Cependant un petit nombre de patients peut encore
éliminer plus tardivement des Bacilles de Calmette-
Guérin. Les techniques de PCR sur les biopsies vési-
cales réalisées après traitement ont permis de détec-
ter de l’ADN de BCG jusqu’à deux ans après la der-
nière instillation [57]. La sensibilité du BCG aux dif-
férents antibiotiques a été testée in vitroet est claire-
ment différente du Mycobacterium Tu b e r c u l o s i s
[58]. Ainsi le BCG est résistant au pyrazinamide, à
la cyclosérine et est sensible à l’ofloxacine, qui est
bactéricide aux dosages habituels chez l’homme
(400 mg/jour) [58]. Le BCG est de plus sensible à
l’INH et à la rifampicine, même si le premier de ces
antibiotiques ne semble pas diminuer la fréquence
des effets secondaires du BCG, lorsqu’il est admi-
nistré systématiquement associé aux instillations
endovésicales [207]. De plus cette activité bactérici-
de serait peut-être associée à une diminution de l’ac-
tivité antitumorale lors d’une administration prophy-
lactique au cours de l’instillation, comme l’a rappor-
té De Boer dans un modèle animal [49]. En cas d’uti-
lisation prolongée de ces antituberculeux, il est
recommandé de les utiliser en association compte
tenu du risque d’induction de résistance. L’intérêt de
l’ofloxacine réside dans sa cinétique qui est de 2
heures pour avoir une activité bactéricide sur les
cellules cibles alors qu’elle est de 4 jours pour les
antituberculeux classiques (INH, Rifampicine)
[58]. De plus l’utilisation d’antibiotiques au cours
des instillations endovésicales de BCG, pour traiter
une infection urinaire ou tout autre problème infec-
tieux, devra se limiter à la famille des nitrofuranes et
au triméthoprime, antibiotiques sans action sur le
BCG. Les autres antibiotiques devront être discutés
du fait de leur pouvoir bactéricide vis-à-vis du BCG
et donc de leur interaction potentielle avec son acti-
vité antitumorale [58].
La connaissance de l’immunité anti-tumorale et
des mécanismes permettant à la tumeur de s’af -
franchir de la surveillance immunitaire de l’hôte, a
permis de progresser dans la compréhension des
mécanismes d’action du Bacille de Calmette-
Guérin (BCG). En effet, la réponse immunitaire
locale endovésicale est intimement liée à l’interac -
tion de trois systèmes : l’hôte (le malade), le BCG
(les Mycobactéries) et la tumeur. De cette interac -
tion va naître une cascade d’évènements immuno -
logiques, dont certains seront indispensables à
l’action protectrice du BCG contre la récidive et la
progression tumorale. On considère actuellement
qu’il existe trois phases dans la réponse immuni -
taire au BCG. Tout d’abord, le BCG adhère à l’uro -
thélium puis est phagocyté par des cellules présen -
tatrices d’antigènes. A cette phase correspond la
libération précoce de cytokines dites inflamma -
toires (l’IL-1, l’IL-6, l’IL-8). Ces cytokines pour -
raient être en cause dans certains effets indési -
rables mais elles pourraient également participer
aux phénomènes cytotoxiques. La deuxième phase
est la reconnaissance des antigènes bactériens par
des lymphocytes auxillaires CD4, qui libèrent prin -
cipalement de l’IL-2 et de l’IFN- (réponse Th1).
Cette activation cellulaire va aboutir à la troisième
phase qui est l’amplification de populations cyto -
toxiques capables de tuer les cellules tumorales :
CD8, lymphocytes , macrophages, lymphocytes
NK, LAK, BAK. Toutes ces cellules produisent elles
aussi des cytokines qui participent à la régulation
de la réponse immunitaire. A partir de la 4ème ins -
tillation suivra une contre réponse Th2, comme en
témoigne la détection d’IL10 dans les urines
(Figure 10). La compréhension de ces mécanismes
d’action, le dosage des cytokines urinaires, une
meilleure définition des cellules cytotoxiques et de
leur rôle, l’évaluation moléculaire de la tumeur et
probablement certaines caractéristiques génétiques
de l’hôte permettront de proposer des protocoles
d’immunisation plus efficaces en définissant une
approche thérapeutique individualisée (ATI).
1. LA REPONSE IMMUNE LOCALE ENDOVESICALE
APRES BCG
a) Le rôle de l’hôte
La réponse immunitaire aux infections par des
germes intracellulaires tels que les salmonelles, les
leishmanioses ou les Mycobactéries, et donc le
BCG, est variable et sans doute liée à l’hôte [192]
(Figure 1). Chez la souris, un gène de résistance à la
vaccination par le BCG a été identifié. Ce gène
Nramp-1 (Natural resistance associated macrophage
protéine) est impliqué dans la réponse T à la vacci-
nation par les mycobactéries [122]. Le produit de ce
gène exprimé par les macrophages joue un rôle dans
IV. MÉCANISMES D’ACTION DU
BACILLE DE CALMETTE-GUÉRIN
(BCG)
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D.CHOPIN - F.SAINT - B. GATTEGNO -Progrès en Urologie (2001), 11, N°5, 1065-1115