Université Pierre & Marie Curie M1 de Mathématiques
MM002 (Algèbre et théorie de Galois) Automne 2012
TD n7.
Exercice 1. Montrer que K=Fp(X)n’est pas un corps parfait.
Solution. Comme A=Fp[X]est factoriel (même principal),K= Frac(A)et Xest irréductible, le polynôme
TpXest irréductible dans K[T], donc n’a pas de racine. Donc Xn’est pas dans l’image du frobenius.
Exercice 2. Soit Kun corps parfait et PK[X]. Montrer que si Pest irréductible, alors pgcd(P, P 0)=1.
Soit Kun corps qui n’est pas parfait. Montrer qu’il existe un polynôme irréductible PK[X]irréductible tel
que P0= 0.
Solution. Si P06= 0, alors deg pgcd(P, P 0)deg P0<deg P, et pgcd(P, P 0)|P, donc si Pest irréductible
pgcd(P, P 0)=1. Il suffit donc de montrer que P06= 0 (ce qui est évident si p:= car K= 0, on suppose
dorénavant p6= 0). Supposons P0= 0 et écrivons P=PkakXk. Alors P0=PkkakXk1= 0 donc ak= 0 si
kn’est pas divisible par p. Donc P=Pjapj Xpj . Comme Kest supposé parfait, il existe bjtel que bp
j=apj.
Alors P=Pj(bjXj)p= (PjbjXj)p, ce qui contredit l’irréductibilité de P.
Exercice 3. Soit Kun corps parfait de caractéristique p > 0et K0une extension finie de K.
a) Soient (xi)iune base du K-espace vectoriel K0et f:K0K0l’unique application K-linéaire telle que
f(xi) = xp
ipour tout i. Montrer que fest injective.
b) En déduire que K0est parfait.
c) on ne suppose plus K0/K finie, mais seulement algébrique. Montrer que K0est parfait.
Solution. a) Soit y=Piaixiker favec aiK. Comme Kest parfait, soit biKtel que bp
i=ai. Alors
0 = f(y)=(Pibixi)p, donc comme (xi)est une famille libre, pour tout i,bi= 0, donc ai= 0, donc y= 0.
b) Soit yK0. Comme K0est de dimension finie sur K, l’injectvité de fimplique sa surjectivité. Il existe
donc z=Piaixiavec aiKtel que f(z) = y. Comme Kest parfait, il existe biKtel que bp
i=ai.
On a alors y= (Pibixi)p, ce qui prouve que K0est parfait.
c) Soit yK0. Alors K(y)est une extension finie de K, donc K(y)est parfait d’après 2. Il existe donc
zK(y)K0tel que zp=y, ce qui montre que K0est parfait.
Exercice 4. Soit Kun corps de caractéristique p > 0.
a) Montrer qu’il existe une extension K0de Ktel que Ksoit un corps parfait (on pourra prendre pour K0
une clôture algébrique de K) .
b) On note Kpf ={xK0:nN, xpnK}. Montrer que Kpf est un sous-corps parfait de K0contenant
K.
c) Montrer que Kpf vérifie la propriété universelle suivante : pour toute extension Lde Ktelle que Lsoit
un corps parfait, il existe un unique morphisme de K-algèbres Kpf L.
Solution. a) Soit K0une clôture algébrique de K. Soit xK0. Comme K0est algébriquement clos, le
polynôme Xpxadmet une racine, et donc xest dans l’image du frobenius. Donc K0est parfait.
b) Si x, y Kpf , il existe n, m tels que xpn, ypmK. On peut supposer n=mquitte à les remplacer par le
maximum des deux. Alors (xy)pn=xpnypnKet si y6= 0,(x/y)pn=xpn/ypnK, donc Kpf est
un sous-corps de K0. De plus si xK,xp0=xKdonc Kpf contient K.
Enfin, si xKpf , soit ntel que xpnK. Comme K0est parfait il existe yK0tel que yp=x. Alors
ypn+1 =xpnKdonc yKpf , ce qui montre que Kpf est parfait.
c) Soit Lcomme dans l’énoncé. Soit xKpf . Il existe ntel que xpnKL. Comme Lest parfait le
polynôme Xpnxpnadmet une racine y, unique par injectivité du frobenius.
Soit fun morphisme de K-algèbres Kpf L. Alors f(x)pn=f(xpn) = ypn, donc par injectivité du
frobenius, f(x) = y, ce qui montre l’unicité de f.
Réciproquement, posons f(x) = y(ceci ne dépend pas du choix de n). Si x1, x2Kpf , il existe ntels que
xpn
1, xpn
2K. Alors (f(x1) + f(x2))pn=f(x1)pn+f(x2)pn=xpn
1+xpn
2= (x1+x2)pn=f(x1+x2)pn, et
donc par injectivité du frobenius fest additive. La multiplicativité de fse prouve de la même façon.
1
Exercice 5. Algorithme de Berlekamp
a) Soit Aune Fp-algèbre. Montrer que Frp:AAdéfinie par f(x) = xpest Fp-linéaire.
b) Montrer que si Aest un corps, alors E:= ker(FrpIdA)est un sous-Fp-espace vectoriel de Ade dimension
1.
c) Montrer que si A=K1× · · · Knest un produit de ncorps, alors E:= ker(FrpIdA)est un sous-Fp-espace
vectoriel de Ade dimension n.
d) Soit PFp[X]tel que pgcd(P, P 0)=1. On pose A=Fp[X]/(P). Montrer que E:= ker(FrpIdA)est un
sous-espace vectoriel de Ade dimension le nombre de facteurs irréductibles de P.
Solution. a) Si a, b Fp, alors Frp(ax +by) = Pp
k=0 p
kakxkbpkypk=apxp+bpypcar les coefficients
binomiaux pour k6= 0, p sont divisibles par p. Or ap=aet bp=bd’après le petit théorème de Fermat,
donc Frpest bien Fplinéaire.
b) Eest l’ensemble des racines de XpX. Comme Aest un corps, il y a au plus ptelles racines. Les éléments
de FpAsont de telles racines, et donc E=Fpest bien un Fp-espace vectoriel de dimension 1.
c) (x1,· · · , xn)Esi et seulement si xp
i=xipour tout i, si et seulement si xiFpd’après la question
précédente. Donc E=Fp× · · · × Fpest de dimension n.
d) Comme pgcd(P, P 0)=1, les facteurs irréductibles de Papparaissent avec multiplicité 1dans la factorisa-
tion de P. Donc P=Q1· · · Qnoù les Qisont tous distincts. Le théorème des restes chinois affirme que
A=QiFp[X]/Qiet Ki=Fp[X]/Qiest un corps puisque Qiest irréductible. La question précédente nous
dit donc que Eest de dimension nsur Fp.
Exercice 6. Soit pun nombre premier et aFp. Soit P=XpXaFp[X].
a) Si a= 0, donner la décomposition en facteur irréductible de P. On suppose dorénavant a6= 0.
b) Montrer que P(X+ 1) = P(X).
c) Soit Qun facteur irréductible de P. Montrer que Q(X+ 1) est aussi un facteur irréductible de P.
d) Montrer que Q(X+ 1) = Q(X)(on pourra considérer une action de Z/pZsur l’ensemble des facteurs
irréductibles de P).
e) Montrer que si RFp[X]est de degré p1et R(X+ 1) = R(X), alors Rest un polynôme constant.
f) En déduire que Pest irréductible.
g) Soit bZpremier à p. Montrer que XpXbest un polynôme irréductible de Q[X].
Solution. a) Si xFp,P(x)=0donc QxFp(Xx)divise P, et comme les deux polynômes sont de même
degré et de même coefficient dominant, ils sont égaux.
b) P(X+ 1) = (X+ 1)p(X+ 1) a=Xp+ 1 X1a=XpXa.
c) L’application Fp[X]Fp[X]qui à Rassocie R(X+ 1) est un isomorphisme d’anneaux, donc préserve
l’irréductibilité et la relation de divisibilité. Donc Q(X+1) est irréductible et Q(X+1) divise P(X+1) = P,
comme voulu.
d) On considère l’action k.Q 7→ Q(X+k). Le stabilisateur de Qest un sous-groupe de Z/pZ, c’est donc soit
Z/pZ(auquel cas Q(X+ 1) = Qcomme voulu), soit {0}. Si le stabilisateur est {0}, alors l’orbite de Q
est de cardinal p. Or comme Pest de degré p, s’il a au moins pfacteurs irréductibles, ils doivent être de
degré 1, et donc Pdevrait avoir une racine. Or si xFp,P(x) = a6= 0. Contradiction.
e) Soit zune racine de Rdans une extensions Kde Fp. Alors (z+a)aFpest une famille de pracines distinctes
de R, ce qui contredit deg R < p 1.
f) Si Qest un facteur irréductible de P, alors Q(X+ 1) = Q(X)d’après d), donc deg Qpd’après e, ce
qui prouve que Pest irréductible.
g) Si P=XpXbétait réductible, son image ¯
Pdans Fp[X]par réduction modulo pserait aussi réductible
puisque Pest unitaire, ce qui est en contradiction avec f). Donc Pest irréductible dans Z[X]donc dans
Q[X]
2
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !