latéral par rapport
à l’artère tibiale antérieure, mais il existe des
variantes
•
la division en branches médiale et latérale se fait
le plus souvent en dessous du rétinaculum
inférieur des extenseurs (tunnel tarsien
antérieur), mais
on décrit de nombreuses
variantes
anatomie du NFP
¾ la hauteur de la division en
branches médiale et latérale varie:
NFP
¾ pour Sarrafian : 13 mm en amont de
l’articulation de la cheville
¾ pour Zongzhao et dans notre expérience: Bche latérale
15 mm en amont de la tête du talus
Bche médiale
anatomie du NFP
•
la branche médiale continue le trajet du NFP, en
dehors de l’artère dorsale pédieuse, puis entre
les TLEH et TCEH (tendon court extenseur de
l’hallux). Ce dernier croise superficiellement le
nerf à hauteur de la diaphyse de M1
Bche médiale
TCEH
anatomie du NFP
• la branche médiale se termine par les
rameaux digitaux dorsaux des 1° et 2°
orteils, et par les nerfs interosseux
innervant les 3°, 4° et 5° articulations
tarso-métatarsiennes
anatomie du NFP
• la branche latérale part latéralement et
pénètre rapidement le MCEO
NFP
Bche latérale
Bche médiale
anatomie du NFP
•
le
nerf
mesure
de
1 à 3 mm de diamètre
(2,5 mm en moyenne)
NFP
•
pour Kennedy la moyenne
est de 3,2 mm (avec un
variable de 1,6 mm)
•
la branche latérale est
souvent de diamètre plus Bche latérale
élevé que la branche
médiale
Bche médiale
anatomie du NFP
•
les branches articulaires profondes sont
nombreuses:
capsule antérieure
TIFA TIFP
TAFA
SU: nerf sural
DP: deep peroneal nerve (NFP)
SA: nerf saphène
PT: nerf tibial postérieur
sinus du tarse
calcanéo-cuboïde
cunéo-cuboïde
cunéo-naviculaire
inter-cunéiformes
cunéo-métatarsiennes
1°, 2°, 3°, 4° espaces
interosseux
talo-naviculaire
Pour Kennedy le syndrome du sinus du tarse peut être considéré comme une
neuropathie de la branche latérale du NFP
physiologie
•
la branche médiale est sensitive pour la 1ère commissure interorteil
DPN: deep peroneal nerve (NFP)
SPN: nerf fibulaire superficiel
MPN: nerf plantaire médial
LPN: nerf plantaire latéral
SN: nerf sural
•
la branche latérale est motrice pour le muscle court extenseur
des orteils
clinique
• devant une douleur de la face dorsale du pied sans étiologie
évidente, il faut penser à l’irritation du NFP
• le plus souvent il s’agit d’une sensation de brulures, de
paresthésies, d’ engourdissement, sans caractères précis
• survenant uniquement dans certaines positions du pied et de
la cheville, uniquement en fin de journée
• étant typiquement de rythme mécanique, mais présentant
également un caractère nocturne.
clinique
• le mode d’apparition des symptômes est très important à
préciser car il permet souvent de retrouver un facteur
déclenchant: chaussures à talons hauts portées plus
longtemps qu’à l’accoutumé, instabilité de cheville,
« entorse » du tarse
• l’ examen clinique est primordial : percussion sur le trajet du
nerf et de ses branches, recherche d’une hypoesthésie de la
1ère commissure ( branche médiale )
plus rarement, diminution de la force d’extension des orteils (
branche latérale )
étiologies
• toute cause susceptible de comprimer ou d’étirer le NFP ou
l’une de ses branches fait partie du diagnostic différentiel
• l’étirement isolé du nerf ne produit, dans la grande majorité
des cas, pas de signe d’imagerie alors que les symptômes
d’irritation neurologique peuvent persister à distance de
l’élément pathologique déclenchant
étiologies
les traumatismes ou les microtraumatismes locaux
pouvant irriter le nerf sont:
•
les contusions, les fractures, les entorses du tarse en inversion forcée
•
les ostéophytes dorsaux: cheville, tarse, tarso-métatarsiennes (1° et 2°
cunéiformes essentiellement)
•
la présence d’un os intermétatarseum (incidence: 1,2 à 14%)
•
les microtraumatismes favorisés par un chaussage serré, le port
talons hauts, un pied creux, une hyperpronation
de
étiologies
les autres étiologies sont diverses:
•
les kystes synoviaux ou mucoïdes accompagnant ou non une arthrose
•
une tendinopathie hypertrophique et surtout une ténosynovite du TLEH
ou des TLEO
•
une fibrose post traumatique ou post chirurgicale
•
un épaississement du rétinaculum des extenseurs
•
une thrombose de l’artère dorsale du pied sous le rétinaculum inférieur
des extenseurs
•
une compression de la branche médiale par le TCEH
coupe coronale T2
avant-pied gauche
exemple de compression de la branche médiale du NFP par une ténosynovite du TLEH
E.M.G.
•
difficile, il est opérateur dépendant
•
sa négativité n’exclut pas le diagnostic de lésion
du NFP
•
il permet certains diagnostic différentiels :
– neuropathie périphérique
– atteinte du nerf fibulaire superficiel
– atteinte plus proximale
radiculopathie L5 )
– Nerf fibulaire accessoire:
(nerf
fibulaire
profond,
une lésion complète du NFP peut être
masquée par la persistance d’une innervation du CFO; à l’inverse une lésion du
NFS à l’origine de la branche accessoire produira des signes de dénervation
évidents du CEO à l’EMG
– douleurs non neurologiques
coupe coronale T2
jambe droite
exemple d’une atteinte proximale du NFP par un volumineux kyste tibio-fibulaire
imagerie
elle s’avère précieuse pour la recherche
étiologique mais les résultats doivent
toujours être confrontés
à une analyse clinique précise
radios conventionnelles
•
recherche d’un facteur prédisposant: pied creux, hyperpronation
•
recherche d’autres facteurs favorisants: ostéophytose talonaviculaire,
ostéophytose tarsométatarsienne, os intermetatarsum
échographie
technique
• le NFP est superficiel et de petite taille
• son exploration nécessite une connaissance anatomique
parfaite
• en sonde de haute fréquence (15 à 18 MHZ)
• l’ installation en flexion plantaire reproduit au mieux les
conflits
• utiliser la technique de l’ascenseur (du proximal au distal et
vice versa)
• au moindre doute, l’analyse sera bilatérale et comparative
échographie
technique
retinaculum des extenseurs
tleh
interne
coupe coronale pied gauche
• s’aider des vaisseaux avoisinants (doppler couleur)
externe
échographie
technique
retinaculum des extenseurs
tleh
interne
•
coupe coronale pied gauche
externe
s’aider des manœuvres de compression afin de différencier les vaisseaux
(veines dépressibles) des nerfs (non dépressibles)
•
ou pour reproduire les symptômes (Tinel échoscopique)
4 zones de conflit à bien connaitre
TLEH
TLEO
diam : 2,3 mm
TLEO
TLEH
diam : 2 mm
TLEH
TLEO
division NFP
diam : 1,6 mm
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 1
TLEH
TLEO
diam : 2,3 mm
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 2
TLEO
TLEH
diam : 2 mm
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 3
TLEH
TLEO
division NFP
diam : 1,6 mm
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 4
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 1
TLEH
TLEO
diam : 2,3 mm
zone située à l’extrémité
inférieure du tibia:
tibia:
à cet endroit le tendon LEH
surcroise le NFP
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
il faut y rechercher:
zone 1
•
„
„
„
une tendinopathie ou une ténosynovite du
TLEH
un épaississement du rétinaculum supérieur
des extenseurs
un épaississement du bord supérieur du
rétinaculum inférieur des extenseurs
TLEH
TLEO
NFP
gauche
coronale
interne
ATA
externe
Long
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 2
c’est le tunnel tarsien antérieur
antérieur::
TLEO
TLEH
diam : 2 mm
tunnel ostéoostéo-ligamentaire entre le
retinaculum inférieur des extenseurs
(qui présente une forme en « Y » avec
2 faisceaux) et le fascia recouvrant le
talus et l’os naviculaire
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
„
„
„
le plus souvent le NFP est déjà
divisé en ses 2 branches
c’est un tunnel non extensible
comme tout syndrome canalaire,
canalaire,
tout processus occupant au sein
du tunnel peut comprimer le NFP
(ou l’une de ses branches de
division)
zone 2
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 2
exemple de conflit au tunnel tarsien antérieur par une
ostéophytose dorsale de l’articulation talo-naviculaire
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 2
femme de 59 ans
exemple de conflit au tunnel tarsien antérieur par un volumineux kyste développé
au dessus de l’articulation talo-naviculaire , refoulant le TLEH, l’ADP, le NFP, et
ses branches médiale et latérale
Long
LEH
Long
ADP
NFP
LEO
Trs T2
sag rho spir
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 3
zones des articulations naviculo
naviculo-cunéennes,, cunéocunéennes
cunéo-métatarsiennes, interintercunéennes et inter
inter--métatarsiennes
TLEH
TLEO
division NFP
diam : 1,6 mm
gauche
4 zones de conflit à bien connaitre
l’arthrose est très fréquente dans cette région anatomique
on recherchera des ostéophytes dorsaux, des épanchements
articulaires, une synovite hypertrophique, des kystes synoviaux
dorsaux susceptibles d’être compressifs sur les branches médiale
ou latérale
le carrefour CM
CM1
1-CM
CM2
2 est le siège le plus fréquent du conflit ++
zone 3
4 zones de conflit à bien connaitre
exemple d’une arthrose naviculo-cunéo-métatarsienne des 1eret 2ème rayon
à l’origine d’un conflit sur la branche médiale du NFP;
l’ADP sert de repère anatomique
NFP
NFP
NFP
NFP
ADP
ADP
Long
externe
Long
Trs pied droit
interne
4 zones de conflit à bien connaitre
exemple d’un kyste mucoïde développé entre les bases de M1 et M2, à
l’origine d’une compression de la branche médiale du NFP
FLECHES = NERF
Trs
Long
une cytoponction
évacuatrice couplée à
une infiltration du kyste
entrainera la guérison
sans récidive
4 zones de conflit à bien connaitre
exemple d’un os intermétatarseum (OIM) à l’origine d’unconflit sur la branche
médiale du NFP; le TCEO chemine au dessus de l’OIM
OIM
OIM
TLEH
OIM
TLEH
TCEH
TDM
VRT
VRT
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 4
zone de croisement entre le TCEH et la
branche médiale du NFP
gauche
le TCEH surcroise le nerf en superficie,
de dehors en dedans et de façon
oblique
4 zones de conflit à bien connaitre
zone 4
gauche
ce croisement peut se faire assez haut à
hauteur du cunéiforme médial,
médial,
mais il se fait le plus souvent à hauteur de la
métaphyse proximale de M1
M1
4 zones de conflit à bien connaitre
„
„
„
ce croisement est physiologique
intérêt du Tinel échoscopique (douleur
reproduite sous la pression de la sonde)
le diagnostic est souvent porté sur des
arguments cliniques
zone 4
étiologies plus rares
• cicatrice
par
plaie
cicatrice post-opératoire
•
ou
névrome
post-traumatique
ou iatrogène
névrome post chirurgie fracture luxation talus
Trs
Trs
0,8 mm
1,2 mm
1,3 mm
Long
névrome postpost-traumatique branche médiale NFP
charge de 300 Kg reçue sur le pied 2 ans auparavant
échographie négative
souvent aucune étiologie précise n’est retrouvée ++
•
il peut s’agir d’un étirement simple du nerf (entorse du tarse), qui ne
produira, dans la grande majorité des cas, pas de signe d’imagerie,
alors que les symptômes d’irritation neurologique peuvent persister à
distance de l’élément pathologique déclenchant
•
de microtraumatismes répétés (chaussures serrées, chaussures à
talons hauts, pied creux, hyperpronation)
•
de l’association de facteurs isolément peu apparents comme une
marche prolongée inhabituelle avec chaussures inadaptées ou trop
serrées
traitement
mesures préventives de protection du NFP:
- éviter les chaussures à talons hauts
- éviter les chaussures trop serrées
traitement
• traitement médical :
– interposition local de matériaux : tampon buvard, coton…
– ponction sous echo d’un kyste (+/- infiltration)
– infiltrations (sous echo.) d’anesthésiques ou de corticoides (prudence)
Long
– atelles de repos nocturne
ponction infiltration kyste mucoïde entre les bases M1 et M2
traitement
• le traitement chirurgical peut être discuté en cas d’échec
du traitement médical , ou en cas d’étiologie compressive
non justifiable d’un traitement médical isolé:
– décompression et neurolyse
– ablation d’un élément compressif (kyste, ostéophyte, …)
conclusion
devant une suspicion clinique de
lésion du NFP, l’échographie
ère
est l’examen de 1 intention
après les Radios
conclusion
l’échographie
entrainées
est
performante
entre
des
mains
elle nécessite des connaissances anatomiques précises,
avec 4 zones clefs d’analyse
elle a un rôle diagnostic et parfois thérapeutique
(ponctions, infiltrations)
conclusion
une échographie négative n’élimine pas le diagnostic
une IRM peut être discutée si l’échographie est négative
ou dans le cadre du diagnostic différentiel
bibliographie
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