UNIVERSITE DE RENNES 1 Faculté de Médecine _____________________________________________________________________ Mémoire en vue du Diplôme Inter-Universitaire de Soins Palliatifs et Accompagnement Session 2008 - 2010 Pourquoi y a-t-il dans certaines situations en phase terminale confusion entre anxiolyse et sédation ? KEESMANN Kirsten Greth Médecin Guideur : GHNASSIA Corinne Pharmacien Présenté et soutenu le 10 juin 2010 1 REMERCIEMENTS Aux patients et aux familles qui nous enseignent pour peu que l‟on veuille bien se laisser guider. A l’ensemble des soignants qui ont participé à cette enquête et nous apprennent au quotidien la formidable aventure humaine qu‟est le soin et l‟accompagnement A Corinne Ghnassia guideur enthousiaste et patiente, elle m‟a accompagnée tout au long de ce travail avec ses conseils avisés et sa disponibilité, sans oublier la joie de vivre, l‟amour de la langue française et les fou-rires… A Vincent Morel pour ses conseils précieux et à toute l’équipe de l’enseignement de DIU de Soins Palliatifs et Accompagnement pour la qualité de l‟enseignement apporté et la richesse des débats suscités A Marielle, Agnès, Florence et Patrice pour leurs conseils, leur soutien et leur savoir faire avec un travail passionnant et enrichissant à leur côté au quotidien A Emilie et Sylvie Pour leur aide logistique et leur disponibilité 2 A Cécile et Sonia pour leur patiente, leur soutien et leur compréhension A ma famille Qui m‟a soutenu et accompagné malgré la distance A mes amis Pour leur soutien moral et leur présence I dedicate it to Corine sans laquelle je ne serais pas ici aujourd‟hui an meinen Vater und « an die Musik » 3 “Do not go gentle into that good night, Old age should burn and rave at close of day ; Rage, rage against the dying of the light” Dylan Thomas « …serein… » 4 SOMMAIRE I . INTRODUCTION 09 I-1 Pourquoi un travail sur le sujet 09 I-2 Architecture du document 12 II . CADRE CONCEPTUEL 13 II-1 Anxiété et anxiolyse 13 II-1.1 Pourquoi parler d‟anxiolyse ? 13 II-1.2 De quel apaisement parle-t-on? 13 II-1.3 Comment pouvons-nous diagnostiquer cette anxiété ? 15 II-1.4 Quels sont les signes cliniques pouvant faire évoquer une anxiété ? 16 II-1.5 Existe-t-il des causes ou des facteurs favorisant l‟anxiété qui méritent d‟être identifiés ? 17 II-1.6 L'anxiété de qui ? 19 II-1.7 Et si c‟était surtout autre chose? 19 II-1.8 Comment évaluer la présence et l‟intensité de l‟anxiété? 21 II-1.9 Quand traiter? 21 II-1.10 Quel traitement de l'anxiété en soins palliatifs? 22 II-2 Vigilance, conscience 24 II-3 Qu’est-ce que la phase terminale 24 II-4 La sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et complexes 26 II-4.1 Définition de la sédation en soins palliatifs 26 II-4.2 Indications de la sédation en soins palliatifs 28 II-4. 3 Les préalables à la sédation 30 II-4. 4 La mise en œuvre 30 II-4.4.1 La molécule 30 II-4.4.2 Ses effets secondaires 31 II-4.4.3 Le protocole de traitement 31 II-4.4.4 L‟évaluation 31 II-4. 5 le principe du double effet et l‟intention 31 5 II-5 Une enquête dans les services 32 II-6 Les mêmes interrogations soulevées par une EPP 34 III . ENONCE DE LA PROBLEMATIQUE 35 III-1 L’approche institutionnelle 35 III-2 L’approche organisationnelle 35 III-3 L’approche psychologique et symbolique 35 III-4 L’approche théorique 36 IV . ENONCE DES HYPOTHESES 37 V. METHODOLOGIE 38 V-1 Le choix de la population et du lieu 38 V-2 Le choix de l’outil 39 V-3 Modalité de recueils des données 39 V-4 Le guide d’entretien 41 VI. RESULTATS ET ANALYSE DES ENTRETIENS VI-1 Thème anxiété et anxiolyse 43 43 VI-1.1 Arguments et attentes du traitement anxiolytique 43 VI-1.2 Evaluation du traitement et des effets secondaires 46 VI-1.3 Evaluation des troubles de vigilance 47 VI-1.4 Le midazolam utilisé comme anxiolytique et dans le cadre de la Sédation 49 VI-1.5 Les modalités de prescription du midazolam dans le cadre de l‟anxiolyse 51 VI-1.5.1 La prescription n‟est pas codifiée 51 VI-1.5.2 La surveillance n‟est pas plus établie 52 VI-2 Thème sédation 52 VI-2.1 Le but de la sédation 52 VI-2.2 Moment et durée de la sédation 53 VI-2.3 La sédation est-elle une anxiolyse 53 VI-2.4 Les indications et la mise en œuvre de la sédation 55 6 VI-2.5 Décider de l‟indication de sédation chez un patient avec des troubles de communication 57 VI-2.6 Modalités de prescription d‟une sédation 57 VI-2.7 Surveillance de la profondeur de la sédation 58 VII. DISCUSSION 59 VII-1 La difficulté du diagnostic de l’anxiété 59 VII-2 Que proposer au patient ? 60 VII-2.1 L‟influence de la proximité de la fin de vie sur les attentes et la tolérance des troubles de vigilance 61 VII-2.2 Le patient serein face à la mort 61 VII-2.3 Le « double effet » 62 VII-3 Peut-on maintenir un traitement à but anxiolytique malgré l’apparition d’effets secondaires ? Si oui, lesquels ? 63 VII-4 La molécule de toutes les vertus ? 64 VII-5 Qu’est-ce que la sédation ? 66 VII-5.1 Une anxiolyse souvent… 66 VII-5.2 Surtout profonde dans des situations de détresse aigue 67 VII-5.3 La souffrance morale et l‟agonie 68 VII-5.4 Le symptôme réfractaire 68 VII-6 Parler de sédation au patient et à la famille ? 69 VII-7 Anxiolyse – sédation – euthanasie 70 VII-8 Le protocole et la surveillance de la profondeur de la sédation 71 VII-9 Provoquer des troubles de vigilance 71 VIII. PROPOSITIONS 73 VIII-1 Des formations et groupes de réflexion à mettre en place 73 VIII-1.1 Des formations existantes à développer au sein de l‟hôpital VIII-1.2 Des groupes de réflexion au sein des services 73 74 VIII-2 Organiser des groupes de parole pour les soignants 74 VIII-3 Utiliser des outils d’évaluation 75 VIII-3.1 Des échelles d‟évaluation de l‟anxiété et de son intensité 75 VIII-3.2 L‟évaluation de la vigilance 75 VIII-4 Des protocoles à proposer 76 7 VIII-5 Une fiche de surveillance de l’utilisation du midazolam 77 VIII-6 Nouvelle EPP avant et après mise en place des propositions 77 VIII-7 Réflexion autour de l’utilisation d’une molécule autre que le midazolam pour l’anxiolyse 77 VIII-8 Travail en commun avec tous les acteurs en soins palliatifs sur le plan régional 78 IX. CONCLUSION 79 X. BIBLIOGRAPHIE 82 XI. LISTE DES ANNEXES 89 XII. LISTE DES ABREVIATIONS 118 8 I. INTRODUCTION ________________________________________________________ I-1 Pourquoi un travail sur le sujet? Jeune, j'avais déjà été confrontée à la souffrance d'une famille submergée par la douleur face à un décès « mal accompagné » à l'hôpital. Médecin généraliste de formation, j'ai été témoin en tant que stagiaire à l‟hôpital avant même de débuter mes études médicales, du désarroi et de la perplexité des soignants, en premier lieu des médecins, face à la fin de vie et à la souffrance qui s‟immisce dans un lieu prévu pour guérir des maladies. Le médecin ouvre à peine la porte pour s‟informer si “ elle est toujours là ”, les autres soignants attendent que “ ça arrive ”, de préférence assez rapidement, ne sachant pas vraiment que faire. Cette vision centrée sur maladie uniquement face à un patient qui n‟existait que par les résultats des ses analyses et réponses aux traitements, m‟a interrogé pendant mes études de médecine. Le champ abandonné de ces “ investigations ” était pourtant celui du patient en fin de vie. Non guérissable, on ne savait pas “ qu'en faire ”, pourtant je découvris chez ces patients une richesse et profondeur d‟échange, de désir de vivre, mais aussi de souffrance, y compris physique, face à laquelle je me sentais démunie et désireuse de trouver des réponses. 25 ans plus tard, je peux enfin revenir sur cette approche, enrichie d‟un bagage après des activités variées, en cabinet libéral, service de médecine en hôpital psychiatrique, COTOREP, service de soins de suite et depuis longtemps, toujours en cours, au centre de planification familiale du Centre Hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes ( CHBA). Depuis un an et demi, l'intégration à l'équipe mobile de soins palliatifs de ce même hôpital m'a amené à constater, dès mes premières rencontres avec les patients hospitalisés l‟omniprésence près du lit des patients en phase terminale des « batteries » de seringues électriques et du questionnement des familles, direct ou suggéré : “ à quoi ça sert tout ça, il est en train de mourir… ! ” De plus, mon attention a été attirée par la réflexion d‟un prêtre, lors d‟une formation au personnel hospitalier en équipe mobile, au sujet de certains rites nécessitant la participation du 9 patient qui ne se pratiquaient presque plus, au désespoir de certaines familles. En effet, pour la plupart, les patients en fin de vie à l'hôpital sont inconscients. Cette remarque sous-tend-elle qu'actuellement les patients sont moins lucides à l'approche de leur décès qu'il y a quelques années? Qu‟est-ce qui a changé ? Le constat que les patients vivent de plus en plus longtemps “ grâce ” aux traitements palliatifs, se fait-il au détriment du patient de moins en moins réceptif ? Administrés presque systématiquement, les médicaments symptomatiques dont les morphiniques et les benzodiazépines, sont-ils en partie ou totalement responsables de ce constat? Qu‟en dit le patient, tant qu‟il peut encore dire ? Comment cette situation est elle vécue par les familles, l‟entourage, les soignants ? De part ma fonction, j‟ai assisté aux situations de patients, en phase terminale, chez qui étaient prescrit du midazolam en continu à la seringue électrique “ parce qu‟il est angoissé ”. Cette administration, souvent avec des doses stables ou augmentées parce « qu‟il n‟est pas bien », malgré l‟apparition de troubles de vigilance pouvant aller jusqu‟à l‟inconscience, même plusieurs jours avant le décès, était malgré tout maintenue. Se pose alors le questionnement de certaines familles : « pourquoi dort-il ? Est-ce la faute des médicaments? ” Tout ce vécu m'a alors conduit à un certain nombre de questions : Y a-t-il une demande et de quelle nature de la part des patients? Quels sont les signes cliniques qui amènent à penser que le patient est angoissé ? S‟agit-il réellement d‟angoisse ou plutôt d‟agitation, de confusion, de douleurs incomplètement soulagées? Est-ce l‟angoisse du patient qui est prise en compte, celle de la famille, des soignants ? Suite à la question de la poursuite d'un traitement par midazolam en continu pour une patiente à priori calme, mais endormie, la réponse médicale a été la suivante: « surtout pas, là, elle est confortable. Il vaut mieux laisser comme ça. ». La famille, qui m'avait dit quelques jours avant que leur mère avait exprimé en début de sa maladie qu‟elle ne supporterait pas de se voire dépendante et souffrante, ne posait donc pas de question. 10 Pourquoi l‟apparition de troubles de la vigilance, un effet secondaire connu dans le cadre d‟une anxiolyse, ne fait-elle pas modifier la prescription ? Ces troubles de vigilance sont-ils acceptables? Pourquoi? Pour qui? Le patient ? Les soignants, la famille ? Souvent, dans ces situations de souffrances confuses, le recours à la molécule “ miracle ”, en administration continue, sur chambre implantable dès qu‟elle existe, fait taire le patient jusqu'à lui faire perdre sa conscience. Est-ce souhaitable? Enfin, une histoire m'a touché plus particulièrement, en intervenant pour une patiente très liée à mon cercle d‟amis personnels, qui était en phase terminale. Celle-ci, hospitalisée initialement en service de chirurgie, ne pouvait plus recevoir de traitement par voie orale. Elle recevait des doses importantes d‟antalgiques pour des douleurs mixtes difficiles à soulager. Elle présentait des moments d‟agitation fréquents avec cris, insultes, chutes. De petites doses de midazolam en discontinu (si besoin) aidaient la patiente à retrouver son calme, propice à des moments d‟échanges avec son entourage. Après le transfert de la patiente sur un lit identifié de soins palliatifs, son “ angoisse ” importante dès son arrivée a conduit à une prescription de midazolam en continu, dont le dosage a été augmenté le lendemain, la patiente n'était toujours “ pas bien ”, agitée et confuse. Dosage jugé efficace quand cette patiente fut calme, mais inconsciente. Elle est décédée le lendemain, sans avoir repris conscience, sans que ses amis aient pu échanger avec elle dans le service. Je n‟ai pu rencontrer la patiente après son transfert, mais ayant senti l‟importance des échanges entre la patiente et son entourage, et le souhait des amis et des soignants qu‟elle « ne souffre pas », j‟ai abordée lors du staff hebdomadaire cette augmentation des doses du midazolam. Ne pouvaient-elles pas être baissées compte tenu de l‟inconscience de la patiente? La réponse du médecin fut : “ elle est bien comme ça, ce sera terrible si elle se réveille ”. Il semble donc, dans ce cas précis, que la sédation et l‟altération de la vigilance étaient acceptables, peut être même considérée à l‟origine de l‟apaisement ; nous n‟étions donc plus dans le cadre d‟une anxiolyse comme étiquetée, mais plutôt dans le cadre d‟une sédation, non déclarée en tant que telle, discutée ni avec la patiente, ni avec l'entourage. Ce dernier était à la fois interloqué, mais soulagé, comme l'équipe soignante, par “ le calme et la sérénité » de la patiente. 11 Anxiolyse ? Sédation ? Pourquoi ce flou, cette confusion ? A qui profite la confusion? Ce trouble du pourquoi, du comment, du quand, aboutit à des décisions qui sèment le doute sur la prise en charge optimale de la patiente avant tout chose. Se pose alors la question suivante : POURQUOI Y A T IL DANS CERTAINES SITUATIONS EN PHASE TERMINALE CONFUSION ENTRE ANXIOLYSE ET SEDATION ? I-2 Architecture du document Après avoir développé l'approche théorique et pratique autour de l'anxiolyse et la sédation ainsi que leurs liens éventuels, nous émettrons 3 hypothèses. Nous développerons la méthodologie utilisée pour rapprocher (ou non) ces hypothèses à la réalité de terrain par des entretiens semi-directifs. Nous avons choisi de proposer ces entretiens à des médecins et infirmières du service d'oncologie du CHBA où sont intégrés les lits identifiés de soins palliatifs et qui sont donc par la même très régulièrement confrontés à cette problématique. Nous interprèterons ces recueils de terrain et les comparerons aux données éventuelles de la littérature. En fonction des résultats obtenus, nous tenterons d'avancer des propositions. 12 II. CADRE CONCEPTUEL ________________________________________________________ II-1 Anxiété et anxiolyse II-1.1 Pourquoi parler d’anxiolyse ? Selon la SFAP, il s'agit de « l'apaisement de l'anxiété » 1. L‟anxiolyse est la fusion du radical de anxieux , du latin anxiosus et de lyse, du grec lusis, signifiant « solution, dissolution »2. Il s‟agit donc de combattre, dissoudre l‟anxiété. L‟anxiolyse, à l‟aide d‟un anxiolytique est l‟utilisation d‟un « médicament propre à combattre l‟état d‟angoisse, d‟anxiété » 3. Dans cette présentation, jusqu'à présent, la distinction entre les termes angoisse et anxiété, sans parler de la peur, n'a pas été faite. Nous remarquons d'ailleurs que dans la définition de l‟anxiolytique, angoisse et anxiété semblent se confondre. II-1.2 De quel apaisement parle-t-on? La peur, du latin pavor est un « phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d‟un danger réel ou imaginaire, d‟une menace »4. Il s'agit donc d'une émotion liée à un événement, une menace concrète qui disparaît en même temps que celle-ci. Lorsque cette peur n'a pas d'objet, elle se transforme en angoisse, du latin angustia: « étroitesse, lieu serré ». C'est un « malaise psychique et physique, né du sentiment de l‟imminence d‟un danger, caractérisé par une crainte diffuse ____________________________ 1SFAP. La sédation pour détresse en phase terminale. Recommandations.Version longue 2004, p. 7. Consulté sur www.sfap.org le 10.01.2010 2 Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris, 2010, p 1494 3 Ibid .p 111 4 Ibid. p 1880 13 pouvant aller de l‟inquiétude à la panique et caractérisé par des sensations pénibles de constriction épigastrique ou laryngée. L'angoisse au sens philosophique comme chez Kierkegaard et l‟existentialisme est une « inquiétude métaphysique née de la réflexion sur l‟existence »5. Au sens psychanalytique, selon Freud, l‟angoisse est « articulable à la perte d‟un objet fortement investi…Pour Lacan, elle surgit au contraire lorsque le manque, cause du désir, vient à ne pas manquer, et nous précipite comme sujet dans la situation de l‟inquiétante étrangeté… »6. Donner une date de mort, une échéance, met le sujet face à l‟innommable, et fait surgir l‟angoisse. On cerne et comprend mieux sa signification lorsque l'on analyse ses contraires: « placidité, sérénité, tranquillité »7. L’anxiété, du latin anxietas est un « état d‟angoisse ». Selon la définition de la SFAP, « l'anxiété est un état de désarroi psychique ressenti en face d'une situation et s'accompagne d'un sentiment d'insécurité » 8 Les termes anxiété et angoisse sont associés, étant tous deux l'expression physique et psychique d'un « affect désagréable, douloureux, gênant que l'on voudrait faire disparaître, dont on voudrait se protéger [et dont] l'origine, sa source, ses causes demeurent inconnues à la conscience, ce qui en accroît encore le caractère oppressant » 9. « L'angoisse » étant le versant somatique de l'anxiété.10 Selon d'autres, « l''angoisse est une expérience émotive de même nature que l'anxiété mais en plus intense »11. L'anxiolyse a ainsi pour but de faire disparaître cet affect pour revenir à son contraire, un état de sérénité et de tranquillité. _____________________________________________ 5 Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris, 2010, p 96 6 Chemama R, Vandermersch B. Dictionnaire de la Psychanalyse. Larousse 1998 ; p.21-23 7 Le Nouveau Petit Robert. Op. Cit.p.96 8 SFAP. La sédation pour détresse en phase terminale. Op. Cit. p. 7 9 Hanus, M. Les névroses. In : Psychiatrie intégrée de l‟étudiant. Fasc.2. Maloine S.A., Paris, 1984, p.8 10 Ibid. p.15 11 Larivey M. L'anxiété et l'angoisse, les Vigiles de l'équilibre mental [en ligne]. Disponible sur : Infopsy Ressources en développement. http://www.redpsy.com/infopsy/anxiete.html; consulté le 20.2.2010 14 Pour plus de lisibilité, nous allons utiliser uniquement le terme d‟ « anxiété » dans cet exposé. II-1.3 Comment pouvons-nous diagnostiquer cette anxiété ? Chez les patients en soins palliatifs, l'anxiété est présente chez plus de la moitié des patients12. Pour certains, l'angoisse et la douleur sont les deux symptômes les plus fréquents et présents chez plus de deux tiers des patients en phase palliative, et particulièrement chez les patients à l‟hôpital13. Comme la douleur, on pourrait qualifier l'anxiété comme une « expérience émotionnelle et sensorielle désagréable », qui peut fortement diminuer la qualité de vie des patients, et à l‟inverse aussi augmenter le ressenti des autres symptômes comme la douleur ou la dyspnée14.. Elle peut être suffisamment désagréable ou symptomatique par son intensité, sa durée et ses répercussions sur le fonctionnement quotidien pour que le patient demande une aide. C‟est lorsque les patients manifestent une réponse exagérée et que l‟anxiété devient souffrance que l‟on peut parler d‟anxiété pathologique15, 16. Cette anxiété nécessite donc d'être identifiée, évaluée et traitée. Comme la douleur17, l'anxiété peut être appréhendée de manière multidimensionnelle, avec une composante sensorielle, émotionnelle et affective, cognitive et comportementale. Elle peut être influencée par réactions de l'environnement familial, professionnel et soignant. Son intensité peut être évaluée et ses causes éventuelles recherchées. Elle s‟inscrit dans une souffrance et une expérience personnelle dont l'intensité et la gêne ne peuvent in fine être déterminée que par le patient lui-même. _______________________________ 12 Laval G, Beziaud N, Villard ML. Traitements symptomatiques (hors antalgiques) chez les patients adultes relevant de soins palliatifs. La Revue du Praticien 2009 ; 59(6) :785-797 13 Chvetzoff G, Perol D, Devaux Y et al. Etude prospective de qualité des soins et de qualité de vie chez des patients cancéreux en phase palliative, en hospitalisation ou à domicile: analyse intermédiaire de l'étude Trapado. Bull Cancer 2006 ; 93(2) : 213-21 14 Smith EL, Hann D, Ahles, TA et al. Dyspnea, anxiety, body consciousness, and quality of life in patients with lung cancer.Journal of Pain and Symptom Management 2001; 21(4): 323-329 15 Dauchy S, Chauffour-Ader C. Prise en charge de l'anxiété en soins palliatifs: privilégier un traitement étiologique. Med Pall 2002 ; 1 : 19-34 16 Jackson KC, Lipman AG. Drug therapy for anxiety in palliative care. Cochrane Database Syst Rev.2004 ;(1)CD004596 17 ANAES. Evaluation et suivi de la douleur chronique chez l‟adulte en médecine ambulatoire. Service des Recommandations et Références Professionnelles. Février 1999 15 II-1.4 Quels sont les signes cliniques pouvant faire évoquer une anxiété ? Nous pouvons retrouver les différentes composantes multidimensionnelles18, 19, dont la composante sensorielle avec ses manifestations physiques - respiratoires (sensation de constriction ou d'oppression thoracique, une dyspnée) - cardiovasculaires (palpitations, lipothymie, tachycardie, douleurs thoraciques atypiques) - neuromusculaires (crispations, crampes, tremblements, agitation motrice, paresthésies, acouphènes, vertiges) - digestives (inappétence, nausées, spasmes coliques) - neurovégétatives (sueurs, sècheresse buccale) - une majoration d‟une plainte douloureuse préexistante ou une modification inexpliquée de celle-ci - une fatigue, des troubles du sommeil (retard d‟endormissement, ou réveils anxieux plutôt en première partie de la nuit). La composante affective peut se manifester par une anticipation dramatisée des évènements futurs, une inquiétude, appréhension, crainte de conséquences indéterminées, verbalisation d‟une peur excessive avec réassurance difficile, peur du processus de mourir, intensification d‟un sentiment d‟impuissance douloureux et persistant. Il peut s‟agir d‟un contenu cognitif avec une diminution de l‟attention, des difficultés de concentration, une tendance à l‟oubli, une difficulté à faire des choix, une rumination, blocage des pensées La part comportementale peut se manifester par une irritabilité, une méfiance, une agitation psychique ou motrice, une hyper vigilance ou un égocentrisme Toutes ces manifestations sont souvent liées et d‟expression très variable. La crainte est généralement présente, mais aussi d‟expression variable, en particulier en fonction du contexte socioculturel. ______________________________ 18 Dauchy S. Op.Cit.p.20 Pautex S, Toni V, Bossert H et al. Anxiété dans le cadre de soins palliatifs. Revue Médicale Suisse 2006; 85 (2): p. 2478-2487 19 16 II-1.5 Existe-t-il des causes ou des facteurs favorisant l’anxiété qui méritent d’être identifiés ? L‟anxiété peut être en lien avec un trouble organique : - d‟origine cardio-respiratoire (embolie pulmonaire, hémorragie interne,..) - neurologique (tumeurs cérébrales,…), - avec une douleur mal contrôlée. C‟est une des principales causes d‟anxiété 20, comme à l‟inverse l‟angoisse peut majorer la douleur. - Dans le cadre d‟un syndrome confusionnel, l‟angoisse peut être présente dans la phase d‟installation ou d‟amélioration, lorsque le patient perçoit le trouble sans pouvoir le situer dans son contexte du fait des troubles mnésiques. - L‟anxiété peut être favorisée par un état fébrile, une dyspnée ou hypoxie, des troubles métaboliques ou endocriniens. L‟anxiété peut avoir une origine iatrogène21 : - être secondaire à l‟introduction de corticostéroïdes, neuroleptiques (y compris le métoclopramide), bronchodilatateurs, antihistaminiques, digitaliques et de benzodiazépines. - A l‟inverse, le sevrage brutal en benzodiazépines et hypnotiques, corticoïdes, alcool, nicotine, opioïdes, anticonvulsivants, clonidine peut aussi provoquer ces mêmes symptômes d‟anxiété et agitation. Ceci est une notion importante, car certains de ces molécules sont principalement administrés par voie orale, voie d‟administration qui devient souvent impossible chez les patients en phase très avancée. L‟anxiété peut avoir une origine psychique principale : - être un symptôme associé à un trouble psychiatrique comme un syndrome dépressif, des troubles obsessionnels compulsifs, une psychose. - Une anxiété chronique qui peut s‟accompagner d‟une dépendance alcoolique ou médicamenteuse peut être majorée par l‟impossibilité de pouvoir avoir recours aux habitudes toxiques. Elle peut aussi s‟accompagner d‟une focalisation sur des symptômes somatiques _________________________________ 20 Dauchy S. Op.Cit. p 21 Paice, J. Managing psychological conditions in palliative care: Dying need not mean enduring uncontrollable anxiety, depression, or delirium. American Journal of Nursing 2002; 102(11): 36-42 21 17 existants. Dans l‟approche thérapeutique de ces symptômes, il est important de garder en tête que la préoccupation avec des symptômes physiques peut être moins perturbant pour le patient que la confrontation à la maladie elle même22. Mais le plus souvent, il s‟agit d‟une anxiété isolée, anxiété qui est alors la « traduction émotionnelle et cognitive intense et gênante d‟un conflit interne (prise de conscience de l‟aggravation somatique par exemple) ou externe (conflit familial, changement de lieu ou d‟équipe soignante….) »23. Elle peut aussi correspondre à une réponse naturelle à l‟approche de la mort. La verbalisation de cette anxiété est essentielle car elle est le plus sensible à l‟information et l‟échange, le soutien relationnel et affectif. - Peut aussi survenir une attaque de panique durant de quelques minutes à quelques heures, quelques fois nocturnes, avec des symptômes somatiques et des thèmes catastrophiques ou phobiques, qui pourraient faire à tort évoquer des cauchemars ou une confusion nocturne. L‟utilisation chronique des anxiolytiques est à éviter, ces troubles relevant plus de la prescription de certains antidépresseurs. - Un syndrome post-traumatique avec anxiété majeure et une reviviscence du traumatisme vécu comme extrêmement menaçant pour le patient nécessite une prise en charge psychothérapeutique spécialisée. L’approche étiologique de l’anxiété est essentielle, compte tenu de sa symptomatologie clinique polymorphe, peu spécifique et fluctuante, de son interférence avec la vie relationnelle ou même avec l‟acceptation des soins. Cette approche est nécessaire dès le début de son apparition et tout au long de l‟accompagnement du patient, pour permettre de faire le lien entre les symptômes du patient et son histoire. __________________________________________ 22 Lichter, I. Some psychological causes of distress in the terminally ill. Palliative Medecine, 1991; 5(2): p.138-146 23 Dauchy S. Op.Cit. p 22 18 Cela permet d‟être au plus près de la réalité du patient et de répondre à sa demande de manière le plus adapté possible. Mais plus nous nous approchons vers la fin de vie, plus les contours des symptômes deviennent flous, difficiles à rattacher ultérieurement à une cause plus précise ou accessible à un traitement étiologique. L‟anxiété du patient, dans son approche multidimensionnelle et de souffrance globale, est aussi en lien avec son entourage et sous l‟influence du vécu et de l‟anxiété de celui-ci. II-1.6 L'anxiété de qui ? L‟anxiété du patient, éventuellement adaptative et bien tolérée, peut être majorée par la décompensation anxieuse des membres de la famille ou du personnel médico-soignant et relève ainsi plus de la prise en charge des accompagnants. Chaque membre de la famille est confronté à ses propres angoisses face à la maladie, la dégradation, la mort, et vit une crise personnelle24. Comme cet enfant terrifié par la mort de son père et le réveillant régulièrement ou ce membre de la famille pressant le malade de manger ou marcher25, cherchant à se rassurer lui-même, renforce l‟anxiété du patient. Il est important de trouver des solutions alternatives, en passant par la verbalisation et le travail pluridisciplinaire avec assistante sociale, psychologue, soutien spirituel,…pour permettre de maintenir une proximité constructive avec le patient. De même, la majoration de l‟anxiété du patient peut dépendre de « la capacité ou incapacité temporaire parfois d‟une équipe à permettre au patient l‟expression et la validation émotionnelle suffisante pour maintenir sa stabilité psychique »26. II-1.7 Et si c’était surtout autre chose? L’agitation n‟est pas toujours un signe d‟anxiété. Lorsque le patient présente des troubles de communication et qu‟il est difficile d‟entrer en contact avec lui, l‟agitation peut être le seul ___________________________ 24 Pillot J. Aspects psychorelationnels de la fin de la vie. Rev Prat 1999;49 :1057-62. Paice, J. Op.Cit p 2 26 Dauchy S. Op.Cit. p 23 25 19 symptôme visible. Elle peut être liée à une douleur, à un globe vésical ou un fécalome, une hypercalcémie, une anoxie cérébrale, une dyspnée, à l‟impossibilité de se mouvoir à cause de la faiblesse musculaire. Mais aussi être l‟effet secondaire paradoxal de médicaments sensés la combattre, comme les neuroleptiques ou benzodiazépines27. Le syndrome confusionnel28, pouvant atteindre 85% des patients cancéreux en phase terminale, se caractérise souvent initialement par des signes pouvant faire penser à une attaque de panique avec une agitation nocturne avec cris, chute, passage au dessus des barrières, des cauchemars, une inversion du cycle nycthéméral, des modifications de caractère avec irritabilité ou agressivité. C‟est dans un second temps qu‟apparaissent des signes plus évocateurs avec une fluctuation du niveau de vigilance, des troubles de mémoire et du langage, une désorientation temporospatiale, des hallucinations voir un délire de persécution, la persistance de l‟agitation ou au contraire apparition d‟une léthargie. Les causes peuvent être les mêmes que ceux d‟une anxiété, dont un traitement par benzodiazépines. Ainsi du point de vue de la prise en charge pharmacologiques, si un traitement médicamenteux est envisagé, ce qui n‟est pas toujours recommandé, les neuroleptiques sont au premier plan, les benzodiazépines pouvant même aggraver le syndrome confusionnel et les troubles cognitifs29. Il est important de garder à l‟esprit que l‟anxiété peut être un élément de l‟expression d‟une souffrance plus globale du patient. Cette souffrance, dans sa dimension physique, psychologique, émotionnelle, relationnelle, sociale, culturelle n‟est pas toujours en relation avec l‟intensité des symptômes présentés 30. ___________________________ 27 Lichter I, Hunt E. The last 48 hours of life. J Palliat Care 1990; 6(4):7-15 Reich M, Lassaunière J-M. Prise en charge de la confusion mentale (“delirium”) en soins palliatifs : l‟exemple du cancer. Med Pall 2003 ; 2 : 55-71 29 Paice, J. Op.Cit. p 5 30 ANAES. Modalités de prise en charge de l'adulte nécessitant des soins palliatifs. Recommandations pour la pratique clinique. Argumentaire. Décembre 2002. 28 20 L‟atteinte de l‟intégrité de la personne peut s‟exprimer par des affects qui ne sont que le signe extérieur d‟une blessure, pas de la blessure elle-même. La disparition du symptôme par un traitement et un accompagnement ne signifie en rien la disparition de la blessure ni de la souffrance elle même31. II-1.8 Comment évaluer la présence et l’intensité de l’anxiété? L‟utilisation d‟échelles pour une identification plus objective des patients anxieux, de l‟intensité de cette anxiété, de son évolution dans le temps peut être utile. Cette évaluation peut faciliter des prises de décisions en donnant des critères communs à une équipe. Elle permet la transmission d‟information et sa traçabilité. L‟échelle d‟auto-évaluation HADS (Annexe 3), qui détecte plus globalement la souffrance psychologique sous forme de symptômes anxieux ou dépressif, est recommandée32. Il existe des échelles d‟hétero-évaluation courtes comme l‟échelle de COVI (Annexe 4), mais l‟hétero-évaluation est considérée comme moins pertinente que l‟évaluation par le patient luimême. Ces échelles semblent peu adaptées aux patients en phase très avancée de la maladie avec une symptomatologie plurifactorielle souvent difficile à « dénouer ». Les échelles EVA, EN et EVS qui permettent une évaluation de l‟intensité du symptôme ressenti et utilisés pour l‟évaluation de la douleur peuvent être un outil adapté à l‟évaluation de l‟intensité de l‟anxiété par le patient et permettre un suivi dans le temps. II-1.9 Quand traiter? L„anxiété est donc une expérience personnelle dont l'intensité, la gêne et le souhait de soulagement ne peuvent être déterminées que par le patient lui-même. Se pose alors la question de la demande et des attentes du patient, demande dont l‟analyse peut déjà avoir une action sur le symptôme. _______________________ 31 32 Cassel EJ. The nature of suffering and the goals of medicine. N Engl J Med 1982 ; 306:639-645. Dauchy S. Op.Cit. p 25 21 Cette problématique mérite d‟être gardée à l‟esprit même quand le patient ne peut plus participer à la prise de décision. II-1.10 Quel traitement de l'anxiété en soins palliatifs? L‟anxiolyse se définie selon la SFAP comme l‟apaisement de l‟anxiété et doit être distinguée de la sédation. Le traitement des symptômes anxieux en soins palliatifs se fait dans une approche globale en associant des mesures pharmacologiques ou non33. Parmi les mesures non pharmacologiques, qui peuvent suffire seules dans le cadre de l‟anxiété légère et modérée et être complémentaire au traitement pharmacologique, notons l‟apport de l‟équipe soignante dans une relation d‟aide, le toucher massage, la relaxation, la sophrologie. La verbalisation et le soutien sont essentiels, par l‟équipe, le psychologue, un psychiatre en cas de difficulté diagnostique. Le soutien spirituel peut être une aide importante. Le traitement médicamenteux repose sur une prescription individualisée, avec traitement systématique en cas de symptôme chronique et anticipatoire en cas de recrudescence de la symptomatologie. Il repose aussi sur le maintien de l‟autonomie du patient et de ses facultés relationnelles. L‟utilisation de la titration permet la recherche de la plus petite dose efficace avec le moins d‟effets secondaires possibles. L‟inefficacité du produit ne peut être décrétée qu‟après la prise des doses maximales tolérables. En plus du traitement étiologique, la prise en charge médicamenteuse repose sur l‟utilisation des anxiolytiques principalement benzodiazépiniques, les neuroleptiques et les antidépresseurs. Les benzodiazépines à demi-vie courte sont en général préférables. D‟après certains, les benzodiazépines devraient être limités à un usage de courte durée ou de manière intermittente à cause du déclin de l‟effet anxiolytique et de l‟accumulation des effets ____________________________ 33 Pautex S. Op.Cit.p.18 22 psychomoteurs34. Lorsque la voie parentérale est nécessaire, le choix des molécules est restreint, seul existent le diazepam, le clonazépam et le midazolam. Le lorazepam, très utilisé dans les pays anglophones, n‟est pas commercialisé sous forme parentérale en France. Mais toutes les benzodiazépines peuvent être administrées par voie sublinguale 35, certaines en intra rectal. Les recommandations américaines préconisent comme anxiolytiques chez les patients en fin de vie l‟utilisation du midazolam et du propofol pour des durées de traitement inférieur à 24 heures et le lorazépam pour des traitements plus prolongés36. Il est important de garder à l‟esprit l‟interaction des benzodiazépines avec de nombreux médicaments d‟utilisation courante en soins palliatifs comme les macrolides, la ciprofloxacine, kétoconazole, les antidépresseurs imipraminiques et sérontoninergiques, les antiacides, les morphiniques. Toutes les benzodiazépines ont un effet sur la vigilance et donc un effet en général sédatif. Pour réduire ce risque dans le cadre de l‟anxiolyse et avoir un effet anxiolytique avec un minimum de sédation, certains proposent d‟utiliser préférentiellement l‟haloperidol ou la risperidone37 (hors AMM). Actuellement en France, le midazolam est fréquemment utilisé comme benzodiazépine anxiolytique tout en étant officiellement la seule molécule recommandée par la SFAP dans le cadre de la sédation. Nous reviendrons sur ses effets secondaires à prendre en compte. ___________________________ 34 Barraclough J. ABC of palliative care. Depression, anxiety, and confusion. BMJ 1997;315(7119):1365-8. 35 AFSSAPS. Soins Palliatifs: spécificités d'utilisation des médicaments courants hors antalgiques. Argumentaire.25 octobre 2002. 36 Jackson KC, Lipman AG. Drug therapy for anxiety in palliative care. Cochrane Database Syst Rev.2004 ;(1)CD004596 37 Heyse-Moore L.Terminal restlessness and sedation : a note of caution. Palliat Med.2003 Jul ;17(5) :469 23 II-2 Vigilance, conscience Nous venons de parler d‟effets sur la vigilance. De quoi s‟agit-il ? Vigilance, conscience, faut-il faire une distinction? La conscience est « l‟ensemble des activités cognitives qui nous permettent d‟attribuer une signification et de répondre de façon appropriée aux stimulations sensitives et sensorielles, et notamment… aux stimulations verbales ….La conscience est une fonction du cortex cérébral»38. La conscience implique - la vigilance, qui permet l‟attention et qui est une fonction du tronc cérébral, - un fonctionnement sensori-moteur (vision, audition, sensibilité) - l‟introspection, qui informe l‟individu de ses pensées, ses sentiments et émotions La vigilance est l‟état de la personne éveillée et normalement consciente des stimuli internes et externes et avec laquelle une relation significative peut être établie. En soins palliatifs, l’échelle modifiée de Rudkin permet d‟évaluer rapidement la vigilance des patients39, la question de son altération se pose en phase palliative et terminale de la maladie. II-3 Qu’est-ce que la phase terminale L‟évolution d‟une maladie grave, potentiellement mortelle, est marquée par trois phases avec des objectifs de soins différents, bien que conduits dans la continuité : la phase curative, la phase palliative et la phase terminale40. - En phase curative, tant qu‟une guérison ou rémission durable de la maladie est possible, la question de la préservation de la quantité de vie au détriment de la qualité de vie peut se poser. - En phase palliative, lorsqu‟il n‟y a plus de possibilité de guérison, la qualité de vie est au ________________________ 38 Cambier J, Masson M, Dehan H. Vigilance et conscience. Sommeil et coma. In: Neurologie. Paris : Masson 1985. p. 108 39 Picard S, Picard H, Lassaunière JM. Comparaison du score à l'échelle modifiée de Rudkin au score de Glasgow chez des patients hospitalisés en unité de soins palliatifs. Med Pal 2005; 4: 285-288 40 Circulaire DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005 relative à l‟organisation des soins en cancérologie 24 centre des préoccupations avec deux objectifs qui peuvent se contredire : préserver la vie et privilégier le confort en pesant les bénéfices et les charges pour le malade. Plus la maladie s‟aggrave, plus les traitements visent à soulager les symptômes sources d‟inconfort. Les possibilités d‟expression du patient sont privilégiées afin qu‟il puisse exprimer les symptômes sources d‟inconfort et la souffrance qu‟il ressent 41. Gardons à l‟esprit la notion de continuité des soins et donc un enchevêtrement de ces phases comme le suggère ce schéma : (source : http://medapod.univ-rennes1.fr/medcast5/wp-content/uploads/soins-palliatifs-2bis-2009.pdf ) - La survenue d‟une défaillance d‟une ou plusieurs fonctions vitales, neurologiques, cardiocirculatoires ou respiratoires définit le début de la phase terminale. L‟objectif est de préserver le plus longtemps possible les possibilités d‟expression et donc la conscience du patient en essayant de soulager les symptômes pénibles. Le confort étant une notion subjective que seul le patient peut ressentir et indiquer ce qui est inconfortable. La survie va de quelques heures à quelques semaines. Bien que décider que quelqu‟un est en phase terminale est une entreprise difficile, car la situation n‟est pas toujours si claire, et sa durée est très variable en fonction de la défaillance organique sous-jacente42. On peut distinguer deux phases, la phase préagonique et la phase agonique. Distinction utile pour pouvoir apprécier le vécu du patient. ______________________________ 41 Blanchet V. Grandes défaillances organiques dans le cadre des soins palliatifs. La Revue du Praticien. juin 2009 ;59(6): 780-784 42 Heyse-Moore L. Op.Cit.p.469 25 Car si certains traitements médicamenteux peuvent encore avoir du sens dans la première, ils sont inutiles et disproportionnés dans la seconde43. La phase préagonique, évoluant sans réanimation le plus souvent vers la phase agonique et le décès, peut parfois être réversible et évoluer à nouveaux vers une phase palliative. La conscience est variable, le patient peut être calme ou agité, comateux, conscient par moment ou présenter un état de confusion aigue. La respiration s‟accélère de façon réflexe et une cyanose périphérique peut apparaître. L‟encombrement bronchique est variable .Le pouls s‟accélère, la tension artérielle est variable, apparaissent des marbrures et parfois une diarrhée profuse. Le soutien de la famille est essentiel, mais il est important de garder un regard clinique et de rechercher et de traiter si besoin d‟éventuelles sources d‟inconfort comme la douleur, le globe vésical en cas d‟agitation, la dyspnée. « L‟anxiété ou l‟angoisse sont évaluées et traitées de façon proportionnée et à bon escient »44. En phase agonique qui dure rarement plus de quelques heures, irréversible et aboutissant à la mort, apparaissent les premiers signes de décérébration. Le patient est inconscient, le réflexe cornéen aboli, la fréquence respiratoire diminue et devient irrégulière, l‟encombrement est constant avec des râles agoniques, le pouls est ralenti et les marbrures disparaissent parfois. Le patient n‟a plus de mouvements volontaires ni de manifestations émotionnelles ni de perceptions, donc pas de douleur ni de gêne respiratoire. Ce sont des éléments importants pour l‟entourage, aussi bien familial que soignant. II-4 La sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et complexes II-4.1 Définition de la sédation en soins palliatifs La vigilance des patients en soins palliatifs est comme nous l‟avons vu un élément de préoccupation constant. Seul le patient conscient peut exprimer sa souffrance et son inconfort est être en relation avec le monde extérieur, son entourage en particulier. ____________________________ 43 44 Blanchet V. Quelles conduites à tenir en phase terminale. Med Pal 2007 ;6 : 285-8 Blanchet V. Op.Cit. p.783 26 Mais l‟évolution de la maladie, les effets secondaires des traitements peuvent altérer cette vigilance. En soins palliatifs, « dans certaines situations exceptionnelles, singulières et complexes, lorsque cette situation est vécue comme insupportable pour le patient, l‟on peut rechercher, par des moyens médicamenteux, une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu‟à la perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d‟une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tout les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d‟obtenir le soulagement escompté »45. « Cette sédation peut être intermittente, transitoire ou continue et peut aller de la diminution de la vigilance jusqu‟ à la perte de conscience ». D‟après Le Petit Robert, le terme de sédation vient du latin sedatio et signifie « apaisement par un sédatif », comme « sédation de la douleur »46. La sédation est une technique courante en réanimation ou elle a pour but d‟améliorer le confort du patient en luttant contre la douleur, l‟anxiété et le manque de sommeil, de faciliter les soins et les actes techniques47. Des recommandations publiés en 2002 et 2004 sous l‟égide de la SFAP et réactualisé en 2009 ont pour but d‟encadrer et d‟aider au questionnement autour de la sédation dans le domaine des soins palliatifs. Son indication à été étendue non seulement à la phase terminale, mais aussi à la phase palliative. La réflexion a été élargie au domicile, la pédiatrie, la gériatrie et certaines situations complexes. Il est recommandé de ne pas qualifier la sédation, mais de l‟appréhender dans son contexte. Ceci peut éviter la confusion dans les termes avec une euthanasie déguisée48 (sédation terminale ?) ou éviter que le pronostic de la maladie change la justification ou la pratique ____________________________ 45 SFAP. La sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et complexes Recommandations juin 2009. Consulté sur www.sfap.org le 10.01.2010 46 Le Nouveau Petit Robert. Op. Cit.p.2339 47 ANDEM. Conférence de consensus sur la sédation en réanimation, concept et pratique. 1993. 48 Krakaurer EL. Responding to intractable Terminal suffering. Ann Intern Med 2000; 133(7): 560 27 de la sédation, tout en plaçant des limites à la profondeur de la sédation ou à sa durée49. La sédation est clairement définie comme étant ni une anxiolyse, ni une analgésie, ni un somnifère. II-4.2 Indications de la sédation en soins palliatifs Ses indications en phase terminale sont les complications aiguës à risque vital immédiat et les symptômes réfractaires. Est qualifié comme symptôme réfractaire en reprenant la définition de Cherny et Portenoy50 « tout symptôme dont la perception est insupportable et qui ne peut être soulagé en dépit des efforts obstinés pour trouver un protocole thérapeutique adapté sans compromettre la conscience du patient. » Pour décider selon ces auteurs qu‟un symptôme est réfractaire, le clinicien doit s‟apercevoir que malgré des traitements invasifs ou non, ceux-ci n‟arrivent pas à un soulagement adéquat, ou sont associés à une morbidité aigüe ou chronique excessive et intolérable, ou encore ne permettent pas de contrôler le symptôme dans un laps de temps acceptable. En dehors de la phase terminale, un symptôme réfractaire peut être une indication de sédation intermittente ou transitoire, car en phase palliative, un symptôme vécu comme pénible et réfractaire peut redevenir accessibles à des traitements après un temps de sédation transitoire. Les symptômes réfractaires les plus souvent cités sont la confusion mentale, l‟agitation, la dyspnée, certaines douleurs, les nausées et vomissements51. Ils sont à distinguer des symptômes difficiles qui peuvent répondre dans un temps acceptable aux thérapeutiques qui permettent un soulagement adéquat en préservant l‟état de conscience sans effets secondaires excessifs. « C‟est dans cette différence que se trouve toutes les difficultés de la décision médicale, de ses implications éthiques et le risque de dérive »52. ______________________________ 49 Cellarius V, Blair H. Justifying different levels of palliative sedation. Ann Intern Med. 2010; 152(5): 332 50 Cherny NI, Portenoy RK. Sedation in the management of refractory symptoms: guidelines for evaluation and treatment. J Palliat Care 1994; 10(2):31-38. 51 Blanchet V, Viallard M-L, Aubry R. Sédation en médecine palliative: recommandations chez l'adulte et spécificités au domicile et en gériatrie. Medecine palliative-Soins de support-Accompagnement-Ethique 2010 ; 9 : 59-70 52 Filbet M. Les situations extrèmes en soins palliatifs. La sédation a-t-elle une place? Gérontologie et société 2004; 108 : 129-136 28 Qu‟en est-il de l‟anxiété ? Elle entre dans le cadre des détresses d‟origine psychologique et émotionnelle qui peuvent parfois déboucher sur une sédation, intermittente ou temporaire. Pour Morita53, la souffrance psycho-existentielle est une indication exceptionnelle de sédation. Parmi celle-ci, son étude rapporte 33% d‟indications pour angoisse de mort/peur/panique. D‟autres ne retiennent l‟indication pour angoisse profonde que pour les patients proche du décès54. Braun précise par ailleurs qu‟il distingue clairement la sédation de l‟utilisation de médicaments à propriétés sédatives utilisés pour le traitement de l‟anxiété et de l‟agitation où l‟intention est de contrôler l‟inconfort sans induire de troubles de conscience. D‟après Cherny et Portenoy55, l‟approche classique de prise en charge des patients avec une anxiété sévère, dépression ou souffrance existentielle peut faire que seule une faible proportion de patients exprime un haut degré de souffrance. Avant de la désigner comme réfractaire, elle nécessite une évaluation répétée et pluridisciplinaire. C‟est pour ce type d‟indication comme la confusion majeure, l‟agitation psychomotrice, l‟angoisse extrême, l‟insomnie majeure « que le risque de dérive parait le plus important en France, où nous sommes en tête des prescriptions de benzodiazépines qui est presque reflexe devant toute expression d‟anxiété et d‟angoisse »56. Par contre, « les situations de détresse émotionnelle ou psychologique vécues comme insupportables par les proches ou les professionnels ne justifient pas par elles-mêmes la mise en place d‟une sédation » selon les recommandations de la SFAP. ____________________________________ 53 Morita T. Palliative sedation to relieve psycho-existential suffering of terminally ill cancer patients. J Pain Symp Manag 2004 ; 28 :445-50 54 Braun TC, Hagen NA, ClarkT.Development of a clinical practice guideline for palliative sedation.J Palliat Med.2003.Jun ; 6 (3) :345-50 55 Cherny NI, Portenoy RK. Op.Cit. p 34 56 Filbet M. Op.Cit. p 134 29 II-4. 3 Les préalables à la sédation L‟importance d‟un encadrement de réflexion éthique autours de la pratique de la sédation ne fait aucun doute. Elle se base sur le principe du double effet, de l‟intention, de la finalité, de la responsabilité, sur le principe d‟autonomie et de proportionnalité 57, 58. l‟information des proches, la réunion pour une procédure collégiale et la traçabilité conformément à la loi59. (voir annexe 6) II-4. 4 La mise en œuvre II-4.4.1 La molécule Le midazolam de la famille des benzodiazépines est la molécule recommandée en première intention en raison de son caractère hydrosoluble qui autorise les voies d‟administration intra rectale, sous cutanée et intraveineuse. De plus son élimination rapide et sa courte durée d‟action, indépendante de la voie d‟administration en font un traitement maniable. Elle possède à la fois une action amnésiante, myorelaxante, anti comitiale, hypnotique, anxiolytique et sédative. D‟où sont utilisation autant comme anxiolytique dans le cadre de l‟anxiolyse que dans celui de la sédation. Comme toutes les benzodiazépines son effet peut être antagonisé par le Flumazenil. D‟après Fondras60, certains psychiatres pensent qu‟il est malaisé de distinguer les différents effets psychotropes. Selon la posologie et les circonstances, les effets anxiolytiques, sédatifs et hypnogène ne sont que les trois degrés d‟un même processus. On ne peut pas définir de posologie moyenne, celle-ci pouvant varier de 1 à 10. ______________________________ 57 Morita T. Op.Cit. p 447 Morita T, Bito S, Kurihara Y et al. Development of a clinical guideline for palliative sedation therapy using the Delphi method. J Palliat Med 2005; 8: 716-29 59 Loi 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des maladies et à la fin de vie ; décret d‟application 2006-120 du 6 février 2006 relative à la procédure collégiale et décret d'application 2010-107 du 29 janvier 2010 relatif aux conditions de mise en œuvre des décisions de limitation ou d‟arrêt de traitement modifiant l‟article 37 du code de déontologie ( art. R4127-37 du code de santé publique). 60 Fondras JC. La sédation pharmacologique et les contradictions éthiques. European Journal of Palliative Care 1996 ; 3(1):17-20. 58 30 II-4.4.2 Ses effets secondaires Ils sont nombreux61 : dépression respiratoire et cardio-vasculaire en cas d‟association à d‟autres médications dépresseurs du système nerveux central chez le sujet à risque, tolérance lors d‟un usage prolongé, syndrome de sevrage à l‟arrêt brutal, hoquet, état d‟excitation paradoxal avec aggravation de l‟insomnie, agitation, hallucinations, … II-4.4.3 Le protocole de traitement Les recommandations préconisent une titration et proposent un protocole en cas de sédation continue. (annexe 7) II-4.4.4 L‟évaluation La définition initiale de la profondeur recherchée de la sédation et sa durée sont essentiels. La profondeur de la sédation doit donc être évaluée, grâce à l‟échelle modifiée de Rudkin (annexe 5), recherche d‟un score maximal de 4, une évaluation toutes les 15 minutes pendant la première heure, puis au moins deux fois par jour. Il est conseillé de réévaluer tous les autres traitements en regard de leur utilité et d‟évaluer les effets secondaires du traitement sédatif. D‟autre part, en cas sédation prolongée, le bien-fondé de son maintien doit être questionné avec une attention constante vis-à-vis proportionnalité du traitement et de l‟effet sédatif visé. II-4. 5 le principe du double effet et l’intention La sédation est entreprise selon les procédures législatives relatives au «… traitement qui peut avoir pour effet secondaire d‟abréger sa vie… », art.2 de la loi du 22 avril 2005. Ceci fait référence au principe du double effet. _________________________ 61 AFSSAPS. Op.Cit. p.8-9 31 Cette règle est d‟usage constant en médecine en s‟appliquant entre autres aux effets secondaires des traitements, dont les anxiolytiques, mais aussi tout traitement qui peut présenter un risque d‟abréger la vie. Les risques sont considérés comme justiciables, si l‟intention est bonne, si le bénéfice attendu est supérieur à l‟effet néfaste, si ce dernier, tout en étant connu, n‟est pas intentionnel, mais la conséquence indirecte de l‟acte. Ce dernier ne doit pas être un moyen pour atteindre l‟effet bénéfique, aucune autre possibilité ne permettant d‟aboutir au bénéfice espéré62. Mais comment savoir si l‟intention déclarée est bien celle-là ? Car c‟est cela qui est au centre des débats. Une solution est de recourir à des procédures définies de décisions. L‟examen de conscience63, le travail sur la droiture de l‟intention, est un préalable, mais difficilement vérifiable. Les délibérations collectives après réflexion en équipe, avis d‟un consultant, accord du patient ou celui des proches, discussion argumentative rationnelle, partage de l‟information et inscription dans le dossier peuvent aider à la validation morale de la décision. S‟y ajoute la responsabilité individuelle engagée dans la décision en effectuant ou assistant à la réalisation de l‟acte. II – 5 Une enquête dans les services Afin de savoir si l‟utilisation du midazolam comme anxiolytique en phase terminale et son maintien malgré l‟apparition de troubles de la vigilance était fréquente d'une part et quels éléments étaient retrouvés à ce sujet dans le dossier médical d'autre part, nous avons entrepris une analyse rétrospective au CHBA (annexe 1). Celle-ci a été menée à partir de dossiers des patients décédés dans le service de gastroentérologie du 7 décembre 2009 au 20 janvier 2010 et dans le service d'hématologie du 2 décembre 2009 au 24 janvier 2010, services qui ont une activité importante, mais pas exclusive de cancérologie, sans lits identifiés de soins palliatifs. Pour aucun de ces patients __________________________________________ 62 Fondras J-C, Rameix S. Questions éthiques associées à la pratique de la sédation en phase terminale. Medecine palliative-Soins de support-Accompagnement-Ethique(2010), doi:10.1016/j.medpal.2010.01.001 63 Rameix S. Quels repères éthiques pour les limitations de traitements. In : A propos de la décision de limitation des traitements. 11ème journée régionale de la coordination de soins palliatifs bretonne.27 novembre 2009 ; p.14 32 l‟EMSP n‟avait été sollicitée, d‟où le choix de ces services. Parmi les 14 patients décédés (7 patients en gastro-entérologie et 7 en hématologie), la moitié a reçu un traitement parentéral de midazolam, prescrit dans les derniers jours de vie ( J-3, J-2, J-1 et J0, sauf une fois dès J-13 en [si besoin] la nuit), et deux fois après un traitement anxiolytique par voie orale. Les arguments d‟introduction du traitement pour ces 7 patients, « angoisse et /ou agitation », « gémissements », sont mentionnés dans les transmissions infirmières. Un seul diagnostic d‟ »anxiété » est évoqué dans une observation médicale. On retrouve le terme d‟anxiolyse dans deux courriers médicaux de sortie pour des patients qui ont reçu du midazolam à J-1 et J0 avec troubles de vigilance et maintien, voir augmentation de posologie. Chez deux patients, aucun élément n‟est retrouvé. La vigilance n‟est pas évaluée avant l‟introduction du midazolam, ni de façon systématique pendant le traitement. Les troubles de la vigilance, s'ils existent, sont retrouvés uniquement dans les transmissions infirmières. Cependant, à deux reprises, soit ils n'ont pas été mentionnés, soit ils sont imprécis (« reposé, serein »). Ces troubles de vigilance ne sont pas un argument pour modifier à la baisse le traitement par midazolam qui a même été augmenté chez un patient. Les troubles de vigilance sont notifiés clairement chez 4 patients “ aréactifs ” avec maintien du traitement, et 1 patient « endormi ++ » la nuit sans modification du traitement administré la nuit. L‟efficacité du traitement sur le symptôme initial n‟est pas clairement lisible. Deux patients, l‟un recevant du clorazépate dipotassique ( Tranxène ®) pour “ agitation, confusion, désorientation ”, l‟autre de l‟haloperidol ( Haldol) pour “ agitation ” ont vu leur traitement arrêté à J0 et J-3 à la disparition du symptôme initial : “disparition de l‟agitation, n‟est plus présent ” pour le premier patient, pas de notification pour le deuxième patient. L‟interprétation de ces résultats est très difficile, car l‟enquête s‟est faite sur un très petit échantillon non représentatif et les prescriptions médicales, pas toujours précises, sont 33 rédigées en toute fin de vie où les troubles de vigilance sont multifactoriels. De plus, il a été souvent difficile de retrouver des informations précises quant à la voie d'abord, la durée et la posologie prescrites. La prescription de benzodiazépine en fin de vie a été fréquente, sans être particulièrement un relais d'un traitement par voie orale, et débutée, sauf une fois, dans les tous derniers jours de vie. On ne retrouve clairement ni l'indication de prescription ni celle de l'efficacité du traitement ni celle de la vigilance tant initialement que dans le temps. Une sédation du patient est observée chez plus de la moitié des patients sous midazolam, mais ne peut être clairement rattachée au traitement par benzodiazépines du fait de ces tous derniers jours de vie. Mais une sédation ou une disparition du symptôme n‟a conduit qu‟une fois à l‟arrêt du traitement par midazolam (patient “ reposé, serein ”), les autres patients ont vu leur traitement maintenu ou, dans un cas, augmenté. Par contre, le traitement par un autre psychotrope pour “ agitation ” a été stoppé à la disparition du symptôme. Le terme de “ sédation ” n‟est évoqué dans aucun dossier. II-6 Les mêmes interrogations soulevées par une EPP En 2008, une Etude des Pratiques Professionnelle ayant comme thème « Utilisation du midazolam en sédation dans l‟unité d‟oncologie pour les patients relevant de soins palliatifs » a été faite dans le service d'oncologie du CHBA, analysant rétrospectivement 23 dossiers de patients en fin de vie, décédés en 2007. Une des conclusions de cette EPP a été qu'il n'y avait « pas de décision de sédation inscrite dans les dossiers des patients sous midazolam à visée anxiolytique chez qui on augmente progressivement la dose ». Peut se poser ainsi à nouveau la question: Pourquoi y a-t-il dans certaines situations confusion entre anxiolyse et sédation? Cette étude n‟a pas analysé si les patients étaient en phase terminale ou non. D‟après l‟étude rétrospective ci-dessus et mon expérience, il semble que cette situation se présente surtout chez les patients en phase terminale. 34 III. ENONCE DE LA PROBLEMATIQUE ________________________________________________________ La confusion qu‟il semble y avoir dans certaines situations entre anxiolyse et sédation en phase terminale recouvre différents champs théoriques et différentes approches possibles : III-1 L’approche institutionnelle : Cette situation est-elle liée au lieu où se trouve le patient, c'est-à-dire à domicile, en institution, à l‟hôpital ? Voulant restreindre mon analyse à mon terrain d‟activité préférentiel, l‟hôpital, ce champ de la question n‟a pas été abordé. Il aurait pu être intéressant aussi d‟analyser plus finement si / comment la confrontation répétée avec des patients en fin de vie, le type d‟activité du service et la pathologie du patient influent sur cette problématique. L‟étude rétrospective menée dans les services de gastroentérologie et d‟hématologie en est un premier indice. III-2 L’approche organisationnelle : Des difficultés conditionnées par l‟organisation interne dans un service par rapport à la transmission des informations ou des approches, le nombre d‟intervenants et de soignants, le moment de leur présence, influent-ils sur cette problématique ? Ce champ de part sa subjectivité n‟est pas étudié ici. III-3 L’approche psychologique et symbolique : Que signifient l‟angoisse et la sédation dans un service où les soignants sont quotidiennement confrontés à des patients en soins palliatifs avec comme finalité un projet de service conduisant à l‟attribution de lits identifiés de soins palliatifs, cet élément influence-t-il la prise en charge des patients ? 35 Sans l‟exclure complètement de la discussion, j‟ai fait le choix en tant que médecin de ne pas aborder cette problématique en profondeur. III-4 L’approche théorique : La confusion peut-elle naître de l‟abord sémantique et sémiologique des symptômes et de la maladie ainsi que de la difficulté de poser des repères sur le plan pratique ? Quel est le regard clinique sur les symptômes, varie-t-il en fonction du stade évolutif dans lequel se trouve le malade ? Quels en sont les repères ? C‟est cette approche qui a été choisie, car dans la pratique quotidienne, il semble que c‟est souvent au travers de la clinique mis en avant et ses implications pratiques que l‟on peut dans un deuxième temps aborder des questions plus « fondamentales ». L‟existence d‟un cadre est la garantie de pouvoir mener une réflexion délicate, mais approfondie sur les difficultés sousjacentes. Cette réflexion serait le sujet d‟un autre travail. 36 IV. ENONCE DES HYPOTHESES ________________________________________________________ De cette approche théorique choisie découle trois hypothèses : - parce qu'il n'y a pas d'identification claire de l'anxiété en phase terminale - parce qu'il y a confusion des protocoles de traitement pour l'anxiété et de la sédation avec la même molécule et absence d'évaluation du traitement - parce ce qu'il y a une méconnaissance des indications et de la surveillance de la sédation en phase terminale pour symptôme réfractaire 37 V. METHODOLOGIE ________________________________________________________ V-1 Le choix de la population et du lieu Afin d‟étudier ces hypothèses, j‟ai choisi d‟interroger des soignants (terme dans lequel sont inclus médecins et paramédicaux) du service d‟oncologie du CHBA avec une équipe qui semblaient être la plus sensibilisée et la plus formée à cette problématique sur l‟hôpital : L‟équipe de ce service, confrontée au quotidien avec des patients porteurs de pathologies cancéreuses, surtout thoracique et gynécologique, mais pas exclusivement, a fait le choix il y a quelques années d‟accueillir des lits identifiés de soins palliatifs. les médecins et soignants sont donc quotidiennement confrontés aux questions qui se posent chez les patients en soins palliatifs et en fin de vie. Le service reçoit sur ses lits identifiés régulièrement des patients non suivi dans le service et avec des pathologies différentes, bien que principalement cancéreuses. Certains des soignants interrogés ont suivi une formation de 4 jours en soins palliatifs dispensés par des membres de l‟équipe mobile de soins palliatifs de l‟hôpital, qui intervient très régulièrement dans ce service, y étant même administrativement rattachée. Un Staff hebdomadaire de soins palliatifs a lieu dans le service depuis plus de deux ans. Pour des raisons pratiques et parce que la sensibilité des personnes interrogées par rapport aux soins palliatifs et à l‟approche de la fin de vie m‟était connue compte tenu de mon activité au sein de l‟équipe mobile de soins palliatifs, je n‟ai pas cherché à interroger des soignants dans d‟autres institutions avec une activité palliative. Mais deux des quatre médecins interrogés travaillent en même temps dans le service d‟oncologie d‟une clinique avec des lits identifiés de soins palliatifs. On été choisi des soignants formés au regard clinique, c'est-à-dire des médecins (du service ou y intervenant régulièrement) et des infirmières (du service), et directement impliqués dans la prescription et /ou administration des traitements. Dans le soucis d‟aboutir à une l‟analyse suffisamment précise , les autres soignant(e)s n‟ont 38 pas été inclus(e)s, bien que le regard des aides-soignant(e)s et la vision des familles (avec d‟autres grilles d‟entretien) auraient certainement constitués des éléments complémentaires et enrichissants à prendre en considération. 3 des 4 des médecins ont depuis de nombreuses années une activité en oncologie, dont un surtout en consultation externe et hospitalisation de jour, mais impliqué au moment des gardes, deux autres ont à la fois une activité dans le service et en consultations. Il est à signaler qu‟un médecin interrogé est très récemment arrivé dans le service (environ 6 mois) sans aucune expérience en oncologie ni en soins palliatifs. Ce « premier regard » semblait intéressant à prendre en compte. Les infirmières choisies ont une expérience professionnelle de plusieurs années, dont environ deux ans dans le service. V-2 Le choix de l’outil L‟entretien semi-directif a semblé le plus adapté pour aborder la thématique, le discours oral et le dialogue permettant de mieux développer sa pensée et de reformuler le sujet si nécessaire. Le souhait étant d‟avoir des réponses spontanées les plus nuancées et approfondies possibles. Les thèmes choisis pour étudier les hypothèses sont l‟anxiolyse (et l‟anxiété) d‟une part, la sédation d‟autre part. Leur champ d‟application, leur mise en œuvre ainsi que l‟utilisation du midazolam sont analysés. V-3 Modalités de recueils des données Dans un premier temps, à l‟occasion de mes passages dans le service, le projet a été évoqué auprès des médecins et infirmières du service et accueilli avec intérêt. Les entretiens se sont déroulés après prise de rendez-vous, par choix des personnes sur leur horaire de travail ou juste après, dans un bureau du service. L‟entretien a été présenté comme une réflexion sur le lien ou non entre anxiolyse et sédation dans le cadre du mémoire du DIU de Soins Palliatifs, « certainement pas comme un contrôle 39 de connaissance, mais plutôt au contraire pour exposer le vécu et les difficultés au quotidien que peut représenter cette problématique ». La durée de la rencontre a été en moyenne d‟1 heure. Le temps d‟échange pris le plus souvent sur le temps de travail, ceci a parfois posé problème avec un sentiment d‟urgence dans les réponses du fait des impératifs du service, une question n‟ayant ainsi pas pu être abordée ou de façon très succincte. L‟entretien a débuté avec des questions personnelles et générales concernant l‟âge et l‟activité des soignants, pour essayer de déplacer l‟entretien du contexte du « lieu de travail ». Mon activité au sein de l‟équipe mobile de soins palliatifs, collaborant avec toutes les personnes interrogées a pu biaiser certains entretiens, avec quelque fois le sentiment que le soignant cherchait « la bonne réponse ». Tous les entretiens ont été enregistrés avec autorisation des personnes interrogées, puis retranscrit sur informatique. 7 entretiens ont pu être réalisés, 3 avec les infirmières et 4 avec les médecins. Le guide d‟entretien présenté au chapitre suivant était le même pour les médecins et les infirmières, avec simplement un changement dans la tournure de la phrase (prescrivez et demandez la prescription) en fonction de la profession. La question sur les troubles de vigilance « recherchés » dans le cadre de l‟anxiolyse a du à plusieurs reprises être reprécisée comme voulant dire« provoqués ». Les questions volontairement non précises évoquant les patients avec des « troubles de communication » ont été reformulées par certains soignants en « troubles de la communication avec ou sans problèmes de compréhension » avec une réponse séparée pour les deux éventualités. Il aurait pu être intéressant d‟évoquer le type de traitement à instaurer pour une anxiolyse. Ceci pouvant trop élargir le sujet, la question n‟a pas été formulée tel quelle dans le guide, mais le sujet à été abordé pendant l‟entretien souvent de façon spontanée. 40 V-4 Le guide d’entretien Thème 1 : anxiété et anxiolyse 1. Sur quels arguments (cliniques et autres, souffrance exprimée ou non du patient) prescrivez-vous (pour les médecins) / demandez-vous la prescription ( pour les infirmières) et qu'attendez-vous d'un traitement anxiolytique chez un patient - encore sous traitement curatif - en phase palliative - en phase terminale (avec un décès prévisible dans les jours ou semaines qui suivent) - chez un patient avec lequel la communication est difficile 2. Dans ces quatre situations, évaluez-vous l'efficacité du traitement ? Comment? Ces effets secondaires? Quels sont-ils? 3. Dans ces quatre situations, l'apparition de troubles de vigilance est-elle pour vous un point important à évaluer? Acceptable? Recherchée (provoquée)? Est-elle pour vous à discuter avant l'introduction du traitement avec le patient, l'entourage, l'équipe soignante au sens large? 4. Lorsque le midazolam en parentéral est choisi comme traitement anxiolytique, est-il gênant ou aidant qu'il soit utilisé également dans le cadre de la sédation? 5. Pour les médecins : Selon quelles modalités prescrivez-vous le midazolam dans le cadre d'une anxiolyse? Pour les infirmières : Selon quelles modalités voyez-vous prescrit le midazolam et qu'en pensez-vous? 41 Thème 2 : sédation 1. Quel est le but d'une sédation? 2. A quel moment (dans le temps) peut-elle être instaurée et quelle en est sa durée? 3. La sédation peut-elle être considérée comme une anxiolyse? 4. D'après vous, quels sont les différents types d'indication d'une sédation chez un patient et comment décider de sa mise en œuvre? 5. Comment en pratique quotidienne décider de l'indication d'une sédation face à un patient avec des troubles de communications? 6. Pour les médecins : Selon quelles modalités prescrivez-vous le midazolam dans le cadre d'une sédation? Pour les infirmières : Selon quelles modalités voyez-vous prescrit une sédation et qu'en pensez-vous? 7. Une surveillance de la profondeur de la sédation est-elle réalisée? Utile? Conseillée? 42 VI. RESULTATS ET ANALYSE DES ENTRETIENS ________________________________________________________ Lors de l‟exploitation des résultats, il s‟est avéré, que mise à part le domaine des prescriptions médicales, les réponses n‟étaient pas conditionnées par la profession de la personne interrogée. En fonction de l‟évolution de l‟entretien, d‟autres sujets en dehors « du chemin tracé » ont pu être abordés et seront évoqués dans ce chapitre. VI-1 Thème anxiété et anxiolyse VI-1.1 Arguments et attentes du traitement anxiolytique Les arguments pour lesquels les soignants estiment devoir proposer un traitement anxiolytique aux patients sont de plusieurs ordres, avec quelques éléments plus spécifiques pour la phase terminale : a) Le patient verbalise de façon spontanée ou provoquée son « angoisse » « anxiété », son « appréhension du traitement » b) Des signes somatiques observés: « traits tirés » « sensations dyspnéiques » « oppression thoracique sans organicité apparente » c) Et surtout le comportement du patient observé par le soignant ou rapporté par des tiers, seul argument en plus du « ressenti » chez le patient avec des troubles de communication : « Pas détendu » « agité » ou « agité la nuit » « se mobilise beaucoup sans douleur ni raison affirmée » »repli sur soi » »attitude différente » « ne mange plus »« paraît triste » »reste au lit sans bouger » « cris la nuit» « crispations pendant les soins » « la tension sommeil » « agressivité au envers moment les de la toilette » « troubles soignants » « l‟entourage le du trouve inquiet » « patient confus » d) Se rajoute pour le patient en phase terminale des arguments tel que « il baisse les bras » »non confortable » et « on ne le sent pas serein ». 43 Le soignant se base beaucoup sur son ressenti : « elle est plus angoissée qu‟elle veut bien le dire », « il exprime le fait de devoir mourir, on le devine à travers une agitation qui témoigne d‟une souffrance » Certains soignants évoquent spontanément leur difficultés à évaluer l‟anxiété « car c‟est un symptôme psychique », alors que « l‟angoisse est le symptôme physique du problème…l‟agitation…». Certains soignants interrogés évoquent le type de traitement proposé : - non médicamenteux « je propose….la psychologue », « la parole, le soutien son tout autant important », - ou médicamenteux « …traitement systématique chez le patient qui ne parle pas [sans notion de troubles cognitifs], dans la méconnaissance de la communication où on est… », à la proposition « …d‟un médicament ou du psychologue » - ou au contraire « …pas d‟anxiolyse systématique s‟il y a une cause documentée [pour le patient angoissé et confus] » Le traitement proposé varie en fonction du stade évolutif : - En phase curative, le traitement par benzodiazépines par voie orale et la parole priment, le midazolam n’a pas d’indication pour le soignant: « … le médicament n‟est pas forcément la réponse obligatoire. Le soutien, la parole sont tout autant important, sinon plus », « …je choisirais un traitement par benzodiazépines en commençant d'abord per os…par pallier comme dans un traitement antalgique,» « …Xanax® à l‟initiation du traitement… pour son effet sur la mémoire, pour permettre une meilleure tolérance digestive... » « [le midazolam ] on ne l‟utilisera pas en phase curative, car [même] s‟il y a une hospitalisation, un retour à domicile est prévu, et la molécule n'existe pas en ville; et si ce traitement est mis en place, c'est le plus souvent quelque chose mis en place au long court ». - En phase palliative, «on met aussi un traitement per os si un retour à domicile est prévu ». «…le midazolam s‟il y a des troubles de déglutition ou une occlusion …parce qu'il est 44 beaucoup utilisé en soins palliatifs.. » - En fin de vie et en phase terminale, le traitement médicamenteux et le midazolam en particulier sont les traitements de référence : « En fin de vie, la parole est importante, mais j‟attends plus du traitement anxiolytique en apaisement.. » « …plutôt l‟ hypnovel® pour bien soulager le patient ; …est beaucoup utilisé…il a surement une efficacité meilleure que les autres ; on ne l‟utiliserait pas en tout début de prise en charge, mais plutôt en phase palliative et terminale; car c‟est un traitement puissant, avec lequel on peut s‟attendre à plus d'effets secondaires qu'un traitement anxiolytique per os, surtout une sédation plus importante… et souvent il n'y a pas d'autres voie d'administration que parentéral, c‟est une voie rapide, quasi immédiate, pour que ça soulage très rapidement.. » Les attentes vis-à-vis du traitement anxiolytique « …sont différents en fonction du stade évolutif », « l‟objet n‟est pas tout à fait le même en début, milieu et fin de prise en charge », « pas le même type d‟angoisse » : - En phase curative et palliative, on attend « une meilleure tolérance digestive de la chimiothérapie », un « patient plus serein…le détendre », « que certaines choses deviennent moins envahissantes…se poser sans que cela empêche l’entrée en relation… » ; En phase terminale se rajoutent pour certains d‟autres objectifs comme - « moins de plaintes » « …qu‟il puisse se poser, dormir pour ne pas trop penser, être apaisé un peu », « appréhender cette phase là le mieux possible, le plus agréable possible.. ». Un soignant pense que «…en phase terminale, le patient doit être soulagé et il n'y a plus que ça qui compte; avant, c'est plus difficile a évaluer; en phase terminale, cela semble plus simple. Pour certains soignants, le but du traitement en phase terminale est clairement la sédation : « et si c‟est insupportable, et que lui demande une sédation, c‟est dans un but sédatif », «…en 45 phase très avancée, [le patient ]qui est déjà plus ou moins ailleurs, qui a l'air agité, pas très bien, on perçoit une souffrance et on essaye de sédater le patient plus que même de traiter l'anxiété, bien que si, c'est une forme d'anxiété qu'il manifeste…c'est complètement subjectif…combattre le symptôme qui est l‟expression d‟une grande souffrance, jusqu'à ce qu'il n'apparaisse plus… » « …quand la mort est imminente,… peut proposer, pas forcément s’il y a une demande, on peut proposer au patient que dans de telles circonstances quand ça ira de moins en moins bien, lui expliquer qu‟on a des molécules qui peuvent apaiser ce moment là, quand il n‟y à plus de traitement possible de la maladie, quand on n‟a rien d‟autres à proposer pour que le patient se sente mieux… » « …ne pas se voir souffrir…pour que la personne reste endormie, pour que ça l'aide dans ces moments là, tout en sachant que le pronostic derrière... » VI-1.2 Evaluation du traitement et des effets secondaires La même démarche que celle de la mise en place et du suivi des traitements est retrouvée lors de l‟évaluation de ces derniers. - Evaluation du traitement a) sur les paroles du patient « ce que dit le patient », « je reprends les points qui ont conduit à la mise en place du traitement, je les réévalue avec eux, s‟ils se sentent mieux », b) la disparition du comportement évocateur aux dires de « la psychologue, ou l‟observation du comportement par l‟équipe, la famille : « ne se plaint plus » , « n‟est plus agité », « plus de cris », « détendu », « par rapport au sommeil » ; c) « …il est plus serein…» pour les patients en phase terminale ; d) C‟est « un peu au feeling », «…on n'évalue pas l'anxiété de la même façon comme on peut évaluer la douleur », « on ne peut pas coter ». En fonction de l’évaluation « j‟adapte le traitement s‟il n‟est pas soulagé; si le symptôme disparait, je continue à la même posologie ». 46 - Evaluation des effets secondaires Ils sont principalement évoqués pour les traitements anxiolytiques, en particuliers avec les benzodiazépines. Les soignants retiennent principalement les « troubles de vigilance », et la « dépression respiratoire », mais aussi « la somnolence », « l‟endormissement », « la sédation avec l‟hypnovel® » ; Un médecin ajoute « la myorelaxation, troubles de mémoire, troubles cognitifs… »,« la confusion ». L’évaluation des effets secondaires est « différente en fonction de la phase où se trouve le patient, c‟est important de savoir… ». - En phase curative, « par rapport aux gens en phase palliative, on est beaucoup plus près des constantes, fréquence respiratoire, saturation.. », « on donne un produit dont on espère qu‟il en tire le meilleur parti sans avoir trop d’effets secondaires.. » - En hospitalisation, « ici, souvent le mal être du patient est plus important et on accepte les effets secondaires, par exemple une sédation trop importante chez un patient qui en a pas besoin.. » VI-1.3 Evaluation des troubles de vigilance Pour tous les soignants, l‟évaluation et l‟importance accordée aux troubles de vigilance dépend de leurs constatations et du stade évolutif de la maladie. - Basée sur des constatations : « un peu trop ensuqué », « somnolent », «…on constate des troubles de vigilance » ou se fait sur « le langage, l‟orientation… ». Les troubles de vigilance, « on les constate quand on passe et on les note ; on ne les cherche pas spécialement… ». « .. pas d'évaluation de manière objective, mais plutôt de manière subjective, selon le temps qu'on investi là dedans, sur l'impression pendant les visites s'il a l'air plus calme, plus serein, sur l'impression de l'équipe…» 47 - Basée sur le stade évolutif de la maladie : - En phase curative, « ils ne sont pas acceptables…on ne veut pas aller dans ce sens.. », car « il faut que la personne soit maitre de ses pensées et de ses actions, il faut que le patient soit bien là, il doit participer à sa prise en charge…» et le traitement est modifié immédiatement « S'il existe des troubles de vigilance, j'arrête le traitement… et en parle au médecin, je ne prends pas de risque », et le médecin : » pas acceptable du tout, on modifiera les doses… » - En phase palliative, ils sont tolérés plus facilement: « il ne faut pas que les troubles de vigilance soient là tout le temps, mais quelques fois ce n'est pas dérangeant… » ; « si la patiente est un peu trop ensuquée et qu’elle se sent bien comme ça, beaucoup plus détendue, on laisse en général le traitement…» ; «… chez le patient communiquant qui dit que ça lui fait du bien de dormir, ça le soulage, c‟est quelque chose que je peux accepter ; par contre, si le patient en est gêné, il faudra trouver un compromis entre ses troubles de vigilance et le bénéfice du traitement de l‟anxiété… » - En phase terminale, ils sont tolérés, parce que « c‟est un effet attendu, possible ; le double effet, on connait, il y a plus de risque qu‟ils apparaissent en fin de vie...ils sont plus inévitable par rapport à une fatigue plus importante, qui s’installent plus facilement pour des doses parfois très petites » : «on signale s‟il y a des troubles de vigilance, mais après, du moment que la personne est bien sereine et était bien au clair avec ce traitement… ». « En phase terminale, peut être qu'on va être plus tolérant, si c'est le pris à payer pour l'anxiolyse, en ayant prévenu que l'anxiolyse puisse déboucher sur une sédation.… » « Ils sont acceptables en fin de vie dans le sens où la personne ou son entourage est d'accord que le traitement a un but de la soulager, voir après lui expliquer que le traitement peut aussi avoir un but de sédater ». sinon recherchés par certains : « …c’est un peu l’effet recherché en plus de l’anxiolyse… » 48 « chercher à provoquer des troubles de vigilance…peut être pas au début, mais éventuellement oui en phase terminale ». « ..dans la phase finale, c'est quelque fois nécessaire qu'il y ait ces troubles de vigilance, par exemple quand la personne est très agitée et quelle n'arrive plus à être soit même… » « Pour des gens, vraiment dans les derniers jours, pour des gens non communicants, qui deviennent moins vigilants du fait d‟un traitement prescrit à doses supposées être anxiolytiques, s‟ils sont moins vigilants mais dont on sait que ces patients n‟ont que quelques jours à vivre, il m’arrive rarement de réduire les doses parce que les troubles de vigilance arrivent, à partir du moment où on atteint l’objectif de soulagement de crispation dans les soins du quotidien, c‟est le premier objectif, après , les troubles de vigilance… » La possible apparition de ces troubles de vigilance secondaire au traitement anxiolytique n’est pas discutée avant avec le patient de façon systématique: « ça dépend des situations » ; « ça se fait surtout avec les familles » ; « mais ce n'est pas notre rôle d'infirmière » ; « souvent c'est la famille qui nous en parle…là on explique qu'on vient d'introduire un traitement anxiolytique », bien que « …C‟est important de discuter avec le patient et avec la famille de la possibilité de l‟apparition des troubles de vigilance…il peut répondre que cela l‟embête… » VI-1.4 Le midazolam utilisé à la fois comme anxiolytique et dans le cadre de la sédation - Plutôt gênant ? - Aucun soignant ne dit être gêné par l‟utilisation du midazolam dans ces deux indications, car « il y a des dosages qui font que c'est pour moi plus anxiolytique ou alors plus dans la sédation, par exemple de petits dosages (2,5 ou 5mg/24h) avec de petits bolus et la sédation avec des doses un peu plus importantes… » Et « …c'est plus simple d'utiliser un traitement qui est déjà en place… » - Mais l’utilisation du midazolam complique tout de même pour certaines infirmières la différenciation entre but sédatif et anxiolytique : «…au début, on va débuter le traitement par l‟hypnovel® car on le sent anxieux, mais au final ça va avoir un effet sédatif ; donc cela à pour but final de le sédater, mais dans un but 49 au départ de soulager son anxiété…» «…du fait que c'est la même molécule qui est utilisée, on en parle souvent entre collègues, ça peut parfois prêter à confusion, être troublant. Pour moi, cette molécule a déjà une connotation de fin de vie, même si ce n'est pas dans le sens fin de vie immédiate, donc phase terminale, de sédation, même si ce n'est pas une sédation ». « ...On utilise la même molécule pour l‟anxiolyse et la sédation, et des fois, ça peut peut-être nous perturber…par exemple pour cette dame très anxieuse qui avait en même temps une grosse détresse respiratoire ; on lui a parlé d’anxiolyse parce qu‟elle était relativement anxieuse, et elle avait des troubles de la vigilance. On a laissé les doses, c’est là où c’est difficile, on était dans l‟anxiolyse, on ne lui a jamais parlé de sédation, alors qu’au final, oui …». - Plutôt aidant ? - Son utilisation est aidante pour d‟autres car : la transition est facile avec une molécule déjà en place et la molécule est bien connue et maniable : « en fin de vie quand on voit que la personne se dégrade et que l‟anxiété se majore… on peut progressivement augmenter les doses jusqu'à sédation, avec l'accord de la personne ; même pour la famille ça peut être important…». «…la souffrance est telle que traiter l'anxiété pour elle même, ça ne signifie plus rien, il faut endormir les gens, pour plus qu'ils soient angoissés… » « c‟est la même molécule qu’on fini par bien connaitre, après, ce ne sont pas les mêmes dosages... » et que «…c‟est pour les deux, le produit agit vite… » « …drogue extraordinaire, de maniement facile, de durée de vie très courte ». - Pour un médecin « choisir une autre molécule pour l‟anxiolyse, c‟est hypocrite comme débat, les objectifs n’étant pas les mêmes ; …les gens sont précaires, fatigués, et avec initialement comme objectif une simple d’anxiolyse, il arrive qu’on glisse vers la sédation, même à des doses anxiolytiques ; on peut appeler ça sédation si c‟est d‟être endormi, mais pas si c’est dans le sens de la définition de la sédation pour détresse ; donc on est dans l’anxiolyse avec des effets secondaires qui sont les troubles de vigilance difficilement évitables…». 50 VI-1.5 Les modalités de prescription et de surveillance du midazolam dans le cadre de l’anxiolyse VI-1.5.1 La prescription n‟est pas codifiée - L‟anxiolyse est débutée souvent la nuit « …c‟est surtout la nuit qu‟il y a des majorations d’angoisse ; pour faire dormir ou au moins le détendre pour qu‟il puisse s‟endormir sans trop d‟angoisse… » «… souvent 0.5 mg/h, je suis prudente généralement, pour le patient qui a des difficultés à trouver le sommeil avec un hypnotique ou un anxiolytique qui n’est pas efficace quand pris oralement… » ; - Ou alors se fait en administration continue « 2 à 5 mg/24h ou 0,1 mg/h; puis plutôt des augmentations progressives, on ne fait pas tellement de bolus pour les traitements anxiolytiques ». - Ou « au coup par coup pour encadrer un soin », » avant les mobilisations…ils ont des douleurs, donc pour que ce moment soit moins angoissant » - ou « par bolus de 1 mg renouvelés si besoin dans la journée, voir s’il en a besoin », - en continue avec des bolus « …c‟est en continu si les gens sont angoissé en permanence, ou les deux …c‟est au cas par cas… » - « Il faut rechercher la posologie minimale efficace; mais en pratique je ne le fais pas, mais ce serait bien. » L’introduction du midazolam la nuit n’est « pas toujours discutée avec le patient » : « …le patient dit qu‟il voudrait bien avoir quelque chose pour dormir… que cela ne sert à rien de majorer les angoisses si en en parle trop, à la famille…pour ne pas inquiéter… », La voie d’abord est « souvent IV, car il y a un site.. », d‟autres précisent « pas forcément sur site…en SC aussi… » 51 VI-1.5.2 La surveillance n‟est pas plus établie Elle se fait « par les infirmières sans protocole particulier… », »… sur nos transmissions écrites et orales, il n‟y a pas de feuille de surveillance particulière…». « …on réévalue le lendemain l‟efficacité…, s‟il est bien soulagé, on continue comme ça… ». En résumé : Il n‟y a donc pas de protocole, l‟administration varie en fonction des habitudes et des constatations cliniques. La voie d‟abord est principalement intraveineuse sur chambre implantable. La surveillance n‟est pas codifiée. VI-2 Thème sédation VI-2.1 Le but de la sédation La plupart des soignants indique comme but une suppression de la vigilance : « endormir…supprimer la vigilance...rendre comateux...le rendre inconscient… » Deux soignants parlent d‟une « diminution de la vigilance » ou de « différentes profondeur de sédation, mais en général ils sont endormis », But recherché dans l’intention de : - « soulager les symptômes pré mortem angoissants » et « la détresse respiratoire induisant le décès » - « pour avoir une fin de vie plus sereine… », - pour éviter des souffrances qui deviennent invivables...» - aider la personne pour qu’elle ne se rende pas compte de l’état où elle est.… à partir du moment que l'on voit que la personne se dégrade, qu'elle l'exprime elle même, ou que la famille exprime le fait que cela devient difficile, ou qu'on voit des signes de fin de vie, le teint, l'encombrement, la douleur, l'angoisse… » - « …pour passer un cap …traiter une souffrance intolérable…» - « soulager une situation quelle qu’elle soit devenant insupportable pour le patient ; quand les traitements symptomatiques ne permettent pas de le soulager et qu’on ne 52 peut pas soulager autrement qu’en diminuant la vigilance du patient.. » VI-2.2 Moment et durée de la sédation - En phase terminale plutôt ? Pour la plupart des soignants, la sédation a lieu « en phase terminale », »sans durée réglementaire…mais jusqu’au décès la plupart du temps », rarement en phase palliative de manière transitoire « c‟est arrivé une fois pour une anxiété ou des moments évolutifs de la maladie très difficiles ». - Quoique ….. Des avis très divergents apparaissent : - « une sédation, puisqu'on peut la lever à tout moment, on peut la mettre en curatif en réanimation comme en phase palliative et terminale… » et - « pour passer un cap ou dans des projets de survie longue, il doit être possible de faire autrement que de sédater les gens » et que « C'est fait souvent à des moments un peu irréversibles… Si on est amené à sédater, il n'y a pas intérêt à bricoler le traitement pour qu'ils reviennent à une quelconque réalité… il n'y a pas de raisons de revenir en arrière par la suite…donc jusqu’au décès ». Un soignant estime que ce sont des situations rares et exceptionnelles et pense que la durée doit être anticipée, car « …après un épisode hémorragique, l‟arrêt de la sédation n‟avait pas été prévue…et donc la sédation a avait été maintenue...par crainte de réveiller l’angoisse du patient en le réveillant…peur de le réveiller et l‟avoir à resédater s‟il resaigne…on s’était accoutumé à l’idée qu’il serait sédater jusqu’à la fin.. » VI-2.3 La sédation est-elle une anxiolyse ? - Pas du tout - Pour certains soignants la réponse est clairement « non, ce n’est pas la même chose, l’objectif n’est pas le même » - Quoique… - Mais la plupart des soignants n‟arrivent pas à différencier l’anxiolyse de la sédation et 53 celle-ci a toujours un rapport avec l’angoisse du patient et la composante anxiolytique du traitement : « oui…le patient en détresse respiratoire, ça aura le même sens, ça endormira le patient, mais ça le soulagera ; ça ne soulagera pas le symptôme, mais ça soulagera le patient…» « oui…c’est pour rendre les gens moins anxieux, plus serein… ». « oui et non, car c‟est aussi pour supprimer les angoisses de la personne, il y a forcement un effet anxiolytique, mais en plus il y a des troubles de vigilance… » « ça peut être un traitement de l'angoisse, parce que la personne ne sait plus ce qui se passe; mais dans l'anxiolyse, la personne est toujours consciente; donc ce n'est pas vraiment pareil…» « la sédation est la conséquence de l'anxiolyse…le but est de soulager une souffrance physique et morale, en traitant cette anxiété… tant que le patient n'est pas sédaté, l'anxiété est là, donc tu traites, et plus tu traites, plus tu risques de sédater le patient… ;…anxiolyse et sédation, c'est de la sémantique… pour traiter une certaine anxiété, il faut sédater les gens…. tout ce qui est réalité les ramène à leur souffrance, on traite l‟anxiété car chaque fois qu‟ils prennent pied dans la réalité, ils ont l'air très mal, ils le manifestent sous une forme ou une autre, donc on augmente les doses…et de ce fait le traitement ayant initialement pour but de combattre l’anxiété, fini en contre parti par devenir sédation, qu’il faut accepter de bon augure… » - Une confusion (consciente ou non) entretenue : - Un médecin argumente la confusion possible entre anxiolyse et sédation : « …nous soignants [on peut] confondre anxiolyse et sédation,…être peu regardants quant aux troubles de vigilance induit par le traitement anxiolytique… parce qu'on est en situation palliative… …je pense que cela tient à la souffrance de l'équipe. C'est probablement plus facile d'assumer un patient en fin de vie qui roupie qu'un patient en fin de vie qui est vigilant. On n'a pas besoin de lui causer quand il « roupie »... …Comme si le fait qu'on ait la même molécule qui permette de tout faire, fasse qu'on ne se pose pas bien la question de ce qu'on veut faire… 54 car le thérapeute dans l'échec où il est, peut être amené à vouloir gommer, la sédation, ça permet ça aussi… Un travail d'équipe, et pas uniquement dans cette relation hiérarchique médecin/infirmière, mais un regard extérieur des palliatologues permet de discerner mieux quel est l'objectif de la prise en charge…. » VI-2.4 Les indications et la mise en œuvre de la sédation pour les soignants interrogés - Situations insurmontables : - La détresse aigue comme « la détresse respiratoire », « l‟hémoptysie et hématémèse massives ». - La souffrance physique et psychique comme « l‟anxiété très importante», « l‟encombrement », « des douleurs qui ne sont pas gérables », « les troubles respiratoires », « …la souffrance morale éventuellement », - Le désir du patient que la souffrance s’arrête : « …il exprime que la vie proposée devient tellement insupportable qu'il a envie que ça s'arrête… » - Le souhait de détente du soignant pour le patient : « pour faire que la personne se détende au maximum » - Les derniers jours trop insupportables à vivre consciemment: « …c‟est dans les derniers jours, derniers moments…trop insupportable d‟être conscient jusqu‟au bout et se voir mourir…les gens en parlent….sont conscients qu‟ils vont s‟en aller et ne veulent pas être conscient à ce moment là…même en dehors d‟évènements physiques aigus… » - Le long mourir : «…les symptômes sont soulagés et que ça dure, ça dure et que la personne est au plus mal et demandeuse d‟être un peu déconnectée ». -Et dans quel cadre se fait la mise en œuvre de la sédation : - Sur demande du patient, mais pas toujours: « …la situation idéale, quand qu‟on peut réfléchir avec le patient de manière anticipée… » « …la demande du patient si possible… » « on essaye d‟en parler au patient…de ce que cela risque d‟engendrer… qu'on arrive à la fin de sa vie ». « …d'autres me disent aider moi docteur, j'en peux plus…on met les milligrammes d'hypnovel® jusqu'à ce qu'ils dorment et je fais ça rapidement, pour que ça dure le moins longtemps possible… » 55 Parler de sédation au patient dépend : - Du degré d‟urgence de la situation : « …sauf en cas d’urgence où on n’a pas le temps d’en parler au patient » ; « les situations aigües qu‟on ne peut pas prévoir, ou des situations qui se déstabilisent très vite et que l‟on n‟a pas réfléchie… ». « si on m'appelle pour un patient que je connais parfaitement, qui est dans cette situation gravissime, je demande une ampoule d'hypnovel® et on sédate le patient… » - si la détresse aigüe s‟est déjà manifestée auparavant ou non: « s‟il y a un risque théorique, mais s'il n'a jamais saigné, dois- je informer le patient du risque ? …si la situation est susceptible d'arriver, il faut l'anticiper en équipe; mais ce sont deux choses différentes, l'équipe d‟une part et le patient et son entourage d‟autre part ». « si le patient a déjà expérimenté le risque, là, l'ambition est de le rassurer, car il est angoissé par cette perspective… on doit inscrire l'annonce d'une sédation dans une perspective de réassurance… » « J'en parlerai à la famille si il y a une angoisse, pour rassurer la famille » - La famille est informée si possible, mais pas toujours : « on parle avec la famille si on peut », « la demande de la famille et du patient si possible » « pour la famille, je n’ai pas le temps de m’occuper de tout ça la plupart du temps, les familles n'ont pas plus de regard à avoir que d'autres de ce qui arrive… je les tiens au courant régulièrement… En général, tout le monde est content, la famille aussi, toutes les familles demandent la même chose, que le patient ne souffre pas, ne pas s'acharner, aider les gens à bien mourir » - Une décision pluridisciplinaire si possible : « en avoir parlé en équipe, médecin, infirmière, aide-soignante », « éventuellement l‟EMSP », « je préfère qu‟il y ait eu discussion collégiale avant, avec un autre médecin, de l‟EMSP par exemple, concertation multidisciplinaire, d‟équipe, dès lors que l‟on peut l‟anticiper, pour que cela ait du sens pour tout le monde ». 56 Décider de l’indication de sédation chez un patient avec des troubles de VI-2.5 communication L’indication de sédation se pose : - en fonction de la proximité de la fin de vie : « en fonction d‟où il en est par rapport à sa maladie… » - « sur des discussions longues sur ses angoisses de fin de vie bien avant… » - le ressenti de la souffrance et l’interprétation des signes cliniques: « le ressenti de la situation…s‟il s‟agite… », « on se fie aux signes cliniques…on comprend qu‟il souffre trop, «...me regarde d‟un air hagard…en train de respirer sans pouvoir me dire quoi que ce soit, je comprends le message pour moi comme un appel à l'aide.. » La décision se prend : - après essai de discussion avec le patient « elle ne pouvait pas parler mais comprenait tout… » - seule par moment : « quand ils ne peuvent pas décider pour eux, je décide pour eux, en fonction de ce qui me paraitra bien pour moi-même… j'en discute éventuellement avec l'équipe si j'ai des états d'âme ». - après discussion « avec la personne de confiance » - après discussion « avec l’équipe et les différents intervenants du service, la famille ». VI-2.6 Modalités de prescription d’une sédation - Selon un protocole bien défini pour les médecins : Pour 3 des 4 médecins, la sédation se fait « en iv. par bolus de 1mg toutes les deux minutes jusqu‟à endormissement, puis en seringue électrique avec les bolus divisés par deux en mgr/h ». Un médecin ne s‟est jamais retrouvé dans cette situation et ne connait pas le protocole. - Protocole non connu par les infirmières : « …des posologies beaucoup plus élevées, en continu avec des bolus… on commence par un bolus si on voit que la personne est vraiment anxieuse, puis on renouvelle les bolus si besoin… », « on regarde taille et poids du patient, on fait une titration,…on se base sur la prescription médicale… », « « Il n‟y a pas de protocole type, c‟est une prescription 57 nominative, il y a un traitement de fond, on fait des bolus quand la personne se réveille ». VI-2.7 Surveillance de la profondeur de la sédation - utile ? - Elle est jugée utile par tous les soignants pour surveiller l’efficacité et le maintien de la profondeur de la sédation : « utile, oui, pour qu'il ne se réveille pas avec une gêne à nouveau… avec la même souffrance qu‟au moment où on a fait la sédation ». - conseillée ou recommandée? - Deux soignants pensent qu‟elle est conseillée « on nous apprend ça à l'école d'infirmière » - Un médecin pense qu‟elle est aussi « recommandée, mais pas facile à réaliser » - codifiée dans le temps ou pour l‟évaluation de la profondeur? - La surveillance de la profondeur de la sédation est réalisée mais non codifiée. Sa durée n’est pas remise en cause : - à l’initiation par le médecin : « je reste au début pour voir si c'est efficace, qu‟il ne s'agite pas, n‟ouvre pas les yeux puis en fonction de ce que dit l'équipe » - dans le temps : « pas de rythme particulier », « Elle se fait chaque fois quand on rentre dans la chambre, infirmières et aides-soignantes, à nos passages habituels, on voit s'il répond, et lors des soins on voit comment il réagit. Il n'y a pas de surveillance horaire spécifique ». - sur les signes à surveiller : « On apprécie en fonction de ses mouvements, qu'il n'ouvre pas ses yeux ou alors qu'il les ouvre et les referme tout de suite, ou qu'il ne répond plus aux questions », « .. il faut que ce soit une sorte de coma réactif, qu‟il dorme ; s‟il ouvre l‟œil à la stimulation verbale, c‟est limite, pas loin du pas assez, sauf si finalement la situation de détresse est soulagée comme ça ; si c‟est une réponse à une stimulation tactile, c‟est acceptable…je me fie plus à la détente physique et à la non crispation du visage pour dire que le patient est soulagé ». 58 VII. DISCUSSION ________________________________________________________ VII-1 La difficulté du diagnostic de l’anxiété L‟anxiété est un symptôme peu spécifique et polymorphe, difficile à identifier clairement, en particulier lorsque le patient ne peut s‟exprimer verbalement. C‟est un point rapporté fréquemment par les soignants. La situation la plus simple est encore celle où le patient exprime lui-même sont anxiété. Mais les symptômes observés et attribués à l‟anxiété, le patient « pas détendu », « abattu, effondré », « reste au lit sans bouger », « attitude différente », « l‟agitation » et la « crispation », « l‟agressivité », les troubles du sommeil ou les cris, sont extrêmement vagues et peu spécifiques ; d‟où la difficulté de porter ce diagnostic qui se base finalement sur un faisceau d‟arguments très subjectifs. Lorsque le décès du patient semble inévitable, en phase terminale, s‟ajoute un nouvel argument : il n‟est « pas confortable, on ne le sent pas serein » et « il baisse les bras ». Est-ce bien de l‟anxiété ? Les symptômes pourraient aussi bien être attribués à un syndrome dépressif, à une douleur. L‟agitation, beaucoup citée, peut avoir de multiples étiologies comme nous l‟évoquions auparavant, et aussi résulter du traitement anxiolytique lui-même mis en place. Les cris sont-ils une demande de présence ou de « trop plein »? Les signes physiques, tels la dyspnée, les douleurs thoraciques, les vomissements ... pourraient être évocateurs d‟une anxiété , mais sont aussi difficiles à prendre en compte du fait de leur lien avec la maladie ou aux traitements en place. S‟il s‟agit d‟anxiété, quelle en est son importance, sa tolérance pour le patient ? Sa durée et sa cause ? Ces patients polymédicamentés avec des troubles multifactoriels ont des raisons 59 très diverses pour ne pas présenter qu‟une anxiété « isolée », qui pourraient peut être répondre à une prise en charge spécifique. Replacer le patient dans son contexte familial, personnel, social peut permettre de donner du sens à l‟expression d‟une anxiété « isolée ». Lorsque l‟état du patient se dégrade et qu‟il est même proche de la mort, une recherche étiologique bien que difficile et un regard clinique s‟imposent. C‟est le cas, par exemple d‟une absence de substitution intégrale de la voie orale à parentérale, pour un patient présentant des troubles de déglutition, ou lors de sevrage de traitements tel les corticoïdes qui peuvent majorer alors la douleur64. Un diagnostic étiologique le plus précis et le plus précoce possible, est fondamental pour la prise en charge du patient. Il peut peut être évité un enchaînement (voir déchainement ?) thérapeutique inadapté ou bien la majoration de l‟anxiété jusqu‟à en devenir réfractaire. Quelle est la demande du patient ? Souhaite-il être soulagé de cette anxiété qui devient gêne ? Est-ce l‟expression d‟une souffrance plus globale ? Faut-t-il « faire cesser le cri… La précipitation de l‟urgence suture souvent la demande. Elle ne laisse pas au cri le temps de se convertir en mots » et « la tonalité affective qui colorera l‟expression de cette souffrance (angoisse, colère,..) témoigne d‟un sujet souffrant, jamais réductible à son seul symptôme. Car, alors, le souffrant ne serait plus qu‟un objet du « regard clinique ». Dans notre société médicale moderne, « toute douleur devient le signal du besoin d‟intervention extérieure pour l‟étouffer…la civilisation médicale s‟engage à réduire les niveaux de souffrance, en augmentant la dépendance » 65 . L‟anxiété semble pouvoir être assimilée à cette douleur… .VII-2 Que proposer au patient ? Les traitements proposés au patient et l‟évaluation des effets secondaires varient en fonction du stade évolutif de celui-ci et des attentes du soignant. Qu‟en attend le patient ? En attend-il la même chose que les soignants, que la famille ? ________________________ 64 Lichter I, Hunt E. Op.Cit. p. 9 Pillot J. Soulager la douleur : une ligne de crête. Jalmalv 1990 ; 21(juin) 65 60 VII-2.1 L’influence de la proximité de la fin de vie sur les attentes et la tolérance des troubles de vigilance Lorsque le traitement de la maladie est encore envisagé, tant qu‟il y a un projet « de vie », le soignant souhaite que le patient soit combattif, réceptif, autonome, en relation avec le monde extérieur, adhérent au traitement et « doit participer à sa prise en charge ». Ainsi « La parole, le soutien sont tout autant important » que le traitement médicamenteux. « je propose un médicament ou la psychologue », la prescription d‟un « psy », reflétant plus la prise en charge globale du symptôme que l‟introduction d‟un tiers dans la prise en charge du malade66. Le traitement médicamenteux par benzodiazépines proposé est très encadré. Il est prescrit de préférence par voie orale, afin que le patient puisse le moduler lui-même. Les effets secondaires, en particulier ceux sur la vigilance, sont surveillés et non acceptables. Lorsque la guérison n‟est plus envisagée, mais la fin de vie encore éloignée, il y a un flottement, le souhait de privilégier le confort du patient s‟exprime par une plus grande tolérance vis-à-vis de la « non-lucidité » du patient. « quelque fois ce n‟est pas dérangeant [qu‟il soit endormi] », « s‟il est plus détendu, mais un peu trop ensuqué, on laisse le traitement ». Le sommeil, la diminution de la vigilance, sont plus acceptés comme un refuge pour le patient qu‟un effet secondaire du traitement avec ainsi une évaluation aléatoire et subjective. VII-2.2 Le patient serein face à la mort… Lorsque la mort approche et devient inéluctable aux yeux des soignants, les attentes face au traitement de cette anxiété changent encore plus clairement. « il doit être soulagé et il n‟y a plus que ça qui compte », il faut « qu‟il puisse dormir, pas trop penser », « être apaiser », « appréhender cette phase le plus agréablement possible ». Les troubles de vigilance sont tolérés, sinon acceptés ou recherchés « c‟est le prix à payer pour l‟anxiolyse », « ils sont acceptables dans le sens où le traitement à un but de soulager… » _________________________ 66 Brocq H, Mignot G, Frenandez H. Prendre en charge des patients cancéreux en fin de vie : éléments d‟une réflexion pluridisciplinaire. Objectif soins. Le cahier du management 1999 ; 74 :10-2 61 Sommes-nous dans le traitement de l‟anxiété ou souhaitons-nous traiter autre chose ? Les soignants quotidiennement confrontés aux angoisses en lien avec la fin de vie, « sont livrées à eux-mêmes face aux turbulences douloureuses de la contagion émotionnelle »67. Comme le précisait un soignant, « on peut être peu regardant quant aux troubles de vigilance et confondre anxiolyse et sédation », parce qu‟il y a « la souffrance de l‟équipe » et « nous sommes en situation d‟échec ». Comme le dit H.Brocq, « le médecin, après une lutte sans merci à ses côtés contre la maladie, baisse les bras et s‟avoue directement ou indirectement vaincu. D‟ailleurs pour M.Derzelle, le « fantasme de la bonne mort, sans cachexie, sans râles, sans douleur, n‟est jamais qu‟une énième métaphore du déni de la mort sous la forme du déni de la violence », et cette « représentation de fin de vie dépourvue de violence peut être culpabilisante pour les familles et les soignants lorsqu‟elle est promue au rang d‟idéal normatif ». Finalement, le patient attendant sa fin de vie de manière apaisée, sereine, rappelle étrangement la représentation du mort comme gisant sommeillant au moyen âge ; la mort comme un éternel sommeil. Nous nous retrouvons dans « Cette douceur presque cotonneuse, probablement conforme à notre désir, venant combler l‟angoisse, culmine en une mort qui est endormissement…Esthétisme de la « belle mort » assumée, préparée, totalement consciente et surtout inconsciente, où se profile l‟idée douce d‟accompagnement, derniers jours entourés, respectés, sereins… »68. Dans un autre contexte, un soignant évoquait le fait que lorsque le patient dort, il pourrait alors s‟occuper plus des familles. Comme si le fait de ne plus pouvoir « sauver le patient » était substitué par le souci de pouvoir continuer à « faire ». VII-2.3 Le « double effet »… Face au patient fragile avec des défaillances multiples, plus fatigué, les troubles de vigilance sont alors tolérés comme résultat du « double effet ». Ils s‟installent déjà « avec des doses plus faibles », et sont pour ainsi dire inévitables ou même secondaires à autre chose que le traitement instauré. _________________________ 67 Brocq H. Le groupe Ressource: une démarche d'accompagnement dans le cadre des soins palliatifs. Med Pal 2002; 1 : 95-102 68 Derzelle M. Palliativement correct. Annales Médico-Psychologiques 2004 ; 162 : 290-296 62 Tout ceci peut permettre de tolérer des troubles de vigilance par les soignants, peut être secondaires au traitement anxiolytique et contribuer à une confusion entre anxiolyse et sédation « intentionnelle ». VII-3 Peut-on maintenir un traitement à but anxiolytique malgré l’apparition d’effets secondaires ? Si oui, lesquels ? Le traitement anxiolytique évoqué par les soignants concerne toujours un traitement par benzodiazépines, et par midazolam en phase terminale. En dehors des troubles de vigilance, les autres effets secondaires, plus rares, semblent peu connus comme les réactions paradoxales d‟agitation et les troubles du comportement. Les troubles de vigilance sont-ils tolérables et jusqu‟à quel degré ? Sont-ils dus au traitement, anxiolytique en particulier, où à d‟autres facteurs liés à l‟évolution de la maladie, aux autres traitements… ? Face à l‟inquiétude de réémergence du symptôme lié aux diminutions de posologie du traitement, du fait des troubles de vigilance, sommes-nous dans une situation de double-effet, qui oblige alors à admettre qu‟il existe aucun autre traitement susceptible de soulager l‟anxiété ? Ou sommes-nous déjà dans le cadre d‟une sédation, « douce » comme la définit Morita 69, c'est-à-dire l‟utilisation de psychotropes avec l‟intention d‟autoriser la présence d‟une somnolence ? Le symptôme réfractaire se défini comme un symptôme insupportable pour le patient, ne répondant à aucune thérapeutique sans compromettre la conscience de celui-ci. Quand sommes-nous dans une situation d‟une anxiété « réfractaire », ne pouvant être soulagée qu‟au détriment de l‟apparition des troubles de vigilance associés ? En l‟absence de réévaluation du et des traitements, d‟une remise en question du symptôme et ________________________________ 69 Morita T, Akechi T, Sugawara Y, Chihara S, Uchitomi Y. Practices and attitudes of japanese oncologists and palliative care physicians concerning terminal sedation. J Clin Onco 2002 ; 20(3):624-626. 63 de son sens pour le patient, d‟une surveillance systématique de l‟apparition d‟effets adverses et de leur sévérité, cette distinction autour de la problématique du caractère difficile ou réfractaire ne sera jamais faite. Par conséquent, la réflexion sur la nécessité ou non de mettre en place une sédation ne peut émerger. Sédation dans le cadre d‟un symptôme psychique considérée par ailleurs dans les recommandations nationales et internationales comme exceptionnelle et nécessitant une réévaluation fréquente et rapprochée70. La question autour de l‟obstination raisonnable face au maintien d‟un traitement anxiolytique avec apparition de troubles de vigilance, peut naturellement se poser. En soins palliatifs, ce traitement est-il à considérer comme « un traitement inutile ou disproportionné » selon la loi du 22 avril 2005 ? Seul le patient connaît le degré de sa souffrance et l‟intensité de son anxiété qu‟il est prêt à accepter en lien avec les effets secondaires de ses traitements. Tout ces éléments devraient être abordés avec le patient et sa famille au décours de discussions régulières, il semble que ce ne soit pas toujours facile. Cette échange répété est d‟autant plus important que la sévérité de la souffrance émotionnelle, dont l‟anxiété peut faire partie, peut être très fluctuante dans le temps71 et peut être ne pas ou ne plus relever d‟un traitement médicamenteux. .VII-4 La molécule de toutes les vertus ? Le patient en phase terminale reçoit presque exclusivement comme traitement anxiolytique du midazolam, » parce que la voie orale est souvent impossible », mais aussi « parce qu‟il est très efficace, maniable ». Il peut être important de maintenir la prise orale, même en sublingual, de molécules de courte durée d‟action comme le lorazepam, l‟alprazolam ou l‟oxazepam, conseillés dans l‟anxiété en fin de vie72. Ceci peut permettre au patient de rester acteur le plus longtemps possible. ______________________________ 70 Cherny NI, Radbruch L. European Association for Palliative Care (EAPC) recommanded framework for the use of sedation in palliative care. Palliative Medecine 2009. 23(7): 581-593 71 Ibid.p 6 72 Brody H, Campbell ML, Faber-Langendoen K, Ogle KS. Withdrawing intensive lifesustaining treatmentrecommendations for compassionate clinical management. N Engl JMed 1997; 336(9):652-657. 64 Peut-on utiliser d‟autres molécules lorsque l‟on constate une altération de la vigilance ou en fonction de l‟étiologie du symptôme visé ? Les benzodiazépines peuvent aussi aggraver une anxiété dans le cadre d‟un syndrome confusionnel. Les neuroleptiques comme l‟haloperidol, aussi moins sédatif, sont conseillés lorsque les benzodiazépines ne contrôlent pas / plus suffisamment les symptômes. Les mesures d‟accompagnement comme le soutien par la parole, la relaxation, les techniques de distraction, le toucher, la modification de l‟environnement par la musique (par exemple), la réduction de la lumière et du bruit peuvent être très aidants73. Le fait que la même molécule ait plusieurs effets dont l‟un, les troubles de vigilance, sont à un moment un effet secondaire et à un autre moment un effet souhaité, peut prêter à confusion, surtout quand le traitement est déjà en place. Certains soignants constatent qu‟ « au départ, le patient reçoit un traitement contre l‟anxiété avec un résultat de sédation au final ». « Ainsi, lorsque la personne se dégrade et l‟anxiété se majore, on peut progressivement augmenter les doses jusqu‟à sédation… ». Comme si le fait d‟avoir déjà la molécule en place permettait de « profiter » de ses effets secondaires sans devoir passer par le questionnement de l‟intention ; effet de « glissade » consciente ou non? Ceci peut prêter d‟autant plus à confusion que la proposition d‟une « anxiolyse nocturne », ayant comme but déclaré de faire dormir, est qualifié d‟anxiolyse et non de sédation nocturne. Le patient dans le souci de le préserver, n‟est pas toujours impliqué dans cette décision. La différence entre anxiolyse et sédation basée sur la posologie administrée est mise en avant. Dans la littérature74,75, on ne peut pas prédire l‟effet sur la conscience du produit, la posologie peut varier d‟un rapport de 1 à 10. Effectivement, l‟effet anxiolytique précède théoriquement l‟effet sédatif, mais chez certains ____________________________ 73 Ibid. p.653 Lecomte D. Utilisation du midazolam en unite de soins palliatives. Infokara septembre 1996 ; (43) 75 Blanchet V, Viallard M-L, Aubry R. Op.Cit. p. 64 74 65 patients fragiles, on peut observer une quasi concomitance de ces effets à des doses très faibles ; où à l‟inverse une tolérance à des doses très importantes. La posologie anxiolytique et sédative est donc très variable et non extrapolable. Pratiquer des injections-tests permettant au malade et à l‟équipe d‟évaluer l‟effet du midazolam pourrait être une étape utile avant de poser une perfusion continue. Dans le cadre de l‟anxiolyse, Lecomte précise que « c‟est lorsque le soulagement des symptômes s‟accompagne d‟une dégradation de la qualité relationnelle que l‟indication est à réévaluer ». Dans le cadre d‟une sédation, M-S. Richard conseille « si le symptôme pénible s‟amende, il n‟y a pas lieu de renouveler les drogues sédatives »76. Ce principe ne peut-il pas aussi être appliqué à l‟anxiolyse, d‟autant plus que l‟anxiété peut être très fluctuante ? Les soignants décrivent des pratiques très variables d‟administration de la molécule sans protocole bien défini. Des repères plus précis pourraient –ils être aidants ? De même, « le midazolam possède un effet amnésiant intéressant. La malade, se souvenant peu du soin effectué, l‟appréhende moins par la suite »77, ce qui peut éviter une administration systématique. VII-5 Qu’est-ce que la sédation ? Le pas entre anxiolyse et sédation est facile à franchir, d‟autant plus que le but et les indications de celle-ci sont floues et elle est assimilée à une anxiolyse par certains soignants. VII-5.1 Une anxiolyse souvent … Le but recherché de la sédation est pour la plupart « l‟endormissement », c'est-à-dire l‟obtention des troubles de vigilance ne permettant plus à priori la communication avec le patient. Mais la confusion demeure, car cette endormissement à visé anxiolytique qui peut même __________________________ 76 Richard MS. Faire dormir les malades. Cahiers Laennec 1993; 41(5):2-7. Ibid.p.3 77 66 glisser en sédation, conséquence d‟une anxiolyse efficace pour certains, n‟est pas remis en cause, et peut même n‟être considéré « que » comme une question de « vocabulaire » pour un soignant. VII-5.2 Surtout profonde dans des situations de détresse aigue… Provoquer des troubles de vigilance dans le cadre d‟une sédation est surtout associé à des situations de détresse aigu comme la détresse respiratoire ou l‟hémorragie cataclysmique principalement en phase terminale, avec le décès du patient. Une sédation profonde est recherchée, avec peut être un doute sur le risque de précipiter la mort, comme peut le laisser entendre cette remarque « …on souhaite que cela se passe dans les meilleures conditions possibles, sachant qu‟il n‟y a pas d‟issu de toute façon… ». Dans cette vision d‟une sédation toujours profonde, avec « un patient dans un coma réactif à une stimulation tactile », les troubles de vigilance induit par un traitement anxiolytique dont la profondeur n‟est pas évaluée, peuvent laisser supposer que l‟on est dans deux domaines distincts. La SFAP78 recommande effectivement une sédation de profondeur Rudkin 4, mais cite comme référence dans sa version longue en 2004 : « l‟efficacité du midazolam est appréciée par “ la sérénité ” obtenue ou plus précisément, en tenant compte du soulagement des symptômes, de l‟existence d‟un endormissement ainsi que de sa durée, du niveau de réactivité (aux stimuli verbaux et/ou tactiles), du maintien d‟une communication, verbale ou non verbale ». MS.Richard propose « d‟adapter la profondeur et la durée du sommeil à la situation du malade »79 et Verspieren80 pose comme exigence éthique que « la profondeur du sommeil induit ou le degré d‟inconscience soient adaptés aux nécessités du soulagement de la souffrance, de manière à ne pas faire obstacle sans raison suffisante au maintien d‟une activité psychique du malade et à la communication infra-verbale ». Peut-on distinguer l‟anxiolyse avec troubles de vigilance et sédation « douce » ? __________________________ 78 SFAP. Op.Cit. p.29 Richard M-S. Faire dormir les malades.Op.Cit.p.7 80 Verspieren P. Profondeur et durée du sommeil induit. Cahiers Laênnec 1993 ; 41(5):7-10 79 67 VII-5.3 La souffrance morale et l’agonie Les autres indications sont pour beaucoup de soignants « la souffrance intolérable du patient » et la fin de vie en elle –même « ils sont conscients qu‟ils vont s‟en aller et ne veulent pas être conscient à ce moment là… » ou lorsqu‟on pense que « ça va aller de moins en moins bien ». Ces indications donnés par les soignants font penser comme le dit J.Pillot que « le fait d‟avoir « un savoir » sur le destin du malade complique notre relation et nous risquons, en ne le considérant plus que comme quelqu‟un marqué par le sceau de la mort, de ne plus percevoir la complexité de ce qui l‟habite », alors que « l‟expression de la souffrance sera plus appel à témoin qu‟appel à sédation »81. Ainsi, les soignants situent la sédation principalement en phase terminale, ou même « les tous derniers jours, les derniers moments », et la plupart du temps jusqu‟au décès. La notion théorique d‟une sédation transitoire, en phase palliative, existe chez certains, mais reste très exceptionnel. Par ailleurs, l‟agonie, dont il semble s‟agir pour certains soignants, se traite-t-elle ? Nous avions vu qu‟en phase agonique, le patient est inconscient et n‟a plus de manifestations émotionnelles ni de perceptions et nécessite surtout une présence humaine. La différenciation avec la phase pré-agonique n‟est pas toujours aisée. Mais il est possible que dans cette période terminale, « cet abîme ouvert par la mort d‟autrui proclame la condition humaine, ses limites insupportables, son absurdité… ne pas „moduler‟ l‟agonie ou proposer des traitements de fin de vie permet de garder cette question pendante au cœur de notre monde : quel sens pouvons nous créer ensemble et comment œuvrer comme homme ? »82 VII-5.4 Le symptôme réfractaire L‟indication de sédation pour un symptôme réfractaire dans le sens d‟un symptôme qui ne répond pas à un traitement sans compromettre la conscience du patient, n‟est évoquée par aucun soignant alors que c‟est cette interrogation qui permettrait comme nous l‟avons vu de __________________________ 81 Pillot J.Aspect psychorelationnels de la fin de vie.Op.Cit. p.1057-1058 Marin I. Traiter l‟agonie ? Esprit 1992 ;(jan):91-97 82 68 resituer et réévaluer le traitement anxiolytique avec le patient. VII-6 Parler de sédation au patient et à la famille ? L‟importance de l‟anticipation, la discussion avec le patient et la famille, la réflexion collégiale autour de la décision de sédation sont évoquées par la plupart des soignants. Mais ces derniers mettent en avant également leur difficulté en pratique de ne pas pouvoir anticiper des situations aigues, ou de vouloir faire rapidement ce « que je souhaiterais qu‟on fasse pour moi ». Ils ne veulent pas inquiéter patient et famille pour un risque théorique qui pourrait ne pas survenir, et souhaitent au contraire soulager « les souffrances et rapidement », « et quand il ne peut plus décider pour lui, je le fais pour lui ». Ceci indique bien la nécessité de réflexion autour de la position du soignant, de l‟entourage et du patient : Les soignants et l‟entourage ne ressentent-ils pas parfois un inconfort du patient supérieur à celui du malade83 ? Cette question peut aussi se poser dans le cadre de l‟évaluation de l‟anxiété. L‟anticipation, même de situations théoriques non encore vécus peut être nécessaire, car « une telle discussion [avec le patient] peut s‟avérer très apaisante et non anxiogène (comme certains le pensent) »84. Nous retrouvons aussi ce que constate Rietjens85, que « la décision du praticien de pratiquer une sédation profonde continue se construit entre les intérêts du patient et les sentiments personnels, comme l‟empathie et la compréhension « profonde » de la souffrance du patient. Selon Morita86, la décision du soignant est influencée par son vécu personnel, comme sa religion, spécialité, sa confiance dans la maîtrise du symptôme, son expérience face à la fin de vie et son degré de surmenage ». _______________________________ 83 Richard M-S. La sédation en fin de vie. Laennec 2001 ; 10(6) : 12-16 Richard M-S. Op.Cit.p.3 85 Rietjens JA, Buiting HM, Pasman HR, et al. Deciding about continuous deep sedation : physicians‟ perspectives : a focus group study. Palliat Med.2009; 23(5) : 410-7. 86 Morita T, Akechi T, Sugawara Y, Chihara S, Uchitomi Y.Op.Cit.p.758 84 69 VII-7 Anxiolyse – sédation – euthanasie Pourquoi semble-t-il être plus difficile de provoquer des troubles de vigilance chez un patient en dehors d‟une détresse aigue que de les accepter comme effet secondaire ? Comme l‟évoque un soignant, « c‟est difficile de parler aux gens de sédation…ils ne se rendent pas compte de l‟aboutissement de la sédation, cela nous met mal à l‟aise, le but n‟est pas d‟angoisser la personne ». Mais quel est donc l‟aboutissement de la sédation pour le soignant ? Cela sous-tend-il de rendre le patient inconscient ou plutôt de provoquer son décès ? Finalement pour le patient d‟être mort « symboliquement » dès la mise en place du traitement ? Ou est-ce plutôt la difficulté de parler de cette mort à venir ? Ce qui différencie clairement la sédation de l‟euthanasie, c‟est sa réversibilité, en plus de la clarification de l‟intention et de la poursuite de l‟accompagnement et du soin. La réflexion sur la réversibilité et l‟adaptation de la profondeur d‟une sédation est essentielle pour le patient, son entourage et le soignant. Dans le cas de troubles de vigilance comme effets secondaires, toute cette réflexion est absente et impose le statu quo. Se pose aussi le problème du double-effet. Il est important que le patient et la famille puissent avoir des informations claires à ce sujet pour ne pas avoir le doute de l‟euthanasie, ce qui est une entreprise difficile dans un moment de stress émotionnel intense 87. Il semble difficile pour le soignant de garder à l‟esprit le principe de réversibilité, les situations de détresse aigue aboutissant au décès en général. Une mise en parole régulière semble alors nécessaire. _______________________. 87 Barreth A, Fainsinger R, Oneschuk D, Pritchard Z. The challenge of communicating intent of sedation in advanced illness. J Palliat Care 2003 ;19(3) :217-9 70 VII-8 Le protocole et la surveillance de la profondeur de la sédation Le protocole de titration du midazolam et de maintien du traitement dans le cadre de la sédation est parfaitement connu par la plupart des médecins. Les infirmières gardent la notion de proportionnalité dose / effet, avec un traitement de fond et des bolus, similaire à ce qu‟elles font dans le cadre de l‟anxiolyse. Cette similitude peut-elle ajouter à la confusion, surtout en l‟absence de protocole clair d‟anxiolyse ? La surveillance de la vigilance n‟est pas déterminée clairement ni même l‟outil éventuel d‟évaluation, bien que reconnu utile en particulier pour éviter le réveil « pour qu‟il ne se réveille pas avec une gêne à nouveau ». C‟est d‟ailleurs ce même argument qui est aussi avancé lors de l‟évaluation du traitement anxiolytique face à des troubles de vigilance ; le traitement ayant pour but de soulager une souffrance ou angoisse supposée ou potentielle. VII-9 Provoquer des troubles de vigilance… Que signifie provoquer une baisse de la vigilance ou même une perte de conscience, sur le plan psychique et relationnel88 ? Ne peut-on pas se poser la même question quand elles sont le résultat de l‟effet secondaire d‟un traitement, donc non intentionnelles ? Est-ce acceptable de priver le patient de sa capacité de communiquer et donc de décider de ses capacités de relation à autrui dans un état de totale vulnérabilité ? Le maintien de la vie relationnelle n‟est-elle pas une des bases de l‟accompagnement ? Comment au-delà de l‟apparence paisible du patient, peut-on évaluer si la technique est réellement efficace, le patient soulagé ? « La conscience est-elle altérée au point que le trouble ayant justifié la sédation n‟est plus perçu ? Le malade n‟est-il pas condamné à une situation pire encore ?...la sédation permet-elle au malade de ne pas acquérir l‟information ou __________________________ 88 Aubry R, Blancet V, Viallard M-L. La sédation pour détresse chez l‟adulte dans des situations spécifiques et complexes. Medecine palliative-Soins de support-Accompagnement-Ethique 2010 ; 9 : 71-79 71 simplement de ne pas se souvenir de son acquisition ? »89 Question tout aussi pertinente face à des troubles de vigilance non intentionnels dont l‟origine médicamenteuse peut être difficile à évaluer, d‟autant plus que le décès est proche où qu‟ils constituent en eux même un indice de la proximité de celui-ci90. Ce questionnement se pose particulièrement pour le « sommeil continu, jusqu‟à la mort …l‟endormissement pour une brève durée, s‟il correspond à des indications précises, ne soulève aucune difficulté d‟ordre éthique », certains patients faisant un réel travail psychologique pendant le sommeil. A chaque réveil, ils expriment un état psychique différent »91. Que signifient les troubles de vigilance pour la famille et les soignants ? Les soignants expriment souvent une grande souffrance face à ce patient « délibérément endormi qui communique si peu »92. « La famille est en général contente » ou même comme le rapportait un soignant, « le fait que la personne est inconsciente, diminue les angoisses de la famille ». Cette dernière peut parfois acquiescer pour satisfaire et soutenir la position du soignant, plutôt que la leur 93. Brajman constate94 que la famille peut exprimer des sentiments ambivalents, souhaitant le soulagement du patient, mais souffrant voir reprochant le manque de communication avec leur proche ; cette communication devenant même encore plus importante à mesure que le décès approche. L‟entourage s‟interroge sur les effets des traitements, sur l‟état du patient et la précipitation éventuelle du décès. Outre le dialogue avec le patient, l‟implication et la prise en compte familiales, les échanges avec les soignants sont essentiels dans toute décision thérapeutique pouvant compromettre la vigilance du patient. ___________________________ 89 Salamagne M, Pourchet S.Euthanasie et sédation: de la maîtrise à la compréhension. La lettre de l'Espace éthique 1999; 86 (9-10-11). 90 Tzen-Pelard M-C, Picard S, Lassaunière JM. Evaluation de la vigilance chez des patients cancéreux hospitalisés en unités de soins palliatifs. Etude longitudinale. Med Pal 2007; 6 : 315-320 91 Richard M-S. Op.Cit.p.6 92 Verspieren P. Op.Cit.p.9 93 Barreth A, Fainsinger R, Oneschuk D, Pritchard Z.Op.Cit.p.218 94 Brajtman S.The impact on the family of terminal restlessness and its management. Palliat Med.3003 Jul ; 17(5) :454-60 72 VIII. PROPOSITIONS ________________________________________________________ Mieux connaître et réfléchir ensemble, mieux comprendre la situation du patient d‟une part, utiliser des outils d‟évaluation au quotidien et des protocoles précis pour l‟anxiolyse et la sédation d‟autre part et finalement réfléchir sur l‟utilisation de deux molécules distinctes pour l‟anxiolyse et la sédation peuvent être des propositions pour aider à la clarification des situations nécessitant une anxiolyse ou une sédation. VIII-1 Des formations et groupes de réflexion à mettre en place VIII-1.1 Des formations existantes à développer au sein de l’hôpital 1.1.1 Depuis 2008, il existe au sein du CHBA une initiation aux soins palliatifs de 4 jours dispensée par les membres de l‟équipe mobile de soins palliatifs et des soignants ayant une formation dans ce domaine. Elle n‟est pas encore ouverte à l‟ensemble du personnel de l‟hôpital, ce qui retarde la diffusion de la « culture palliative ». Une approche plus précise sur l‟anxiété et la sédation en soins palliatifs pourrait y être proposé. Un chapitre sur la phase terminale et l‟agonie semble nécessaire. Mais les soignants assistent une seule fois à cette formation et tout ceux d‟un même service n‟y participent pas. Elle se veut généraliste et ne peut pas entrer dans le détail des prises en charge. 1.1.2 L‟EMSP a initié cette année une information sur la loi « Léonetti » proposée dans un premier temps au pôle gériatrique et dont la diffusion va être élargie à l‟ensemble du personnel de l‟hôpital. 1.1.3 Dans le cadre des formations dispensées aux internes des hôpitaux par les EMSP en Bretagne, un chapitre pourrait également prévoir ces problématiques. 73 VIII-1.2 Des groupes de réflexion au sein des services C‟est au sein des services mêmes qui prennent en charge des patients en fin de vie, et en premier lieu le service d‟oncologie avec ses lits identifiés qu‟une rencontre régulière pour une réflexion autour de l‟anxiété et l‟anxiolyse, la sédation , la souffrance , l‟agonie, le processus naturel du mourir, mais aussi l‟accompagnement du patient et des familles pourrait être initiée et animée par l‟EMSP. Il semble intéressant d‟y intégrer tous les soignants et de prévoir cette rencontre à un rythme régulier 1-2 fois par an afin de faire participer sans tarder les nouveaux arrivants , permettant ainsi des échanges d‟idées et de difficultés, des réflexions sur des protocoles, des discussions à propos des évaluations des symptômes sur les thèmes de l‟anxiété, anxiolyse et sédation. Ces réunions permettront aussi de rappeler que toute prise en charge peut s‟articuler autour des garde-fous indispensables (B. Devalois) que sont les questions « de quoi parle-ton, que fait-on et pourquoi, pour qui, comment le fait-on et dans quel contexte ». VIII-2 Organiser des groupes de parole pour les soignants Comme nous l‟avons vu, l‟accompagnement des patients en fin de vie confronte les soignants a des situations émotionnelles difficiles car liées à l‟angoisse de mort. L‟accompagnement qui consiste à soutenir le désir de vivre de quelqu‟un qui va mourir est mis à mal, car ces équipes ne bénéficient pas d‟un dispositif pour « penser » les angoisses en lien avec la fin de vie95. La contagion émotionnelle, le refuge dans le traitement médical qui sert d‟unique vecteur quand on ne trouve plus de sens, la projection et l‟identification sont autant de signes de souffrance de l‟équipe qui érodent la croyance du soignant en sa capacité à soigner efficacement et qui compromettent cet accompagnement. L‟aide à l‟équipe à prendre de la distance en différenciant ses émotions de celle du patient et a comprendre les processus psychologiques impliqués de part et d‟autre est une aide également au patient, car celui-ci a besoin de « trouver dans son milieu de vie une réassurance affective qui lui permette de pallier sa sécurité de base défaillante »96. Il a besoin de l‟autre pour organiser sa vie psychique ______________________________ 95 96 Brocq H.Le groupe ressource. Op.Cit. p95-96 Brocq H, Mignot G, Frenandez H. Prendre en charge des patients cancéreux en fin de vie.Op.Cit.p.11 74 et si cet étayage devient défaillant, l‟angoisse surgit. L‟organisation de groupes de paroles réguliers semble ainsi un élément important afin de faciliter l‟appréciation de l‟anxiété du patient. VIII-3 Utiliser des outils d’évaluation VIII-3.1 Des échelles d’évaluation de l’anxiété et de son intensité Nous avons vu combien le symptôme anxieux manque de spécificité et peut être sur et sousestimé. Des échelles d‟auto-évaluation peuvent être utilisées comme l‟HADS (annexe 3), permettant un diagnostic positif de la souffrance psychologique, dont l‟anxiété et un suivi de son évolution dans le temps. Ceci permet une approche plus précoce et pertinente ainsi qu‟un suivi continu au cours de l‟évolution de la maladie si cette évaluation est faite de façon régulière. Elle permet de poser un cadre autour du symptôme et par la même autour du traitement. Lorsque cette auto-évaluation n‟est plus possible du fait de l‟asthénie ou des troubles cognitifs du patient, des échelles d‟hétéro-évaluation comme l‟échelle de COVI (annexe 4) existent. Mais ces échelles semblent peu adaptées à des situations polysymptomatiques de fin de vie. Par contre tant que cela est possible pour le patient, la mesure de l‟intensité de l‟anxiété par une échelle EVA, EN ou EVS, avant et après mise en place d‟une prise en charge, peut guider celle-ci de manière plus objective et permet de juger de l‟efficacité du traitement anxiolytique mis en place. VIII-3.2 L’évaluation de la vigilance C‟est l‟évaluation systématique de la vigilance précédant et accompagnant un traitement anxiolytique qui aidera à juger de l‟apparition de troubles de vigilance et de leur évolution par rapport à l‟instauration, le maintien ou la modification du traitement. Cette documentation objective permettra de questionner l‟intention du traitement anxiolytique 75 lorsque les troubles de la vigilance apparaissent ou s‟accentuent. Une surveillance objective systématique biquotidienne est recommandée pour évaluer l‟efficacité d‟une sédation, le maintien ou l‟adaptation de la profondeur choisie et surveiller sa proportionnalité par rapport aux charges physiques et psychologiques pour le patient et son entourage. L’échelle de Rudkin (annexe 5) validée et recommandée dans la sédation semble adaptée de façon générale au suivre de la vigilance des patients en fin de vie. Elle pourrait être utilisée de manière générale de façon biquotidienne, et en particulier dans le cadre d’une sédation et d’une anxiolyse. VIII-4 Des protocoles à proposer Il semble important de proposer aux soignants des protocoles concernant l‟anxiolyse et la sédation pour donner un cadre guidant la réflexion et se basant sur des recommandations officielles. - Il peut être utile de différencier le protocole de l’anxiolyse de celui d‟une sédation nocturne pour souligner la différenciation entre troubles de vigilance recherchée ou non. De même, la proposition de la surveillance de l’intensité du symptôme avant et après traitement ainsi que la surveillance de la profondeur de la sédation nocturne recherchée au moins à l‟initiation du traitement peuvent être utiles. Un rappel des effets secondaires du midazolam, dont certains sont peu connus, peut être nécessaire. Des protocoles élaborées par d’autres équipes existent et peuvent être retravaillés dans ce sens comme cela est proposé en annexe 10 et 11. - Un protocole de sédation avec ses indications basées sur les recommandations 2009 de la SFAP (annexe 7) pourrait être précédé par un chapitre sur les conditions préalables (annexe 6) et la procédure collégiale à respecter avant toute prescription. 76 VIII-5 Une fiche de surveillance de l’utilisation du midazolam Suite à l‟EPP de 2008 sur l‟« utilisation du midazolam en sédation dans l‟unité d‟oncologie du CHBA pour les patients relevant de soins palliatifs » une fiche de « décision et de suivi d‟une sédation » a été mise en place par l‟EMSP (annexe 9) pour essayer de clarifier et formaliser cette prise de décision. Mais cette fiche n‟aide pas à différencier l‟utilisation du midazolam dans le cadre d‟une anxiolyse ou d‟une sédation. Une « fiche de surveillance journalière de l’utilisation du midazolam » (annexe 12), précisant son indication, sa posologie, son mode d‟administration et les paramètres de surveillance (le symptôme visé, l‟intensité de l‟anxiété, la surveillance de la vigilance) peut être proposée. Ce suivi pourrait inciter à une réévaluation de l‟intention et du symptôme en fonction de l‟évolution des critères de surveillance. VIII-6 Nouvelle EPP avant et après mise en place des propositions Une réévaluation des dossiers de 2009 dans le cadre de cet EPP doit être réalisée cette année. Une introduction de cette « fiche de surveillance journalière de l‟utilisation du midazolam » en 2010 avec une nouvelle réévaluation permettrait d‟analyser son impact sur l‟évolution des pratiques. VIII-7 Réflexion autour de l’utilisation d’une molécule autre que le midazolam pour l’anxiolyse La confusion entre anxiolyse et sédation est en partie entretenue par l‟utilisation de la même molécule en cas d‟administration parentérale avec souvent un passage « naturel » de l‟un à l‟autre sans réévaluation ou questionnement de l‟intention. De même, son utilisation très fréquente en fin de vie lui confère une connotation inappropriée de garant d‟une mort « sereine » laissant la porte ouverte à toutes les interprétations. 77 Une réflexion autour de la recommandation d‟une molécule autre que le midazolam dans le cadre d‟une anxiolyse parentérale et l‟utilisation du midazolam préférentiellement dans le cadre de la sédation semble utile. La possibilité de la poursuite d‟une administration entérale d‟un traitement anxiolytique aussi longtemps que possible, même en sub-lingual et en phase terminale, doit être souligné, ceci permettant de plus une implication active du patient et une réévaluation du symptôme si ce traitement semble inefficace à fortes doses. VIII-8 Travail en commun avec tous les acteurs en soins palliatifs sur le plan régional Une réflexion sur le plan régional dans le cadre des dispositifs déjà en place entre les EMSP et les acteurs de soins palliatifs sur cette problématique et l‟analyse de l‟approche proposée peut élargir le champ d‟action. 78 IX. CONCLUSION ________________________________________________________ Au terme de ce travail et compte tenu de l‟analyse des 7 entretiens semi-directifs auprès des médecins et infirmières du service d‟oncologie du CHBA, l‟hypothèse qu‟il y a confusion dans certaines situations en phase terminale entre anxiolyse et sédation parce qu‟il existe une difficulté à identifier clairement l‟anxiété en phase terminale se confirme. Mais cette difficulté existe de manière générale et particulièrement lorsque le patient ne s‟exprime pas ou ne peut s‟exprimer lui-même clairement à ce sujet. Le risque étant de sous-évaluer, mais surtout de surévaluer l‟incidence de l‟anxiété et de définir comme telle des symptômes qui n‟en sont pas forcément comme l‟agitation, les cris, la confusion, et la souffrance morale et existentielle et de proposer ainsi une approche inappropriée. Par ailleurs, l‟évaluation de la gêne ou du souhait de prise en charge de cette anxiété est par beaucoup influencée par les projections et valeurs personnelles du soignants, surtout en phase terminale et lorsque le patient ne s‟exprime (plus) à ce sujet. L‟hypothèse d‟une confusion des protocoles de traitement pour l‟anxiété et la sédation avec la même molécule et l‟absence d‟évaluation du traitement se confirme en partie : Le protocole de sédation est bien connu et bien différencié de l‟anxiolyse en particulier par les médecins prescripteurs. Mais l‟utilisation de bolus et de l‟administration continue dans les deux indications avec la même molécule sans protocole identifiable, en particulier pour les infirmières, prête à confusion, la différenciation étant établie par certains soignants sur l‟importance des doses utilisés plus que sur l‟apparition de troubles de vigilance. C‟est surtout la banalisation et l‟interprétation des troubles de vigilance comme effet secondaire acceptable, en partie lié à la fin de vie et ainsi non surveillé de manière objective, qui est un des éléments de la confusion. Cette interprétation conduit à l‟absence de réflexion sur la nécessaire réévaluation d‟un traitement pouvant être impliqué dans ces troubles de vigilance. Cette absence de réévaluation du symptôme et du traitement dans le temps, particulièrement en phase terminale, avec un maintien de celui-ci comme dans une maladie chronique bien 79 équilibrée par un traitement, augmente le risque d‟apparition d‟effets secondaires « inutiles ». La qualification par beaucoup de soignant de la sédation comme étant une anxiolyse ne peut que rajouter à cette tolérance des troubles de vigilance dans le cadre d‟une anxiolyse, et la transition avec des troubles de vigilance finalement recherchés devient facile. L‟utilisation de la même molécule dont l‟effet sédatif est une fois non recherché mais potentiellement possible, de l‟autre recherché mais à des degrés variables, ajoute à cette confusion, surtout lorsque les indications et le but recherché ne sont pas clairement définis et encadrés, puis redéfinis lorsque les indications changent alors que le traitement est déjà en cours. La connotation de molécule de la fin de vie et de molécule de toutes les vertus attribuée au midazolam comme l‟indique son nom, « Hypno-well, le bon sommeil », n‟aide pas une utilisation centrée sur les souhaits du patient. L‟hypothèse d‟une méconnaissance des indications et de la surveillance de la sédation en phase terminale pour symptôme réfractaire se confirme également. La notion de symptôme réfractaire selon la définition des recommandations de la SFAP n‟est pas connue. Ainsi, il manque un élément essentiel à la réflexion sur la tolérance des troubles de la vigilance dans le cadre d‟une anxiolyse et de sa requalification en sédation. De même la nécessité d‟une recherche autant que possible d‟un autre traitement du symptôme ayant moins d‟effets sur la vigilance n‟est pas connu, même si ceux-ci peuvent effectivement être multifactoriels. Il existe par ailleurs une méconnaissance des indications de la sédation et de la possibilité d‟une profondeur de sédation variable, ainsi qu‟une absence de surveillance objective codifiée de la sédation. Les signes de l‟agonie comme processus naturel de la fin de vie, nécessitant plus un accompagnement qu‟un traitement, sont mal connus par certains et interprétés comme souffrance du patient. L‟analyse de la demande du patient, qui est souvent une demande de soulagement du symptôme sans souhait « d‟inconscience » est difficile au quotidien. Les soignants associent la sédation principalement aux situations de détresse aigue auxquels 80 ils sont confrontés très régulièrement. La nécessité de la même démarche de réflexion possible et nécessaire dans d‟autres indications et de la délicate réflexion indispensable pour une indication dans le cadre d‟une souffrance morale est peu réalisée en pratique, même si cela est connu sur le plan théorique par certains. La non-indication à priori d‟une sédation pour détresse émotionnelle de l‟entourage plus que pour le patient ne semble pas si évidente en pratique quotidienne. En découlent des propositions de formations, de mise en place d‟outils de surveillance et de protocole, une proposition de réflexion sur l‟utilisation d‟une autre molécule que le midazolam pour l‟anxiolyse, d‟outils d‟évaluation et de suivi à utiliser au quotidien, mais aussi de groupe de parole et de réflexions réguliers pour tous les soignants. Le soignant est confronté au quotidien à des situations émotionnelles et une gestion du temps difficiles. La position du soignant dans un service de soins « aigu » où les projets de soins sont en général orienté vers une prolongation de la vie, mais où cohabitent aussi des patients en fin de vie dans des situations souvent très délicates, avec de plus un environnement sociétal qui considère la mort encore et toujours comme un échec, nécessite une écoute de la souffrance du soignant pour permettre un repositionnement bénéfique à tous les patients. Le fait d‟être membre de l‟EMSP en relation presque quotidienne avec ce service et le petit nombre de personnes interrogées ayant des impératifs complexes de temps, l‟information donnée au préalable d‟un travail réalisé dans le cadre du DIU de Soins Palliatifs ont certainement biaisés les résultats de cette analyse. Il serait utile d‟étendre la réflexion à d‟autres lieux, hospitaliers et extrahospitaliers, et d‟autres groupes de soignants, à l‟entourage du patient, car l‟existence de l‟anxiolyse et de la sédation est connue et accessible, mais nécessite une prise de conscience indispensable à un véritable accompagnement du malade en fin de vie. 81 X. BIBLIOGRAPHIE ________________________________________________________ 1-ANAES. Evaluation et suivi de la douleur chronique chez l‟adulte en médecine ambulatoire. Service des Recommandations et Références Professionnelles. Février 1999 2-ANAES. Modalités de prise en charge de l'adulte nécessitant des soins palliatifs. Recommandations pour la pratique clinique. Argumentaire. Décembre 2002. 3-AFSSAPS. Soins Palliatifs: spécificités d'utilisation des médicaments courants hors antalgiques. Argumentaire.25 octobre 2002. 4- ANDEM. Conférence de consensus sur la sédation en réanimation, concept et pratique. 1993. 5-Aubry R, Blancet V, Viallard M-L. 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Paris, 2010. 87 Sites internet consultés : -AGENCE FRANCAISE DE SECURITE SANITAIRE DES PRODUITS DE SANTE http://www.afssaps.fr/ - CENTRE DE RESSOURCES NATIONAL DE SOINS PALLIATIFS FRANCOISXAVIER BAGNOUD http://www.croix-saint-simon.org/ -COMITE CONSULTATIF NATIONAL D‟ETHIQUE http://www.ccne-ethique.fr/ - EUROPEAN ASSOCIATION FOR PALLIATIVE CARE http://www.eapcnet.org/ -HAUTE AUTORITE DE SANTE http://www.has-sante.fr -LE SERVICE PUBLIC DE L‟ACCES AU DROIT http://www.legifrance.gouv.fr/ -LISTE DE DISCUSSION ET D‟ECHANGE DANS LE DOMAINE DES SOINS PALLIATIFS http://www.dialogpalliatif.org/listes/ -SOCIETE FRANCAISE D‟ACOMPAGNEMENT ET DE SOINS PALLIATIFS http://www.sfap.org/ 88 XI. LISTE DES ANNEXES ________________________________________________________ ANNEXE 1 : Enquête rétrospective concernant les patients décédés au CHBA dans les services de gastroentérologie et d’hématologie en décembre 2009 et janvier 2010 ANNEXE 2 : Retranscription du premier entretien semi-directif ANNEXE 3 : Echelle d’auto- évaluation de la dépression et de l’anxiété HADS ANNEXE 4 : Echelle d’hétero-évaluation de l’anxiété COVI ANNEXE 5 : Echelle modifiée de Rudkin ANNEXE 6 : Dix questions préalables à la mise en place d’une sédation ANNEXE 7 : Bases pour un protocole de sédation selon les recommandations 2009 de la SFAP ANNEXE 8 : Grille de recueil des données de l’EPP 2008 au CHBA sur l’utilisation du midazolam pour sédation ANNEXE 9 : Fiche de décision et de suivi d’une sédation utilisée dans le service d’oncologie du CHBA ANNEXE 10 : Proposition d’un protocole d’anxiolyse ANNEXE 11 : Proposition d’un protocole de sédation nocturne ANNEXE 12 : Proposition d’une fiche de surveillance journalière de l’utilisation du midazolam (Hypnovel®) 89 ANNEXE 1 ________________________________________________________ Enquête rétrospective concernant les patients décédés au CHBA dans les services de gastro-entérologie et d’hématologie en décembre 2009 et janvier 2010 90 ANNEXE 2 ________________________________________________________ Retranscription intégrale du premier entretien semi-directif, permettant en même temps de tester le guide (sans avoir conduit à des modifications) réalisé avec le plus jeune médecin 91 ENTRETIEN avec A. Thème 1 : anxiété et anxiolyse 1. Sur quels arguments (cliniques et autres, souffrance exprimée ou non du patient) prescrivez-vous et qu'attendez-vous d'un traitement anxiolytique chez un patient - encore sous traitement curatif - en phase palliative - en phase terminale (avec un décès prévisible dans les jours ou semaines qui suivent) - chez un patient avec lequel la communication est difficile « les arguments seraient la demande du patient, peu importe qu‟il soit en phase curative ou palliative, ou alors sur les traits tirés, qu‟il ne semble pas détendu, est agité, se mobilise beaucoup sans douleur ni raison autre affirmée. S‟il a des troubles de communication les arguments sont le ressenti de la famille qui viendra nous voir si elle le trouve agité, pas confortable, se mobilisant beaucoup sans raison affirmée, traits tirés sans pouvoir déterminer une douleur ; sur l‟impression des soignants, des infirmières, aides-soignantes et mon ressenti. On peut avoir l‟impression, comme avec ce patient très dyspnéique au bord du lit, on a l‟impression qu‟il est très angoissé et qu‟il va pas bien, mais lui se plaint de rien, c‟est difficile de faire mettre en place quelque chose, même s‟il a des signes cliniques qui pourraient montrer chez d‟autres beaucoup d‟angoisse ; donc j'aurai envie de mettre un traitement anxiolytique en place, même si le patient ne veut pas ; finalement, en discutant plus longtemps avec lui, il a exprimé une angoisse, une envie d‟être soulagé, mais ça a été très tardif. Pour les attentes du traitement anxiolytique, En phase curative: qu'il n'y ait plus de sensations d'angoisse, qu'il n'ait plus de plaintes au quotidien en phase palliative, c‟est un peu le même principe aussi En phase terminale: faire en sorte que le patient soit moins angoissé, moins de plaintes, et si c'est insupportable, et que lui demande une sédation, c‟est dans un but sédatif ; on peut répondre à une demande de sédation puisqu‟il est déjà sous un traitement anxiolytique par hypnovel®; pas au début, mais en phase terminale, quand la mort est imminente, on peut 92 proposer, pas forcément s‟il y a une demande, on peut proposer au patient que dans de telles circonstances quand ça ira de moins en moins bien, lui expliquer qu‟on a des molécules qui peuvent apaiser un ce moment là, quand il n‟y à plus de traitement possible de la maladie, quand on n‟a rien d‟autres à proposer pour que le patient se sente mieux. Si le patient a des troubles de communication, j‟attends qu‟il soit moins agité. » Question : De quoi dépend le choix de la molécule dans le cadre de l‟anxiolyse? « Si le patient n‟a pas trop de troubles ventilatoires, et que des traitements curatifs sont encore en place, je choisirais un traitement par benzodiazépines En phase terminale, on mettra plutôt l‟ hypnovel® pour bien soulager le patient ; j‟ai l‟impression qu‟il est beaucoup utilisé ici, qu‟il a surement une efficacité meilleure que les autres ; on ne l‟utiliserait pas en tout début de prise en charge, mais plutôt en phase palliative et terminale; car c‟est un traitement puissant, avec lequel on peut s‟attendre à plus d'effets secondaires qu'un traitement anxiolytique per os, surtout une sédation plus importante. On ne l‟utilisera pas en phase curative, car s‟il y a une hospitalisation, un retour à domicile est prévu, et la molécule n'existe pas en ville; et si ce traitement est mis en place, c'est le plus souvent quelque chose mis en place au long court; En phase curative, on ira par pallier comme dans traitement antalgique, en commençant d'abord per os; En phase palliative : on met aussi un traitement per os si un retour à domicile est prévu. En phase terminale, je débuterais directement de l‟hypnovel® directement à petites doses. » 2. Dans ces quatre situations, évaluez-vous l'efficacité du traitement ? Comment? Ces effets secondaires? Quels sont-ils? « le patient qui ne se plaint plus ou s'il est moins agité s'il était confus ; évaluation aussi selon les dires des infirmières; les dires de l'équipe soignante qui vient en parler, et je vais évaluer la situation; en phase terminale, c'est pareil; on adapte le traitement si pas le patient n‟est pas soulagé; s‟il y a disparition des symptômes, je continue à la même posologie; Pour les effets secondaires, c‟est surtout les troubles de vigilance, la dépression respiratoire; ici, souvent le mal être du patient est plus important et on accepte les effets secondaires, 93 comme par exemple la sédation trop importante chez un patient qui en a pas besoin » 3. Dans ces quatre situations, l'apparition de troubles de vigilance est-elle pour vous un point important à évaluer? Acceptable? Recherchée (provoquée)? Est-elle pour vous à discuter avant l'introduction du traitement avec le patient, l'entourage, l'équipe soignante au sens large? « Pour l‟évaluation des troubles de la vigilance, tout dépend en quelle phase il est : en phase curative ou en palliatif avec une vie pas normale, mais avec état général assez conservé, c'est important de rechercher les troubles de vigilance; ils ne sont pas acceptables; on veut soulager le patient, mais pas en allant dans ce sens; en phase terminale: c'est plus acceptable d'avoir une sédation si sans le traitement le patient ne se sent vraiment pas bien ou se présente très très angoissé et que avec il se sent mieux, mais avec un certain trouble de vigilance Rechercher des troubles de vigilance en général: non, pas en systématique; en fonction de ce qu'on me raconte au cours de la journée par l'équipe soignante. en phase terminale: chercher à provoquer des troubles de vigilance: peut être pas au début, mais éventuellement oui en phase terminale » 4. Lorsque le midazolam en parentéral est choisi comme traitement anxiolytique, est-il gênant ou aidant qu'il soit utilisé également dans le cadre de la sédation? « ce n‟est pas gênant; si on est en début de phase palliative, et si on n'est pas en phase terminale, les troubles de vigilance induit par le midazolam deviennent gênants; en phase terminale, finalement c'est un peu l'effet recherché en plus de l'anxiolyse et les troubles de vigilance sont acceptables si le patient est soulagé pourquoi le choix du midazolam: car souvent il n'y a pas d'autres voie d'administration que par parenteral, c‟est une voie rapide, quasi immédiat, pour que ça soulage très rapidement, en sc. ou iv. peu importe. » 5. Selon quelles modalités prescrivez-vous le midazolam dans le cadre d'une anxiolyse? « je n'ai prescrit que en phase terminale pour l'instant; parce qu'avant, j'ai quand même du mal à prendre l'initiative de mettre un traitement comme cela en place; pourquoi? A cause de la balance bénéfice/risque: le patient doit être soulagé et il n'y a plus que ça qui compte; avant, 94 c'est plus difficile a évaluer; en phase terminale, cela semble plus simple. Selon quelles modalités ? d'abord par bolus de 1 mg renouvelé en si besoin, voir si il en a besoin, si ça le soulage dans la journée; puis mettre en route une seringue électrique si ce n'est pas suffisant, si les bolus sont trop répétés et patient toujours angoissé, sur 24heures à 10 mg; et réévaluer le lendemain l'efficacité; s‟il est bien soulager, continuer comme ça s‟il n‟a pas de troubles de vigilance. Il faut rechercher la posologie minimale efficace; mais en pratique je ne le fais pas, mais ce serait bien. » Thème 2 : sédation 1. Quel est le but d'une sédation? « C‟est d‟être endormi, soulagé des symptômes pré mortem angoissants, la sensation d'étouffement, la dyspnée, la détresse respiratoire induisant le décès, Une détresse respiratoire aigue ou qui s'aggrave les derniers jours ou dernières heures, pour traiter l'angoisse induite par la détresse respiratoire » 2. A quel moment (dans le temps) peut-elle être instaurée et quelle en est sa durée? « En phase terminale, jusqu'au décès; pour l'instant, je ne vois pas d'autres indications ni d'autres durées » 3. La sédation peut-elle être considérée comme une anxiolyse? « oui, la sédation peut être considérée comme une anxiolyse, car pour les patients en détresse respiratoire, ça aura le même sens, ça endormira le patient, mais ça le soulagera ; ça ne soulagera pas le symptôme, mais ça soulagera le patient » 4. D'après vous, quels sont les différents types d'indication d'une sédation chez un patient et comment décider de sa mise en œuvre? « Si il n'y a pas de traitement curatif à mettre en place, si le patient est en phase terminale de sa maladie, la détresse respiratoire, l‟hémoptysie massive, l‟hématémèse massive. Pour sa mise en œuvre, je ne décide pas seul, j'appelle le médecin référent ou l'EMSP ; c'est 95 difficile comme situation; j'essaye d'en parler au patient, en discuter et de ce que cela risque d'engendrer, que le traitement peut le soulager, mais qu'il n'y a pas de traitement pour traiter la maladie, que ça va l'endormir, mais qu'en arrive à la fin de sa vie » 5. Comment en pratique quotidienne décider de l'indication d'une sédation face à un patient avec des troubles de communications? « je ne sais pas; en parler à la famille déjà, en discuter avec l'équipe et les différents intervenants du service; Sur quels arguments ? Je mettrais en place sur le resenti de la situation, surtout, le fait qu'il s'agite » 6. Selon quelles modalités prescrivez-vous le midazolam dans le cadre d'une sédation? « par bolus de 1 mg jusqu'à endormissement, toutes les 2 minutes, puis en seringue électrique avec les bolus divisé par 2 en mg par heure, c'est comme cela je ferais si j'étais seul à décider, en iv. de préférence pour une action plus rapide; Pour la surveillance de l'efficacité, vérifier qu'il est bien endormi: qu‟il ne s'agite pas, n‟ouvre pas les yeux; je reste au début pour voir si c'est efficace, puis en fonction de ce que dit l'équipe » 7. Une surveillance de la profondeur de la sédation est-elle réalisée? Utile? Conseillée? « utile, oui, pour qu'il ne se réveille pas avec une gêne à nouveau; conseillé dans les recommandations? Je ne sais pas; pas de rythme particulier, en fonction de ce que me rapporte l'équipe. » 96 ANNEXE 3 ________________________________________________________ Echelle d’auto- évaluation de la dépression et de l’anxiété HADS 97 ÉCHELLE DU RETENTISSEMENT ÉMOTIONNEL HADS (Hospital Anxiety and Depression scale) A. Je me sens tendu ou énervé : 3. La plupart du temps 2. Souvent 1. De temps en temps 0. Jamais D. Je prends plaisir aux mêmes choses qu'autrefois : 0. Oui, tout autant 1. Pas autant 2. Un peu seulement 3. Presque plus A. J'ai une sensation de peur comme si quelque chose d'horrible allait m'arriver : 3. Oui, très nettement 2. Oui, mais ce n'est pas trop grave 1. Un peu, mais cela ne m'inquiète pas 0. Pas du tout D. Je ris facilement et vois le bon côté des choses : 0. Autant que par le passé 1. Plus autant qu'avant 2. Vraiment moins qu'avant 3. Plus du tout A. Je me fais du souci : 3. Très souvent 2. Assez souvent 1. Occasionnellement 0. Très occasionnellement D. Je suis de bonne humeur : 3. Jamais 2. Rarement 1. Assez souvent 0. La plupart du temps A. Je peux rester tranquillement assis à ne rien faire et me sens décontracté : 0. Oui, quoi qu'il arrive 1. Oui, en général 2. Rarement 3. Jamais D. J'ai l'impression de fonctionner au ralenti : 3. Presque toujours 2. Très souvent 1. Parfois 0. Jamais A. J'éprouve des sensations de peur et j'ai l'estomac noué : 0. Jamais 1. Parfois 2. Assez souvent 3. Très souvent D. Je ne m'intéresse plus à mon apparence : 3. Plus du tout 2. Je n'y accorde pas autant d'attention que je le devrais 1. Il se peut que je n'y fasse plus autant attention 0. J'y prête autant attention que par le passé 98 A. J'ai la bougeotte et n'arrive pas à tenir en place : 3. Oui, c'est tout à fait le cas 2. Un peu 1. Pas tellement 0. Pas du tout D. Je me réjouis d'avance à l'idée de faire certaines choses : 0. Autant qu'avant 1. Un peu moins qu'avant 2. Bien moins qu'avant 3. Presque jamais A. J'éprouve des sensations soudaines de panique : 3. Vraiment très souvent 2. Assez souvent 1. Pas très souvent 0. Jamais D. Je peux prendre plaisir à un bon livre ou à une bonne émission de radio ou de télévision : 0. Souvent 1. Parfois 2. Rarement 3. Très rarement Total anxiété : ................. Total dépression : .............................. Sont considérées comme valeurs seuils pour chaque sous-échelle : - 10 dans un objectif de spécificité - 8 dans un objectif de sensibilité 99 ANNEXE 4 ________________________________________________________ Echelle d’hétero-évaluation de l’anxiété COVI 100 ÉCHELLE DE COVI (D'après Guelfi JD) (ANAES 2001- Diagnostic et prise en charge en ambulatoire du trouble anxieux généralisé de l‟adulte) Coter selon l‟intensité les trois rubriques ci-après. La présence d‟un seul des symptômes proposés suffit pour effectuer la cotation. Si plusieurs de ces symptômes sont présents, la cotation sera effectuée sur le plus sévère. 1 Pas du tout Discours SUJET 2 Un peu 3 Modérément 4 Beaucoup 5 Enormément du Nerveux, pas dans son assiette, agité, effrayé sans raison, peureux, tendu, noué, doit éviter certaines conduites, certains lieux, difficultés à se concentrer Comportement Semble effrayé, mal à l‟aise, agité, angoissé Plaintes somatiques Sudation, tremblements, sensation de striction cardiaque, tachycardie, oppression respiratoire, sensation de chaud ou froid, sommeil agité, estomac noué, boule dans la gorge 101 ANNEXE 5 ________________________________________________________ Echelle d’évaluation de la vigilance en soins palliatifs Echelle modifiée de RUDKIN 102 Echelle de Rudkin 1 : Patient éveillé-orienté 2 : Somnolent 3 : Yeux fermés répondant à l‟appel 4 : Yeux fermés répondant à une stimulation tactile légère (traction du lobe de l‟oreille) 5 : Yeux fermés ne répondant pas à une stimulation tactile légère 103 ANNEXE 6 ________________________________________________________ Dix questions préalables à la mise en place d’une sédation 104 DIX QUESTIONS PREALABLES A LA MISE EN PLACE D’UNE SEDATION EN INSTITUTION COMME A DOMICILE (d’après V. Blanchet. Grandes défaillances organiques. Revue du Prat 20 juin 2009 ; 59 : p 782) Compétences et organisation de l’équipe 1. Quelles connaissances l‟équipe a-t-elle des médicaments à utiliser, de leur pharmacocinétique, de leurs effets secondaires 2. L‟équipe connaît-elle les indications, le contexte, l‟intention de la démarche ? Décision collégiale et traçabilité 3. Les discussions en vue des prises de décision sont-elles organisées avec tous les intervenants ? Ces échanges sont-ils réalisés de façon régulière ? 4. Les décisions et la façon dont elles sont prises sont-elles écrites dans le dossier ? 5. S‟est-on assuré que chaque membre de l‟équipe est informé des objectifs visés par les thérapeutiques mises en œuvre ? Information du patient 6. Le consentement éclairé (objectif, risque de la sédation) du patient a-t-il été recherché 7. S‟il est hors d‟état d‟exprimer sa volonté : existe-t-il des directives anticipées ? 8. A-t-il désigné une personne de confiance ? 9. A défaut, les proches ont-ils été consultés ? Information des proches 10. Les proches ont-ils été informés de l‟objectif de la sédation, de ses risques ? 105 ANNEXE 7 ________________________________________________________ Bases d’un protocole de sédation selon les recommandations 2009 de la SFAP 106 Bases d’un protocole de sédation chez l’adulte (source : Recommandations sédation pour détresse en phase terminale et dans des situations spécifiques et complexes. SFAP 2009) Le midazolam est utilisé en première intention. La voie parentérale est recommandée, en intraveineux ou sous-cutané. L‟administration doit être débutée par une titration, pour l‟adulte le midazolam est préparé à une concentration de 1mg/ml Chez l‟adulte, la titration débute par une injection de 1 mg toutes le 2-3 minutes jusqu‟à l‟obtention d‟un score de 4 sur l‟échelle de Rudkin modifiée Chez le sujet très âgé ou fragilisé, la titration débute par une injection de 1 mg toutes les 5-6 minutes jusqu‟à l‟obtention d‟un score de 4 sur l‟échelle de Rudkin modifiée En cas de sédation continue, l‟entretien de la sédation se fait en injectant une dose horaire, en perfusion continue, égale à 50% de la dose qui a été nécessaire pour obtenir un score de 4 sur l‟échelle de Rudkin modifiée chez l‟adulte. Pendant toute la durée de la sédation, la surveillance clinique, les soins de confort et l‟accompagnement de la personne malade doivent être maintenu. Pendant toute la durée de la sédation, il est recommandé de réévaluer tous les autres traitements au regard de leur utilité. L‟évaluation de la profondeur se fait toutes les 15 minutes pendant la première heure, puis au minimum 2 fois par jour. L‟adaptation de la posologie se fait selon - Le degré de soulagement du patient - La profondeur de la sédation (Rudkin supérieur ou égal à 4) En cas de sédation prolongée, le bien-fondé de son maintien au cours du temps doit être régulièrement questionné. 107 ANNEXE 8 ________________________________________________________ Grille de recueil des données De l’EPP 2008 au CHBA « Utilisation du midazolam en sédation pour détresse dans l’unité d’oncologie pour les patients relevant de soins palliatifs en 2007 » 108 Audit Clinique Ciblé appliqué à « l’évaluation de la sédation en soins palliatifs » GRILLE DE RECUEIL DES DONNEES EPP : Utilisation du midazolam en sédation pour détresse dans l’unité d’oncologie pour les patients relevant de soins palliatifs. Date : ………………… N° de la grille : ……….. Établissement / secteur d’activité : ………………… Identification du patient : …………… Nom – Prénom de l’évaluateur : ………. N° de binôme : ……… Nom – Prénom (anonymisé) : ………… Etiquette patient OBJECTIF : - Vérifier (ou non) l’adéquation entre les pratiques et les recommandations nationales dans le cadre de la sédation - S’assurer (ou non) d’une traçabilité de cette décision et de son suivi dans le dossier patient au niveau de la pharmacie NO N° CRITÈRES OUI NA SOURCE COMMENTAIRES N La décision de mettre en place 1 une sédation est retrouvée dans DPA le dossier du patient. La décision de sédation est prise 2 en équipe et notée comme telle dans le dossier patient. 3 4 5 6 7 8 L’information donnée au patient ou à sa personne de confiance est retrouvée dans le dossier du patient. L’information donnée à la famille ou l’entourage est retrouvée dans le dossier du patient. Les indications de la sédation sont notées dans le dossier patient. La prescription précise et complète de sédation est retrouvée dans le dossier patient. Des éléments de réévaluation sont retrouvés dans le dossier patient. L’information de la décision de sédation est transmise à la pharmacie et tracée dans le dossier patient. DPA DPA DPA DPA DPA DPA DPA Dossier du patient 109 ANNEXE 9 ________________________________________________________ Fiche de décision et de suivi d’une sédation utilisée dans le service d’oncologie du CHBA 110 Equipe Mobile de Soins Palliatifs Fiche de décision et de suivi d’une sédation Nom : Prénom : Date de naissance : N ° I EP : Etiquette Service : Date : Médecin IDE Intervenants Psychologue Assistante sociale Signatures SEDATION : OUI NON Type de sédation : Réversible courte Réversible longue Définitive (mais réversible) Indication de la sédation :…………………………………………………………. ……………………………………………….…………………………………………….. Modalités de prise de décision : Isolée Famille Pharmacien Autre Equipe mobile Equipe référente Entourage Patient Bénévoles Aumônerie …………………………………………………………….. Eléments de demande de sédation : ……………………………………………………………...………………………………… .…………………………………………………………………………..…………………… Prescriptions de l’unité : ……………………………………………………………….………………………………… …………………………………………………….………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… Commentaires de suivi : …………………………………………………………………….…………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… 111 ANNEXE 10 ________________________________________________________ Proposition d’un PROTOCOLE D’ANXIOLYSE 112 Protocole d’anxiolyse par Midazolam (s’appuyant sur les recommandations de l’EMASP du CHU de Rennes) La mise en œuvre de ce protocole nécessite une prescription et une réflexion d’équipe préalable. Il est aussi nécessaire de définir le contexte dans lequel cette prescription va s’appliquer Le Midazolam ( Hypnovel®) est utilisé en raison de sa maniabilité, sa réversibilité, sa marge de sécurité thérapeutique importante et sa facilité d‟emploi ( demi-vie courte de 2 à 4 heures, utilisation en IV ou SC à la même posologie). C‟est une benzodiazépine, à visée anxiolytique, hypnotique, amnésiante antérograde et myorelaxante. Comme toute molécule, elle présente aussi des effets secondaires : Dépression respiratoire et cardio-vasculaire en cas d‟association à d‟autres médications dépresseurs du système nerveux central chez le sujet à risque, tolérance lors d‟un usage prolongé, syndrome de sevrage à l‟arrêt brutal, hoquet, état d‟excitation paradoxal avec aggravation de l‟insomnie, agitation, hallucinations, … Il existe un antidote, le flumazénil (Anexate®) 1. Induction Si angoisse modérée : 0.2 mg en SC ou IV Si angoisse importante : 0.4 mg en SC ou IV Attendre 5 à 10 minutes (SC) ou 2 à 3 minutes (durée nécessaire à l‟apparition de l‟effet anxiolytique). Si absence d‟efficacité : renouveler les doses d‟induction, toutes les 2 à 10 minutes en fonction de la voie d‟administration, jusqu‟à obtenir une disparition de l‟angoisse. 2. Dose d’entretien En SCSE ou IVSE débit en mg/h = dose de charge / 2 3. Proposition de bolus en cas d’accès d’angoisse Bolus = dose d‟induction L‟intensité de l‟angoisse avant, pendant et après traitement peut être déterminé par le patient avec une échelle EVA, EN ou EVS. L‟apparition d‟effets sur la vigilance peut être surveillée avec l‟échelle modifiée de RUDKIN 113 ANNEXE 11 ________________________________________________________ Proposition d’un PROTOCOLE DE SEDATION NOCTURNE 114 Protocole de sédation nocturne par Midazolam (s’appuyant sur les recommandations EMASP du CHU de Rennes) La mise en œuvre de ce protocole nécessite une prescription et une réflexion d’équipe préalable. Il est aussi nécessaire de définir le contexte dans lequel cette prescription va s’appliquer Le Midazolam ( Hypnovel®) est utilisé en raison de sa maniabilité, sa réversibilité, sa marge de sécurité thérapeutique importante et sa facilité d‟emploi ( demi-vie courte de 2 à 4 heures, utilisation en IV ou SC à la même posologie). C‟est une benzodiazépine, à visée anxiolytique, hypnotique, amnésiante antérograde et myorelaxante. Comme toute molécule, elle présente aussi des effets secondaires : Dépression respiratoire et cardio-vasculaire en cas d‟association à d‟autres médications dépresseurs du système nerveux central chez le sujet à risque, tolérance lors d‟un usage prolongé, syndrome de sevrage à l‟arrêt brutal, hoquet, état d‟excitation paradoxal avec aggravation de l‟insomnie, agitation, hallucinations, … Il existe un antidote, le flumazénil (Anexate®) 1. Traitement anxiolytique en cours : doubler le débit du traitement anxiolytique continu de la journée Commencer en fonction du souhait du patient : Début vers 21h par exemple et revenir à la posologie initiale à 6h 2. Pas de traitement anxiolytique en cours durant la journée : Commencer en fonction du souhait du patient ; Début vers 21h par exemple et arrêt à 6h a) Prescription anticipée : En SCSE ou IVSE autour de 0.5 mg / h ; si inefficace, passer à 1 mg / h b) Avec induction : 0.4 - 0.5 mg en SC ou IV Attendre 5 à 10 minutes (SC) ou 2 à 3 minutes (IV) (durée nécessaire à l‟apparition de l‟effet sédatif). Si absence d‟efficacité : renouveler les doses d‟induction, toutes les 2 à 10 minutes en fonction de la voie d‟administration, jusqu‟à obtenir une sédation à la profondeur souhaitée par le patient (échelle de RUDKIN 2- 4 en fonction des souhaits du patient) Dose d‟entretien : En SCSE ou IVSE débit en mg/h = dose de charge / 2 115 ANNEXE 12 ________________________________________________________ Proposition d’une FICHE DE SURVEILLANCE JOURNALIERE DE L’UTILISATION DU MIDAZOLAM (Hypnovel®) 116 MIDAZOLAM (HYPNOVEL®) : FICHE DE SURVEILLANCE JOURNALIERE Service :…………………………….. INDICATION : 1 = anxiété 2 = sédation 3 = autre : ……………………………… (Chiffre ou commentaire à reporter dans la grille) INTENSITE par auto-évaluation : EVA J0 Avant traitement EN J1 matin EVS (à entourer) J1 soir J2 matin J2 soir INDICATION Midazolam POSOLOGIE et NOMBRE DE BOLUS Midazolam POSOLOGIE EN CONTINU ( mg/h) Signature médecin INTENSITE ANXIETE par Auto-évaluation VIGILANCE (Echelle de Rudkin) Signature IDE Echelle de RUDKIN : 1 patient éveillé et orienté 2 somnolent 3 yeux fermés, mais répondant à l‟appel 4 yeux fermés, répondant à une stimulation tactile légère (traction lobe de l‟oreille) 5 yeux fermés, ne répondant pas à une stimulation tactile légère 117 XII. LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS ________________________________________________________ AMM Autorisation de mise sur le marché ANAES Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé AFSSAPS Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé CHBA Centre Hospitalier Bretagne Atlantique COTOREP Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel CHU Centre Hospitalier Universitaire DIU Diplôme inter-universitaire EMASP Equipe mobile d‟accompagnement et de soins palliatifs EMSP Equipe mobile de soins palliatifs EPP Evaluation des Pratiques Professionnelles HADS Hospital Anxiety and Depression Scale SFAP Société Française d‟Accompagnement et de Soins Palliatifs 118 RESUME Une enquête semi-directive menée auprès de soignants d‟un service hospitalier en Bretagne met en évidence une confusion entre anxiolyse et sédation dans certaines situations en phase terminale. A l‟analyse des résultats, il apparaît que cette confusion résulte d‟une difficulté à identifier clairement l‟anxiété, à l‟absence d‟une réévaluation du traitement et enfin à une banalisation des troubles de la vigilance en fin de vie. Les approches délicates de symptôme réfractaire et de modulation de profondeur de sédation, le flou de cette notion avec un traitement qui a également une visée anxiolytique et enfin l‟utilisation d‟une molécule ayant pour certains soignants une connotation symbolique de fin de vie « sereine », comme l‟indique son nom, « Hypno-well, le bon sommeil », participent à ce trouble. La mise en œuvre de propositions de formations, d‟outils, de lieux d‟écoute et d‟échanges d‟une part, la réflexion autour de l‟utilisation d‟une seule et même molécule pour l‟anxiolyse et la sédation d‟autre part, devraient permettre une étude plus nuancée de ces situations. MOTS CLES Anxiolyse Sédation Midazolam Symptôme réfractaire Troubles de vigilance 119