Université Pierre et Marie Curie Analyse réelle, MM003
Master de Mathématiques, M1 Année universitaire 2010-2011
Ayman Moussa
TD no5 – Intégration.
On désigne par (X, A, µ) un espace mesuré. Pour tout p[1,] on confondra par la suite un élément
de Lp(µ) avec sa classe d’équivalence pour la relation « être égal presque partout » , cette deuxième étant
donc un élément de Lp(µ) (voir le cours pour le détail de ce qui précède).
1 Théorèmes de convergence
Exercice 1.1:
1. Soit Eune partie de Xet Ecson complémentaire. Vérifier que l’inégalité de Fatou peut-être stricte
grâce à la suite suivante : fn:= 1Esi npair, fn:= 1Ecsi nimpair.
2. Justifier que la domination est indispensable dans le théorème de convergence dominée.
3. Exhiber un contre-exemple justifiant qu’une hypothèse de “monotonie” serait insuffisante dans le
théorème de convergence monotone.
4. Énoncer (et démontrer) un théorème de “convergence décroissante” valable.
Exercice 1.2: Le cas des séries
Soit (fn)n1une suite de L1(µ). On suppose que
X
n=1 ZX
|fn|dµ < .
1. Montrer que la série
X
n=1
fn(x)
converge presque partout et, à un ensemble négligeable près, définit un élément de L1(µ) : f,
vérifiant :
ZX
f=
X
n=1 ZX
fndµ.
2. Calculer :
Z1
0
ln(x)
1xdx.
Exercice 1.3:
1. Calculer les limites suivantes, pour n+(ou bien donner un équivalent) :
An:= Zn
01x
nndx, Bn:= Z1
0
nex
nx + 1dx, Cn:=
X
k=1
n
nk2+k+ 1.
2. Montrer que
Z+
0
sin(x)
ex1dx =X
n1
1
n2+ 1.
1
2 Outils de calculs
Exercice 2.1: Intégrale à paramètre
Calculer l’intégrale :
Z
0
arctan(πx)arctan(x)
xdx.
Indication : On utilisera l’expression arctan(z) = zZ1
0
arctan(sz)dset l’égalité, valable pour tout z > 0:
arctan(z) + arctan(1
z) = π
2.
Exercice 2.2: Fubini
Soit f: (X, A)R+mesurable.
Montrer que :
ZX
f dµ =Z
0
µ(f > t) dt.
Exercice 2.3: Changement de variable et ζ(2)
(a) Montrer que Z[0,1]2
dxdy
1xy =X
n1
1
n2.
(b) (i) Appliquer le changement de variable u= (x+y)/2, v= (yx)/2 à l’intégrale précédente pour
obtenir :
ζ(2)
4=Z1/2
u=0 Zu
v=0
dudv
1u2+v2+Z1
u=1/2Z1u
v=0
dudv
1u2+v2.
(ii) Retrouver la valeur de ζ(2).
3 Espaces Lp
3.1 Propriétés générales
Exercice 3.1: Inégalité d’interpolation
Soit 1 p < q < et fLp(µ)Lq(µ).
1. Montrer que, pour tout r]p, q[
fLr(µ) et kfkr≤ kfkθ
pkfk1θ
q
θ]0,1[ est défini par 1
r=θ
p+1θ
q.
2. Soit f:RRmesurable. Que peut-on dire de la nature géométrique et topologique de l’ensemble :
{p[1,[; fLp(R)}?
Exercice 3.2: Riesz-Fischer
Le but de cet exercice est de démontrer le théorème de Riesz-Fischer.
1. Traiter le cas p=.
2. Soit 1 p < et (fn)nNune suite de Cauchy de Lp(µ).
(a) Justifier l’existence d’une sous-suite (fnk)kNtelle que pour tout kN:
kfnk+1 fnkkp1
2k
2
(b) On pose gk(x) :=
k
X
i=1
|fni+1 (x)fni(x)|.Montrer que (gk(x))kNconverge presque sûrement
vers une limite finie g(x) et montrer que la fonction gainsi définie presque partout appartient
à Lp(µ).
(c) En déduire que (fnk(x))nconverge presque sûrement vers une limite f(x), que celle-ci définit
un élément de Lp(µ), limite de (fn)ndans cet espace.
Remarque : Au cours de la preuve on a obtenu le résultat suivant : si (fn)nNconverge vers f
dans Lp(µ), on peut extraire une sous-suite (fnk)kNconvergeant presque partout vers f.
Exercice 3.3: La convergence presque partout n’est pas « topologisable »
1. Construire une suite (fn)nNde L1(]0,1[) qui converge dans cet espace, mais pas presque partout.
2. En déduire qu’il n’existe pas de topologie sur l’espace des fonctions telle que la convergence au sens
de cette topologie coïncide avec la convergence presque partout.
3.2 Liens entre les Lp
Exercice 3.4: Inclusions
1. Démontrer que si µ(X)<alors les espaces Lp(µ) s’injectent continûment par ordre décroissant
d’exposant.
2. Pour p6=q[1,], démontrer que Lp(R)Lq(R) n’est jamais vrai. Que dire dans le cas des
p(N) ?
Exercice 3.5: Topologies
Constuire une suite de de L1(R)L2(R) convergente dans L1(R) et pas dans L2(R), une autre
convergente dans L2(R) et pas dans L1(R).
Remarque : De manière plus générale, pour p < q, les deux normes k · kpet k · kqne définissent jamais la
même topologie sur Lp(R)Lq(R).
3.3 Sous-espaces denses et séparabilité
On se limite ici au cas d’un ouvert Ω de Rnmuni de la tribu des boréliens et de la mesure de lebesgue,
notée µpar la suite. On rappelle (voir le cours) que les ensembles de fonctions étagées, de fonctions en
« escaliers » (au sens des pavés) et des fonctions continues à support compact dans Ω sont tous les trois
denses dans Lp(Ω) pour tout p[1,[.
Exercice 3.6: Séparabili
1. Vérifier la séparabilité de Lp(µ, Ω) (p[1,[).
2. (a) Soit Eun espace vectoriel topologique, on suppose qu’il existe une famille (Oi)iItelle que :
(i) i,Oiest un ouvert non vide de E,
(ii) Si i6=j, alors OiOj=,
(iii) In’est pas dénombrable.
Montrer que En’est pas séparable.
(b) Pour tout aΩ, on fixe ra>0 tel que B(a, ra)Ω. En utilisant la question précédente et
les ensembles Oa:= {fL(µ, Ω); kf1B(a,ra)k<1/2}, vérifier que L(µ, Ω) n’est pas
séparable.
3
Exercice 3.7: Continuité des translations et Riemann-Lebesgue
1. Soit fLpfixée. Montrer que kτyffkp
y00, où τyf(x) = f(xy).
2. Soit fL1(R), et ˆ
fsa transformée de Fourier. Montrer que :
lim
|ξ|→∞
ˆ
f(ξ) = 0.
3.4 Dualité et topologies faibles
Exercice 3.8:
1. Soit p]1,]. Quel résultat du cours implique que, pour une suite (fn)nNbornée de Lp(R), il
existe une sous-suite (fnk)kNvérifiant pour tout gLp(R) (exposant conjugué) :
ZR
fnk(x)g(x)dx
k+ZR
f(x)g(x)dx. (1)
2. On peut donner un contre-exemple à la question précédente dans le cas où p= 1.
(a) Considérer f(x) := 1[1,1](1 − |x|) et les « concentrations » fn(x) := nf(nx) (faire un dessin).
Montrer que la suite (fn)nNest à valeurs dans la sphère unité de L1(R).
(b) Soit fL1(R) vérifiant (1) pour p= 1 et une certaine extraction (fnk)kN. Soit ε > 0 et
gL(R) dont le support est inclus dans {|x| ≥ ε}. Montrer que
ZR
f(x)g(x)dx= 0,
et en déduire que fest nulle presque partout.
(c) Conclure.
3. Soit fC0
c(R) (continue à support compact). Vérifier que la suite (f(xn))nNconverge faible-
ment vers 0 dans tous les Lp(R) pour p]1,[. Vérifier que ce n’est pas le cas pour p= 1 et que
pour p=il y a convergence faiblevers 0.
Indication : Pour la première partie de la question, on pensera à la décomposition 1R=1]n,n[+1|x|≥n,
et au fait que pour gLp(R),g1|x|≥ntend vers 0dans Lp(R).
Remarque : Dans le cas p]1,[, convergence faible et convergence faiblese confondent : les Lp
sont alors réflexifs.
4. Vérifier que la suite (x7→ einx)nNest faiblementconvergente vers 0 dans L(R).
Exercice 3.9: Le dual topologique de Lest plus gros que L1
En utilisant le théorème de prolongement d’Hahn-Banach, démontrer que le dual topologique de
L(R) contient strictement L1(R). Plus précisément, on montrera que :
L1(R)F(L(R),R)
f7−g7→ ZR
fg
définit une application injective non surjective de L1(R) dans le dual topologique de L(R).
Remarque : On le savait déjà ! En effet, on a vu que si le dual topologique d’un espace Eest séparable,
alors il est en de même de E, ce qui n’est pas le cas de L.
Exercice 3.10: Un critère d’unicité pour les limites faibles
Soit p]1,+[ et un ouvert de Rn. Soit (fn)nNune suite de Lp(Ω) et fLp(Ω) tels que
fn⇀ f. On suppose par ailleurs que (fn)nNconverge presque partout : fngp.p.
1. Montrer que (fn)nNest bornée dans Lp(Ω) et que gLp(Ω).
4
2. On veut prouver que g=fpresque partout.
(a) Remarquer qu’il suffit de montrer que pour toute suite (hn)nNbornée de Lp(Ω), et hLp(Ω)
tels que :
hn0
hnhp.p.
on a hnul presque partout.
(b) Soit ϕLp(Ω) et soit εun élément fixé de Lp(Ω) strictement positif presque partout. En
découpant :
Z
ϕ(x)hn(x)dx,
selon que |hn| ≤ |h|+εou non, montrer que
Z
ϕ(x)h(x)dx= 0.
(c) Conclure.
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