c
aillots. Il faut donc prendre conscience du risque encouru par un malade atteint de cancer qui serait
également diabétique, en surpoids et grand consommateur de tabac. Il a alors quatre-
de probabilité de développer une thrombose. Si,
par malheur, c’est le cas, alors ses chances de survie
seront considérablement réduites.
Quelle est la prévalence de la thrombose chez la personne atteinte de
cancer
La thrombose est intimement associée au développement tumoral. Le cancer profite de la
grossir, croître et se disséminer. C’est véritablement un « Janus », un phénomène à deux faces. Le risque
thrombotique est en général associé au type de tumeur et à son stade évolutif. C’est pourquoi en pratique,
on dit que 20 % des patients
atteints de cancer (tous cancers confondus) développent une thrombose. Chez
le patient cancéreux, le risque de récidive thrombotique est trois à quatre fois supérieur par rapport à un
patient non-cancéreux. En cas de chirurgie, le sujet atteint de cancer
a trois à quatre fois plus de risque de
faire une thrombose postopératoire qu’un individu non cancéreux.
Estimez-
vous que les praticiens prennent suffisamment en considération le
risque thrombotique chez un patient cancéreux ?
Malheureusement, en dépit d
e l’amélioration de nos connaissances physiopathologiques sur ce lien entre le cancer et la thrombose, la prise de conscience
le monde médical est particulièrement limitée. Par opposition aux patients chirurgicaux qui sont protégés par la prescription
plus de 85 % des cas, les études révèlent que moins de la moi tié des patients médicaux à risque de thrombose reçoivent une p
recommandations internationales et les avis concordants d’exper
ts, près de 70 % des patients atteints de cancer et hospitalisés ne reçoivent pas de traitement
anti-thrombotique.
Certains cancers sont-ils plus thrombogènes que d’autres ?
Comme je l’ai précisé, le risque thrombotique est associé au type histologique e
t au degré d’évolutivité du
cancer. On sait que les tumeurs dites solides (poumon, pancréas, côlon, estomac et les adénocarcinomes en
général) sont particulièrement pourvoyeuses de pathologies vasculaires ainsi que les glioblastomes (tumeurs
cérébrales). E
n revanche, le cancer qui est réputé pour être le moins thrombogène de tous, est le cancer du
sein ou le cancer de la prostate sauf s’il est métastatique. Dans ce cas, le risque thrombotique est 4 à 6 fois
supérieur.
Ce risque thrombotique peut-il être aussi lié aux différents traitements anti-
cancéreux ?
En dehors des facteurs liés au patient, génétiques ou acquis qui favorisent le développement d’une
thrombose, il faut souligner l’importance des facteurs environnementaux, et notamment des agents anti-
tu
moraux proposés pour la prise en charge thérapeutique. Il s’agit des facteurs extrinsèques comme la
chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie, etc. En agressant et en détruisant les
cellules tumorales, la paroi vasculaire et les aut
res cellules circulantes, puis en stimulant la coagulation, ces
traitements vont logiquement majorer le risque thrombotique. C’est pour cette raison qu’il existe des
recommandations internationales pour les patients atteints de cancer traités en ambulatoir
chimiothérapie. Le myélome, hémopathie lymphoïde sévère, a vu son pronostic nettement amélioré par les
traitements dits anti-
angiogéniques mais qui, couplés à la chimiothérapie et à la corticothérapie à forte dose,
majorent significativement le risqu
e thrombotique. Les patients bénéficiant de cette combinaison
thérapeutique doivent alors recevoir systématiquement une prévention anti-
thrombotique adaptée pour
limiter ce risque.
Chez le patient atteint de cancer, le traitement oral par anti-vitamines K
(AVK) a-t-il encore sa place au vu des dernières recommandations ?
Les anti-
vitamines K sont des médicaments qui ont rendu de grands services aux patients vasculaires et qui
ont été les premiers anti-thrombotiques oraux utilisés dès 1945. Tout n’est qu’u
Effectivement, les AVK à un dosage adapté, avec une surveillance régulière du niveau d’activité
anticoagulante ont rendu un grand service aux patients. Le souci majeur est que ces médicaments ont une
fenêtre thérapeutique très étroite
. Ils ont des interférences médicamenteuses très nombreuses et des
interférences alimentaires multiples. Aussi les patients oscillent continuellement entre un niveau
d’hypocoagulation très élevé, donc un risque d’hémorragie grave et une hypercoagulation re
risque de récidive thrombotique majeur. De plus, les dernières recommandations de l’Afssaps parues en
2009, précisent que le traitement sous AVK chez un patient atteint de cancer est moins efficace et moins
bien toléré que chez les patients
indemnes de cancer. En présence d’un cancer, le traitement prolongé par
héparines de bas poids moléculaire (HBPM) permet une réduction significative et importante du risque de
récidive sans réduction de tolérance. C’est pourquoi l’on préfère des thérapeuti
ques dont l’effet est plus