2.1.4 Modèle probabiliste : Ωest infini mais dénombrable
Là encore on prend en général A=P(Ω)et on l’on souhaite définir la probabilité Ppar
P:A→[0,1]
A7→ P(A) = ∑ω∈Ap(ω)
où pest une fonction de Ωdans [0,1]vérifiant ∑ω∈Ωp(ω) = 1. On vérifie immédiatement que la fonction Pvérifie les
axiomes d’une probabilité.
Attention, les sommations ci-dessus sont infinies ! En particulier on ne peut plus prendre la fonction pconstante
pour rendre compte de l’équiprobabilité, sinon la série ci-dessus est divergente ! De plus la question de savoir comment l’on
somme se pose. Pour cela on procède comme suit. L’univers Ωest dénombrable, il existe donc une bijection de Nsur Ω,
n7→ ωn. On peut donc définir
P(A) =
∞
∑
n=0
p(ωn).
Cette série est à termes positifs. Elle est donc commutativement convergente. Le résultat ne dépend donc pas de l’indexation
des éléments de Ω. Et l’on peut noter abusivement P(A) = ∑ω∈Ap(ω).
Exemple 2.1.4. Quelle est la probabilité qu’en lançant un dé jusqu’à l’apparition d’un 6 on obtienne jamais de 1 ?
(→)On considère le modèle suivant. Les éventualités sont des suites finies de la forme (a1,..,an)avec an=6 et pour
tout icompris entre 1 et n−1, aiest différent de 6, c’est donc un nombre compris entre 1 et 5. L’ensemble Ωest l’ensemble
de telles suites. Cet ensemble est infini mais dénombrable, par exemple comme réunion dénombrable d’ensembles dénom-
brables. On considère toute partie de Ωcomme événement, autrement dit A=P(Ω). On définit la probabilité Pcomme
suit :
P:A→[0,1]
A7→ P(A) = ∑ω∈Ap(ω)
où pest une fonction de Ωdans [0,1]définie par
P(a1,...,an) = 1
6n.
Il est naturel de prendre une telle définition car la situation est équiprobable. Néanmoins, il faut vérifier la condition
∑ω∈Ωp(ω) = 1. En effet, pour nfixé, il y a 5n−1éléments (a1,...,an−1,6). Par conséquent :
∑
ω∈Ω
p(ω) =
+∞
∑
n=1
5n−1
6n=1
6.1
1−5
6
=1.
Pour justifier totalement l’égalité qui précède notons que la famille p(ω)est une famille dénombrable à termes positifs.
Dans ce cas si pour un certain ordre des termes la série induite est convergente, alors quelque soit l’ordre des termes choisi
la série induite restera convergente avec la même limite et de plus on peut effectuer des sommations par paquets. On dit que
la famille est sommable et commutativement convergente. Ainsi la convergence de la série ∑+∞
n=1
5n−1
6nentraîne l’égalité.
Le problème que l’on considère correspond à la mesure de l’événement
A={(a1,...,an)|n∈N,an=6,et ∀i∈ {1,..,n−1},ai∈ {2,3,4,5}}
La probabilité de Aest donc
P(A) = ∑
ω∈Ω
p(ω) =
+∞
∑
n=1
4n−1
6n=1
6
1
1−4
6
=1
2.
5