2X. CARUSO, A. DAVID & A. M´
EZARD
Introduction
Soient pun nombre premier et Fune extension finie de Qpdont le groupe de Galois
absolu est not´e GF. Nous savons depuis Mazur [Ma] que l’ensemble des d´eformations de
d´eterminant fix´e d’une repr´esentation absolument irr´eductible ρde GF`a coefficients
dans un corps fini de caract´eristique pest muni d’une structure g´eom´etrique. ´
Etant
donn´es une extension finie Ede Qpde corps r´esiduel kEet d’anneau des entiers OEet
un caract`ere ψde GFdans O×
E, Mazur a construit dans loc. cit. une OE-alg`ebre Rψ(ρ)
dont l’ensemble des points `a valeurs dans une OE-alg`ebre locale compl`ete noetherienne
Rde corps r´esiduel kEs’identifie fonctoriellement `a l’ensemble des R-repr´esentations
de GFde d´eterminant ψqui se r´eduisent sur ρmodulo l’id´eal maximal de R.
R´ecemment, Kisin [Ki3, Ki2] a d´emontr´e que certaines conditions issues de la th´eorie
de Hodge p-adique d´efinissent des sous-sch´emas ferm´es de Spec Rψ(ρ). Plus pr´ecis´ement,
´etant donn´es un type de Hodge vet un type galoisien t, le r´esultat de Kisin ´etablit
l’existence d’un unique quotient Rψ(v,t, ρ) de Rψ(ρ) qui est r´eduit, sans p-torsion et
v´erifie la condition suivante : pour toute extension finie E0de Ed’anneaux des entiers
OE0, un morphisme de Rψ(ρ) dans OE0se factorise par Rψ(v,t, ρ) si et seulement si
la repr´esentation qui lui est associ´ee est potentiellement cristalline de poids de Hodge–
Tate vet la repr´esentation de Weil–Deligne qui lui est associ´ee par Fontaine (cf [Fo1])
est isomorphe `a t. Pour d´emontrer ce th´eor`eme, Kisin construit un sch´ema muni d’un
morphisme vers Spec Rψ(ρ) dont l’adh´erence sch´ematique de l’image se trouve ˆetre le
spectre de l’anneau Rψ(v,t, ρ)(1). Ce sch´ema, que nous notons ici GRψ(v,t, ρ), est
obtenu comme espace de modules de r´eseaux de Breuil–Kisin.
Le cas initialement ´etudi´e par Kisin dans [Ki3] est le cas Barsotti–Tate pour lequel
le type de Hodge ne fait intervenir que les entiers 0 et 1 et le type galoisien est trivial.
Les repr´esentations correspondantes sont alors associ´ees aux groupes de Barsotti–Tate
(´eventuellement tronqu´es). Sous ces hypoth`eses, Kisin s’int´eresse aux fibres
GRψ(v,t, ρ) = Spec kE×Spec Rψ(ρ)GRψ(v,t, ρ)
qui sont d´efinies purement en caract´eristique pet correspondent `a un probl`eme de
modules plus facile `a appr´ehender.
Dans leur article [PR], Pappas et Rapoport ont donn´e le nom de vari´et´es de Kisin
aux vari´et´es GRψ(v,t, ρ). Depuis, plusieurs auteurs se sont int´eress´es aux propri´et´es
g´eom´etriques des vari´et´es de Kisin. En lien avec la connexit´e, Hellmann a notam-
ment d´emontr´e dans [He2] que les vari´et´es de Kisin correspondant aux d´eformations
Barsotti–Tate d’une repr´esentation irr´eductible de dimension 2 sont connexes, ce qui
implique la connexit´e de la fibre g´en´erique de l’espace de d´eformations associ´e. Les di-
mensions de certaines vari´et´es de Kisin ont ´egalement ´et´e ´etudi´ees par Hellmann [He1],
Imai [Im] et Caruso [Ca3].
Pour la premi`ere fois dans [CDM] est apparue une vari´et´e de Kisin associ´ee `a un
type galoisien non trivial. Cet article faisait suite `a [BM] et se pla¸cait dans la situation
1. Stricto sensu, cette description rapide de la d´emonstration de Kisin n’est correcte que dans les cas
les plus simples, `a savoir le cas Barsotti–Tate discut´e par la suite. Il est toutefois possible de reformuler
la preuve de Kisin dans les autres cas en suivant les grandes lignes que nous esquissons ici.