D1 – Nombre dérivé, tangente et approximations O BJECTIFS DU CHAPITRE D1-1 Connaître la définition d’une fonction dérivable en un réel a, le cas échéant, calculer le nombre dérivé f 0 (a) d’une fonction f en un réel a D1-2 Faire le lien entre tangente et nombre dérivé. Déterminer une équation de la tangente à Cf au point d’abscisse a d’une fonction fonction dérivable en a ∈ R. D1-3 Déterminer une approximation affine locale d’une fonction f au voisinage d’un réel a. Mettre en œuvre cette approximation et estimer l’erreur d’approximation. D1-3 Utiliser ces notions dans la résolution de problèmes. I La notion de nombre dérivé A Limite réelle d’une fonction en zéro Exemple de la fonction « vitesse moyenne » Reprenons l’activité “Chute libre...”. Nous avons considéré la fonction 5(2 + x)2 − 20 x g : x 7→ définie sur R r {0}. Rappelons que le nombre g(x) représente la vitesse moyenne de la bille entre les instants 2 et 2 + x. Certes, la quantité g(0) n’existe pas ; cependant, on peut calculer la valeur de g(x) lorsque x est très proche de 0. Il s’agit ici de répondre à la question “ Que peut-on dire des nombres g(x) lorsque x prend des valeurs arbitrairement voisine de zéro ? ” Pour répondre à cette question, on peut simplifier l’écriture de g(x) : pour tout x ∈ R r {0}, on a g(x) = 5(4 + 4x + x2 ) − 20 = 20 + 5x. x Donc, lorsque x prend des valeurs de plus en plus voisines de zéro, les nombres 20 + 5x s’accumulent autour de 20. Plus précisément, quel que soit l’intervalle I =]20 − α ; 20 + α[ centré en 20, aussi petit que soit α (α > 0), les nombres 20 + 5x finissent par appartenir à cet intervalle pourvu que x soit suffisamment proche de zéro. On dit que 20 est la limite de g en zéro et on écrit lim g(x) = 20 . x→0 Définition Soit f une fonction définie sur un intervalle ou une réunion d’intervalle Df . On suppose que 0 appartient ou est une borne de Df . Dire que la fonction f a pour limte le nombre `, en zéro, signifie, intuivement, que lorsque x s’approche de plus en plus de la valeur 0, les nombres f (x) s’accumulent autour du réel `. Plus précisément, ils finissent par se trouver dans tout intervalle ]` − α; ` + α[, aussi petit que soit α, α > 0 dès lors que x est suffisamment proche de zéro. On écrit alors lim f (x) = `. x→0 B Fonction dérivable en un point. Nombre dérivé. Activité : “Chute libre...” (approche cinématique de la notion de nombre dérivé) Définition (Taux de variation – ou taux d’accroissement). Etant donnée une fonction f définie sur un intervalle Df et a un nombre réel appartenant à Df . A tout réel h non nul, tel que (a + h) appartient à Df , on peut associer le rapport t(h) = f (a + h) − f (a) . h Cette quantité est appelée taux de variation (ou encore taux d’accroissement) de f entre a et (a + h). Lycée Les Pannevelles – 1S1 Page 1 FBoure - Année 2009/2010 Dans l’activité, nous avons étudié le comportement de la quantité t(h) lorsque h s’approche de zéro. Pour reprendre le vocabulaire introduit auparavant, il s’agit de répondre à la question « la fonction t admet-elle une limite en zéro ? » Définition. Soit f une fonction et a un point de son ensemble de définition. Dire que la fonction f est dérivable au point a signifie que la fonction t : h 7→ f (a + h) − f (a) h admet une limite réelle ` en zéro. Dans ce cas, cette limite est appelée nombre dérivé de f au point a. On le note f 0 (a) . Si f est dérivable en a, on peut écrire f 0 (a) = lim h→0 f (a + h) − f (a) . h Exemples. Reprenons l’exemple de la fonction vitesse moyenne g introduite lors de l’activité. Nous avons vu que g(2 + h) − g(2) = 20 lim h→0 h donc la fonction g est dérivable en 2 et g 0 (2) = 20. La vitesse instantanée du solide à l’instant 2 est de 20 m · s−1 . Exercice 1 Soit f la fonction inverse définie sur R r {0} par f (x) = x1 . 1) Soit h un réel différent de 0 et −1. Exprimer plus simplement le taux de variation t(h) = f (1 + h) − f (1) . h 2) Calculer lim t(h). h→0 3) Justifier que f est dérivable en 1 et précisez son nombre dérivé f 0 (1). Exercice 2 Soit g la fonction carrée définie sur R par f (x) = x2 . Démontrer que g est dérivable en tout point a de R et calculer le nombre dérivé g 0 (a) de g au point a. Exercice 3 Soit k la fonction racine carrée définie sur R+ par k(x) = dérivable au point 0 ? Justifier. √ x. La fonction k est-elle II Nombre dérivé et tangente en un point y On considère une fonction f dérivable en un point a de son domaine de définition. On note Cf sa courbe représentative dans le plan rapporté à un repère − → − → (O; i , j ). Soit A le point de la courbe Cf de coordonnés (a; f (a)) et M le point de Cf d’abscisse (a + h). Le coefficient directeur de la sécante (AM ) est donné par t(h) = f (a) f étant dérivable en a, on a O f (a + h) − f (a) = f 0 (a). h→0 h Cf f (a + h) − f (a) . h lim M f (a + h) A a x a+h T Interprétons géométriquement cette limite : la droite T qui passe par le point A et qui admet f 0 (a) comme coefficient directeur, se conçoit comme « la position limite » des sécantes (AM ) lorsque M se rapproche de A. La droite T correspond à l’idée intuitive de « tangente à une courbe ». Ceci nous conduit à introduire la Lycée Les Pannevelles – 1S1 Page 2 FBoure - Année 2009/2010 Définition. Cf est la courbe représentative d’une fonction f qui est dérivable au point a. La tangente à Cf au point A(a; f (a)) est la droite qui passe par A et dont le coefficient directeur est f 0 (a). Exemples. Déterminons l’équation réduite de la tangente T2 à la courbe représentative C de la fonction carrée f : x 7→ x2 au point d’abscisse a = 2. On a vu précédemment que la fonction f est dérivable en tout point a ∈ R et, pour tout a ∈ R, on a f 0 (a) = 2a. On sait, par définition, que le coefficient directeur m de cette droite vaut m = f 0 (2) = 2 × 2 = 4. Ainsi, l’équation réduite de la tangente T2 s’écrit y = 4x + p. Reste à déterminer la valeur de p : cette tangente passe par le point A(2; f (2)), soit A(2; 4). Donc 4 = 4×2+p d’où p = 4 − 8 = −4. Finalement, T2 : y = 4x − 4. Explicitons, plus généralement, l’équation réduite de la tangente Ta à la courbe représentative Cf d’une fonction f dérivable en a : Proposition. Une équation de la tangente à Cf au point A(a; f (a)) est y = f 0 (a)(x − a) + f (a). Démonstration. Cette tangente Ta admet pour coefficient directeur f 0 (a). Par conséquent, son équation réduite s’écrit y = f 0 (a)x + p où p est un réel qu’il nous faut préciser. Etant donné que A appartient à cette tangente, on a alors f (a) = f 0 (a) × a + p d’où on tire p = f (a) − af 0 (a). Finalement, l’équation réduite de T s’écrit y = f 0 (a)x + f (a) − af 0 (a) soit encore y = f 0 (a)(x − a) + f (a). Exercice 4 Déterminer une équation de la tangente au point d’abscisse −1 de la courbe représentative de la fonction carrée f : x 7→ x2 puis tracer cette tangente. Exercice 5 On considère la fonction cube g : x 7→ x3 . 1) Démontrer que la fonction cube est dérivable en −2 puis calculer le nombre dérivé g 0 (−2) de g en −2. 2) En déduire une équation de la tangente à la courbe représentative de la fonction g en le point d’abscisse −2. Exercice 6 On considère la fonction inverse, définie sur ] − ∞; 0[∪]0; +∞[ par h : x 7→ note C sa courbe représentative. 1 x. On 1) Démontrer que pour chaque réel a 6= 0, la fonction h est dérivable en a et expliciter le nombre dérivé h0 (a) de h en a. 2) En déduire une équation de la tangente à C au point d’abscisse a. 3) Existe-t-il des tangentes à C qui sont parallèles à la droite d d’équation y = −4x − 1 ? 4) Parmi les tangentes à C , en existe-t-il une qui passe par l’origine O du repère ? Lycée Les Pannevelles – 1S1 Page 3 FBoure - Année 2009/2010 III Approximation affine locale au voisinage d’un réel Nous avons vu qu’étant donné une fonction f dérivable en un point a, alors, l’équation réduite de la tangente à la courbe représentative Cf de f au point A(a; f (a)) est donnée par y M f (a + h) y = f 0 (a)(x − a) + f (a). Géométriquement, la courbe et la tangente sont très proches et se touchent au point A. Numériquement, on peut déduire l’approximation suivante : lorsque x est suffisamment proche de a, f 0 (a)(x − a) + f (a) est une approximation de f (x), on peut noter : f 0 (a)h + f (a) Cf f (x) ≈ f 0 (a)(x − a) + f (a). ou encore, en notant h = x − a l’écart relatif entre x et a, on a f (a) P A O x a+h a f (a + h) ≈ f 0 (a)h + f (a). T Plus h est proche de zéro, c’est-à-dire plus x est proche de a, plus cette approximation est bonne c’est-à-dire, l’écart |f (a + h) − (f 0 (a)h + f (a))| est proche de 0. # Définition. Soit f une fonction dérivable en un réel a. On appelle approximation affine locale de f en a la fonction affine T : x 7→ f 0 (a)(x − a) + f (a). Lorsque h = x − a est proche de 0, on peut faire l’approximation f (a + h) ≈ f 0 (a)h + f (a). L’erreur d’approximation est le nombre e(h) = |f (a + h) − (f 0 (a)h + f (a))| . L’erreur e(h) tend vers 0 lorsque h tend vers 0. " ! Quelques exemples pour comprendre l’utilité de ces approximations affines 1 Déterminons l’approximation affine locale de (1 + h)3 pour h proche de 0 puis prouvons que l’erreur commise est inférieure à 4h2 lorsque 0 < h < 1. On considère la fonction cube f : x 7→ x3 . f est dérivable en 1 avec f 0 (1) = 3 × 12 = 3, on a donc l’approximation affine locale, pour h voisin de 0, f (1 + h) ≈ f 0 (1)h + f (1) soit (1 + h)3 ≈ 1 + 3h. L’erreur d’approximation e(h) est égale à e(h) = (1 + h)3 − (1 + 3h) = 1 + 3h2 + 3h + h3 − 1 − 3h = |3h2 + h3 | = |h2 (3 + h)| si 0 < h < 1, alors 0 < h2 (3 + h) < 4h2 . Déduire une approximation de 1,043 puis donner une majoration de l’erreur : 1,043 = (1 + 0,04)3 ≈ 1 + 3 × 0,04 ≈ 1,12. L’erreur est inférieure à 4 × 0,042 = 4 × 0,0016 = 0,0064. √ 2 Déterminons l’approximation affine locale de √1 + h pour h proche de 0. On considère la fonction racine carrée f : x 7→ x. f est dérivable en 1 avec f 0 (1) = l’approximation affine locale, pour h voisin de 0, f (1 + h) ≈ f 0 (1)h + f (1) Déduisons-en une valeur approchée de Lycée Les Pannevelles – 1S1 1,52 = √ 1,52 : 1 + 0,52 ≈ soit = 21 , on a donc √ 1 1 + h ≈ h + 1. 2 1 × 0,52 + 1 d’où 2 Page 4 1 √ 2 1 1,52 ≈ 1,26. FBoure - Année 2009/2010